B. LES INCERTITUDES RELATIVES À LA MISE EN OEUVRE DE LA NOUVELLE LOI SONT NOMBREUSES
Six mois
après sa promulgation, la loi du 13 juin 1998 a modifié le
paysage social, on a assisté à un réveil de la
négociation collective au niveau des branches. Quatorze accords ont
déjà été signés dans des secteurs importants
comme la métallurgie, le textile, la propreté, l'artisanat du
bâtiment. Une soixantaine d'autres accords de branche serait en
préparation notamment dans la chimie, les banques, la distribution.
Poursuivant sur le mouvement initié par la loi de Robien, les
entreprises négocient également, plus de 500 accords ont
déjà été signés à ce niveau.
Les principaux accords de branches déjà signés
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Métallurgie |
Textile |
Propreté |
BTP |
Nombre de salariés |
1.800.000 |
140.000 |
286.000 |
1.100.000 |
Calendrier |
Calendrier légal (1) |
Calendrier légal (1) |
1 er juillet 1999 |
Calendrier légal (1) |
Contingent annuel d'heures supplémentaires |
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Avant : |
94 heures |
90 heures (40 en cas de forte modulation) |
130 heures |
145 heures |
Après : |
180 heures (150 en cas de modulation + 25 heures par accord d'entreprise) |
130 heures + 45 heures par accord d'entreprise |
190 heures |
145 heures (+ 35 heures en l'absence de modulation) |
Flexibilité |
Renforcement de la modulation instituée en 1996 (passage de 46 à 48 heures hebdomadaires) |
La modulation instituée en 1996 est maintenue mais sur une moyenne de 35 heures |
Mise en place par l'accord (plafond hebdomadaire de 44 heures) |
Mise en place par l'accord (plafond hebdomadaire de 46 heures) |
Encadrement |
Développement des rémunérations forfaitaires dont une formule sans référence horaire concernant aussi les non-cadres |
Au moins 5 jours de repos. Création d'un forfait sans référence à un horaire précis pour les cadres dirigeants et commerciaux |
La réduction du temps de travail s'applique. Possibilité de la mettre en oeuvre par l'octroi de jours de repos (2 par mois) |
Dispositions sur les forfaits avec et sans référence horaire en jours de travail avec 4 semaines de repos en plus des congés |
Salaires |
Néant |
Invitation " à ne pas nuire au pouvoir d'achat " dans le préambule de l'accord |
Maintien du salaire brut mensuel de base par une hausse du salaire horaire (11,43 % sur trois ans) qui bénéficie aussi aux salariés à temps partiel |
Maintien du salaire brut mensuel de base en cas de modulation |
Application |
Réduction des possibilités de mandatement |
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Directe dans les entreprises de moins de 50 salariés |
Directe en cas d'échec des négociations dans l'entreprise |
(1) 1 er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés, 1 er janvier 2002 pour les autres.
Source les Echos
Il est
assez délicat de comparer les accords puisqu'ils sont 1'expression des
spécificités de chaque branche et de chaque entreprise.
Néanmoins une tendance se dessine dans le contenu des accords qui tend
à préserver le pouvoir d'achat des salariés contre des
progrès en termes de flexibilité. Les résultats en termes
de créations d'emplois sont en conséquence plutôt maigres,
le ministère de l'Emploi estime qu'environ 4.500 emplois ont
été créés ou préservés grâce
à cette loi.
L'année 1999 s'annonce comme déterminante puisqu'une seconde loi
devrait, avant la fin de l'année prochaine, tirer les
conséquences des accords signés et venir préciser
plusieurs points essentiels comme le contingent d'heures
supplémentaires, le montant de la majoration pour heure
supplémentaire entre 35 et 39 heures, la définition d'une
rémunération mensuelle minimale pour les salariés
passés à 35 heures, la situation des cadres etc. Les incertitudes
sur le contenu de cette seconde loi peuvent expliquer le lent démarrage
des négociations dans les entreprises.
A l'occasion du débat sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale, votre commission a
réaffirmé
24(
*
)
son
attachement à l'esprit comme à la lettre de l'article L. 131-7 du
code de la sécurité sociale qui dispose que
" toute
mesure d'exonération, totale ou partielle, de cotisations de
sécurité sociale, instituée à compter de la date
d'entrée en vigueur de la loi n° 94-637 du 25 juillet 1994 relative
à la sécurité sociale, donne lieu à une
compensation intégrale aux régimes
concernés par le
budget de l'Etat pendant toute la durée de son application "
.
Devant les velléités du Gouvernement de revenir sur cet
excellent principe, votre commission a souhaité rappeler la
nécessité de préserver les ressources de la
sécurité sociale.