ALLEMAGNE
Les
prestataires de soins et les patients sont liés, au même titre que
les coiffeurs ou les chauffeurs de taxi et leurs clients, par un
contrat de
service
, que le code civil définit comme un accord aux termes duquel
l'une des parties s'engage à fournir les services promis et l'autre
à lui accorder la rémunération convenue, tous les services
étant susceptibles de constituer l'objet d'un tel contrat.
La plupart
des droits du patient résultent de l'existence de ce contrat.
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1) Les droits garantis aux patients
a) L'information
Le fait
de procéder à un traitement médical sans avoir fourni au
patient une information appropriée est considéré par la
jurisprudence comme un acte arbitraire qui viole le droit à
l'autodétermination et à la dignité.
La jurisprudence a dégagé les éléments sur
lesquels porte le droit à l'information :
- l'état de santé du moment et le diagnostic qui fonde le
traitement ;
- le nom du médecin qui doit opérer ou qui doit assurer la prise
en charge ultérieure ;
- la nature du traitement, qui doit avoir fait ses preuves ;
- les effets secondaires possibles et les autres risques liés au
traitement, ainsi que les alternatives envisageables ;
- les perspectives de réussite ;
- le degré d'urgence du traitement ;
- les coûts.
De plus, l'information doit être communiquée par le médecin
lui-même et de façon compréhensible par le patient. Elle
doit lui être transmise assez tôt pour qu'il puisse
réfléchir, si besoin est. Le patient a le droit de poser des
questions à tout moment.
Le droit à l'information appartient à tous les patients, quels
que soient leur âge et leur niveau de compréhension.
Il
s'applique à tout type de traitement, de l'opération chirurgicale
la plus compliquée à la prescription de médicaments.
Le médecin ne peut pas invoquer l'exception thérapeutique pour
refuser de renseigner un patient qui se trouve dans une situation
désespérée. En revanche, il peut l'invoquer dans le cas de
traitements psychiatriques, s'il établit que l'information risque de
faire échec aux soins. Le droit à l'information peut
également être refusé lorsque son exercice risque de porter
préjudice à des tiers.
Le refus de fournir des informations importantes peut être
considéré comme une faute qui engage la responsabilité du
médecin.
Par ailleurs, tout patient peut refuser explicitement son droit à
l'information.
b) L'accès au dossier médical
L'article 810 du code civil
énonce que
"
Toute personne qui a un intérêt légitime à
consulter un document qui se trouve en possession d'autrui peut exiger du
propriétaire l'autorisation de le consulter, lorsque le document a
été établi dans son intérêt, ou que
(...).
"
A partir de cette prescription, la jurisprudence a peu à peu
affirmé le droit d'accès du patient à son dossier
médical et l'a délimité.
En l'absence de dispositions législatives spécifiques
prévoyant des délais plus longs, les données
médicales doivent être conservées pendant les
dix
ans
qui suivent la fin d'un traitement. Les radiographies doivent
être gardées pendant trente ans. Compte tenu du délai
de prescription de trente ans applicable aux demandes de dommages et
intérêts, il est recommandé de conserver les dossiers
pendant trente ans.
Le contenu du droit d'accès
Le patient a le droit de consulter tous les
éléments
objectifs
de son dossier (résultats d'examen, radiographies,
échanges de courrier entre médecins...). En revanche,
l'accès aux éléments subjectifs (commentaires d'analyses
par exemple) peut lui être refusé. Afin d'éviter tout
problème, la Cour fédérale suprême conseille aux
médecins d'avoir deux dossiers : l'un pour leurs besoins propres et
l'autre pour la consultation des patients.
Les restrictions au droit d'accès au dossier médical sont les
mêmes que les restrictions au droit d'information.
Le droit d'accès appartient au patient lui-même, qui peut
toutefois le déléguer à une personne de confiance,
à un avocat ou à un médecin par exemple. Par ailleurs,
après le décès d'une personne, ses héritiers
disposent du droit d'accès à son dossier médical dans la
mesure où ils peuvent justifier d'un intérêt et que
l'accord de la personne décédée peut être
présumé (par exemple lorsque la cause du décès
n'est pas certaine ou qu'une demande de dommages et intérêts est
reprise par les héritiers).
Les modalités du droit d'accès
Les patients n'ont pas à justifier leur souhait de consulter leur
dossier. Ils doivent seulement, directement ou par l'intermédiaire de la
personne qu'ils ont désignée à cet effet, prendre contact
avec le prestataire de soins concerné, qui a l'obligation de leur donner
satisfaction dans un délai raisonnable.
En règle générale,
une copie du dossier leur est remise
et les frais de copie
sont à leur charge
. Les radiographies
peuvent être empruntées, mais doivent être
restituées.
En pratique, et de façon paradoxale, les patients à qui
l'accès au dossier médical est dénié n'ont de
recours que si ce refus s'accompagne d'une faute du médecin et qu'une
procédure est alors engagée.
2) Les cas particuliers
a) Les mineurs
Les droits des mineurs sont exercés par les parents, par les deux conjointement dans la mesure du possible.
b) Les majeurs incapables
Leurs droits sont exercés par un proche ou par leur représentant légal. Si le patient a, à l'époque où il était encore en pleine possession de tous ses moyens, laissé des consignes écrites, le corps médical a l'obligation de les respecter.