ALLEMAGNE
Entre 1992 et 1996, la consommation moyenne de stupéfiants utilisés à des fins médicales , mesurée en doses quotidiennes déterminées, s'est élevée, d'après l'Organe international de contrôle des stupéfiants, à 5.028 par jour et par million d'habitants, ce qui représente environ 25 % du chiffre équivalent pour la France .
1) Les règles générales
La
loi sur les stupéfiants limite la possibilité de prescrire des
antalgiques majeurs aux cas où aucune autre thérapie n'est
disponible.
En effet, elle
précise à l'article 13
que "
Les stupéfiants énumérés à
l'annexe III ne peuvent être administrés et prescrits que par des
médecins, des chirurgiens-dentistes ou des vétérinaires
(...) et seulement lorsque leur utilisation est justifiée. Cette
utilisation est particulièrement injustifiée lorsque le but
recherché peut être atteint d'une autre façon.
"
Alors que les annexes I et II de la loi comportent respectivement la liste des
produits stupéfiants dont la circulation est interdite, et celle dont la
circulation est autorisée mais la prescription interdite,
l'annexe III comporte la liste des produits stupéfiants qui peuvent
être utilisés comme médicaments. On y trouve notamment les
antalgiques majeurs.
2) Les modalités de prescription
Elles sont précisées dans l'ordonnance sur les stupéfiants , qui a été modifiée en janvier 1998 afin que soit facilité le traitement de la douleur. Les modifications sont entrées en vigueur le 1 er février 1998.
a) Le prescripteur
Il ne
peut s'agir que d'un
médecin
ou d'un
chirurgien-dentiste
.
Toutefois, en cas
d'erreur manifeste
du prescripteur, le
pharmacien
peut apporter les corrections nécessaires,
après s'en être entretenu avec l'auteur de l'ordonnance.
b) Les caractéristiques de l'ordonnance
En
règle générale, elle doit être établie sur
des
imprimés spéciaux
que l'
Office
fédéral du médicament
met à la disposition de
chaque médecin.
Ces imprimés sont
numérotés
et comportent le
numéro
qui a été attribué à
chaque
médecin
. Ils ne peuvent servir à la délivrance
d'autres médicaments, sauf prescription simultanée. Chaque
ordonnance est établie en
deux exemplaires
: l'un est
communiqué au pharmacien et l'autre est conservé par le
prescripteur. Bien que ces imprimés ne puissent être
utilisés que par un seul médecin, celui-ci peut les transmettre,
à un remplaçant par exemple.
Depuis la dernière modification apportée à l'ordonnance
sur les stupéfiants, il est possible,
dans les situations
d'urgence
, par exemple à l'occasion d'une visite à domicile,
de prescrire des produits stupéfiants sur un formulaire normal
d'ordonnance ou sur du papier libre. Dans ce cas, le médecin doit
rédiger une ordonnance de régularisation qu'il doit adresser
à la pharmacie qui a délivré le médicament.
c) Les indications portées sur l'ordonnance
L'ordonnance doit comporter :
- les nom, prénom et adresse du patient ;
- la date de délivrance ;
- la description du médicament (poids, quantité de
stupéfiant contenue...), dans la seule mesure
(2(
*
))
où elle n'apparaît pas de
façon détaillée sur l'emballage ou sur la notice
d'utilisation ;
- la quantité prescrite, sans qu'il soit nécessaire de
l'écrire à la fois en chiffres et en toutes lettres ;
- la posologie ;
- le cas échéant, le code correspondant à une situation
particulière (A lorsque le prescripteur déroge aux règles
de prescription, K lorsque l'ordonnance est délivrée pour les
besoins de l'équipage d'un navire de la marine marchande, N dans les cas
d'urgence) ;
- le nom, la qualité, l'adresse et le numéro de
téléphone du prescripteur ;
- sa signature.
Seule la signature doit être apposée personnellement par le
prescripteur.
Les autres mentions peuvent être indiquées par
quelqu'un d'autre. Elles peuvent par exemple être remplies à la
machine. Toutefois, la nécessité d'avoir des doubles
empêche par exemple l'utilisation d'une imprimante laser.
d) La quantité prescrite et la durée de prescription
L'ordonnance sur les stupéfiants fixe les
quantités
maximales
susceptibles d'être prescrites pour
trente jours
.
Ainsi, un médecin ne peut théoriquement pas prescrire plus de
20.000 mg de morphine pour trente jours. Pour un dentiste, la
quantité n'est que de 5.000 mg.
Le plafond mensuel, introduit par la dernière réforme, remplace
l'ancien plafond quotidien. Il apporte beaucoup plus de souplesse, permettant
par exemple les voyages.
De plus, la règle selon laquelle la prescription devait être
limitée à un seul produit stupéfiant a été
abandonnée. Il est désormais possible de prescrire deux des
produits énumérés à l'article 2 de
l'ordonnance sur les stupéfiants.
Enfin,
dans des cas particuliers, le prescripteur peut déroger aux
règles de prescription
: il peut augmenter la durée de
la prescription, le nombre des produits prescrits et la quantité. La
mention " A " doit alors être portée sur l'ordonnance,
mais il n'est plus nécessaire de signaler à l'autorité de
contrôle tous les cas de dérogation.
En revanche, la prescription ne peut jamais être renouvelée par le
pharmacien.
e) La délivrance des médicaments
Il faut
présenter une ordonnance qui a été émise au plus
sept jours auparavant.
La personne qui délivre le médicament doit indiquer sur
l'ordonnance :
- le nom et l'adresse de la pharmacie ;
- la date de délivrance ;
- son paraphe.
Le responsable de la pharmacie doit conserver les ordonnances pendant trois
ans.
3) Les contrôles
Les
prescripteurs doivent conserver une copie de leurs ordonnances pendant trois
ans. Pendant cette période, ils doivent les communiquer à
l'administration locale compétente pour le contrôle des
stupéfiants si celle-ci en fait la demande.
L'Office fédéral du médicament peut refuser de fournir un
prescripteur potentiel en formulaires d'ordonnance s'il soupçonne une
utilisation illégale des stupéfiants.
En cas de cessation d'activité, le prescripteur doit restituer à
l'Office fédéral du médicament les formulaires non
utilisés.
Toute disparition de formulaires doit être communiquée à
l'Office fédéral du médicament.
Toutes les pharmacies, quel que soit leur statut, doivent pouvoir justifier
l'état et l'évolution de leurs stocks sur demande de l'Office
fédéral du médicament. Le règlement prévoit
que la gestion du stock peut être automatisée ou manuelle. Dans le
second cas, il admet aussi bien l'utilisation d'un registre à feuilles
numérotées que celle d'un fichier, dans la mesure où c'est
l'Office fédéral du médicament qui le fournit. En toute
hypothèse, ces fichiers doivent être conservés pendant
trois ans.
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*
Les
médecins approuvent la simplification apportée par la
réforme, mais ils regrettent de ne pas pouvoir transmettre leurs
ordonnances directement par ordinateur aux pharmaciens.
En revanche, ces derniers soulignent le caractère très
bureaucratique du processus, ce qui ce traduit par une attente non
négligeable des patients.
Les associations de malades signalent l'insuffisante prise en charge de la
douleur : en 1996, seulement 1,8 million d'ordonnances ont
été délivrées conformément à
l'ordonnance sur les stupéfiants, ce qui correspond à un nombre
de malades que l'on peut estimer entre 100.000 et 150.000. Or, sur les
5 millions de personnes souffrant de douleurs chroniques en Allemagne, on
estime qu'un million aurait besoin de médicaments nécessitant une
ordonnance spéciale.