LES MOTIFS DE RÉSERVE
Certains dossiers sont pour votre commission des motifs de réserve. C'est le cas de la loi relative à l'abaissement de la durée légale de travail à 35 heures, de la politique de simplification des formalités administratives qui semble marquer le pas, mais aussi de dossiers plus sectoriels, telle que la suppression du commerce hors taxes intracommunautaire, le régime des soldes ou le statut du conjoint de commerçant ou d'artisan.
l'abaissement de la DURÉE LÉGALE dU travail à 35 heures
Le
Sénat avait estimé, lors de l'adoption du premier projet de loi
abaissant la durée légale du travail que le passage aux
35 heures tel que défini par la loi, en imposant une
réduction obligatoire et uniforme du temps de travail, ne permettait pas
de prendre en compte la diversité des situations des entreprises et
risquerait, en l'état, d'être plus un frein à
l'activité des PME qu'un moteur pour l'emploi.
Votre commission pour avis observe, un an après, que bilan de la loi du
13 juin 1998, en termes de créations d'emplois, ne peut pas
être considéré comme satisfaisant. Il faut, en effet,
rappeler que le Gouvernement avait annoncé début septembre que
les accords avaient donné lieu à environ 120.000 engagements
de créations d'emplois, dont près de 18.000 emplois
préservés et près de 19.000 créés par le
secteur public.
Ce bilan est décevant compte tenu des moyens mis en oeuvre par le
Gouvernement pour inciter l'ensemble des entreprises françaises à
signer un accord. On peut remarquer que 98,8 % des entreprises occupant au
moins un salarié n'avaient pas signé d'accord de réduction
du temps de travail et que 90 % des salariés du secteur marchand
n'étaient pas couverts par un accord. Il faut noter, en outre, que les
120.000 créations ou préservations d'emplois ne
représentaient que 0,58 % des effectifs actuels du secteur marchand
et que la croissance à elle seule a généré la
création de 500.000 emplois dans le secteur marchand en deux ans.
Votre commission constate cependant qu'une partie des PME a anticipé la
date du passage aux 35 heures. La loi n° 98-461 du
13 juin 1998 réduit, en effet, la durée légale
du travail effectif des salariés à 35 heures par semaine,
à compter du 1
er
janvier 2000 pour les entreprises de plus de
20 salariés, mais seulement à compter du 1
er
janvier 2002 pour les entreprises de moins de 20 salariés.
Dans le secteur de l'artisanat, 9 accords de branche ont été
signés au 1
er
juillet 1999 et concernent
1.300.000 salariés
(bâtiment, réparation
automobile, bijouterie, réparation de machines agricoles, imprimerie de
labeur, ameublement, boulangerie et boulangerie-pâtisserie,
céramique d'art, cordonnerie). Tous ces accords ont été
étendus ou sont en cours d'extension.
Dans le secteur du commerce, 10 accords de branche ont
été signés au 1
er
juillet 1999.
Ils concernent 700.000 salariés (grande distribution alimentaire,
boissons, commerce de détail de l'habillement, d'horlogerie-bijouterie,
des articles de sports, négoce des matériaux de construction, des
combustibles, du bois d'oeuvre et produits dérivés, des produits
du sol et engrais, coopératives de consommation). Trois accords ont
été étendus (grande distribution alimentaire, boissons,
négoce des produits du sol et engrais).
Dans le secteur des services et des professions libérales,
34 accords de branche ont été conclus
, dont deux
concernent les professions libérales (experts-comptables, avocats).
Au 21 juillet 1999, 11.551 accords d'entreprise sur la
réduction du temps de travail ont été signés
,
concernant près de 2 millions de salariés. La presque
totalité des accords signés (96 %) concerne des PME. Les
entreprises de moins de 20 salariés comptent pour plus de 45 %
des accords conclus. Le mandatement a été utilisé pour
plus de 60 % des accords conclus depuis la première loi.
Compte tenu des difficultés des petites entreprises à
appliquer la loi, le Gouvernement a dû multiplier les dispositifs d'appui
et d'accompagnement pour permettre aux PME de bénéficier d'une
prise en charge par l'Etat d'une partie des frais liés aux études
préalables à la réduction du temps de travail. Sont ainsi
prévus :
L'appui-conseil aux entreprises
Le nouveau dispositif, institué au bénéfice des
entreprises de moins de 500 salariés, a pour but d'aider les
entreprises à négocier et mettre en oeuvre la réduction du
temps de travail, en ayant recours à un conseil extérieur.
