BELGIQUE
1) Le dispositif répressif
La
loi du 16 mars 1999
, qui a modifié l'arrêté royal
du 16 mars 1968 portant coordination des lois relatives à la police
de la circulation, punit toute personne qui «
dans un lieu public,
conduit un véhicule ou une monture
» sous l'emprise de
certaines substances
«
qui influencent la capacité
de conduire
».
Les substances incriminées sont : le cannabis, la morphine
(2(
*
))
, la cocaïne, les amphétamines
et trois stimulants de type amphétaminique contenus dans l'ecstasy
(MDMA, MDEA et MBDB). Toutefois, la loi fixe pour chacune de ces substances des
seuils
au-dessous desquels leur présence dans l'organisme n'est
pas considérée comme significative.
Les sanctions prévues par la loi consistent en une peine de prison d'une
durée de quinze jours à six mois ou en une amende
comprise entre 200 BEF et 2 000 BEF (c'est-à-dire entre
1 000 € et 10 000 €, compte tenu du
système des « décimes additionnels », qui
oblige à multiplier tous les montants d'amende pénale par 200).
Les deux sanctions peuvent également être cumulées.
En cas de récidive dans les trois ans, ces sanctions sont
alourdies : l'amende est alors comprise entre 400 BEF et
5 000 BEF, et la durée de l'emprisonnement entre un mois et
deux ans.
En outre, le conducteur peut se voir infliger un retrait de permis pour une
durée comprise entre huit jours et cinq ans. Le juge peut alors
subordonner la restitution du permis à la réussite d'un examen
théorique et/ou pratique, et/ou au résultat d'un examen
médical et/ou psychologique.
En cas de récidive dans les trois ans, le retrait du permis de conduire
peut être définitif, et l'intéressé a alors
l'obligation de le repasser.
2) Les contrôles
La loi
de 1999 dispose que la police peut imposer des contrôles destinés
à mettre en évidence l'une des substances
incriminées :
- lors d'un accident, à toute personne qui a pu contribuer à
le provoquer, même si elle en est la victime ;
- à tout conducteur, voire à toute personne qui accompagne
un apprenti conducteur ;
- à toute personne qui s'apprête à conduire un
véhicule.
Ces contrôles consistent d'abord en une série de tests permettant
de vérifier la présence des signes extérieurs
associés à la prise de stupéfiants (modification des
caractéristiques de la pupille et perte d'équilibre par exemple).
Lorsque la présomption est établie, la police ordonne une analyse
d'urine, qui peut être complétée par une analyse de sang.
Lorsque les résultats sont positifs, le conducteur a l'interdiction de
conduire pendant une durée de douze heures après la
constatation. De nouveaux tests sont imposés avant que le conducteur
soit autorisé à conduire. Si les résultats des nouveaux
tests sont positifs, une deuxième interdiction de conduire, de six
heures, est appliquée. Elle peut être renouvelée aussi
longtemps que les résultats des tests demeurent positifs.
Le conducteur qui oppose un refus à ces tests en invoquant un motif
légitime doit être examiné par un médecin, qui est
juge du motif invoqué. En tout état de cause, si ce conducteur
présente des signes extérieurs associés à la prise
de stupéfiants, il ne peut reprendre le volant avant un délai
minimum de douze heures.
Le refus d'effectuer ces tests sans motif légitime est puni des
mêmes peines que la conduite sous l'emprise de stupéfiants :
quinze jours à six mois de prison et/ou 200 à
2 000 BEF d'amende.
Par ailleurs, d'après l'arrêté royal sur le permis de
conduire, la dépendance à l'égard de substances
psychotropes constitue l'un des motifs qui empêchent le renouvellement du
permis de conduire après une annulation.
En effet, ce texte subordonne la délivrance initiale du permis
- ainsi que son renouvellement à la suite d'une annulation -
à la production d'une déclaration sur l'honneur du candidat
attestant qu'il n'est pas atteint de l'une des affections mentionnées
à l'annexe 6 de cet arrêté et concernant notamment
l'usage de substances psychotropes et de médicaments.
Lorsqu'un candidat a été en état de dépendance
à l'égard de stupéfiants et qu'il prouve qu'il n'en a pas
consommé depuis plus de six mois, il peut être
déclaré de nouveau apte à la conduite : dans ce cas,
le permis qui lui est délivré n'est valable que trois ans.