ESPAGNE
Entre 1992 et 1996, la consommation moyenne de stupéfiants utilisés à des fins médicales , mesurée en doses quotidiennes déterminées, s'est élevée, d'après l'Organe international de contrôle des stupéfiants, à 5.505 par jour et par million d'habitants, ce qui représente un peu plus du quart du chiffre équivalent pour la France .
1) Les règles générales
Le
décret de 1984 sur les ordonnances médicales et la loi de 1990
sur le médicament prévoient que les médicaments qui
contiennent des substances stupéfiantes ou psychotropes sont
régis par un texte particulier.
Il s'agit du
règlement 1994/1236 du 25 avril 1994 relatif aux
ordonnances et aux conditions particulières de prescription et de
délivrance des produits stupéfiants pour leur utilisation par
l'homme
.
Ce règlement, qui a remplacé un texte de 1930,
s'efforce de
faciliter l'utilisation rationnelle de certains médicaments, parmi
lesquels les antalgiques majeurs, tout en évitant la fraude.
2) Les modalités de prescription
Le règlement 1994/1236 complète, pour ce qui concerne les produits stupéfiants, les dispositions contenues dans le décret de 1984 relatif aux ordonnances médicales. Il subordonne la délivrance de ces produits à la rédaction d'une ordonnance spécifique.
a) Le prescripteur
C'est le médecin .
b) Les caractéristiques de l'ordonnance
L'ordonnance doit être établie sur des
imprimés spéciaux
, dont le règlement précise
les principales caractéristiques (taille, poids et couleur du
papier...). Ces spécifications sont prévues pour éviter
toute falsification.
Les imprimés sont
numérotés
. Ils sont
distribués gratuitement aux médecins par le Système
national de santé, par l'intermédiaire de l'Ordre des
médecins, par
carnets de trente
, eux-mêmes
numérotés. Alors qu'auparavant les autorités centrales
étaient responsables de l'édition et de la distribution des
carnets à souche, le règlement de 1994 a confié cette
tâche aux
communautés autonomes
. Ainsi, les médecins
sont approvisionnés plus rapidement.
Comme les ordonnances utilisées pour les autres médicaments, les
ordonnances régies par le règlement de 1994 se composent de deux
exemplaires : l'original, destiné au pharmacien, et la copie pour
le patient.
c) Les indications portées sur l'ordonnance
En plus
des données figurant sur toutes les ordonnances
(références du médecin prescripteur et du patient, nom et
présentation du médicament, mode d'administration, nombre de
conditionnements, posologie, lieu, date, signature et paraphe), les ordonnances
pour les antalgiques majeurs doivent comporter les indications suivantes :
- numéro de téléphone du médecin ;
- numéro du document d'identité du patient ;
- tampon de l'ordre ou de l'administration par qui le carnet à souches
a été remis ;
- nombre de jours de traitement et posologie quotidienne ;
- nombre total de conditionnements, en toutes lettres ;
- date de la prescription et signature du médecin ;
- indication d'un éventuel renouvellement.
Il faut utiliser une ordonnance par médicament.
d) La quantité prescrite et la durée de prescription
Il n'est pas possible de prescrire un traitement pour une durée supérieure à trente jours . Il n'est pas non plus possible de prescrire plus de quatre conditionnements.
e) La délivrance des médicaments
L'ordonnance pour un produit pharmaceutique à base de
stupéfiant a une validité de dix jours, comme toute autre
ordonnance.
L'ordonnance n'est valable que si elle est rédigée sur
l'imprimé spécial, si elle comporte toutes les mentions
obligatoires et si elle n'a pas été annotée. Le pharmacien
doit la contrôler. Il procède aux vérifications
nécessaires avant toute délivrance de médicaments. Il doit
indiquer au verso le numéro du document d'identité du patient. Il
signe, date et tamponne l'ordonnance, qu'il conserve.
Il enregistre l'opération sur son livre de comptes et sur son registre
relatif à la délivrance de médicaments à base de
produits stupéfiants.
3) Les contrôles
Le
système mis en place par le règlement de 1994 prévoit que
le contrôle ne commence qu'après le traitement des patients.
A la réception des carnets à souche, les médecins signent
un document de réception qui est conservé par l'Ordre des
médecins, lequel les envoie chaque trimestre aux services sanitaires de
la communauté autonome.
Quand ils reçoivent un nouveau carnet, les médecins doivent
remettre la feuille de contrôle de l'ancien, sur laquelle ils ont
indiqué toutes les prescriptions des produits régis par le
règlement de 1994.
Le médecin qui cesse d'exercer dans le ressort d'un ordre donné
doit remettre le carnet à souches qu'il détenait.
En janvier, avril, juillet et octobre de chaque année, les pharmacies
doivent remettre les ordonnances correspondant aux produits stupéfiants
qu'elles ont délivrés aux services sanitaires de la
communauté autonome afin que ces derniers procèdent aux
contrôles prescrits par le ministère de la Santé.
Au cours de la première quinzaine de chaque semestre, elles doivent
adresser aux mêmes services un document récapitulant les
mouvements de stocks. Dans le mois qui suit, les services sanitaires des
différentes communautés autonomes envoient des informations
récapitulatives au ministère de la Santé.
Un système informatique spécifique de suivi et de contrôle
a été conçu et mis en oeuvre peu après la
publication du règlement. Il est utilisé par les autorités
sanitaires des communautés autonomes et par le ministère de la
Santé.