GRANDE-BRETAGNE
La
médecine du travail s'est constituée sur une base volontaire
,
puisqu'aucun texte de portée générale n'impose ni
médecin du travail dans l'entreprise, ni visite médicale
préalable à l'embauche, ni surveillance médicale.
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I. L'EXERCICE DE LA MEDECINE DU TRAVAIL
1) La place du médecin du travail dans l'entreprise
a) Le statut juridique du médecin du travail
Les
services de santé au travail existent en dehors de toute obligation et
sont librement organisés par l'employeur, qui a toute latitude pour
juger de la qualification du personnel employé.
Ces services doivent répondre à une double exigence de
rentabilité et de qualité, car l'employeur, qui recherche une
protection au moindre coût, n'hésite pas à changer de
prestataire s'il n'est pas satisfait.
L'employeur peut choisir de recourir à des
infirmières
spécialisées en santé du travail
. Celles-ci sont
salariées ou exercent de manière libérale en se regroupant
avec d'autres infirmières. Elles font une première
sélection des problèmes de santé du personnel au cours
d'un entretien et dirigent les cas les plus sérieux vers un
médecin généraliste.
L'employeur peut également passer un accord avec un
médecin
généraliste
pour qu'il effectue des actes de médecine
du travail pendant une période déterminée ou à
intervalles réguliers.
Dans les grandes entreprises cependant, on trouve des
services de
santé autonomes
avec des équipes médicales
composées d'infirmières, souvent spécialisées, de
médecins généralistes ou de médecins
spécialistes en médecine du travail.
Les entreprises moyennes utilisent davantage les prestations offertes par des
services interentreprises de médecine du travail
, qui sont des
organismes privés à but lucratif : groupements de
médecins indépendants ou centres médicaux appartenant
à des organismes de prévoyance, des mutuelles, ou des assurances
médicales privées, comme la British United Provident Association
Ltd (BUPA). Il peut aussi s'agir de centres intégrés dans des
hôpitaux, car ceux-ci fonctionnent comme des établissements
publics autonomes et doivent s'autofinancer en trouvant de nouveaux clients.
Ainsi, le médecin du travail peut être lié au chef
d'entreprise par
un contrat de travail
si ce dernier a
créé un service de santé autonome. Dans les autres cas,
c'est-à-dire si le chef d'entreprise s'est entendu avec un
médecin pour que celui-ci effectue à titre libéral
certaines missions ou s'il utilise les prestations commerciales offertes par un
centre de médecine du travail interentreprises, il s'agit d'un
contrat de louage de services.
b) L'indépendance et le secret professionnel
L'employeur a la possibilité de demander au médecin
du travail la communication des dossiers médicaux des salariés,
des anciens salariés, des candidats à l'emploi et des
travailleurs intérimaires. Cette possibilité est toutefois
encadrée par
la loi de 1988 sur l'accès au dossier
médical
, qui prévoit une procédure essentiellement
écrite, destinée à protéger le salarié en
l'informant, d'une part, de ses droits et, d'autre part, de la volonté
de son employeur, et en établissant la preuve du consentement de
l'intéressé.
Le médecin du travail, quant à lui, doit :
- s'assurer du consentement du salarié, qui peut être
exprès ou tacite selon que le salarié s'est ou non
manifesté au cours du délai de vingt et un jours mentionné
ci-dessous ;
- porter au dossier les modifications demandées, sauf à
mentionner qu'elles sont portées à la demande du salarié,
s'il a des objections de nature médicale ;
- respecter un délai de vingt et un jours avant de communiquer le
dossier à l'employeur.
Le médecin du travail peut toujours refuser de communiquer un dossier
à l'employeur :
- si ceci risque de porter préjudice au salarié ;
- si le dossier contient des informations que le médecin
préfère garder secrètes ;
- si un tiers est en jeu dans le dossier.
Cependant, il est arrivé que certains médecins, pour maintenir de
bonnes relations commerciales, réalisent des dépistages en
matière de toxicomanie, d'alcoolisme et de sida, à la demande des
employeurs, et leur transmettent directement les résultats sans que les
salariés en soient informés.
2) La formation du médecin du travail
Le
plus souvent, le médecin du travail est un généraliste.
