CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE DU PROJET DE BUDGET :
UN ENVIRONNEMENT
NATIONAL ET INTERNATIONAL
EN PLEINE MUTATION
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1997
A. UNE AUGMENTATION DU REVENU AGRICOLE...
Selon
les comptes de l'agriculture
2(
*
)
,
le revenu brut agricole moyen par exploitation augmente en termes réels
de 6 % en France en 1997
3(
*
)
.
Au contraire, le revenu agricole dans l'Union européenne a baissé
pendant la même période de - 2,8 %. Cette baisse marque
la fin de la tendance des trois dernières années : des hausses
significatives avaient été enregistrées en 1994
(+9,3 %), en 1995 (+5,2%) et en 1996 (+5,5 %), année au cours
de laquelle le revenu agricole avait atteint le niveau le plus
élevé des deux dernières décennies. La moyenne
nationale et communautaire cache néanmoins des différences
importantes entre les Etats membres. Alors que les Pays-Bas ont
enregistré une hausse de 8,7 %, le Royaume-Uni a accusé une
baisse de 22,4%.
1. Le retour à la croissance de la valeur ajoutée
La
valeur ajoutée de l'agriculture avait augmenté en 1994 et 1995
(6 % en deux ans), avant de connaître un repli en 1996.
En 1997, l'augmentation de la valeur des livraisons et des consommations
intermédiaires a entraîné une croissance soutenue de la
valeur ajoutée.
a) Une croissance importante des livraisons et des consommations intermédiaires
L'augmentation des livraisons
Cette augmentation tient essentiellement à la croissance des volumes
pour les produits végétaux et à celle des prix pour les
produits animaux.
Après la baisse observée au début de
l'application de la réforme de la Politique agricole commune en 1993, le
redressement du volume des livraisons enregistré depuis 1994 s'est
confirmé en 1997
.
Après une augmentation de 2,4 % en 1995 et 1996, les livraisons ont
augmenté en volume de +3,2 % en 1997.
Pour les céréales, le volume des livraisons progresse d'environ
7 % par rapport à 1996 et devient ainsi supérieur d'environ
3 % à ce qu'il était avant la réforme de la PAC.
Cette augmentation , en particulier pour les trois principales
céréales (blé tendre, orge et maïs) est due notamment
à l'évolution du volume de la production liée à la
réduction du taux de jachère de 10 % à 5 % en
1997 et à l'importance des rendements céréaliers.
Néanmoins le volume des livraisons de l'année 1997 est
supérieur à celle du volume de production. Cela provient du fait
que les volumes livrés au cours du premier semestre 1997 (relatifs
à la récolte de 1996 qui avait connu une forte croissance)
augmentent très nettement par rapport à ceux du premier semestre
1996.
Comme pour les céréales, le volume des livraisons de
protéagineux, d'oléagineux et de betteraves s'accroît
respectivement de 26,1 %, 10,1 % et 9,7 % par rapport à
1996.
En ce qui concerne les fruits, le volume des livraisons est en diminution,
notamment pour les abricots, les cerises, les melons et les poires. Dans
l'ensemble, le volume des livraisons baisse de - 2,9%. Au contraire, le
volume des livraisons de légumes frais est en légère
hausse de 0,8%.
La forte progression du volume des livraisons de vins est pour partie à
l'origine de la croissance de la valeur de celles-ci. Sur l'ensemble de
l'année, ces livraisons se sont accrues de 8,6 %. Cette
évolution résulte de plusieurs facteurs :
développement appréciable des exportations, baisse des
importations notamment en provenance d'Italie et dynamisme de la demande
intérieure. De cefait, les stocks commerciaux ont été
considérablement réduits.
Pour les animaux, on peut constater en 1997 une stagnation du volume des
livraisons (+0,3 %). Si le volume des livraisons de porcs, veaux, ovins et
caprins a augmenté (+2,7 %), celui des gros bovins s'est nettement
infléchi au deuxième semestre (-0,4 %).
