ROYAUME-UNI



Le dispositif de contrôle de la sécurité alimentaire a été profondément réformé par le Food Standards Act de 1999 , promulgué le 11 novembre 1999 et qui a créé la Food Standards Agency .

Si ce texte ne modifie pas la règle, énoncée par la loi de 1990 sur la sécurité alimentaire, selon laquelle les opérations de contrôle sont essentiellement réalisées par les collectivités locales , il confie la responsabilité nationale du contrôle de la sécurité alimentaire à la Food Standards Agency .

L'essentiel du Food Standards Act de 1999 est entré en application le 1 er avril 2000, date à laquelle l'Agence a été officiellement créée. Cependant, certaines dispositions de la loi sont entrées en vigueur en janvier 2000, comme celles concernant la nomination des membres de l'Agence et celles relatives aux modifications réglementaires que le transfert de compétences à l'Agence entraînait.

En effet, jusqu'à sa réforme, le système reposait sur un partage des responsabilités entre le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation, qui assurait le rôle principal tout en étant chargé de promouvoir les intérêts de l'industrie agro-alimentaire, le ministère de la Santé, ainsi que les administrations régionales du Pays de Galles, d'Ecosse et d'Irlande du Nord. En outre, les deux ministères coordonnaient les activités d'un grand nombre de services administratifs plus ou moins indépendants. Dès septembre 1997, les deux ministères s'étaient rapprochés et avaient regroupé certaines de leurs activités au sein du Joint Food Safety and Standards Group .

1) L'organisation du contrôle de la sécurité alimentaire

L'application des règles relatives au contrôle de la sécurité alimentaire incombe principalement aux collectivités locales et aux autorités portuaires s'il s'agit de produits importés.

Leur action est coordonnée par le LACOTS ( Local Authorities Co-ordinating Body on Food and Training Standards ), qui leur fournit aussi aide et conseil.

En Angleterre -car l'organisation administrative est légèrement différente dans les autres parties du Royaume-Uni-, les collectivités locales confient le contrôle de la sécurité alimentaire à deux catégories de personnel distinctes, qui ont par ailleurs d'autres attributions (4( * )) :

- les Training Standards Officers vérifient la qualité, la composition, l'étiquetage et la publicité des produits alimentaires ;

- les Environmental Health Officers surveillent uniquement l'hygiène des produits alimentaires.

De plus, la loi de 1990 sur la sécurité alimentaire oblige les collectivités locales à recruter des analystes chimistes, qui examinent la composition des échantillons prélevés.

En 1995, les collectivités locales ont été dessaisies du contrôle de l'abattage des animaux de boucherie . La responsabilité de cette mission a été transférée au MHS ( Meat Hygiene Service ), Service pour l'hygiène de la viande, agence " exécutive " (5( * )) créée à cette date et alors placée sous l'autorité du ministère de l'Agriculture. Le MHS vérifie que les abattoirs agréés respectent les règles de sécurité alimentaire. Il emploie des vétérinaires et des inspecteurs sanitaires.

a) Le statut de la Food Standards Agency

Aux termes de la loi de 1999, la Food Standards Act est un non-ministerial government department , c'est-à-dire qu'elle appartient à l'exécutif sans pour autant faire partie d'un ministère . Elle est cependant rattachée au ministère de la Santé . Ce statut a été choisi, de préférence à celui d'agence " exécutive " d'un ministère, car il lui assure un plus grande indépendance. On peut assimiler la Food Standards Agence à un établissement public.

Ce statut justifie qu'elle rende compte de ses activités et de ses dépenses au Parlement de Westminster, ainsi qu'aux trois Parlements régionaux (6( * )) . Elle doit ainsi leur déposer son rapport annuel. De plus, elle est soumise au contrôle financier du National Audit Office , qui est l'instance supérieure de contrôle du bon emploi des fonds publics.

Par ailleurs, c'est l'Agence elle-même qui définit ses relations avec les autres intervenants dans le domaine de la sécurité alimentaire. L'article 22 de la loi de 1999 l'oblige à préparer et à publier une déclaration relative à ses objectifs généraux et à ses méthodes. Cette déclaration doit notamment contenir des dispositions sur ses rapports avec les ministères et les services administratifs nationaux, avec leurs homologues régionaux, avec les collectivités locales et avec les autres autorités.

