DANEMARK
I - L'EVOLUTION DU SYSTEME
Après avoir institué en 1801 et 1892 des assurances
maladie et vieillesse pour les seuls salariés ayant des revenus
inférieurs à un certain plafond, le Danemark s'est doté,
au cours des années 60 et 70, d'un système de protection sociale
généralisée sur le modèle anglais.
Universalité, unicité et financement par l'impôt
le
caractérisent en effet en grande partie.
L'ensemble de la population est couverte pour les
prestations de soins
et de vieillesse et bénéficie des allocations familiales
sans avoir à justifier d'une activité professionnelle
.
En revanche,
la couverture des accidents du travail
ainsi que celle
du chômage
demeurent
en marge du système national de
protection sociale
.
Le risque accidents du travail est en effet géré par des
compagnies d'assurance privées auxquelles les employeurs doivent
cotiser. Quant à la protection contre le chômage, elle n'est pas
obligatoire : elle résulte d'une assurance volontaire.
Le financement des prestations sociales est assuré à plus de
90 % par l'impôt
. Cependant, le poids croissant des dépenses
sociales dans le P.I.B. a conduit le gouvernement, d'une part, à
accroître la participation des bénéficiaires à
certains frais de santé et, d'autre part, à introduire
une
cotisation sociale
sur les revenus des salariés et des
non-salariés
à partir du 1er janvier 1994
.
II - LES BENEFICIAIRES
Toute la
population bénéficie du système national de soins, des
prestations familiales et des pensions de retraite sans avoir à
justifier d'une activité professionnelle.
En revanche, les prestations destinées à compenser une perte de
revenus sont versées aux seuls actifs. Elles ne sont toutefois pas
réservées aux salariés. Les non-salariés
bénéficient également des prestations en espèces de
l'assurance maladie.
Les indemnités de chômage sont versées à tous ceux,
salariés ou non, qui ont choisi d'adhérer à une caisse
d'assurance chômage.
Bien qu'il s'agisse d'une assurance volontaire, les trois quarts des
salariés ont choisi de cotiser.
III - L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE
Depuis
les réformes mises en oeuvre dans les années 70, toutes les
prestations sociales sont gérées et servies par des
services
sociaux
spéciaux des
collectivités locales
. Ainsi, les
caisses d'assurance maladie ont disparu.
Au niveau de la commune ou du comté
, tous les services
de
sécurité sociale et d'aide sociale
sont regroupés en
une seule administration
. Les communes, dont le nombre est passé de
1 500 au milieu des années 60 à 275, ont en effet une taille
suffisante pour gérer les services sociaux. Le conseil municipal
élit un comité permanent compétent pour l'ensemble de ces
questions.
Les collectivités locales disposent d'une assez grande autonomie pour
l'application des dispositions nationales et pour la gestion de leurs services
sociaux.
Ceux-ci sont sous la tutelle de quatre ministères différents :
- celui des impôts et taxes pour les allocations familiales,
- celui de la santé pour les prestations en nature de l'assurance
maladie maternité,
- celui des affaires sociales pour les accidents du travail, les prestations en
espèces de l'assurance maladie maternité et les allocations
d'aide sociale,
- celui du travail pour les indemnités de chômage.
IV - LE FINANCEMENT
Le
financement du système national de protection sociale est
essentiellement assuré par les impôts, nationaux et locaux
. Un
système de péréquation a été mis en place
pour compenser les inégalités de ressources fiscales entre
collectivités.
L'assurance des accidents du travail est financée par des cotisations
patronales qui varient en fonction des risques propres à chaque
entreprise.
L'assurance chômage
est partiellement financée par des
cotisations salariales et patronales. Bien qu'il s'agisse d'une assurance
volontaire, l'employeur est en effet tenu d'y contribuer. Comme ces
contributions sont insuffisantes, des fonds publics couvrent le déficit.
Depuis le 1er janvier 1994, il existe
une nouvelle méthode de
financement de la protection sociale
. Une cotisation sociale obligatoire
pour tous les travailleurs, salariés ou non, a été
instituée. Les employeurs devront cotiser à partir du 1er janvier
1997 au taux de 0,3 %.