En outre, le volume des livraisons de lait ont diminué de 1,5 % par
rapport à 1996. Pour une large part, cette diminution s'explique par un
comportement de maîtrise de la production, avec en particulier la
poursuite de la réduction du cheptel de vaches laitières. Le
volume des livraisons d'oeufs a lui aussi baissé nettement en 1997
(- 3,4 %).
1997 a connu une hausse des prix modérée des livraisons
de +1 %.
Cette dernière contraste avec la baisse tendancielle
des prix agricoles depuis 15 ans.
En moyenne, le prix des livraisons de céréales se réduit
de 4,4 % en raison d'une offre encore importante, tant en France que dans
les autres principaux pays producteurs. Cette hausse des prix concerne de la
même façon les oléagineux (+8,2 %) stimulés par
une forte demande extérieure en huile de colza et une très nette
contraction des importations de graines de tournesol en provenance d'Europe
orientale.
Par ailleurs, alors que le prix des livraisons de fruits s'est accru de
5,9 % par rapport à 1996, ceux des légumes frais, des pommes
de terre des protéagineux et des betteraves baissent respectivement de
- 2,3 %, - 0,4 %, - 0,5 % et de -5 %.
Les évolutions de prix pour les vins sont très variables : hausse
de 2,6 % pour les appellations d'origine contrôlée,
stabilité pour les vins calmes de champagne et baisse de 1,8 % pour
les vins courants.
Pour les animaux, les prix des gros bovins et des veaux qui s'étaient
nettement dégradés en 1996 se sont redressés et ont
progressé respectivement de 7 % et 5,7 % en 1997.
Il en est de même pour le prix des livraisons des porcins qui augmente de
0,1 % et d'ovins-caprins qui connaît une forte croissance de
7,1 %.
En ce qui concerne les produits animaux, le prix des livraisons de lait diminue
légèrement de - 0,7 % et celui des livraisons d'oeufs
baissent de - 2,4% en 1997.
Dans l'ensemble, la valeur des livraisons agricoles s'accroît à
un rythme élevé de 4,2 %.
LIVRAISONS DE PRODUITS AGRICOLES EN 1997
|
Évolution 1997/1996 (%) |
Valeur 1997 |
|||
|
Volume |
Prix |
Valeur |
(milliards de francs) |
|
Céréales |
+ 6,9 |
- 4,4 |
+ 2,2 |
40,9 |
|
Fruits et légumes |
+ 2,2 |
+ 0,9 |
+ 3,1 |
41,9 |
|
Plantes industrielles (1) |
+ 8,5 |
+ 0,9 |
+ 9,5 |
18,0 |
|
Vins |
+ 8,6 |
+ 1,7 |
+ 10,4 |
53,6 |
|
Produits végétaux divers |
+ 0,3 |
+ 0,9 |
+ 1,2 |
9,9 |
|
Total livraisons de produits végétaux |
+ 6 |
- 0,2 |
+ 5,7 |
163,5 |
|
Gros bovins |
- 0,4 |
+ 7 |
+ 6,6 |
30,6 |
|
Autre bétail (2) |
+ 2,7 |
+ 2,2 |
+ 5 |
37,8 |
|
Autres animaux |
+ 2 |
+ 4,1 |
+ 6,1 |
27,2 |
|
Produits animaux (3) |
- 1,5 |
- 0,7 |
- 2,2 |
56 |
|
Total livraisons de produits animaux |
+ 0,3 |
+ 2,3 |
+ 2,7 |
151,6 |
|
Total livraisons de produits agricoles |
+ 3,2 |
+ 1 |
+ 4,2 |
315,1 |
(1)
Betteraves industrielles, oléagineux, tabacs et autres plantes
industrielles.
(2) Veaux, porcins, équins, ovins et caprins.
(3) Lait, oeufs et autres.
La poursuite de la croissance des consommations intermédiaires
Après la constante diminution en termes réels des
consommations intermédiaires
de la branche agriculture pendant la
première moitié de la décennie 1990, la forte reprise de
1996 (+4,4 % en valeur, + 2,8 % en termes réels) se poursuit
en 1997 plus modérément (+ 3,4 % en valeur,
+ 2,2 % en termes réels). Cette évolution reste l'une
des plus fortes enregistrée depuis le début des années
1980
4(
*
)
.