Les consultants doivent se conformer à une méthodologie
définie par un cahier des charges annexé à la convention
passée entre le chef d'entreprise, le consultant, et la direction
départementale du travail. Celle-ci fixe la durée de
l'appui-conseil, qui varie en fonction de la taille de l'entreprise sans
pouvoir excéder 18 jours. Ainsi, pour une entreprise de moins de
20 salariés, la durée moyenne prévue est de 3
à 5 jours.
La prise en charge financière par l'Etat varie selon la taille de
l'entreprise et la durée de l'appui-conseil. Sur la base d'un coût
maximum de 5 000 francs par journée de conseil, les 5 premiers
jours sont gratuits pour toutes les entreprises. Au-delà, la
participation de l'Etat est de 70 % du coût pour les entreprises de
moins de 200 salariés et de 50 % pour les entreprises dont
l'effectif est compris entre 200 et 500 salariés.
Le financement d'opérations de conseil aux PME représente pour
l'Etat un budget de l'ordre de 200 millions de francs sur douze mois.
L'appui-conseil aux branches professionnelles financé par le
Fonds pour l'amélioration des conditions de travail (FACT).
Dans les petites entreprises, où la conclusion d'un accord d'entreprise
sur la réduction de la durée du travail peut être
remplacée par la négociation d'un accord de branche directement
applicable, un rôle actif revient aux branches professionnelles. Il leur
incombe d'organiser les négociations, de procéder aux
études préalables, d'informer les entreprises sur les accords
éventuellement conclus et de les aider à les mettre en oeuvre.
C'est pourquoi, il est prévu que les aides du FACT peuvent être
mobilisées dans le cadre du dispositif d'appui-conseil pour soutenir des
initiatives de branches professionnelles visant à aider la
négociation sur le passage aux 35 heures et à accompagner
les entreprises. Les demandes des branches sont remises à la direction
des relations du travail. La mise en oeuvre du dispositif est largement
déconcentrée. Sans créer un dispositif nouveau, l'Etat a
ainsi recentré les aides du FACT aux branches professionnelles sur les
projets relatifs à la réduction du temps de travail.
Les organisations professionnelles du secteur s'engageant dans une
négociation pour la réduction du temps de travail pourront ainsi
recourir aux services de consultants et mener des études de
faisabilité.
Une convention signée le 21 octobre 1998 entre la ministre de
l'emploi et de la solidarité, la secrétaire d'Etat aux PME, au
commerce et à l'artisanat et le président de l'UPA (Union
professionnelle artisanale) a, dans ce cadre, prévu un dispositif de
soutien et d'incitation spécifique aux petites entreprises de ce
secteur, dans le cadre des interventions du FACT. Plus de
430.000 entreprises artisanales, occupant 1,8 million de
salariés, sont potentiellement concernées par le dispositif.
Cette convention doit également permettre aux entreprises artisanales
d'être informées sur le contenu et les modalités
d'application des accords signés dont elles relèvent. Un
dispositif de formation et de conseil adapté à chaque branche de
l'artisanat est prévu.
Votre commission estime que ces dispositions ne permettront pas de compenser
les effets pervers de la loi pour les petites entreprises. Elle
considère en conséquence nécessaire, lors de l'adoption du
deuxième projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail actuellement en discussion,
d'introduire dans le dispositif des éléments de
flexibilité, notamment grâce à l'augmentation du contingent
d'heures supplémentaires, à la réduction des majorations
salariales pour les heures supplémentaires effectuées
au-delà de la durée légale et à l'annualisation du
temps de travail.
une simplification des FORMALITÉS administratives À poursuivre
Le
gouvernement, sur proposition de la Secrétaire d'Etat aux Petites et
Moyennes Entreprises, au commerce et à l'artisanat, a adopté deux
programmes importants de simplifications administratives en
décembre 1997 et novembre 1998.
Le premier plan, établi sur la base du rapport rédigé par
M. Thierry Baert, député du Nord, comportait
37 mesures.
