NOTE DE SYNTHESE
Le pacte
civil de solidarité (PACS) devrait permettre à deux personnes, de
même sexe ou de sexe opposé, de souscrire un contrat faisant
l'objet d'une déclaration publique et ouvrant des droits et des
obligations comparables à ceux créés par le mariage.
Pour apprécier la portée du PACS il a semblé utile
d'analyser les législations - ou propositions - correspondantes,
adoptées, discutées ou sur le point de l'être, chez nos
voisins européens.
Pour cela, on s'est efforcé de rechercher, d'une part, les pays qui
admettent d'autres formes d'union légale que le mariage, et, d'autre
part, ceux qui accordent un statut juridique à part entière aux
couples d'homosexuels. En revanche, le régime juridique du concubinage
n'a pas été analysé.
Les pays européens suivants ont été retenus :
l'
Allemagne
, la
Belgique
, le
Danemark
, l'
Espagne
,
la
Finlande
, l'
Islande
, la
Norvège
, les
Pays-Bas
, le
Portugal
et la
Suède
. En effet, dans
tous ces pays sauf l'Allemagne, le Parlement a été saisi de cette
question au cours des dix dernières années.
L'analyse des législations en vigueur ou en préparation fait
apparaître que :
- à l'image du Danemark, tous les pays scandinaves sauf la Finlande
ont adopté des lois permettant à deux personnes du même
sexe de faire enregistrer et reconnaître leur union ;
- le Parlement néerlandais a adopté en juillet 1997 un texte
autorisant non seulement les couples homosexuels, mais aussi les couples
hétérosexuels qui ne souhaitent pas se marier, à faire
enregistrer leur union ;
- la loi belge instaurant la cohabitation légale, adoptée par le
Parlement en octobre 1998, concerne toutes les personnes susceptibles de vivre
sous le même toit, indépendamment de leur sexe et de la nature de
leurs relations ;
- l'Espagne et le Portugal ont repoussé en 1997 des propositions tendant
à accorder une reconnaissance juridique assez importante aux unions de
fait, mais, dans chacun de ces deux pays, le débat n'est pas clos ;
- en Allemagne, le parti SPD et les Verts se sont mis d'accord pour
préparer un projet de loi sur la reconnaissance juridique des couples
homosexuels.
1) Tous les pays scandinaves sauf la Finlande permettent à deux personnes du même sexe de faire enregistrer leur union
En 1989,
le Danemark fut le premier pays à adopter, à l'initiative du
Parlement, une loi permettant à deux personnes du même sexe de
faire enregistrer leur union. Suivant l'exemple danois, la Norvège a
adopté une législation comparable en avril 1993, la Suède
l'a fait en juin 1994 et l'Islande en juin 1996. En Finlande, le gouvernement
prépare, à la demande du Parlement, un projet de loi en ce sens.
Toutes les lois scandinaves sont similaires : elles posent le
principe
général de l'identité de l'" union
enregistrée " et du mariage
, tant pour ce qui concerne les
conditions que les effets.
Les droits et devoirs des personnes qui ont fait enregistrer leur union sont
donc les mêmes que ceux des époux à quelques exceptions
près :
l'adoption conjointe
et la
procréation
médicalement assistée
leur sont toujours refusées. De
même,
l'autorité parentale conjointe
ne peut leur
être accordée ni au Danemark ni en Suède. En revanche, la
loi islandaise et la loi norvégienne n'excluent pas que deux personnes
qui ont fait enregistrer leur union puissent partager l'autorité
parentale.
Chacune de ces lois s'applique exclusivement aux couples dont au moins un
membre réside dans le pays et en possède la nationalité.
Cependant, le Folketing danois examine actuellement un projet de loi
assouplissant les conditions de nationalité et de résidence.
Lorsque ce projet sera adopté, les autres pays scandinaves devraient
également modifier leur législation de la même
façon.
2) La récente loi néerlandaise, comparable aux lois scandinaves, ne concerne pas seulement les couples homosexuels
Au
début du mois de juillet 1997, le Parlement néerlandais a
adopté un
projet de loi du ministre de la Justice
qui permet aux
couples homosexuels
, qui ne peuvent pas se marier, ainsi qu'aux
couples hétérosexuels
qui ne le veulent pas, d'opter pour
le " partenariat enregistré ".
La loi, entrée en vigueur le 1
er
janvier 1998, ne
comporte aucune condition de nationalité. Elle confère aux
couples " enregistrés " à peu près les
mêmes droits qu'aux couples mariés, à l'exception de
l'adoption conjointe et du partage de l'autorité parentale. Cependant,
les couples hétérosexuels qui font enregistrer leur union peuvent
adopter un enfant. De même, ils peuvent obtenir l'autorité
parentale conjointe en la demandant au tribunal.