Comme en 1996, elle provient d'une hausse en volume (+1,3%), et d'une
progression encore assez forte des prix (+2,0 %), un peu inférieure
cependant à celle constatée en 1996. Après une baisse
entre 1991 et 1993, et de fortes augmentations en 1994, et surtout 1995,
l'évolution des volumes se stabilise en 1996 et 1997 au rythme de
+1,3 % par an. Depuis le début des années 1990, les prix
n'avaient jamais tant augmenté que ces deux dernières
années. Cependant, le prix des engrais baisse en 1997 (-2,8%). Le prix
des autres principales composantes des consommations intermédiaires est
en hausse ; pour les aliments pour animaux et les produits de protection des
cultures, qui représentent 47% des achats de biens et services de la
branche agriculture, les hausses de prix sont identiques à celles de
1996.
La consommation
d'aliments pour animaux
est en augmentation constante en
volume depuis près de quinze ans, notamment depuis la fin des
années 80, malgré un fléchissement en 1992 et en 1995. En
1997, la hausse est de nouveau soutenue (+3,0 %). Les élevages
hors-sol (volailles et porcs), en progression, et gros utilisateurs d'aliments
composés industriels, contribuent fortement à cette hausse. En ce
qui concerne les prix, ils restent orientés à la hausse en raison
de l'augmentation des prix des aliments industriels (+2,1%) Ainsi le
renversement de tendance constaté en 1996 sur les prix se confirme en
1997.
L'importance de la consommation intermédiaire en aliments pour animaux
dans l'ensemble des consommations intermédiaires (36 %) et
l'évolution des volumes et des prix expliquent une large part de la
hausse de 3,4 % de la valeur des consommations intermédiaires.
La consommation
d'engrais
continue de baisser en volume (-1,9%)
malgré la nouvelle réduction en 1997 du taux de " gel "
des terres qui a permis le développement des surfaces cultivées,
notamment en céréales. Cette réduction du taux de
" gel " explique cependant les achats massifs d'engrais au premier
trimestre relatifs aux récoltes de l'année ; ensuite, les achats
de fin d'année, pour la récolte suivante, ses sont fortement
réduits. Le prix des engrais, qui avait fortement progressé
depuis 1994, notamment en 1995, enregistre une forte baisse en 1997
(- 2,8 %).
La consommation
de produits de protection des cultures
baisse en volume
(-1,6%) après trois années de hausse, en particulier en 1995
(+11,8 %), avec des prix évoluant peu depuis une dizaine
d'années.
ÉVOLUTION 1997/1996
(en %)
|
Volume |
Prix |
Valeur |
Ensemble |
+ 1,3 |
+ 2 |
+ 3,4 |
dont
Aliments pour animaux (36 %)
|
+ 3
|
+ 4,1
|
+ 7,2
|
Source : Agreste - les Cahiers - Juin 1998 - n°s 28-29 - Les comptes de l'agriculture française de 1997.
b) Le redressement de la valeur ajoutée
La
valeur ajoutée de l'agriculture avait augmenté en 1994 et 1995
(+ 6 % en deux ans), avant de connaître un repli en 1996.
En 1997, les livraisons de l'ensemble des produits agricoles progressent
donc de 4,2 % en valeur, et les consommations intermédiaires de
3,4 %. En conséquence, la valeur ajoutée de l'agriculture
retrouve un rythme de croissance soutenu de +5 %, ce qui représente
plus de 157 milliards de francs.
Depuis le début des années 80, le volume de la valeur
ajoutée suit une nette tendance à la hausse. Globalement celle-ci
est assez régulière et modérée. Toutefois, avec
l'application de la réforme de la PAC, en 1993 et 1994, le volume de la
valeur ajoutée a accusé un net recul provenant d'une baisse des
livraisons agricoles plus forte que celle des consommations
intermédiaires.