Les décisions législatives, réglementaires ou
organisationnelles nécessaires n'ont été prises,
aujourd'hui, que pour 22 d'entre elles.
Parmi les mesures adoptées,
peuvent notamment être citées :
- la suppression de trois déclarations au moment de l'embauche de
certains salariés ;
- l'harmonisation des dates de plusieurs déclarations
fiscales ;
- l'assouplissement apporté des possibilités de changement
de régime fiscal ;
- les améliorations apportées au fonctionnement des Centres
de Formalités des Entreprises (CFE) ;
- l'inscription des nouvelles entreprises au registre du commerce et des
sociétés en 24 heures par les greffiers des tribunaux de commerce.
La mise en oeuvre des mesures de simplification du 2ème programme, qui
comportait 26 mesures, est inégale, un tiers des mesures ayant
été concrétisé.
Votre commission estime qu'il convient de poursuivre avec
ténacité la réalisation effective des mesures dont le
principe a été arrêté
.
Elle souhaite
également que soit évalué l'impact des mesures prises pour
vérifier qu'elles ont bien atteint l'objectif recherché
initialement. Elle souligne enfin la nécessité de traquer avec
détermination les réglementations inutilement complexes et de
faciliter les relations entre les petites et moyennes entreprises et les
administrations publiques et organismes sociaux.
Votre rapporteur pour avis regrette, par ailleurs, que le Gouvernement n'ait
pas mis en oeuvre une réelle simplification du bulletin de paie pour les
petites et moyennes entreprises.
Il note également que quatre ans et demi après la promulgation de
la loi du 11 février 1994 relative à l'initiative et
à l'entreprise individuelle, le décret d'application de
l'article 32 de cette loi, qui porte sur les formalités prescrites
en matière sociale, reste à paraître.
Ce dispositif de simplification, qui permet de regrouper sur un support unique
l'ensemble des déclarations aux différents organismes sociaux et
d'appliquer une assiette commune pour le calcul de certaines cotisations
sociales, a déjà fait l'objet d'expérimentations, dont le
bilan est concluant.
Alors que les PME attendent avec impatience toutes mesures susceptibles de
supprimer les nombreuses formalités auxquelles elles sont soumises, il
faut que les organismes et administrations concernés passent les
conventions nécessaires pour faire avancer la situation.
Le jour où les entreprises, et notamment les plus petites d'entre
elles, pourront établir une seule déclaration, sur un seul
support, pour un seul destinataire et régler en un seul chèque
l'ensemble de leurs cotisations sociales, la France aura franchi un pas
décisif vers l'esprit d'entreprise.
La suppression du commerce hors taxes INTRACOMMUNAUTAIRE
En
décembre 1991, le Conseil ECOFIN a adopté une directive
" frontières fiscales " relative à la TVA sur les
ventes hors taxes au sein de l'Union européenne. Ce texte, adopté
à l'unanimité des Etats membres, a fixé le terme des
ventes hors taxes et hors droits spécifiques au 30 juin 1999.
Il a été transposé en droit français par la loi du
17 juillet 1992 et un régime transitoire a été
mis en place depuis 1993.
Cette suppression du commerce hors taxes, effective depuis le 30 juin
dernier, a des conséquences importantes en termes d'emplois et
d'activité économique.
C'est pourquoi, le Premier Ministre avait confié à M. Capet,
Député du Pas-de-Calais, un rapport sur le commerce hors taxes
qui lui a été remis en juillet 1998. Celui-ci a
procédé à l'état des lieux et évalue
l'impact prévisible de la fin du commerce hors taxes en formulant un
certain nombre de propositions.
Rappelons que par dérogation à la règle selon laquelle,
dans le cadre du grand marché intérieur, les particuliers
effectuent leurs achats toutes taxes comprises, les Etats-membres de l'Union
européenne ont été autorisés à maintenir,
jusqu'au 30 juin 1999, des comptoirs de vente hors taxes. Cette
exonération de TVA concernait les livraisons par les comptoirs de vente
(à savoir tout établissement situé dans l'enceinte hors
taxes d'un port ou d'un aéroport) de biens à emporter dans les
bagages personnels d'un voyageur se rendant dans un autre État membre
par un vol ou une traversée maritime intracommunautaire.
