B. LE PLAN « AMBITION FRANCE TÉLÉCOM 2005 »
Selon
l'expression même de M. Thierry Breton, président, l'entreprise
veut « reprendre son destin en main ». Pour ce faire, un
plan a été approuvé le 4 décembre 2002 par le
conseil d'administration de l'entreprise, dont le titre
« Ambition
France Télécom 2005 »
fixe l'échéance
d'un redressement possible de l'opérateur historique français et
le sous-titre, « 15+15+15 », détermine les
modalités :
- 15 milliards d'euros de disponibilités devraient être
dégagés par un programme d'amélioration
opérationnelle;
- 15 milliards d'euros de dette sont prévus d'être
refinancés auprès des marchés;
- 15 milliards d'euros doivent venir renforcer les fonds propres de
l'entreprise, l'Etat actionnaire participant à hauteur de sa part au
capital, soit à hauteur d'environ 9 milliards d'euros.
1. Effort de l'entreprise : le programme de mobilisation opérationnelle TOP chiffré à 15 milliards d'euros
Selon le
constat réalisé par la mission « Etat des
lieux » confiée par M. Thierry Breton à un groupe
d'experts, l'entreprise France Télécom peut, selon une
comparaison systématique de la productivité des différents
pôles de son organisation avec ceux de ses principaux concurrents,
améliorer significativement sa capacité à engendrer des
liquidités dans les 3 ans. Pour cette raison a été
lancé le programme TOP, programme d'amélioration des performances
opérationnelles de l'entreprise, qui devrait permettre sur 3 ans de
créer
15 milliards d'euros de disponibilités
supplémentaires consacrées totalement à la
réduction de la dette
.
Selon l'opérateur,
« environ 20 % à 25 %
des disponibilités générées par cette
amélioration des performances opérationnelles sont attendus en
2003, 35 % à 40 % en 2004 et 35 % à 40 % en
2005. Sur la période 2003-2005, l'amélioration des performances
devrait provenir principalement de la réduction et de l'optimisation des
investissements (à hauteur de 40 % à 45 % des
économies du programme TOP), de la réduction des coûts
opérationnels (35 % à 40 % des économies) et de
l'optimisation du besoin en fonds de roulement et divers (20 % à
25 % des économies). En 2003, l'impact sera surtout lié
à la réduction et l'optimisation des investissements, compte tenu
des délais nécessaires pour la mise en oeuvre des programmes
d'économies sur les coûts opérationnels. Cette
génération de disponibilités supplémentaires en
2003-2005 devrait être réalisée principalement par
l'activité fixe en France (pour 40 % à 45 %) et par
Orange (pour 35 % à 45 %). La contribution du segment Service
Fixe Voix et Données Hors de France serait de l'ordre 12 % à
17 % et celle de Wanadoo de moins de 3 % ».
2. Le refinancement obligataire : les marchés obligataires et bancaires sollicités pour 15 milliards d'euros
Par ailleurs, le plan de redressement prévoit d'organiser, sur la période 2003-2005, un rééchelonnement des financements obligataires et bancaires qui portera sur 15 milliards d'euros. Ce rééchelonnement est déjà largement engagé, comme il sera détaillé plus bas.
3. L'effort des actionnaires : pour un renforcement des fonds propres de l'entreprise de 15 milliards d'euros
Un
renforcement des fonds propres
de France Télécom
s'avère indispensable
2(
*
)
.
L'Etat, actionnaire majoritaire
3(
*
)
, contribuera, pour sa part, à
ces opérations et, comme les actions que France Télécom
détient en autocontrôle ne souscrivent pas à l'augmentation
de capital, ce sont environ
9 milliards de fonds propres
(soit
près de 64 % et non 56 % des 15 milliards annoncés) qui
seront apportés par l'actionnaire majoritaire
. Cet apport
représente un montant tout à fait considérable, mais votre
rapporteur croit utile de rappeler, en comparaison, les importantes recettes
que
l'Etat a retirées de France Télécom depuis la loi
de sociétisation de 1996 : 14 milliards d'euros,
au titre
des recettes de cession de participations et au titre des dividendes
4(
*
)
.
En recapitalisant France Télécom, l'Etat agit en
« investisseur avisé », comme l'a souligné le
Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, lorsqu'il a
confirmé le soutien de l'Etat au plan d'action approuvé par le
Conseil d'administration de France Télécom le 4 décembre
dernier. En effet, cette décision d'investissement dans
l'opérateur historique est fondée sur la conviction qu'
un tel
investissement vaut la peine, étant donné l'ambition et le
réalisme du plan d'action adopté par l'entreprise et les
perspectives de retour sur investissement.
On peut ici rappeler que France Télécom, un des principaux
opérateurs de télécommunications du monde, sert plus de
111 millions de clients sur les cinq continents et a réalisé un
chiffre d'affaires consolidé de 46,6 milliards d'euros en 2002. Au
travers de marques d'envergure internationale comme Orange, Wanadoo, Equant et
GlobeCast , France Télécom est un opérateur
intégré, qui offre toute la gamme de services de
télécommunications : téléphonie locale et
internationale, téléphonie mobile, Internet et multimédia,
transport de données, télévision par câble. France
Télécom est ainsi le second opérateur mobile et
fournisseur d'accès Internet en Europe et parmi les leaders mondiaux des
services de télécommunications aux entreprises multinationales.
Son potentiel opérationnel ne fait pas de doute et justifierait, de la
part de tout investisseur privé agissant à moyen et long terme,
une attitude équivalente à celle de l'Etat actionnaire.
Pour que les conditions financières de la recapitalisation de France
Télécom soient satisfaisantes et que l'opération ne soit
pas fortement dilutive, il convient que celle-ci n'intervienne qu'au moment le
plus opportun, c'est-à-dire qu'elle ne doit pas être
effectuée dans l'urgence ou sous la pression des marchés.
C'est pourquoi l'Etat a indiqué qu'il était
prêt
à anticiper sa participation au renforcement des fonds propres en
fournissant à l'entreprise une avance d'actionnaire
, temporaire, aux
conditions de marché.
Enfin, le plan « Ambition France Télécom
2005 » implique de manière inévitable une recentrage
des activités de l'entreprise sur ses secteurs les plus rentables et une
gestion prudente de ses effectifs, l'affectation de fonctionnaires de France
Télécom dans d'autres fonctions publiques étant notamment
favorisée mais reposant sur la base du volontariat.