ROYAUME-UNI
La
responsabilité médicale est appréciée selon les
règles du droit commun et les dossiers d'indemnisation sont, en
principe, réglés par les tribunaux.
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1) Le régime juridique de la responsabilité médicale
En
l'absence de dispositions spécifiques, le droit commun de la
responsabilité s'applique.
Un patient traité par un médecin du
National Health
Service
(NHS)
n'a aucune relation contractuelle avec ce dernier.
Aussi, les demandes en réparation des dommages causés par un
médecin sont traitées selon les dispositions relatives à
la responsabilité délictuelle. En effet,
comme toute personne
qui a violé son obligation de diligence et causé un dommage
involontaire, le médecin peut être poursuivi pour
négligence
.
Le patient qui poursuit le médecin sur ce fondement
(5(
*
))
doit établir que ce dernier a commis
une faute en ne faisant pas preuve de la diligence requise : le niveau de
diligence attendu est celui d'un médecin normalement qualifié et
expérimenté, et exerçant la même
spécialité. En outre, le patient doit prouver qu'il y a un lien
de causalité entre cette faute et le dommage subi.
Selon la jurisprudence
Bolam v. Friern
Hospital Management
Committee
du 26 février 1957, le médecin peut
s'exonérer de sa responsabilité en établissant
"
qu'il a agi conformément à une pratique jugée
adéquate par un corps médical compétent d'experts dans ce
domaine particulier de la médecine
". A l'inverse, la faute
manifeste entraîne un renversement de la charge de la preuve. C'est alors
au médecin défendeur de prouver qu'il n'a commis aucune faute.
Le patient qui n'est pas satisfait du traitement qu'il a reçu peut
déposer une plainte orale ou écrite, et obtenir des explications,
en utilisant la procédure de
réclamation mise en place par le
NHS en 1996
. Une fois cette voie épuisée, s'il n'est toujours
pas satisfait, il peut saisir le
médiateur spécialisé
dans les affaires de santé
. Ces deux options, si elles permettent
une certaine reconnaissance de la responsabilité médicale, ne
prévoient pas de mécanisme d'indemnisation.
Dans le secteur de la médecine privée, le médecin et son
patient sont liés par un contrat, en vertu duquel le médecin
s'engage à fournir au patient un service convenu moyennant finances. Le
patient poursuit le médecin sur le fondement de sa responsabilité
contractuelle et doit prouver que celui-ci n'a pas exécuté
correctement l'obligation née du contrat.
2) Le régime d'indemnisation
L'action en justice est le seul moyen pour le patient
d'obtenir
la réparation financière de son préjudice.
Cependant, comme la procédure judiciaire est longue, onéreuse et
relativement incertaine, la plupart des affaires ne parviennent pas devant les
tribunaux. En outre, le contentieux médical est un domaine
extrêmement complexe. Aussi, depuis juillet 1999, les patients
bénéficiant de l'aide judiciaire ne peuvent recourir qu'à
un avocat spécialisé et agréé par la commission qui
gère les services de l'aide judiciaire.
Pour pallier ces inconvénients,
la réforme de la
procédure civile
, qui est entrée en vigueur le 26 avril
1999, a mis en place
un protocole préjudiciaire pour la
résolution du contentieux médical
.
Ce protocole tend à faciliter très tôt l'échange
d'informations entre les parties, à encourager un règlement
transactionnel et à permettre une gestion plus efficace des
éventuelles suites judiciaires
. Il expose les grandes étapes
que les parties doivent suivre :
- délai de quarante jours pour obtenir copie du dossier
médical ;
- rédaction d'une lettre détaillée exposant la plainte et
contenant éventuellement une proposition de transaction ;
- ouverture d'un délai de trois mois à partir de la
réception de cette lettre, au cours duquel aucune action en justice ne
peut être intentée, la partie adverse devant apporter une
réponse motivée et éventuellement offrir un
règlement amiable.
De plus, ce protocole contient une série de recommandations à
l'intention des parties, qui constitue, en quelque sorte, un code de bonne
conduite. Ainsi, les professions de santé doivent disposer de personnes
formées pour répondre à ces situations. Elles doivent
également mettre en place des procédures de contrôle de la
qualité des soins, de gestion des risques médicaux, et de compte
rendu de tous les incidents survenus. Les patients et leurs conseillers, quant
à eux, doivent faire état de leurs problèmes le plus
rapidement possible, prendre le temps d'envisager toutes les solutions et faire
savoir quand ils estiment la question réglée.
Les parties qui ne se soumettent pas aux exigences du protocole peuvent
être sanctionnées par le juge
(imputation des frais, refus
d'un délai supplémentaire...)
dans la phase judiciaire
. En
effet, si le règlement amiable échoue, l'affaire est
portée devant les juridictions civiles et le juge apprécie le
montant du dommage en se fondant sur les rapports des experts médicaux.
Il indemnise le préjudice matériel présent et futur (perte
de gains, frais supplémentaires...), ainsi que le préjudice
moral. Les indemnités versées en réparation de ce dernier
sont critiquées depuis plusieurs années pour la faiblesse de leur
montant. Une commission de réforme juridique, mise en place en 1995 par
le ministre de la Justice, a publié un rapport en avril 1999
préconisant leur augmentation. Le 23 mars 2000, la Cour d'appel a
rendu une série de décisions dans lesquelles, si elle ne suit pas
les observations chiffrées de la commission, elle juge cependant
nécessaire d'augmenter d'environ un tiers ces compensations dans les cas
les plus graves.
En outre, la
médiation
reste une voie ouverte aux parties. Pour
qu'elles y recourent davantage, le ministère de la Santé a
mené une expérience pilote de médiation au sein du NHS,
dans deux régions d'Angleterre, entre 1995 et 1998, ce qui a
donné lieu à la publication d'un rapport en janvier 2000. En
trois ans, douze cas ont fait l'objet d'une médiation, onze sont
parvenus à un accord, mais un seul a donné lieu à un
arrangement financier.