Etaient également concernées :
- les livraisons de biens effectuées à bord d'un avion ou
d'un bateau au cours du transport intracommunautaire de voyageurs ;
- les livraisons de biens effectuées par des comptoirs de vente
situés dans l'enceinte des terminaux d'accès au tunnel sous la
Manche pour des passagers munis d'un billet.
Le Conseil européen de Vienne de décembre 1998 a invité la
Commission à examiner les problèmes sociaux et économiques
susceptibles de se poser à la suite de la suppression des ventes hors
taxes aux voyageurs intracommunautaires prévue le
1
er
juillet 1999.
La Commission a estimé dans une communication du
17 février 1999 que le régime dérogatoire des
ventes hors taxes faussait la concurrence entre opérateurs et entre
modes de transport, car l'exonération fiscale accordée aux
exploitants de boutiques hors taxes leur permettait de fixer des marges
bénéficiaires plus élevées que celles
appliquées habituellement dans le commerce de détail, alors que
l'avantage pour le consommateur est souvent faible. Selon diverses
enquêtes, les prix hors taxes étaient souvent supérieurs
aux prix affichés par les détaillants qui ne
bénéficient pas d'un régime spécifique. De fait,
l'exonération fiscale semblait profiter davantage aux vendeurs qu'aux
acheteurs.
Cette communication a considéré par ailleurs que, d'après
des études nationales réalisées par cinq Etats-membres, la
suppression des ventes hors taxes ne devrait globalement avoir que peu
d'incidences sur l'emploi, même si des problèmes
spécifiques et locaux, notamment dans le secteur maritime, peuvent
effectivement se poser.
Elle en a conclu qu'un certain nombre d'instruments pouvaient être
utilisés pour en atténuer les conséquences au niveau
local, qu'il s'agisse des Fonds structurels ou du Fonds de cohésion pour
les états éligibles.
Le Gouvernement a demandé que la question des ventes hors taxes fasse
l'objet d'un débat lors du Conseil européen de Cologne de
juin 1999. Toutefois, sa position, partagée notamment par
l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni n'a pu être retenue faute de
l'unanimité des Etats membres requise en matière fiscale.
Depuis le 1
er
juillet 1999, le régime
dérogatoire des ventes hors taxes à l'intérieur de l'Union
européenne a donc été aboli. La suppression des ventes
hors taxes intracommunautaires touche un secteur d'activité dont
l'importance économique est souvent méconnue. Le chiffre
d'affaires du commerce hors taxes en Europe s'élève, en effet,
à 40 milliards de francs, dont 25 milliards pour le trafic
intracommunautaire. Sur ces 25 milliards de francs, le chiffre d'affaires
des producteurs est estimé à 15 milliards, la marge brute
des commerces étant de 10 milliards de francs.
En France, l'ensemble des ventes intracommunautaires hors taxes
représente environ 2 milliards de francs. La production de produits
vendus hors taxes, tels que les produits de luxe ou les alcools, est
estimée à 6 milliards de francs. Ainsi 41 % des
produits vendus en " duty-free " sont des produits français,
d'une qualité remarquable. Le commerce hors taxes est de ce fait un
tremplin à l'exportation de nombreuses PME françaises. Au total,
la suppression des ventes hors taxes concerne en France un chiffre d'affaires
global de 7 à 8 milliards de francs.
Le rapport de M. André Capet estime à près de 10.000 le
nombre d'emplois susceptibles d'être supprimés. Il souligne que la
mesure d'abolition des ventes hors taxes touchera plus nettement les
transporteurs maritimes et leur environnement que les transporteurs
aériens et les producteurs.
Au niveau des transports aériens, il observe que l'établissement
public Aéroports de Paris (ADP) réalise deux tiers de ses
recettes commerciales, soit 700 millions de francs, grâce à
la vente hors taxes. Sur cette somme, la suppression du commerce hors taxes
intracommunautaire devrait entraîner une diminution de 130 millions
de francs.
