B. UNE CROISSANCE ÉVANESCENTE QUI POURRAIT REMETTRE EN CAUSE LA CONSTRUCTION DU BUDGET
1. Les prévisions de croissance sont revues à la baisse
Le
projet de budget pour 1999 est construit sur l'hypothèse d'une
croissance du produit intérieur brut de 2,7 % à laquelle il
convient d'ajouter une prévision de croissance du salaire moyen par
tête en valeur de 2,5 % et un taux d'inflation de 1,3 %.
La plupart des instituts de conjoncture considèrent la prévision
de croissance du Gouvernement comme étant optimiste et
préfèrent retenir l'hypothèse d'un taux de croissance de
2,4 ou 2,5 %.
Les experts techniques de la Commission des comptes de la Nation, réunis
le 1
er
octobre 1998, ont retenu le chiffre de 2,4 %.
Dans ses dernières prévisions, l'UNEDIC n'a pas
hésité à estimer les conséquences d'un taux de
croissance de 2,2 % sur l'évolution des comptes du régime
d'assurance chômage.
Les motifs d'inquiétude sont sérieux et tiennent pour l'essentiel
à des facteurs liés à la conjoncture internationale. La
crise en Asie, et au Japon en particulier, est loin d'être
terminée. Son impact sur l'économie américaine se
précise alors même que celle-ci arrive en fin de cycle. La
situation en Russie est inquiétante. Les économies
européennes rencontrent des situations contrastées.
L'activité ralentit au Royaume-Uni et la demande intérieure tarde
à s'affirmer en Allemagne. Enfin, en France, l'influence de la loi sur
les trente-cinq heures sur les décisions des entreprises en termes de
politique salariale ou de politique de l'emploi reste encore incertaine ; un
certain " attentisme " ne peut être exclu.
L'économie française devrait néanmoins
bénéficier de la bonne tenue de la demande intérieure. Il
reste que, selon l'UNEDIC, le chômage potentiellement indemnisable
continuerait de croître en 1998 et ne régresserait que faiblement
en 1999. Dans ces conditions, le solde financier du régime d'assurance
chômage pourrait être un déficit d'environ 900 millions
de francs en 1998 et un excédent de 1 milliard de francs en 1999
(hors extension de l'ARPE).
Bouclage de l'évolution de l'emploi et du chômage (en variation)
|
|
1997 estimé |
1998 prévu |
1999 prévu |
Emplois affiliés |
|
241.000 |
330.000 |
250.000 |
Emploi total* |
|
288.000 |
400.000 |
380.000 |
Population active** |
|
226.000 |
250.000 |
230.000 |
|
dont effet AS-FNE |
21.000 |
14.000 |
14.000 |
|
dont effet ARPE |
- 16.000 |
- 7.000 |
- 6.000 |
Chômage catégorie 1 |
|
- 45.000 |
- 150.000 |
- 150.000 |
|
(moyenne) |
41.000 |
- 130.000 |
- 150.000 |
Chômage catégorie 1+6 |
|
78.000 |
- 80.000 |
- 90.000 |
|
(moyenne) |
135.000 |
- 40.000 |
- 80.000 |
Potentiel indemnisable AUD+ACA (chômage catégories 1+2+3+6+7+8+Dispensés de recherche d'emploi |
119.000 |
40.000 |
- 50.000 |
|
|
(moyenne) |
168.000 |
50.000 |
- 20.000 |
Source : UNEDIC
* Emploi affilié + emploi salarié des
secteurs
non marchands + contingent + emploi non salarié.
** Par définition, ici égale comptablement à la
progression de l'emploi et du chômage en catégorie I.
En 1998, la population active (par définition emploi total +
chômage) aura augmenté très fortement, de
250.000 personnes (soit environ 110.000 personnes de plus que
l'évolution tendancielle).
L'impact de l'embauche de 100.000 emplois-jeunes sur le nombre de
chômeurs devrait être compensé par une baisse de
40.000 du nombre de CES et CEC. La baisse du contingent d'appelés
est évaluée à 30.000 personnes. Les
préretraites AS-FNE auront connu une baisse des effectifs d'environ
14.000 personnes. La plus grande partie de la montée en charge de
l'ARPE est maintenant effectuée et le dispositif est entré dans
un régime de faible croissance des effectifs. L'effort du dispositif
devrait se traduire en 1998 par la sortie d'environ 7.000 personnes de la
population active.
En 1999, la population active pourrait croître de 230.000 personnes.
La politique de l'emploi devrait être proche de celle de 1998 avec
100.000 emplois-jeunes, une baisse du contingent d'appelés de
20.000 à 30.000 personnes, des préretraites AS-FNE en baisse
d'environ 14.000 personnes et une stabilisation du nombre de CES et de CEC.
Dans ces conditions, le chômage devrait baisser en 1999 dans les
mêmes proportions qu'en 1998, soit 150.000 personnes, selon l'UNEDIC.