ALLEMAGNE
La
loi du 12 décembre 1973 sur la sécurité au travail a
rendu obligatoire la nomination d'un médecin du travail par
l'employeur
dans toutes les entreprises et a établi les missions de
celui-ci.
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I. L'EXERCICE DE LA MEDECINE DU TRAVAIL
1) La place du médecin du travail dans l'entreprise
a) Le statut juridique du médecin du travail
La loi
de 1973 sur la sécurité du travail fait obligation à
l'employeur de "
nommer le médecin du travail par
écrit
". Celui-ci est nommé avec "
l'accord du
conseil d'entreprise
", qui doit aussi donner son accord en cas
d'"
élargissement ou de réduction des fonctions du
médecin du travail
".
La loi indique que le médecin du travail peut être nommé en
"
qualité de salarié (...) ou non
". La nature
du contrat qui lie le médecin du travail à l'entreprise
dépend notamment du temps que le médecin doit consacrer à
sa mission dans l'entreprise. Ce temps "
médical
", qui
est fixé par les prescriptions des associations professionnelles
industrielles, varie entre quinze minutes et deux heures par an et par
salarié, en fonction du nombre de salariés dans l'entreprise et
du secteur d'activité.
Le médecin du travail peut être salarié de l'entreprise
(à temps complet ou partiel) et donc titulaire d'un
contrat de
travail
. L'entreprise peut aussi conclure avec lui un
contrat de louage
de services
. Dans ce cas, la rémunération du médecin
du travail est
librement fixée par les parties. C'est l'employeur
qui en supporte le coût, estimé entre 150 et 180 DEM par
heure (soit entre 500 et 600 FRF).
Les grandes entreprises mettent volontiers en place un
service de
santé
du travail autonome
, où le médecin du
travail, salarié de l'entreprise, est employé à plein
temps.
Les autres entreprises utilisent généralement les services
d'
un
centre de médecine du travail interentreprises
, qui
peut être géré ou non par une association professionnelle
industrielle. La loi de 1973 prévoit en effet que "
l'employeur
peut s'acquitter de son obligation de nommer des médecins d'entreprise
(...) en en chargeant un service commun de médecins
d'entreprise
".
Les entreprises, lorsque leurs besoins sont limités, ont aussi la
possibilité de recourir à
un médecin du travail qui
exerce sa profession de manière libérale
. Ces médecins
du travail exercent leurs activités dans un
cadre très
concurrentiel
, et certains proposent leurs services à des prix
très attractifs, parfois au détriment de la qualité des
prestations fournies. C'est pourquoi un dispositif de contrôle de
qualité des services de médecine du travail s'est mis en place
à l'initiative de l'association allemande des médecins du
travail, et une grille de critères d'évaluation de qualité
vient d'être élaborée.
b) L'indépendance et le secret professionnel
La loi
sur la sécurité du travail indique que, quel que soit son statut
juridique, "
le médecin du travail relève
directement
" de l'employeur, car ce dernier est responsable de
l'application
de la loi et de la réglementation en matière
de sécurité et de protection du travail.
Cependant, ceci ne porte pas atteinte à son
indépendance sur
le plan médical et technique,
car la loi de 1973 déclare que
"
les médecins du travail font usage de leurs connaissances
professionnelles sans être liés par aucune directive
"
.
Le médecin du travail est lié par le
secret
médical
. La loi de 1973 indique qu'"
ils n'obéiront
qu'à leur seule conscience et observeront les règles du secret
médical
".
2) La formation du médecin du travail
La loi
de 1973 précise que les médecins du travail doivent être
"
des personnes habilitées à exercer la profession de
médecin et qui possèdent des connaissances professionnelles
nécessaires en matière de travail pour s'acquitter des
tâches qui leur seront confiées
".
Lors de la mise en oeuvre de ce texte, en 1974, l'insuffisance du nombre de
médecins qualifiés a conduit les associations professionnelles
industrielles et les Länder à habiliter des médecins
généralistes et des médecins spécialisés
dans d'autres disciplines, sous certaines conditions d'expérience
professionnelle. Créée pour des raisons historiques, la
catégorie des médecins habilités est appelée
à disparaître.
Par ailleurs, il existe
deux niveaux de qualification en médecine du
travail qui permettent de remplir les missions prévues par la
loi.
a) Le médecin spécialiste ou médecin du travail
Il fait
quatre années d'études après le doctorat en
médecine
, qui s'obtient en six ans. Cette formation
complémentaire se décompose ainsi :
- vingt-quatre mois de formation supplémentaire en médecine
interne, dont douze en hôpital ;
- vingt et un mois de stage en médecine du travail ;
- trois mois de formation théorique en médecine du travail.
b) Le médecin compétent ou médecin d'entreprise
Il fait
trois années d'études après le doctorat en
médecine
. Cette formation complémentaire se décompose
ainsi :
- vingt-quatre mois d'activité clinique, comprenant au moins douze
mois de formation supplémentaire en médecine interne ;
- neuf mois de formation supplémentaire en médecine du
travail ou en médecine d'entreprise dans un centre de formation
agréé ;
- trois mois d'enseignement théorique en médecine du travail.
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D'après les données fournies par l'Ordre
fédéral des médecins, il y avait, au
31 décembre 1997, 12.776 médecins du travail (temps complet
et temps partiel confondus), dont 3.966 avaient la qualification de
" médecin du travail " et 6.212 avaient la qualification de
" médecin d'entreprise ".
A titre de comparaison, à la même époque, il y avait
environ 70.000 ingénieurs et autres spécialistes de la
sécurité du travail.
II. LES INSTANCES DE CONTROLE
1) Les médecins-inspecteurs du travail
Chargés de
contrôler l'application de la
réglementation en médecine du travail
, les
médecins-inspecteurs du travail sont des
fonctionnaires des
Länder
. Ils n'ont aucun pouvoir hiérarchique sur les
médecins du travail et ne peuvent intervenir dans les rapports de
ceux-ci avec les salariés.
L'organisation des services des médecins-inspecteurs du travail
diffère d'un Land à l'autre.
2) Les inspecteurs des associations professionnelles industrielles
L'observation des prescriptions sur la protection du travail et la protection des accidents est aussi contrôlée par les inspecteurs des associations professionnelles industrielles . Dans cette tâche, ils travaillent en collaboration avec les inspecteurs du travail, dont la mission est de contrôler l'application de l'ensemble des dispositions du droit du travail. L'inspection du travail est une administration technique gérée par les Länder.
3) Le ministère du Travail et des Affaires sociales
La loi du 12 décembre 1973 prévoit que le ministère du Travail et des Affaires sociales peut, avec l'assentiment du Bundesrat, déterminer les mesures que les employeurs, ou certaines catégories d'employeurs, doivent prendre pour s'acquitter des obligations qui leur incombent en vertu de la loi sur la sécurité du travail, dans la mesure où les organismes d'assurance légale contre les accidents du travail n'auraient pas édicté de prescriptions appropriées. Il n'intervient dans le domaine de compétence des organismes d'assurance légale contre les accidents du travail qu'en dernier recours.