NOTE DE SYNTHESE

En France, la médecine du travail, d'abord mise en place dans les établissements privés de l'industrie et du commerce, a peu à peu été étendue aux autres secteurs d'activité, de sorte qu'elle s'applique actuellement presque à tous les salariés. Le médecin du travail est un docteur en médecine spécialisé, c'est-à-dire titulaire du certificat d'études spéciales de médecine du travail ou du diplôme d'études spécialisées de médecine du travail.

Il est salarié . Son employeur est le chef d'entreprise lorsque le service médical est constitué à l'intérieur de l'entreprise ; ce qui est le cas dans les plus importantes. En revanche, les entreprises de moindre importance adhèrent en général à un service interentreprises, constitué sous la forme d'un organisme à but non lucratif, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, et dont le président est l'employeur du médecin du travail.

Quel que soit son statut juridique, le médecin du travail est soumis au secret professionnel. De plus, sa nomination et son licenciement sont entourés de garanties : ils ne peuvent avoir lieu qu'avec l'accord d'instances représentatives du personnel (comité d'entreprise, comité interentreprises ou commission de contrôle ad hoc ).

La présente étude analyse quatre points relatifs à l'organisation de la médecine du travail : le statut juridique du médecin du travail, son indépendance à l'égard de l'employeur, sa formation, ainsi que les instances qui contrôlent ses activités. Cet examen porte sur cinq pays européens : l' Allemagne , la Belgique , l' Espagne , la Grande-Bretagne et le Luxembourg .

Dans la mesure où tous les pays sous revue ont transposé la directive 89/391/CEE du 12 juin 1989 sur l'amélioration de la santé des travailleurs sur les lieux de travail, l'organisation de la médecine du travail varie assez peu d'un pays à l'autre.

Cependant l'analyse permet de mettre en évidence que :

- en Grande-Bretagne, la médecine du travail n'est pas nécessairement pratiquée par un médecin spécialisé ;

- salarié en Espagne et au Luxembourg, le médecin du travail peut avoir un statut libéral en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne ;

- en Belgique, une loi spécifique protège le médecin du travail lorsqu'il est envisagé de mettre fin à son contrat.

1) La Grande-Bretagne est le seul pays où la médecine du travail ne soit pas nécessairement pratiquée par un médecin spécialisé


En effet, dans ce pays, aucun texte n'impose ni présence d'un médecin du travail dans l'entreprise, ni visite médicale préalable à l'embauche, ni surveillance médicale constante. L'employeur a pour seule obligation de faire en sorte que les conditions de travail ne nuisent pas à la santé des travailleurs. Par conséquent, la médecine du travail est organisée selon des formules variables, essentiellement dictées par des considérations économiques. Elle peut être pratiquée par des infirmières spécialisées, par des médecins généralistes ou par des médecins spécialistes de médecine du travail, spécialité officiellement reconnue seulement depuis 1978.

En revanche, dans les quatre autres pays étudiés, la loi confie la surveillance médicale des travailleurs sur les lieux de travail à des médecins du travail spécialisés, c'est-à-dire à des docteurs en médecine spécialistes en médecine du travail ou détenteurs d'un autre diplôme autorisant l'exercice de la médecine du travail.

2) Salarié en Espagne et au Luxembourg, le médecin du travail peut avoir un statut libéral en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne

Qu'il appartienne à un service médical propre à une entreprise donnée ou commun à plusieurs, le médecin du travail espagnol ou luxembourgeois est toujours salarié.

En revanche, en Allemagne, les entreprises qui n'ont pas de service de santé autonome et qui n'ont pas choisi d'adhérer à un centre de médecine du travail interentreprises peuvent recourir à un médecin du travail qui exerce sa profession de manière libérale et dont la clientèle est constituée, totalement ou en partie, d'entreprises. De même, en Belgique, les entreprises qui n'ont pas créé un service interne de prévention et de protection au travail disposant d'un département chargé de la surveillance médicale doivent recourir à un service externe. Ces services sont créés par des employeurs qui se regroupent en une association sans but lucratif. Or, une telle association n'est pas nécessairement liée par un contrat de travail au médecin qu'elle emploie. En effet, la loi exige seulement que le contrat passé entre l'association et le médecin garantisse " une collaboration durable avec l'entreprise auprès de laquelle il remplit sa mission ". En Grande-Bretagne, où la médecine du travail s'exerce dans des cadres très différents selon la taille de l'entreprise, le médecin du travail peut également fournir ses prestations dans un cadre libéral.

3) En Belgique, une loi spécifique protège le médecin du travail lorsqu'il est envisagé de mettre fin à son contrat

La loi du 28 décembre 1977 garantissant la protection des médecins du travail a institué une procédure particulière lorsque le chef d'entreprise ou le conseil d'administration de l'association d'employeurs envisage de rompre le contrat qui le lie au médecin du travail.

En effet, l'intéressé et les instances paritaires compétentes doivent être préalablement informés. La loi organise de plus un recours devant la commission de concertation des services médicaux du ministère de l'Emploi et du Travail, puis devant les tribunaux si la commission ne s'est pas prononcée. En cas de transgression de l'interdiction de licenciement émise par la commission de concertation ou par le tribunal, une indemnité est accordée au médecin du travail.

Page mise à jour le

Partager cette page