III. L'IMPULSION ET L'ACCOMPAGNEMENT DES POUVOIRS PUBLICS SONT NÉCESSAIRES À UNE TRANSITION CRÉATRICE DE VALEUR ET D'EMPLOIS
A. DE NOMBREUSES SOLUTIONS POUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE EXISTENT, POUR LESQUELLES LA FRANCE A DES ATOUTS
1. Aux côtés de l'énergie nucléaire et de l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables et l'hydrogène bas carbone sont des éléments centraux de notre transition énergétique
Le catastrophisme ne produit pas de décisions éclairées. La raison doit être réhabilitée comme boussole de l'action en matière climatique ; cela conduit d'abord à exploiter nos atouts dans le bouquet énergétique.
L'énergie d'origine nucléaire, la moins émettrice en GES, repose sur une technologie maîtrisée et à notre portée, dont la France est experte. Il serait irrationnel de s'en priver pour des motifs qui ne relèvent pas tant de l'écologie que d'une aversion exagérée au risque. Si le Sénat a consenti à réduire dans la PPE la part du nucléaire à 50 % de notre production électrique afin de diversifier nos approvisionnements, objectif lui aussi souhaitable, il a dans sa sagesse repoussé de dix ans l'échéance à laquelle cette cible devrait être atteinte, de 2025 à 2035.
L'électrification de nos usages permettra de tirer pleinement parti de cette électricité d'origine nucléaire pour décarboner notre économie. À titre d'exemple, la production d'hydrogène, qui demande beaucoup d'électricité, est intéressante en France dans la mesure où l'électricité française est faiblement carbonée.
Les énergies renouvelables, dont l'efficacité et la rentabilité sont croissantes, vont prendre une place de plus en plus importante dans notre bouquet énergétique. Or, à ce jour, en raison de leur intermittence, ces sources d'énergie ne peuvent pas se substituer à l'énergie d'origine nucléaire ; elles ne peuvent que la compléter, et ce n'est qu'à terme qu'elles pourront la remplacer.
2. La France doit rester au plus près de la frontière technologique si elle veut voir émerger sur son territoire les solutions de demain et ainsi rayonner dans le monde
La France dispose de nombreux atouts pour devenir l'une des premières « puissances écologiques » du monde. Déjà exemplaire dans la décarbonation de son économie, elle ne doit cependant pas s'arrêter en chemin, alors que les États-Unis et la Chine, beaucoup plus émetteurs, s'apprêtent à consentir à des investissements colossaux pour rattraper leur retard. Les technologies de pointe en matière de décarbonation risquent d'être développées en priorité dans les pays où les volumes de carbone émis sont les plus importants, au risque d'un décrochage technologique de la France et de l'Europe, similaire à ce qui a eu lieu dans le domaine du numérique. Pour prévenir ce risque, la France doit se doter d'une stratégie scientifique et industrielle audacieuse en matière de décarbonation. En attirant les talents et les capitaux sur son territoire, cette stratégie contribuerait fortement au rayonnement de la France dans le monde.
Le progrès scientifique est le moteur essentiel de la lutte contre le dérèglement climatique. Les effets incrémentaux et à court terme d'une « écologie du quotidien » doivent être mis en regard des immenses retombées des ruptures technologiques à long terme. Ce n'est pas un acte de foi que d'encourager la prise de risque ; au contraire, l'investissement dans les technologies encore en phase de maturation, comme les batteries « vertes », l'hydrogène, le nucléaire du futur ou le stockage de l'énergie relève d'un pari rationnel.
La figure de l'État innovateur est ainsi amenée à s'affirmer au XXI e siècle. En particulier, les technologies de capture du carbone pourraient être davantage explorées : leur rôle dans la trajectoire vers la neutralité carbone est en effet faiblement mis en valeur dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui privilégie la baisse des émissions à leur capture (cf. graphique).