B. DES ÉCOLES DE LA 2E CHANCE À DÉVELOPPER
Les Écoles de la 2 e Chance (E2C) ont été créées à la suite de la publication du livre blanc « Enseigner et apprendre - Vers la société cognitive », présenté à l'initiative d'Édith Cresson, alors commissaire européenne chargée de la science, de la recherche et du développement, lors du sommet des chefs d'État de Madrid en décembre 1995, puis adopté par les ministres de l'éducation des États membres de l'Union européenne. Les E2C figuraient dans un des cinq objectifs transversaux identifiés, « Lutter contre l'exclusion ».
Dix E2C ont ainsi été créées en Europe entre 1997 et 2000, dont la première en France, à Marseille. Après cette première expérience, des écoles ont été implantées à Mulhouse en 2000, puis en Champagne-Ardenne et en Seine-Saint-Denis en 2002.
En 2004, ces écoles ont signé aux côtés d'Édith Cresson et de sa fondation dédiée une Charte et créé l'association « Réseau des Écoles de la 2 e Chance ».
En 2007-2008, les écoles ont été dotées d'un cadre législatif et réglementaire (article L 214-14 du Code de l'Éducation issu de la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007 et son décret d'application n° 2007-1756 du 13 décembre 2007)
Les Écoles de la 2 e Chance (E2C) sont des structures privées résultant d'un partenariat entre les chambres de commerce et les collectivités territoriales. Leur objectif est de permettre l'insertion professionnelle de jeunes de 16 à 25 ans, sans diplôme, qualification professionnelle ni emploi et sortis du système scolaire. La pédagogie est centrée sur un triptyque : l'acquisition des savoirs de base, l'alternance alors que 83 % des jeunes accueillis n'ont aucune expérience de l'entreprise, et l'accompagnement social. La durée moyenne de formation est de six mois auquel s'ajoute un suivi sur les douze mois suivants, soit un parcours de 18 mois au total.
L'intervention de l'État consiste traditionnellement en une aide au démarrage de 100 000 euros pour une école nouvelle ou de 50 000 euros pour une nouvelle antenne à partir d'une école existante. À cet amorçage s'ajoute une subvention pour le parcours des jeunes issus des quartiers prioritaires à hauteur de 625 euros par stagiaire. Elle est portée par le budget de la politique de la ville
Les E2C se développent rapidement depuis 2010. En 2018, les 130 sites ont accueilli 15 009 jeunes âgés de 20,5 ans en moyenne (+ 2 % par rapport à 2017), répartis dans 57 départements et cinq régions ultrapériphériques. Le nombre de sites a légèrement augmenté. Il y en avait 124 en 2016.
La part des bénéficiaires issus de QPV est de
30 % dans l'hexagone.
Les sorties « positives »
s'élèvent à 60 % dont 22 % en formation et
38 % en emploi.
Les E2C ont bénéficié en 2018 d'un financement de 3,31 millions d'euros du ministère de la ville sur un coût total est de 81,1 millions d'euros.
De plus, pour accompagner le réseau national, 150 000 euros du programme 147 ont été attribués à l'association Réseau E2C France .
Le coût par jeune accueilli s'élève à 5 340 euros. Il est inchangé depuis 2009, ce qui témoigne d'importants efforts de gestion. Les financeurs sont les régions (32 %), l'État (29 %), l'Europe - Fonds social européen - FSE (14 %), les autres collectivités (10 %) et la taxe d'apprentissage (6 %). L'un des enjeux est d'accroître la part des fonds FSE. Les collectivités et les gestionnaires des écoles doivent se coordonner pour faire face à la lourdeur de la gestion des dossiers de demande, de suivi et des contrôles.
Par ailleurs, comme annoncé par la ministre du travail
le 28 juin 2018, le Plan d'investissement dans les compétences
(PIC) permettra le financement de
2 000 parcours
supplémentaires en E2C d'ici 2022
.
Il prend ainsi en charge
depuis 2019, pour ces parcours supplémentaires uniquement,
l'intégralité des coûts d'aide au démarrage et
d'accompagnement assumés par l'État et actuellement
répartis entre le CGET et la Délégation
générale à l'emploi et à la formation
professionnelle (DGEFP).
Le potentiel de développement des E2C est encore très important pour la prise en charge des jeunes des ruralités comme des quartiers.
La création de nouvelles écoles et leur
localisation dépend pour l'essentiel des collectivités locales
qui attribuent les locaux en fonction des disponibilités.
Les
meilleurs emplacements sont en centre-ville là où les transports
et la mixité est la plus importante. Il n'est pas souhaitable que les
écoles soient implantées dans les quartiers prioritaires car
sortir les jeunes de leur ghetto et du regard des autres est essentiel au
parcours vers la réussite.
L'un des défis que relèvent actuellement les écoles est leur ouverture aux mineurs. Il y a seulement trois ans, trois écoles les accueillaient. C'est le cas dans trois quarts des cas désormais. Les mineurs étaient 6 % en 2013, ils sont 13 % des stagiaires en 2018. Cela a nécessité des évolutions pédagogiques (groupes séparés ou mixité limitée avec les adultes) et des précautions compte tenu des règles particulières s'imposant à la prise en charge des mineurs en formation et en entreprise.
Par ailleurs, chaque jeune percevant une rémunération d'environ 300 euros par mois, le recrutement des E2C peut-être concurrencé par d'autres dispositifs s'adressant à la jeunesse, notamment si ceux-ci sont plus rémunérateurs et/ou moins exigeants. Une logique d'assistanat peut prendre le pas sur celle de la réinsertion professionnelle si l'articulation des propositions n'est pas réfléchie et si les missions locales qui restent les principales prescriptrices (60 % des stagiaires des E2C ont été adressés par elles) ne le prennent pas pleinement en compte dans l'orientation des jeunes.