Le
prix
de la valeur ajoutée en termes réels poursuit sa
baisse en 1997 (-0,1%), plus modérément qu'en 1996, après
le palier de 1994 et 1995. Sur le long terme, le prix réel de la valeur
ajoutée suit une nette orientation à la baisse qui se
modère fortement depuis 1993.
Ainsi, la valeur ajoutée brute des livraisons augmente de 5,1 % en
1997. En termes réels, la hausse s'élève à
4 %, après la baisse de 2,2 % en 1996. Le redressement
observé en 1994 et 1995 après plusieurs années de chute
(plus de 30 % de 1991 à 1993) est relancé.
Depuis 1980, la part de la valeur ajoutée brute de l'agriculture dans le
produit intérieur brut diminue tendanciellement mais, depuis 1994, elle
se stabilise, légèrement au-dessus de 2 %, soit deux fois
moins qu'au début des années 80. La divergence d'évolution
entre l'agriculture et les autres activités sur le long terme
résulte dans une très large mesure d'un effet prix : la part de
la valeur ajoutée de l'agriculture dans le PIB à prix constants
(prix de 1980) est quasiment identique en 1997 (3,8 %) à celle de
1980 (3,9 %).
2. L'évolution du revenu agricole
a) Le niveau du revenu agricole en 1997 en France et en Europe
L'évolution du revenu agricole est retracée dans les comptes de
l'agriculture établis par l'INSEE et le Service central des
enquêtes et études statistiques (SCEES), qui sont examinés
chaque année par la commission des comptes de l'agriculture de la Nation.
L'indicateur de revenu habituellement retenu est le revenu brut agricole (RBA)
en optique " livraisons ". Son évolution est mesurée en
moyenne par exploitation et en termes réels. Le
" déflateur " utilisé pour ce calcul est le prix du
produit intérieur brut.
Après deux années de forte hausse en 1989 et 1990
(+ 9,5 %), le revenu agricole a diminué en 1991
(- 1,0 %) et surtout en 1992 (- 6,7 %). Il s'est
stabilisé en 1993 (+ 0,6) et
a, de nouveau, connu deux
années de forte hausse en 1994 (+ 12,6 %) et en 1995
(+ 10,4 %).
Après une quasi stabilité en 1996 (+0,9 %), il a connu en
1997 une augmentation de 6 %.
EVOLUTION DU REVENU BRUT AGRICOLE EN OPTIQUE " LIVRAISON " MESURÉE EN MOYENNE PAR EXPLOITATION ET EN TERMES RÉELS
Cette hausse importante en France contraste avec le repli du revenu agricole
en Europe qui est évalué à environ - 2,8%.
En outre, d'importantes différences sont à relever entre les
Etats membres.
EVOLUTION DE L'INDICATEUR EUROPÉEN DU REVENU AGRICOLE DANS LES DIFFÉRENTS PAYS EUROPÉENS ENTRE 1996 ET 1997 5( * )
Afin de mieux appréhender cette baisse du revenu agricole dans la
Communauté, il convient, d'une part, de préciser
l'évolution de la production en valeur au niveau européen, et
d'autre part, de faire le point sur la distinction entre comptes
français et comptes européens.
La baisse modérée de la production en valeur au niveau
européen.
En 1997, la production agricole dans l'Union européenne n'a crû
que très légèrement en volume (+0,5%), conséquence
d'une progression modérée de la production végétale
(+1,6%) et d'une très légère baisse de la production
animale (-0,5 %)
6(
*
)
.
Seuls quelques produits et quelques pays ont enregistré des
évolutions plus marquées. Sur l'ensemble de l'Union
européenne, les betteraves sucrières et les oléagineux ont
participé à la hausse du volume de la production
végétale, alors que l'essentiel de la production
végétale (céréales, légumes frais, fruits et
vins) a baissé. L'Espagne a profité d'une importante
remontée du volume de sa production d'huile d'olive. Aux Pays-Bas, le
volume de la production animale a fortement baissé du fait du retrait
d'un grand nombre de porcins du marché, à la suite de
l'épidémie de peste porcine. Ce retrait a profité aux
volailles et aux ovins-caprins sur l'ensemble de l'Union européenne.
