SERVICE DES ETUDES JURIDIQUES (Janvier 2004)
DANEMARK
L'assurance chômage, qui n'est pas obligatoire,
est
gérée par des
caisses professionnelles reconnues par le
ministre de l'Emploi
et contrôlées par une agence
administrative de ce ministère.
|
1) L'indemnisation des chômeurs
La
gestion du dispositif est assurée par les
33 caisses d'assurance
chômage reconnues par le ministre de l'Emploi
(6
(
*
))
.
Ces caisses sont des
associations de droit privé
. Elles sont
généralement liées aux syndicats ou aux autres
organisations professionnelles, mais il n'est pas nécessaire d'en
être membre pour y cotiser. À l'origine, les caisses rassemblaient
les professionnels d'une branche donnée.
D'après les règles actuellement en vigueur, le ministre ne peut
agréer que les caisses qui comptent
au moins 10 000 membres
,
pour autant qu'elles se proposent d'assurer les personnes appartenant à
l'un des groupes suivants :
- les salariés d'une branche donnée ;
- les salariés et les travailleurs indépendants d'une
branche donnée ;
- tous les salariés ;
- tous les travailleurs indépendants ;
- tous les salariés et tous les travailleurs indépendants.
La reconnaissance des caisses « transversales » est
récente. Elle vise à faciliter la mobilité professionnelle
et à permettre la concurrence entre caisses. Actuellement, 7 des 33
caisses ont une compétence transversale.
Le ministre peut refuser de reconnaître une nouvelle caisse correspondant
à un secteur d'activité déjà couvert.
L'affiliation à une caisse d'assurance chômage n'est pas
obligatoire
. Environ 80 % des actifs adhèrent à une
caisse d'assurance chômage. En revanche, les employeurs sont tenus de
participer au financement de l'assurance chômage. Des fonds publics
couvrent par ailleurs les déficits des caisses.
Les caisses privées d'assurance chômage sont
contrôlées par la Direction du travail, qui est une agence du
ministère de l'Emploi.
Jusqu'au 1
er
février
2001, l'agence responsable du contrôle des caisses s'appelait Direction
de l'assurance chômage. La Direction du travail peut par exemple imposer
aux caisses des mesures d'organisation interne. Elle les oblige à
disposer de systèmes informatiques permettant l'échange de
données.
Comme l'adhésion à une caisse d'assurance chômage n'est pas
obligatoire et comme le versement des allocations est subordonné
à une durée d'affiliation d'au moins un an,
les chômeurs
qui ne bénéficient pas de ce régime d'assurance
perçoivent des prestations d'assistance.
Celles-ci leur sont
versées par les
communes
.
2) Le placement des chômeurs
a) Les structures publiques
Le
placement des chômeurs indemnisés relève d'une agence du
ministère de
l'Emploi
, l'Agence pour le marché du
travail (
Arbejdsmarkedsstyrelsen
: AMS), qui regroupe à la
fois le service de la formation professionnelle et celui du placement
(
Arbejdsformidling
: AF). Les chômeurs indemnisés ont
l'obligation d'être inscrits à l'agence locale de l'AF.
L'AF dispose d'un bureau régional dans chaque comté et d'un
réseau de bureaux de placement sur tout le territoire. Ces bureaux
mettent en relation les demandeurs d'emploi et les employeurs. Certains offrent
des services complémentaires et variés (conseil...) et
fonctionnent comme de véritables lieux d'accueil.
Les partenaires sociaux sont représentés dans des instances
consultatives aussi bien au niveau national qu'au niveau régional. Le
ministre de l'Emploi est en effet assisté du Conseil national pour le
marché du travail, où les partenaires sociaux et les
collectivités territoriales sont représentés. De plus,
dans chaque comté, le conseil régional pour le marché du
travail, qui réunit également des délégués
des employeurs, des salariés et des collectivités locales,
approuve l'organisation des services de placement, qui est proposée par
le responsable régional du placement, lequel est désigné
par le ministre.
La régionalisation de la politique de placement,
concrétisée au milieu des années 90 par la mise en place
des conseils régionaux pour le marché du travail, doit permettre
le recours aux instruments (formation, offre de stages ou d'emplois
subventionnés...) les mieux adaptés à la situation
régionale. Cependant, pour faciliter la mobilité
géographique des demandeurs d'emploi, l'AF a créé une
banque de données des emplois disponibles et des
curriculum vitae
des demandeurs d'emploi, qui est disponible sur Internet.
Le placement des autres personnes sans emploi
(bénéficiaires de l'aide sociale, personnes en congé de
longue maladie...)
relève des communes.
Toutefois, les
communes doivent s'assurer que les bénéficiaires de l'aide
sociale qui reçoivent ces prestations uniquement parce qu'ils sont au
chômage sont inscrits à l'agence locale de l'AF.