En 1995, le taux de cotisation des salariés est de 1,9 % du salaire
brut. Il sera de 2,9 % en 1996 et doit augmenter graduellement jusqu'en 1998.
Les ressources ainsi collectées doivent financer les frais de l'Etat
dans trois domaines :
- chômage et pré-retraite ;
- lutte contre le chômage, formation professionnelle, congés de
formation ;
- indemnités journalières de maladie et de maternité,
congés parentaux et congés sabbatiques.
V - LES PRINCIPALES PRESTATIONS
A l'exception des prestations familiales, toutes les prestations en espèces sont imposables.
A) L'ASSURANCE MALADIE MATERNITE
1) Les prestations en nature
Depuis
la loi du 1er avril 1973, les résidents sont divisés en deux
groupes.
Les personnes du
groupe 1
ont droit à des soins médicaux
gratuits. Ils peuvent choisir leur généraliste, mais doivent
rester inscrits chez le même praticien pendant au moins un an. La
consultation du spécialiste n'est gratuite que s'il y a prescription du
généraliste.
Les personnes du
groupe 2
ont droit au remboursement partiel des
dépenses médicales. Ils bénéficient du libre choix
du médecin et peuvent consulter un spécialiste sans passer
d'abord par leur généraliste.
Jusqu'en 1976, la répartition entre les deux groupes s'effectuait sur un
critère financier : le premier groupe se composait de tous les
titulaires de revenus inférieurs à un certain plafond et
réunissait environ 80 % de la population. Depuis le 1er avril 1976, les
Danois choisissent entre les deux secteurs. Environ 95 % ont choisi le secteur
1.
Les médecins généralistes sont payés, d'une part,
à la capitation (environ 150 F par personne inscrite en 1993) et
d'autre part à l'acte, les honoraires étant fixes pour les
patients du groupe 1 (environ 80 F en 1993) et libres pour les patients du
groupe 2.
Par ailleurs, les consultations téléphoniques qu'ils effectuent
chaque matin, en général entre 8 h et 9 h, leur sont
rémunérées. Ces consultations peuvent se traduire par la
rédaction d'ordonnances que les patients viennent chercher
ultérieurement ou qui sont directement adressées aux pharmaciens
par télécopie.
Les médicaments sont, depuis 1973, répartis sur deux listes. La
première comprend ceux qui présentent la plus grande valeur
thérapeutique et qui sont remboursés à 75 %. Pour les
médicaments de la seconde liste, le taux de remboursement n'est que de
50 %. Pour les soins dentaires, il est de 45 %.
Ceci explique qu'environ un quart des Danois ait choisi de souscrire un contrat
d'assurance privée.
2) Les indemnités en espèces
a) La
maladie
Elles sont servies aux salariés ainsi qu'aux non salariés
à un taux de 100 %, mais dans la limite d'un plafond et pendant un an.
- Les salariés
En règle générale, les indemnités
journalières sont versées par l'employeur pendant les deux
premières semaines d'absence. Ensuite, le relais est pris par les
services sociaux des collectivités locales.
Le plafond est différent selon la durée de la maladie. Il est
calculé sur une base :
- horaire (69,08 couronnes)
(4(
*
))
pour
les deux premières semaines,
- hebdomadaire ( 2 556 couronnes) ensuite.
Cependant, de nombreuses conventions collectives prévoient le maintien
intégral du salaire pendant toute la durée de la maladie. De
même, de nombreuses conventions collectives prévoient le versement
d'indemnités en cas de maladie des enfants.
- Les non-salariés
Les non-salariés qui n'ont pas contracté une assurance volontaire
bénéficient d'indemnités journalières au bout de
trois semaines.
Elles sont calculées sur la base du revenu fiscal de l'année
précédente mais ne peuvent dépasser le plafond
hebdomadaire de 2 556 couronnes.
b) La maternité
Des indemnités journalières, identiques à celles qui sont
versées en cas de maladie, sont servies pendant le congé de
maternité qui commence six semaines avant l'accouchement et se termine
huit semaines après. La différence entre le montant des
indemnités journalières et le salaire net doit être
compensée par l'employeur.
B) LES PENSIONS DE RETRAITE
Les
pensions de base, forfaitaires, sont complétées par des pensions
complémentaires contributives.