Les prix de la production agricole ont chuté en termes réels
(-3,2 %), notamment pour la production végétale
(-5,1 %) : la forte production d'huile d'olive en 1997 et l'augmentation
de l'offre de céréales en 1996 et 1997 ont fait baisser le prix
de ces produits. En ce qui concerne les productions animales, les hausses en
volume (volailles, ovins-caprins, oeufs) ont été
accompagnées d'une baisse des prix réels.
Un an après la crise de la " vache folle ", le marché
des bovins a retrouvé une relative stabilité, même s'il
persiste des différences entre Etats membres. Par ailleurs, dans un
contexte de peste porcine aux Pays-Bas et de demande encore forte de viande de
porc par rapport à la viande bovine, les prix réels des porcins
se sont maintenus.
La hausse du volume des consommations intermédiaires depuis 1994 a
été stoppée en 1997 (- 0,3 %). Les principaux
pays producteurs ont enregistré une baisse, en dehors de l'Espagne et de
la France. Sur l'ensemble de l'Union européenne, la diminution a surtout
concerné les engrais et les aliments pour animaux. Les prix réels
des consommations intermédiaires sont également en baisse
(- 0,8%). Celle-ci est conforme à la tendance de long terme,
après le palier marqué en 1995 et 1996. Les prix des engrais ont
chuté presque partout.
Ainsi la valeur de la production et celle des consommations
intermédiaires ont diminué respectivement de 2,7% et de
1,1 %, si bien que la valeur ajoutée brute aux prix du
marché s'est réduite de 4,2 % en termes réels pour
l'ensemble de l'Union européenne.
Le revenu agricole en Europe
COMPTES FRANÇAIS ET COMPTES EUROPÉENS
Le
revenu agricole peut se mesurer selon deux optiques :
l'optique
livraisons
et
l'optique production.
En
optique livraisons,
le calcul d'indicateur de revenu peut être assimilé au revenu
effectivement perçu dans l'année et tiré de la seule
activité productive agricole. Le même indicateur, établi
cette fois
en optique production
, mesure le revenu potentiel
dégagé par la production, même si celle-ci n'a pas encore
été vendue. Sur le moyen terme, les évolutions des
livraisons et de la production sont très proches ; il en est donc de
même des indicateurs de revenu liés.
Dans les comptes français, le revenu brut agricole par exploitation en
termes réels présenté à la Commission des comptes
de l'agriculture de la nation est mesuré en optique livraisons. En
revanche, dans les comptes européens, les indicateurs sont
calculés en optique production.
Dans les comptes européens, l'analyse est centrée sur
l'évolution des agrégats suivants : valeur ajoutée brute
aux prix du marché (production -consommations intermédiaires),
valeur ajoutée nette au coût des facteurs (valeur ajoutée
brute aux prix du marché + subvention - impôts liés
à la production - consommation de capital fixe). L'indicateur retenu par
Eurostat est l'évolution en termes réels de la valeur
ajoutée nette au coût des facteurs par
" unité-travail-année " (c'est-à-dire
correspondant au travail d'une personne salariée ou non à plein
temps pendant un an). Pour chaque pays, la valorisation en termes réels
est évaluée en déflatant les valeurs nominales en monnaie
nationale par l'indice du prix du produit intérieur brut national ; la
moyenne européenne est obtenue à partir des valeurs nationales
réelles converties en écus.
Les différences méthodologiques entre comptes français et
comptes européens rappelées ci-dessus n'existeront plus dans les
comptes du nouveau système de la base 95, présentés
à partir du printemps 1999. Les comptes de l'agriculture
française reposeront alors sur une méthodologie harmonisée
avec celle d'Eurostat.
b) Les composantes de l'évolution du revenu agricole français en 1997
Le
revenu de la branche agricole est déterminé à partir de la
valeur ajoutée, augmentée des autres ressources perçues
mais diminuée des différentes charges supportées.
