B. ENCOURAGER LE TOURISME RURAL POUR RÉÉQUILIBRER LE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE
1. Le secteur du tourisme rural
Force
est de constater que 70 % de la fréquentation touristique
n'intéresse que 20 % du territoire et que, sur 562 milliards
de francs de dépenses touristiques, 21 % bénéficient
au " tourisme vert ", ce qui représente 118 milliards de
francs. La clientèle est majoritairement française et recherche a
priori des formules locatives qui respectent un certain nombre de standards :
habitat traditionnel, bon confort, proximité de loisirs.
A l'évidence, ce segment touristique peut connaître un
développement important, car une demande potentielle forte existe. Le
fractionnement des vacances sur de plus courts séjours favorise les
déplacements de proximité, l'aspiration à des vacances
plus authentiques, ainsi que la volonté de s'abstraire du cadre de vie
urbain donnent toutes ses chances au développement du tourisme rural.
Pour répondre à cette demande, la faiblesse du tourisme en espace
rural réside essentiellement dans le caractère atomisé de
son offre. Elle est trop souvent axée sur une seule composante, par
exemple un hôtel, un club, un château, une activité de
loisirs. Les expériences tentées de regroupement des prestations
touristiques dans les espaces ruraux les plus attrayants sont encore ou trop
rares ou peu organisées.
On rappellera également les tentatives d'organisation territoriale
menées par des structures telles que les pays d'accueil touristique, les
parcs naturels régionaux, les stations vertes ou les " plus beaux
villages de France ". Malgré leurs faiblesses, leur manque de
sélectivité et les difficultés rencontrées sur le
terrain, ils constituent aujourd'hui les principaux réseaux de
coordination du tourisme dans les espaces ruraux.
CARACTÉRISTIQUES DU TOURISME RURAL EN 1997
Hébergements |
Patrimoine culturel |
Loisirs de nature |
|||
Type |
Nombre |
Type |
Nombre |
Type |
Nombre |
Hôtellerie (chambres) |
76 715 |
Monuments historiques |
50 000 |
Golfs |
483 |
Villages de vacances (lits) |
55 000 |
Musées |
4 000 |
Sites de loisirs nautiques |
500 |
Campings (emplacements) |
237 558 |
Festivals |
2 000 |
bases de canöe-kayak |
800 |
Gîtes ruraux et communaux |
41 866 |
|
|
Centre équestres |
4 200 |
Chambres d'hôtes |
21 466 |
|
|
Sites d'escalade |
1 500 |
Gîtes d'étapes (Hébergement de groupes) |
1 500 |
|
|
(+ randonnées, pêche et vélos) |
|
2. Les actions menées par le secrétariat d'Etat au tourisme en faveur du tourisme rural
Les
actions des pouvoirs publics s'inscrivent dans le cadre de politiques
interministérielles menées notamment avec les ministères
en charge de l'agriculture et de l'environnement ainsi qu'avec la
Délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale (DATAR).
La politique poursuivie s'est orientée principalement sur les axes
suivants :
- la réalisation d'études de clientèle,
préconisées en particulier par le Comité
interministériel d'aménagement rural (CIDAR) de Bar-le-Duc de
juin 1994, débouchant sur la définition d'un plan marketing ;
- la valorisation et la protection du patrimoine naturel et rural,
notamment les grands sites, les villages de caractère, les monuments,
les arts et techniques, en sélectionnant les points forts, symboles des
atouts français pour les visiteurs étrangers, qui jouent un
rôle important pour l'animation des zones rurales ;
- l'amélioration des hébergements en privilégiant la
réutilisation d'un bâti de caractère, pour répondre
aux exigences d'authenticité de plus en plus marquées de la
clientèle ;
- le développement des produits de qualité grâce au
renforcement des réseaux professionnels et au soutien apporté aux
structures de développement local capables de coordonner des acteurs
isolés ;
- la qualification de l'ensemble des partenaires grâce aux
programmes de formation dispensés avec l'aide des régions ;
- l'amélioration de la commercialisation des produits du tourisme
en espace rural par la création d'un serveur national de
réservation, décidée lors du CIDAR de juin 1994. Ce
serveur national doit regrouper l'ensemble des offres touristiques locales en
permettant les interfaces avec les systèmes de distribution et
d'information existants;
S'agissant de la mise en place du serveur national de réservation, les
principales fédérations territoriales du tourisme se sont
regroupées pour constituer l'Association informatique multimédia
Tourisme (AIMT) et la société AXIME a été
sélectionnée pour développer le logiciel. Après
avoir été testé fin 1997 dans les régions
Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, le serveur devrait
être commercialisé fin 1998.