Le projet de déclaration est soumis à l'approbation conjointe des instances dont relève l'Agence (c'est-à-dire le ministre de la Santé et le ministre pour les questions écossaises du gouvernement du Royaume-Uni, l'Assemblée nationale du Pays de Galles, et le département de la Santé et des Services sociaux d'Irlande du Nord), qui peuvent l'amender. La déclaration définitive est déposée devant le Parlement de Westminster ainsi que devant les Parlements régionaux. Elle fait l'objet d'une publication. La loi prévoit que la première déclaration doit être soumise aux autorités précitées dans un délai de trois mois à compter de la première réunion de l'Agence. Dans l'exercice de ses fonctions, l'Agence doit, aux termes de l'article 23 de la loi de 1999, respecter sa déclaration d'objectifs.

En cas de manquements graves de l'Agence, l'article 24 de la loi de 1999 prévoit que les quatre autorités dont elle dépend peuvent lui donner des instructions adéquates, après s'être mutuellement concertées et l'avoir consultée. Si l'Agence ne se conforme pas à ces instructions, le ministère de la Santé (7( * )) peut, avec l'accord des autres autorités dont dépend l'Agence, destituer tous ses membres.

b) La composition de la Food Standards Agency

L'article 2 de la loi de 1999 prévoit que l'Agence est composée d'un président, d'un vice-président et de plusieurs membres, dont le nombre peut varier entre huit et douze.

Le président et le vice-président sont nommés conjointement par les quatre autorités dont dépend l'Agence.

Les autres membres sont nommés après consultations mutuelles de ces dernières de la manière suivante :

- un par l'Assemblée nationale du Pays de Galles ;

- deux par le ministère chargé des questions écossaises dans le gouvernement du Royaume-Uni ;

- un par le département de la Santé et des Services sociaux d'Irlande du Nord ;

- les autres par le ministère de la Santé du gouvernement du Royaume-Uni.

Les membres de l'Agence devraient rester en fonction trois ans et leur mandat devrait être renouvelable. Cependant, cette règle ne s'applique pas aux premières nominations, pour éviter le renouvellement simultané de tous les membres.

Ces nominations sont faites selon les critères suivants :

- l'équilibre entre les compétences et expériences des différents membres ;

- leur indépendance, aucun des membres de l'Agence ne devant être le porte-parole d'intérêts particuliers . C'est pourquoi les participations, financières ou non, des membres à des groupes de pression ou à des entreprises doivent être mentionnées et rendues publiques.

Les nominations ont eu lieu en janvier et mars 2000, et l'Agence compte actuellement, outre le président et le vice-président, douze membres. Le président de l'Agence est un scientifique, spécialiste de zoologie et le vice-président dispose d'une expérience d'environ vingt ans dans le domaine de la protection des consommateurs. Le premier reçoit un salaire annuel de 96 000 livres (soit environ un million de francs) pour un poste à temps plein, tandis que le second reçoit 30 000 livres (soit environ 330 000 francs) pour un poste à mi-temps.

Pour l'aider dans ses fonctions, l'Agence peut, en application de l'article 5 de la loi de 1999 et après avis des autorités dont elle dépend, créer des comités consultatifs spécialisés, ou se rapprocher d'une autorité publique pour établir avec elle un comité consultatif commun. Les ministres de la Santé et de l'Agriculture peuvent, quant à eux, décider de lui adjoindre des comités consultatifs déjà existants.

c) Le personnel de la Food Standards Agency

L'article 3 de la loi prévoit la nomination d'un directeur administratif, qui a sous sa responsabilité les directeurs pour le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord.

Lors de la mise en place de l'Agence, le directeur principal est nommé conjointement par les quatre autorités dont dépend l'Agence, et les autres directeurs par celle qui est territorialement compétente. Par la suite, tous seront nommés par l'Agence, avec, pour le premier, l'approbation des autorités dont dépend l'Agence et, pour les seconds, l'approbation de la seule autorité territorialement compétente.

Le personnel de l'Agence sera constitué de fonctionnaires, dont la plupart seront pris dans les administrations existantes. Les besoins sont estimés à un peu plus de 500 personnes. En outre, le Service pour l'hygiène de la viande doit être intégré à l'Agence avec ses 1 650 personnes. Toutefois, ce service doit conserver son organisation propre.

d) Le financement de la Food Standards Agency

La proposition initiale du gouvernement de financer l'Agence par une redevance payée par les commerces et les entreprises du secteur agro-alimentaire a été abandonnée, car très contestée.

L'article 39 de la loi de 1999 prévoit que l'Agence est financée par des fonds publics votés par le Parlement de Westminster et par les trois Parlements régionaux.