Alors qu'en 1996 la baisse de la valeur ajoutée avait été
quasiment compensée par l'octroi de subventions supplémentaires,
essentiellement accordées aux éleveurs dans le contexte de la
crise de la viande bovine, la valeur ajoutée brute des livraisons en
1997 a augmenté, comme en 1994 et 1995. Les subventions versées
en 1997 ont été très sensiblement diminuées. A
contrario, la baisse des charges financières a été
particulièrement importante. Au total, le revenu brut global
dégagé par l'activité agricole a progressé, le
nombre des exploitations agricoles continuant à se réduire.
(en milliards de francs)
|
Valeur
1996
|
Valeur
1997
|
Evolution en % |
Ressources |
|
|
|
Valeur ajoutée brute des livraisons |
157,3 |
165,3 |
+ 5,1 |
Subventions d'exploitation |
53,2 |
49,5 |
- 7 |
Autres ressources dont : |
24,7 |
24,1 |
- 2,6 |
indemnités d'assurance |
4,9 |
4,9 |
|
prestations sociales |
19,6 |
19,3 |
|
Emplois |
|
|
|
Salaires et cotisations sociales des salariés dont : |
30,1 |
30,5 |
+ 1,3 |
salaires |
22,7 |
23,06 |
+ 1,5 |
cotisations sociales (salariés) |
7,40 |
7,44 |
+ 0,6 |
Impôts liés à la production |
1,9 |
1,9 |
|
Impôts fonciers |
2,7 |
2,8 |
+ 3,4 |
Charges locatives |
10,3 |
10,5 |
|
Primes d'assurance |
8,3 |
8,3 |
|
Intérêts |
11,9 |
10,5 |
- 12,5 |
Cotisations sociales (exploitants) |
18,3 |
18,7 |
+ 2,1 |
Revenu brut agricole (1) |
151,3 |
155,9 |
+ 3 |
(1)
après correction des transferts courants divers et des écarts sur
taxes
Le compte d'exploitation
Les montants des subvention d'exploitation
7(
*
)
reçues par la branche
agriculture au cours des quatre années précédentes ont
connu une croissance particulièrement élevée. De 1992
à 1995, l'application de la réforme de la Politique agricole
commune s'est traduite par une augmentation de 31 milliards de francs,
afin de compenser les baisses des prix de soutien des grandes cultures et des
bovins et la réduction de l'offre découlant du gel d'une partie
des terres cultivées. Ensuite, en 1996, des aides exceptionnelles ont
été versées en raison de difficultés
financières dans le secteur des fruits et légumes et surtout dans
celui de l'élevage bovin, confronté à la crise de la
" vache folle ".
En 1997, le montant des subventions d'exploitation diminue très
nettement (-3,7 milliards) et s'élève à près
de 49,5 milliards de francs.
Les subventions bénéficiant à l'élevage connaissent
la baisse la plus marquée (près de 1,6 milliard).
Dans le cadre de la crise de la " vache folle ", des subventions
avaient été versées en 1996, sous la forme de
compléments à la prime spéciale aux bovins mâles et
à la prime à la vache allaitante. En 1997, des aides
exceptionnelles, décidées en 1996, ont également
été versées. Ces montants de 1997 sont sensiblement
inférieurs à ceux de l'année précédente, de
sorte que les aides à la production bovine baissent globalement par
rapport à 1996 (-1,2 milliard).
Par ailleurs, la prime compensatoire ovine diminue de 400 millions, en
raison de l'amélioration de cours des ovins à partir du milieu de
l'année 1996, puis en 1997. Le solde de la prime de 1996, versé
en 1997, et l'acompte de la prime de 1997 ont ainsi été
sensiblement réduits.
Les subventions d'exploitation versées aux producteurs de fruits et
légumes en 1997 (près de 500 millions de francs)
représentent la moitié de leur montant de l'année
précédente. En effet, les retraits du marché sont moins
importants qu'en 1996 ; en outre, des aides exceptionnelles avaient
été versées l'année dernière, pour compenser
des pertes financières dues à une conjoncture
particulièrement défavorable.