En matière de transport maritime, l'impact le plus élevé
concerne les compagnies maritimes françaises du Transmanche. Pour ces
compagnies, qui réalisent près de 50 % de leur chiffre
d'affaires sur les ventes hors taxes, contre 10 à 15 % par la vente
de billets, l'abolition de la vente hors taxes devrait conduire à une
diminution de 60 % des ventes et donc à une augmentation importante
du prix du billet, autant de conséquences qui risquent de menacer la
rentabilité économique de ces compagnies.
L'effet induit sur l'économie locale d'une région comme
Calais, qui connaît un taux de chômage de plus de 20 %, serait
alors très préoccupant.
ÉVALUATIONS CHIFFRÉES DE LA SUPPRESSION DU COMMERCE HORS TAXES EN JUIN 1999(*)
SECTEUR D'ACTIVITE |
EMPLOIS MENACES |
PERTE
DE CHIFFRE D'AFFAIRES
|
Aéroports |
350 |
250 |
SEAFRANCE |
1 200 |
1 200 |
Ports et commerces |
2 500 |
2 000 |
BRITTANY FERRIES |
250 |
200 |
Ports et tourisme |
600 |
200 à 400 |
COGNAC |
900 |
300 |
Activités liées |
1 600 |
|
Parfums |
1 100 |
450 |
Autres alcools et vins |
650 |
250 |
Produits divers |
900 |
350 |
TOTAL |
10 050 |
5 300 |
Source : Rapport CAPET
Le Comité interministériel pour l'aménagement et le
développement du territoire (CIADT) du 23 juillet, présidé
par le Premier ministre, a notamment adopté des mesures en faveur de
Calais (100 millions de francs inscrits au prochain contrat de plan,
abondement du fonds de développement du littoral de 25 millions de
francs) et décidé qu'un Mémorandum sera
préparé par les acteurs locaux et adressé à la
Commission européenne d'ici la fin de l'année.
En outre, la recapitalisation de la Compagnie maritime SEAFRANCE, lourdement
affectée par la disparition du commerce hors taxes, doit faire l'objet
d'un examen attentif des pouvoirs publics.
Votre commission, qui avait déjà évoqué le sujet
en 1998, estime qu'il est nécessaire que le Gouvernement mette tout en
oeuvre pour que les opérateurs concernés puissent s'adapter
à ce nouvel environnement.
L'ÉVOLUTION du RÉGIME des soldes
La loi
n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au
développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat a
prévu un encadrement plus resserré des procédés de
ventes accélérées tels que les soldes, les liquidations,
les promotions et les ventes en magasin d'usine et une limitation de la
durée des ventes au déballage réalisées dans des
lieux non destinés à la vente au public, dans l'objectif
d'améliorer la loyauté de la concurrence.
Après deux années complètes de mise en oeuvre de ce
nouveau régime juridique, un bilan de cette réforme a
été dressé.
La réduction de la période des soldes à deux fois six
semaines par an ; l'unicité des dates au sein des
départements et les efforts d'harmonisation avec les départements
limitrophes ont permis aux professionnels d'écouler leurs stocks
d'articles invendus dans des conditions de concurrence assainie. L'obligation
pour le commerçant de détenir la marchandise soldée et de
l'avoir proposée à la vente depuis au moins un mois avant la date
de début des soldes a permis aux consommateurs de disposer d'une vision
plus nette de l'offre de produits.
La nécessité pour le commerçant de justifier, dans les six
mois suivant l'obtention de l'autorisation, de la réalisation effective
de l'événement motivant sa demande de liquidation, a permis de
limiter le recours abusif à ce procédé de vente.
Le nombre des ventes au déballage se déroulant sous chapiteau,
sur les parcs de stationnement des centres commerciaux a diminué,
l'offre commerciale se concentrant sur les surfaces de vente autorisées
et sur une période de deux mois par an en un même lieu.
Les enquêtes effectuées par la Direction Générale de
la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes en
matière de soldes, liquidations et ventes au déballage au cours
de l'année 1998 font apparaître une assez bonne assimilation des
nouvelles réglementations dans les pratiques de la
distribution.
