CHAPITRE I - POUR UNE TRANSITION ÉCOLOGIQUE AMBITIEUSE, CRÉATRICE DE VALEUR ET D'EMPLOIS
I. LA TRANSITION VERS UNE ÉCONOMIE SOBRE EN CARBONE EST UNE NÉCESSITÉ POUR LES GÉNÉRATIONS FUTURES
A. LA TRANSITION N'EST PAS UNE OPTION
1. Le dérèglement climatique dessine pour les générations futures des difficultés inédites
Sans une action volontariste, pour la première fois depuis les débuts de l'ère industrielle, une détérioration durable des conditions de vie se profile en France et dans le monde. 9 des 10 années les plus chaudes jamais enregistrées en France l'ont été au XXI e siècle. Ces moyennes ne reflètent pas les hausses de l'amplitude des températures - vagues de chaleur prolongées, épisodes de gel comme celui d'avril 2021 - et de l'instabilité météorologique - hausse des précipitations et de la violence des tempêtes - qui se traduiront par des destructions de richesses, notamment dans le secteur agricole, et plus généralement par des pertes de bien-être.
Pour la commission des affaires économiques du Sénat, cet horizon n'est acceptable ni éthiquement, ni socialement. Éthiquement, les générations actuelles se rendraient coupables d'une injustice incalculable à l'égard des générations futures. Socialement, des contestations de plus en plus violentes, que les crises des « Bonnets rouges » et des « Gilets jaunes » ne font que préfigurer, sont à craindre.
2. Au regard de l'urgence, il faut se focaliser en priorité sur les mesures avec le plus fort impact sur le climat
C'est dès aujourd'hui et avec force qu'il faut s'engager dans la transition écologique. Le coût exorbitant du dérèglement climatique incite à l'action : plus rapide et plus efficace est l'action, et moins la facture laissée par le dérèglement climatique sera élevée. En effet, la fenêtre d'opportunité se réduit chaque année parce que la concentration de GES dans l'atmosphère est irréversible : 60 % du gaz demeure dans l'atmosphère après 100 ans, 20 % après 1 000 ans et 10 % après 10 000 ans.
Un compte à rebours climatique est lancé, et la prochaine décennie sera décisive. La hausse de la température moyenne mondiale par rapport au niveau préindustriel est déjà supérieure à 1 °C. Au rythme actuel des émissions mondiales de GES, la hausse pourrait être de 2°C dès 2050 et, selon Météo France, une hausse de 4 °C d'ici 2100 n'est pas à exclure.
Nous sommes sur une ligne de crête parce que malgré cette urgence, il faut aussi agir avec discernement : les décisions d'aujourd'hui auront un impact demain, et des investissements à horizon 20 ou 30 ans peuvent enfermer durablement dans des solutions technologiques inefficientes. Cela implique de s'extraire des solutions court-termistes ou d'affichage et de construire de véritables filières.