Les indemnités spéciales de montagne et de piémont (ISM et
ISP) avaient également bénéficié de
compléments exceptionnels versés en 1996. Ces aides diminuent
d'environ 500 millions en 1997.
Le programme d'aide à la cessation d'activité laitière
s'étant achevé, le montant de cette subvention devient
très faible en 1997 (reliquat versé au titre des années
précédentes) alors qu'il s'élevait à près de
800 millions en 1996.
En revanche, les autres subventions versées à la branche
agriculture sont quasiment stables ou connaissent de faibles variations. En
particulier, les aides aux grandes cultures versées dans le cadre de la
réforme de la PAC se situent globalement au même niveau que l'an
dernier (augmentation des versements des aides compensatrices et baisse des
montants relatifs au gel des terres). La dotation aux jeunes agriculteurs et la
prime à l'herbe sont également stables.
SUBVENTIONS D'EXPLOITATION REÇUES PAR LA BRANCHE " AGRICULTURE "
|
Valeur
1996
|
Valeur
1997
|
Aides nouvelles ou revalorisées par la réforme de la PAC |
42 |
40 |
- Aides compensatrices pour les céréales, oléagineux et protéagineux (1) |
28.46 |
29.53 |
- Aide au gel annuel des terres (2) |
3.79 |
2.48 |
- Aides à l'élevage nouvelles ou revalorisées (3) |
9.75 |
7.98 |
Autres subventions |
11.19 |
9.48 |
TOTAL |
53.19 |
49,49 |
(1)
Aides compensatrices aux producteurs de graines oléagineuses et de
protéagineux (SIDO) + Aide compensatrice aux producteurs de
céréales (ONIC).
(2) Aide au gel des terres (ONIC) + aide à la jachère
industrielle (SIDO).
(3) Prime à la vache allaitante + Prime aux gros bovins (OFIVAL)
+ Prime à l'herbe (CNASEA).
Les
salaires
versés progressent de 1,5 % par rapport
à 1996. Les
cotisations sociales
à la charge des
employeurs augmentent légèrement (+0,6 %). Compte tenu des
prises en charge par l'Etat stables par rapport à l'an dernier
(près de 1,4 milliard de francs), comptabilisées dans le
poste " Subventions d'exploitation ", le montant des cotisations
supportées in fine par la branche agriculture évolue au
même rythme.
Après les très fortes baisses observées au cours des
dernières années, le montant des
impôts liés
à la production
versés par la branche agriculture est stable
en 1997 par rapport à 1996 et s'élève à
1,9 milliards de francs (il atteignait près de 8 milliards au
début des années 90)
8(
*
)
.
Au niveau du compte de revenu
Contrairement aux années précédentes, l'encours des
prêts à l'agriculture s'accroît légèrement en
1997 (+0,6 %), notamment sous l'effet d'une forte progression des
prêts pour l'équipement agricole. En revanche, le recours aux
prêts destinés aux acquisitions foncières continue de se
réduire. Depuis 1990, la structure de l'endettement agricole s'est
sensiblement modifiée : la part des prêts d'équipement est
passée de 28 % à 40 % tandis que celle de toutes les
autres catégories de prêts a régressé.
La contraction des taux d'intérêt se poursuit en 1997 ; le taux
moyen apparent des prêts à l'agriculture s'est réduit de
6,68 % en 1996 à 6,33 % en 1997. Le repli est
particulièrement prononcé pour les prêts à court
terme et les prêts d'équipement. En conséquence, le montant
des intérêts bruts diminue de 4,7 % en 1997 par rapport
à 1996.
Par ailleurs, le montant des prises en charge d'intérêts est
beaucoup plus important en 1997 qu'en 1996 (984 millions au lieu de 228).
Cette hausse est pour une très large part imputable aux mesures
exceptionnelles en faveur des éleveurs spécialisés en
viande bovine (698 millions).