L'âge d'admission à la retraite est fixé à
67
ans
. En contrepartie de cet âge assez élevé, plusieurs
systèmes de retraite anticipée ont été
institués.
1) La pension de base
La
pension de base est versée à taux plein à tous les Danois
ainsi qu'aux étrangers pouvant justifier quarante années de
résidence permanente au Danemark entre l'âge de 15 ans et celui de
67 ans.
Son montant (44 508 couronnes par an, c'est-à-dire environ 3 300 F par
mois), réévalué chaque année en fonction de
l'évolution des salaires des employés et des ouvriers,
représente environ 40 % du salaire moyen. Il est ajusté en
fonction du statut familial du bénéficiaire et peut être
majoré si l'intéressé ne dispose d'aucun revenu
supplémentaire.
Le versement de la pension de base est indépendant de toute
activité professionnelle
: ainsi une femme au foyer y a
droit.
2) Le régime complémentaire obligatoire
Une convention collective de 1964, rendue obligatoire depuis lors, a mis en place un régime de retraites complémentaires pour les salariés. Les retraites complémentaires sont financées par des cotisations à la charge de l'employeur pour les deux tiers et du salarié pour un tiers. Cependant, leur montant, forfaitaire, est assez faible : moins de 20 000 couronnes par an.
3) Les régimes complémentaires facultatifs
Les trois quarts environ des salariés adhèrent à un tel régime. La généralisation des régimes complémentaires facultatifs s'explique facilement compte tenu du faible niveau de la pension de base et de la pension complémentaire obligatoire.
C) LES PRESTATIONS FAMILIALES
Les
allocations familiales
sont versées jusqu'à ce que les
enfants aient atteint l'âge de 17 ans.
Leur montant est indépendant de la taille et des revenus de la famille.
Il varie uniquement avec l'âge de l'enfant selon le barème suivant
:
Age |
Montant annuel |
0
à 2 ans
|
9 600
couronnes
|
Des
prestations complémentaires sont versées aux parents
célibataires, en cas de naissances multiples...
Depuis la loi du 27 décembre 1993 instituant le
congé
parental
, les salariés et les commerçants indépendants
peuvent, s'ils ont un enfant de moins de 8 ans et s'ils sont membres d'une
assurance chômage, prendre un congé parental d'une durée
comprise entre treize et cinquante deux semaines.
Pendant ce congé, ils perçoivent une allocation parentale.
Celle-ci leur est versée par le fonds d'assurance chômage auquel
ils appartiennent. Elle est ensuite remboursée par l'Etat. Le montant de
l'allocation parentale dépend de la nature de l'assurance chômage
souscrite. Pour une assurance chômage à taux plein, l'allocation
s'élève à 80 % de l'indemnité maximum de
chômage. Pour une assurance chômage à taux réduit,
l'allocation est de 80 % de l'indemnité maximale de chômage
versée aux assurés partiels. Dans les deux cas, les 20 % restants
peuvent être pris en charge par les communes car celles-ci
réalisent alors des économies sur le coût de la garde des
enfants dans leurs crèches. En effet, pendant la durée du
congé parental, l'enfant de moins de trois ans ne peut pas
fréquenter une crèche publique. Quant à l'enfant
âgé de trois à huit ans, il peut fréquenter un
jardin public d'enfants, mais seulement à mi-temps.
D) LES INDEMNITES DE CHOMAGE
Les membres d'une assurance chômage touchent, à condition d'avoir cotisé suffisamment longtemps, une indemnité égale à 90 % de leur rémunération des treize dernières semaines, la rémunération mensuelle de référence étant plafonnée en 1995 à 2 556 couronnes. Les indemnités de chômage peuvent être versées pendant deux périodes : la première de 4 ans et la seconde de 3 ans.
E) LE REVENU MINIMUM
Quelle
que soit leur nationalité, tous les résidents qui ne sont pas en
mesure de pourvoir à leurs besoins, ont droit à une allocation
d'aide sociale à caractère différentiel.
Le montant maximum de l'allocation est calculée par rapport au maximum
des indemnités de chômage. Ainsi, une personne seule a droit
à 60 % du maximum des indemnités de chômage.