La formation des généralistes comporte : deux ans de cours
théoriques, trois ans de cours cliniques, période pendant
laquelle l'étudiant suit aussi des cours théoriques sur tous les
aspects de la médecine, et une année "
préalable
à l'inscription définitive à l'ordre des
médecins "
accomplie en hôpital.
Au cours de ces études, l'étudiant en médecine
reçoit très peu d'enseignements en médecine du travail,
mais peut, une fois devenu médecin, préparer un diplôme de
médecine du travail sans pour autant devenir un spécialiste.
Par ailleurs, pour devenir
médecin diplômé en
médecine du travail,
spécialité officiellement
reconnue depuis 1978, et être
inscrit à l'ordre des
médecins spécialistes,
la formation est la suivante :
- deux ans de formation professionnelle générale après
l'année de formation en hôpital ;
- quatre ans de formation spécialisée supérieure
essentiellement effectués dans des postes agréés à
cet effet, avec remise d'un mémoire sur un sujet de médecine du
travail.
Il y a encore assez peu de médecins spécialistes en
médecine du travail. Un sondage récent indique que les services
de santé au travail qui utilisent du personnel qualifié en
médecine du travail (médecins ou infirmières) existent
dans 68 % des entreprises de plus de 25 personnes, et dans 5 %
seulement des entreprises de moins de 25 employés.
II. LES INSTANCES DE CONTROLE
La loi relative à la santé et à la sécurité de 1974 a institué deux organismes publics, la Commission de santé et de sécurité (HSC) et l' Exécutif de santé et de sécurité (HSE) .
1) La Commission de santé et de sécurité
Elle est
chargée de conseiller le gouvernement et de faire progresser la
réglementation en matière de santé et de
sécurité, notamment par l'élaboration de codes de conduite.
Ainsi, elle a approuvé les codes de bonne conduite qui prévoient
une surveillance médicale particulière dans plusieurs
domaines : substances dangereuses, plomb, amiante, radiations
ionisantes.
2) L'Exécutif de santé et de sécurité
Il veille à la mise en oeuvre de la réglementation, par l'intermédiaire de son service consultatif de médecine du travail et de ses inspecteurs de l'hygiène et de la sécurité.
a) Le Service consultatif de médecine du travail (EMAS)
Ce
service, qui fait partie de l'Exécutif de santé et de
sécurité, est composé d'environ 40 médecins et
60 infirmières spécialisés en médecine du
travail.
Sa mission s'effectue auprès du gouvernement, de la Commission
santé et sécurité, des organisations d'employeurs, des
syndicats et des praticiens en médecine du travail, et consiste à
les informer et à les conseiller en matière de santé et
d'emploi.
Par ailleurs, ces médecins et infirmières réalisent des
enquêtes dans le domaine des maladies professionnelles. Ils ont les
mêmes pouvoirs que les inspecteurs de l'Exécutif de santé
et de sécurité.
La
surveillance médicale des personnels exposés à
certains risques
comme le plomb, l'amiante et les radiations,
prévue par des textes spécifiques,
est mise en oeuvre par
les médecins du Service consultatif de médecine du travail ou par
des médecins agréés par ce service.
b) Les inspecteurs de l'hygiène et de la sécurité
Au
sein de l'Exécutif de santé et de sécurité
il
existe
un corps
d'inspecteurs de l'hygiène et de la
sécurité
dont la mission, assortie de pouvoirs très
larges, est de contrôler la bonne application de la
réglementation, y compris dans le domaine de la médecine du
travail.
Ces inspecteurs ne contrôlent pas l'activité des médecins
du travail, mais le respect par l'employeur de ses obligations dans le domaine
de la santé et de la sécurité. Ils peuvent notamment
adresser des mises en demeure aux employeurs.
* *
*
A
côté de ce corps d'inspecteurs, il existe des
inspecteurs de
santé environnementale
, qui sont
nommés par les
autorités locales
et qui ont les mêmes attributions que les
précédents, mais qui n'interviennent que dans les entreprises
commerciales et de service.
Leur rôle tend à se développer et leur nombre
dépasse celui des inspecteurs de l'Exécutif de santé et de
sécurité.