Au total, les
intérêts
nets versés par la branche
agriculture se réduisent très fortement en 1997 : -12,5 %
par rapport à 1996. Cette baisse s'inscrit dans le mouvement
amorcé depuis une dizaine d'années ; elle est la plus
marquée sur cette période.
Les
cotisations sociales
des exploitants agricoles augmentent de 2,1% en
1997, du fait de la progression de l'assiette sur laquelle elles reposent.
Pour la deuxième année consécutive, le montant des
prestations sociales
reçues par les exploitants diminue par
rapport à 1996 (-1,7 %). Cette évolution est la
conséquence de la modération des dépenses des
régimes de sécurité sociale, notamment de l'assurance
maladie, et de la baisse du nombre des actifs.
De 1993 à 1996, le montant
des impôts fonciers
versés par la branche agriculture a été
considérablement réduit, en raison du démantèlement
des parts régionales et départementales de la taxe sur le foncier
non bâti. En 1997, on assiste à une légère reprise
des paiements par l'agriculture : +3,4% par rapport à 1996.
Les
transferts courants divers versés
diminuent très
sensiblement en 1997 par rapport à l'année
précédente caractérisée par des montants importants
de pénalités laitières, versées en 1996 au titre du
dépassement du quota laitier de la campagne 1995-1996.
3. L'évolution de l'investissement agricole
FORMATION BRUTE DE CAPITAL FIXE DE LA BRANCHE AGRICULTURE
(en milliards de francs)
|
Valeurs à prix courants |
Taux de croissance à prix constants |
|
|
1997 |
97/96 en % |
97/96 en % |
FBCF
en biens non agricoles (1)
|
39,4
|
+
2,9
|
+
2,5
|
FBCF de la branche agriculture (1) + (2) |
41,1 |
- 0,2 |
- 1,4 |
Note
: Le calcul de la FBCF en bétail est effectué à un niveau
fin de la nomenclature des animaux, que ce soit à prix courants ou
à prix constants. L'écart important entre les évolutions
dans les deux systèmes de prix résulte en grande partie des
variations de structure du cheptel en valeur et en volume.
La
Formation brute de capital fixe (FBCF)
de la branche agriculture
retrace quatre types de dépenses d'investissement se rapportant, d'une
part, à des biens non agricoles, les matériels et les
bâtiments, d'autre part à des biens produits par la branche
agricole elle-même, le bétail et les plantations.
Après avoir connu une chute très importante au début des
années 90 (- 30 % entre 1990 et 1993), puis s'être
redressé jusqu'en 1996, le volume des investissements de la branche
agricole recule légèrement en 1997 : d'une progression de
+ 11,3 % en 1994, l'évolution du volume des investissements
est passé à + 7,2% en 1995, à + 2,2 % en
1996 pour devenir légèrement négative (- 1,4%) en
1997.
La reprise spectaculaire des investissements en matériels en 1994 et
1995 (+13,2 % et +12,8 %) s'est fortement atténuée
(+6,3 % en 1996, +3,9% en 1997). De la même façon le rythme
de progression du volume des investissements en bâtiments se ralentit
(+5,2 % en 1994, +7,8 % en 1995, +4,0 % en 1996) pour s'annuler
en 1997, mais le niveau ainsi atteint dépasse celui du début des
années 90, qui était le plus élevé depuis 1980.
Ainsi la formation brute de capital fixe en biens non agricoles n'augmente plus
que de 2,5 % en 1997.
Si les investissements en matériels et bâtiments sont les
principaux postes de la formation brute de capital fixe, ce n'est pas leur
évolution (+2,5%) qui explique la baisse globale, mais celle des
investissements en bétail, qui diminuent fortement. En effet, le cheptel
de gros bovins continue de se réduire (-2,5 %). Toutes les
catégories d'animaux contribuent à cette baisse, en particulier
les vaches laitières et -pour la première fois depuis 1983- les
vaches nourrices ; la baisse est de 100 000 têtes environ pour un
cheptel de l'ordre de 4 millions de têtes pour chacune de ces deux
catégories.