La loi du 10 juin 2003
sur l'engagement actif en faveur de l'emploi
prévoit que les communes peuvent se charger du placement des
allocataires de l'aide sociale.
b) Les agences privées
Le
monopole de l'AF a été supprimé en 1990 et
l'activité des agences privées de placement n'est pas
réglementée.
La loi du 10 juin 2003
sur l'engagement actif en faveur de l'emploi
prévoit explicitement que les caisses d'assurance chômage peuvent
se charger du placement de leurs membres.
c) La collaboration entre les structures publiques et privées de placement
Elle est
prévue par la loi n° 416 du 10 juin 2003, qui
définit les responsables et les gestionnaires des dispositions
prévues par la loi n° 419 de la même date sur
l'engagement actif en faveur de l'emploi.
Les modalités de cette collaboration ont été
précisées par un règlement du 19 juin 2003 :
l'
AF et les communes peuvent déléguer à des
prestataires publics ou privés les tâches que la loi
n° 419 du 10 juin 2003 leur
confie
. Ces prestataires
doivent être choisis à l'issue d'un
appel d'offres
. Des
prestataires privés peuvent ainsi prendre en charge les entretiens
réguliers que les demandeurs d'emploi doivent avoir avec l'AF.
L'Agence pour le marché du travail insiste sur le fait que la
participation des opérateurs privés à toutes les
activités liées au placement doit se développer, car les
structures publiques que sont l'AF et les communes ne peuvent pas avoir une vue
complète du marché du travail. Sur son site Internet, l'Agence
pour le marché du travail présente les tâches de gestion
qui peuvent être déléguées, en insistant sur
l'intérêt de cette procédure, en termes de coût et
d'efficacité.
3) Les liens entre l'indemnisation et la recherche d'emploi
La
loi sur l'assurance chômage réserve le bénéfice des
allocations de chômage aux assurés sans emploi qui cherchent
activement un emploi, qui sont prêts à occuper, dans le
délai d'une journée, un emploi à temps plein
(7
(
*
))
et qui suivent les mesures
prescrites par l'agence locale de l'AF.
La loi du 10 juin 2003 sur l'engagement actif en faveur de l'emploi
prescrit les obligations auxquelles les chômeurs qui
bénéficient des allocations de chômage doivent se
soumettre. Elle les oblige à se présenter au service de placement
dont ils relèvent dès le premier jour de chômage.
Au plus tard un mois après s'être présentés au
service de placement, ils doivent alimenter la
base de données
nationale des
curriculum vitae
en y introduisant des renseignements
sur leur emploi précédent, leur formation, leur qualification
etc. Ils doivent avoir un entretien visant à vérifier que les
renseignements demandés ont été correctement fournis.
La loi prévoit une
procédure de suivi étroite et
personnalisée
: les services de placement ont des entretiens au
moins tous les trois mois avec les chômeurs. Au plus tard après un
an de chômage, ces derniers doivent bénéficier de mesures
de qualification, d'insertion et de formation (formations théoriques,
stages en entreprise...). Ces mesures tiennent compte des souhaits des
intéressés, mais aussi des besoins locaux en main-d'oeuvre.
La loi et son principal règlement d'application prévoient des
procédures d'information réciproques
entre les services de
l'AF et les caisses d'assurance chômage.
Ainsi, les premiers ont l'obligation de prévenir les secondes lorsque
l'un de leurs adhérents a refusé un emploi ou s'est soustrait
à l'une des obligations prescrites par la loi du 10 juin 2003. De
même, ils leur signalent les adhérents auxquels ils ont
trouvé un emploi. Inversement, les caisses d'assurance chômage
doivent tenir les services de l'AF au courant de la durée
d'indemnisation de leurs adhérents.
Pendant les années 90, les règles de l'assurance chômage et
la politique de l'emploi ont été modifiées à
plusieurs reprises (diminution de la durée d'indemnisation, allongement
de la durée minimale d'assurance, obligation d'accepter des mesures de
réinsertion...), afin de faciliter le retour des chômeurs, et
notamment des chômeurs de longue durée, sur le marché du
travail. Parallèlement, d'autres mesures avaient été
adoptées pour la réinsertion professionnelle des chômeurs
non assurés.
La loi du 10 juin 2003 sur l'engagement actif en faveur de l'emploi
s'inscrit dans cette tendance : elle supprime la distinction entre les
mesures destinées à faciliter la reprise d'un emploi
réservées aux chômeurs assurés et celles applicables
aux chômeurs bénéficiaires de l'aide sociale. Ceux-ci sont
astreints aux mêmes obligations que les chômeurs assurés,
notamment à l'obligation d'inscription à l'agence locale de l'AF.
Les procédures d'information réciproque entre les caisses
d'assurance chômage et les agences locales de l'AF s'appliquent aux
relations entre les communes et les agences locales de l'AF.
* (5) Le Conseil national du Travail, créé par la loi du 29 mai 1952, est un organisme consultatif paritaire.
* (6) Le ministère de l'Emploi a été créé en 2001. Il résulte du regroupement du ministère du Travail avec celui des Affaires sociales.