Par ailleurs, une réforme du droit civil entrée en vigueur le
1
er
janvier 1998 a introduit dans le droit néerlandais
un nouveau concept, " l'autorité commune ", qui désigne
l'autorité parentale exercée conjointement par l'un des parents
et par un tiers, par exemple la personne, éventuellement de même
sexe, avec qui il est engagé dans un " partenariat
enregistré ".
La commission Kortmann, que le ministre de la Justice avait chargé
d'étudier toutes les questions liées à la
légalisation du mariage homosexuel, s'est prononcée en octobre
1997 pour l'attribution automatique de l'autorité parentale aux couples
hétérosexuels " enregistrés " et pour
l'ouverture de l'adoption d'enfants néerlandais par les couples
homosexuels " enregistrés ".
Il est donc prévisible que la législation néerlandaise
évolue prochainement, d'autant plus que les
partis de la coalition au
pouvoir ont annoncé, dans leur programme de gouvernement, le
dépôt avant le 1
er
janvier 1999 d'un projet de loi
sur l'ouverture du mariage civil aux homosexuels
.
3) La loi belge instaurant la cohabitation légale, adoptée en octobre dernier, offre une protection juridique minimale à tous les couples qui vivent ensemble
Cette
loi permet à deux personnes,
quels que soient la nature de leurs
relations et leur sexe,
de faire enregistrer une déclaration
officielle de cohabitation, qui leur permet de bénéficier d'une
protection juridique minimale.
En effet, la cohabitation légale crée essentiellement des
obligations d'assistance et de secours, les intéressés
réglant les modalités de leur cohabitation par
convention
authentique
.
La date d'entrée en vigueur de la loi sur la cohabitation n'est pas
encore déterminée, car elle dépend de l'adoption de
mesures, fiscales notamment, qui élimineront les discriminations entre
couples mariés et couples non mariés.
4) Les propositions de loi que les Parlements espagnol et portugais ont repoussées en 1997 tendaient à reconnaître aux couples de concubins, hétérosexuels ou homosexuels, à peu près les mêmes droits qu'aux couples mariés
Le
Congrès des députés espagnol a rejeté le
18 mars 1997 à une très courte majorité (163 contre
161) deux propositions de loi assimilant les couples de concubins aux couples
mariés dans tous les domaines : fiscal, successoral, social...
L'Assemblée de la République portugaise a également
repoussé deux propositions de loi similaires le 25 juin 1997.
Dans les deux cas, les propositions ne tendaient pas à créer une
nouvelle forme d'union légale. Elles visaient seulement à
reconnaître les unions de fait, mais elles s'appliquaient aussi bien aux
couples
hétérosexuels
qu'
homosexuels
.
Dans ces deux pays, le débat n'est pas clos. En effet, deux nouvelles
propositions ont été déposées à
l'Assemblée de la République portugaise : celle des
députés écologistes concerne les couples homosexuels et
les couples hétérosexuels, tandis que celle des
députés socialistes concerne les seuls couples
hétérosexuels.
De même, en Espagne, le parti populaire a présenté une
proposition de loi organique dont le champ d'application est fort large
puisqu'elle vise "
deux personnes majeures qui décident de vivre
ensemble et de se prêter mutuellement assistance
". La
proposition de loi ne prend donc pas seulement en compte les couples
stricto
sensu
.
Par ailleurs, la
communauté autonome de Catalogne
accorde depuis
le 30 juin 1998 aux couples stables, hétérosexuels ou
homosexuels, un statut comparable à celui des couples mariés dans
toutes les matières qui relèvent de sa compétence. Ainsi,
la communauté reconnaît à ses fonctionnaires engagés
dans une union stable certains droits. La loi institue également une
obligation de secours mutuel ainsi que, dans le seul cas des couples
homosexuels, un droit de succession pour le partenaire survivant.
5) En Allemagne, le parti SPD et les Verts se sont mis d'accord pour préparer un projet de loi sur le " partenariat enregistré "
Ce texte
concernerait seulement les
couples homosexuels
. Avant les
élections législatives, le
Bundesrat
avait adopté
une résolution invitant le gouvernement fédéral à
déposer un tel projet de loi.
L'initiative de cette résolution revenait à trois Länder
parmi lesquels celui de
Hambourg
où un projet de loi,
essentiellement symbolique, sur l'enregistrement des partenariats homosexuels
est en cours d'examen.