Le suivi du projet est assuré par un comité de pilotage
placé auprès du directeur du tourisme avec la participation de la
DATAR et de l'AFIT.
Les aides accordées au tourisme rural
- Au titre du Xème Plan (1989-1993), les aides au tourisme rural
dans les contrats de plan ont représenté 102,8 millions de
francs sur un total de 545,2 millions de francs. Il convient d'y ajouter
44 millions de francs consacrés à la valorisation
touristique des sites culturels et naturels, qui ne sont pas identifiés
par espace. De plus, 79 millions de francs ont été
affectés, en 1994, au tourisme rural par l'intermédiaire du Fonds
interministériel de développement et d'aménagement rural
(FIDAR), ce fonds ayant été supprimé en 1995 et
intégré dans le Fonds national d'aménagement et de
développement du territoire (FNDAT).
- Au titre du XIème Plan (1994-1999), les programmes d'aide au
tourisme rural dans les contrats de plan sont évalués à
115 millions de francs pour les financements Etat et 125 millions de
francs en provenance des régions, auxquels il faut ajouter les aides
attribuées au titre des actions en faveur des hébergements
touristiques, des filières de produits et de la valorisation des sites
naturels et culturels. Le FNADT intervient à hauteur de
6,8 millions de francs par an pour le financement des actions touristiques
du XIème Plan.
- Au plan européen, le soutien au tourisme rural s'organise
à partir d'une approche régionale, dans le cadre des politiques
structurelles -fonds européen de développement régional
(FEDER), fonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA),
fonds social européen (FSE)- et des programmes d'initiatives
communautaires (LEADER-INTERREG).
Pour bénéficier de ces programmes, les territoires
concernés doivent relever de zones éligibles ; pour la
période de programmation 1994-1999, les zones concernées ont
été significativement étendues (+ 57% en surface) et
concernent une population de 9,7 millions d'habitants, contre
5,7 millions de d'habitants dans le programme précédent.
S'agissant du volet tourisme de l'application 5b pour la période
1994-1999, les crédits programmés se répartissent entre
FEDER (1.621 millions de francs), soit 35 % du montant total de
l'enveloppe, FEOGA (321 millions de francs) et fonds social
européen (232 millions de francs). Le montant de l'enveloppe
prévu pour le volet tourisme de l'objectif 1 représente
2,174 milliards de francs.
Votre rapporteur pour avis pour avis souligne tout l'intérêt
des démarches entreprises pour encourager les tentatives d'organisation
territoriale du tourisme rural
, en multipliant les opérations de
partenariat dans des structures telles que les pays d'accueil touristiques, les
parcs naturels régionaux ou les stations vertes. Mais le
développement d'une offre touristique diversifiée en milieu rural
ne peut pas faire l'impasse sur les distorsions de concurrence qui existent
entre les différents intervenants économiques. Le secteur de
l'hôtellerie subit la concurrence d'autres formes d'hébergement
commercialisées par des non-professionnels. Le plan de résorption
du paracommercialisme, défini avec l'ensemble des acteurs du tourisme,
doit être appliqué de façon volontariste au niveau local.
Il faut tout mettre en oeuvre pour que les nouvelles formes de produits
touristiques en milieu rural, qui connaissent un engouement certain
auprès des clientèles tant étrangères que
françaises, puissent se développer de façon harmonieuse et
que les différents acteurs du tourisme rural bénéficient
de conditions équivalentes pour l'exercice de leur activité.
Votre rapporteur pour avis regrette que l'obligation faite aux
non-professionnels de déclarer en mairie tout hébergement
commercialisé à des fins touristiques ne soit pas effective.
A tout le moins, il faut que des contrôles renforcés soient
diligentés par les services déconcentrés de l'Etat et que
les fraudeurs avérés soient sanctionnés sans complaisance.