Il est envisagé d'affecter les sommes allouées par le Parlement de Westminster au siège de l'Agence, à son personnel et à ses activités en Angleterre. Les sommes votées par les Parlements régionaux devraient financer les trois antennes administratives régionales et les activités régionales de l'Agence.

Le budget annuel de l'Agence est estimé à 125 millions de livres sterling (soit environ 1 360 millions de francs), dont une très grande part servira au fonctionnement du Service pour l'hygiène de la viande. Pour l'année 2000, l'essentiel de cette somme est fourni par une nouvelle répartition des fonds nationaux déjà affectés à la sécurité alimentaire.

2) Les compétences de la Food Standards Agency

a) Le champ d'action

La compétence de l'Agence s'étend à la totalité de la chaîne alimentaire , " de la ferme à la table " d'après les documents administratifs.

Les aliments visés sont ceux destinés à la consommation humaine et animale. En outre, selon l'article 29 de la loi de 1999, le ministère de l'Agriculture et les autres ministères concernés devront consulter l'Agence sur la politique générale qu'ils entendent mener en matière de produits vétérinaires.

L'Agence est compétente sur l'ensemble du Royaume-Uni .

Cependant, l'article 34 de la loi de 1999 lui fait obligation de coopérer avec le Food Safety Promotion Board , organisme de coopération entre l'Irlande du Nord et la République irlandaise. Cet organisme, qui devrait bientôt être institué, est chargé de la promotion de la sécurité alimentaire, de la recherche dans ce domaine, de la communication des alertes et de la surveillance des maladies liées à l'alimentation. De plus, l'Ecosse et l'Irlande du Nord peuvent, par une loi votée par leur Parlement respectif, décider de se retirer totalement ou partiellement de l'Agence, pour créer leur propre agence. La loi prévoit que dans ce cas, les modifications nécessaires seront prises par un règlement.

b) Les missions et les pouvoirs

L'article 1 er de la loi définit la mission principale de l'Agence : protéger la santé de la population contre tous les risques liés à la consommation de produits alimentaires, y compris les risques liés à leur production et à leur distribution. Plus généralement, l'Agence doit défendre les intérêts des consommateurs.

Les missions de l'Agence en matière d'alimentation humaine ou animale sont précisées aux articles 6, 7, 8 et 9 de la loi de 1999 :

- participer à l'élaboration des actes normatifs, y compris les textes européens et internationaux ;

- conseiller, informer et assister toutes les instances publiques, l'Agence ayant obligation de remplir sa mission si la demande émane d'un ministère ou de l'une des autorités régionales dont elle dépend ;

- conseiller et informer l'ensemble des citoyens, ou certains groupes bien définis, comme des associations de consommateurs ou des représentants de l'industrie agro-alimentaire ;

- recueillir les données utiles.

Pour mener à bien les missions qui lui sont assignées l'Agence dispose de nombreux pouvoirs .

- Elle conduit des observations, directement ou non, à n'importe quel stade de la production ou de la distribution et met en oeuvre des programmes de contrôle et de surveillance. Pour ce faire, elle bénéficie d'un droit d'accès aux locaux, de prélèvement d'échantillons, de consultation des dossiers, y compris des dossiers médicaux du personnel si besoin est. Les entraves qui lui sont opposées sont sanctionnées pénalement.

- Elle contrôle les activités des collectivités locales et des autorités portuaires, chargées de faire respecter la réglementation régissant les normes et la sécurité alimentaires.

- Elle publie les avis qu'elle rend.

- Elle élabore, à destination des collectivités locales, des instructions sur la gestion et le contrôle des risques liés à l'alimentation

- Elle propose au Parlement national l'adoption de mesures susceptibles d'améliorer la sécurité alimentaire. Ainsi, dès le début du mois d'avril 2000, elle a proposé l'adoption d'un plan concernant les 12 000 boucheries du pays et subordonnant l'agrément des magasins à la formation de leur personnel aux questions sanitaires. Ces licences devraient être renouvelées chaque année.

- Par délégation du ministre de la Santé, elle peut déclencher une procédure d'urgence en cas de menace pour la santé publique.

- Elle mène des campagnes d'information et d'éducation.

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*

La Food Standards Agency est cependant plus qu'un organe d'analyse et d'évaluation du risque car, dans la mesure où elle englobe le Service pour l'hygiène de la viande, elle dispose de la maîtrise du contrôle de l'abattage des animaux de boucherie et de leur transformation et dispose, dans ce domaine, d'un pouvoir de répression.

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