PRATIQUES COMMERCIALES |
CONTRÔLES |
PV |
TAUX D'INFRACTION |
AVERTISSEMENTS |
Soldes |
8 300 |
590 |
7 % |
1 437 |
Liquidations |
1 316 |
163 |
12 % |
180 |
Ventes au déballage |
1 115 |
115 |
10 % |
203 |
Ventes en magasins d'usine |
370 |
12 |
3 % |
36 |
TOTAL |
11 101 |
880 |
8 % |
1 856 |
Les
principales irrégularités relevées selon les
différentes catégories d'opérations sont les suivantes :
- soldes : opérations de soldes avant ou après la
période légale, non-respect de la disposition selon laquelle les
marchandises soldées doivent avoir été proposées
à la vente et payées depuis au moins un mois à la date du
début de la période de soldes considérée ;
- liquidations : liquidations effectuées sans autorisation
préfectorale, ventes poursuivies sous forme de liquidations après
la période autorisée, ventes de marchandises ne figurant pas
à l'inventaire produit lors de la demande d'autorisation,
réapprovisionnement en cours de liquidation ;
- ventes au déballage : opération de ventes au
déballage effectuée sans autorisation municipale ou
préfectorale ;
- magasins d'usine : dénominations de " magasin " ou
" dépôt " d'usine abusivement utilisées.
Ce bilan, relativement positif, mérite cependant d'être
nuancé.
Il apparaît, en effet, que les dates de soldes généralement
retenues à l'échelon départemental sont
considérées comme trop précoces par les professionnels du
secteur de l'équipement de la personne, notamment en ce qui concerne les
soldes d'hiver. Ces dates sont, par ailleurs, inadaptées à
l'activité des commerçants installés dans les zones
touristiques littorales, en ce qui concerne les soldes d'été.
Enfin et surtout, l'absence d'harmonisation des périodes de solde sur le
territoire national crée des distorsions entre départements.
Votre commission souhaite que le Gouvernement modifie la
réglementation des soldes
afin de permettre au ministre
chargé du commerce de fixer une date nationale pour les deux
périodes annuelles de soldes
.
le statut des conjoints d'artisans et de commerçants
Votre
commission s'interroge enfin sur la volonté du secrétariat d'Etat
aux PME, au commerce et à l'artisanat de mener à bien une
réforme du statut des conjoints d'artisans qui semble aujourd'hui
nécessaire pour remédier aux difficultés
rencontrées dans l'application de la loi du 10 juillet 1982
relative aux conjoints d'artisans et de commerçants travaillant dans
l'entreprise
.
Rappelons que la loi du 10 juillet 1982 a permis d'officialiser le
travail accompli par les conjoints dans l'entreprise familiale en leur
permettant d'opter entre trois statuts : conjoint salarié, conjoint
associé ou conjoint collaborateur mentionné au répertoire
des métiers ou au registre du commerce et des sociétés.
Chacun de ces statuts est assorti de droits spécifiques. Ce dispositif
juridique n'a cependant pas eu l'impact attendu et le conjoint se trouve
souvent démuni face à des situations particulièrement
graves liées au veuvage ou aux difficultés de l'entreprise.
Votre commission est, dans ce contexte, très attachée à
l'élaboration de mesures favorisant la reconnaissance professionnelle
des conjoints collaborateurs. Elle sait que des travaux sont engagés en
liaison avec les différents départements ministériels pour
répondre à certaines attentes des organisations professionnelles
concernées, parmi lesquelles : la création d'une
présomption de statut, à charge pour les intéressés
d'effectuer ensuite une démarche en vue de renoncer aux droits et
obligations susceptibles d'en constituer le contenu ;
l'amélioration de la protection juridique et financière du
conjoint vis-à-vis des créanciers de l'entreprise, notamment en
ce qui concerne son patrimoine ; la poursuite de l'activité de
l'entreprise par le conjoint survivant ; la valorisation du conjoint
à travers un programme de formation adapté ; l'extension aux
conjoints de professionnels libéraux des dispositions de la loi du
10 juillet 1982.
Votre commission se félicite de ce qu'une démarche ait
été engagée tant auprès du secrétariat
d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle
que
de l'Observatoire de la parité pour examiner le dispositif le plus
adapté permettant un suivi et des observations sur la reconnaissance
professionnelle des conjoints collaborateurs.
Elle constate néanmoins
que ce dossier n'a pas évolué. Aussi souhaite-t-elle que le
Gouvernement prenne les dispositions appropriées dans les plus brefs
délais.