ALLEMAGNE
I - L'EVOLUTION DU SYSTEME
L'Allemagne est
le premier pays à avoir institué
des assurances sociales obligatoires
. Toutefois, le développement de
l'assurance s'est effectué très progressivement. En outre, la
généralisation de la protection sociale à l'ensemble de la
population a nécessité le recours à d'autres formules que
l'assurance.
Cependant, le système allemand reste très marqué par la
notion d'assurance : comme le notait un rapport du Conseil économique et
social en 1973, "
en R.F.A. (...) prévaut l'idée selon
laquelle l'individu n'a en principe d'autres droits que ceux acquis par son
travail
".
A) L'IMPORTANCE DE L'ASSURANCE
1) Les assurances sociales bismarckiennes
Les
années 1881 à 1889 consacrent la naissance des assurances
sociales
: l'assurance maladie est créée en 1883, l'assurance
accident du travail en 1884 et l'assurance vieillesse en 1889. Comme il
existait auparavant, notamment en Prusse, de nombreuses caisses d'assurance,
locales ou d'entreprises, créées sur initiative patronale ou
syndicale, les lois bismarckiennes respectent les principes d'organisation et
de fonctionnement des caisses pré-existantes.
Organisation décentralisée et autonomie des caisses
caractérisent le système créé à la fin du
19e siècle. Le financement est essentiellement assuré par des
cotisations qui sont partagées
, selon des modalités
variables en fonction des branches,
entre l'assuré et son
employeur.
Les
pouvoirs publics
y ajoutent une
subvention
pour certaines branches.
L'assurance obligatoire est doublement limitée : elle ne concerne que
les ouvriers, à condition que leur revenu ne dépasse pas un
certain
plafond d'affiliation
. Comme ce plafond est fixé à
un niveau très élevé (trois fois le salaire moyen de
1892), la création des assurances sociales obligatoire s'est traduite
par une augmentation très importante du nombre d'affiliés par
rapport au système antérieur. A la fin du 19e siècle, les
nouvelles assurances sociales concernent 10 % de la population.
Le système s'est ensuite considérablement développé
et amélioré en plusieurs étapes.
2) L'extension des assurances sociales obligatoires au 20e siècle
Tout au
long du 20e siècle, et particulièrement à partir de 1950,
les assurances sociales obligatoires se sont développées au point
de couvrir actuellement plus de 90 % de la population.
En effet, l'extension aux différentes catégories professionnelles
s'est réalisée progressivement jusqu'en 1972. Par ailleurs, les
prestations des assurances maladie, accident du travail et vieillesse,
créées à la fin du 19e siècle se sont peu à
peu améliorées. En outre, aux trois premières branches des
assurances sociales, se sont ajoutées l'assurance chômage en 1927
et l'assurance dépendance en 1994.
Les assurances sociales obligatoires, qui coexistent avec des assurances
privées, constituent le régime légal.
B) LA PROTECTION SOCIALE NON CONTRIBUTIVE
1) Les prestations familiales
Les assurances sociales ne comprennent pas de branche " famille ". Le financement et le versement des prestations familiales sont entièrement pris en charge par l'Etat fédéral . La création des allocations familiales remonte à 1954.
2) L'assistance et l'aide sociale
Deux
catégories de personnes ne relèvent pas de l'assurance : les
bénéficiaires de l'
assistance sociale
(
Sozialversorgung
) et ceux de l'
aide sociale
(
Sozialhilfe
). Elles représentent environ 2 % de la population
.
a) L'assistance sociale
Elle comprend les prestations versées à certains citoyens en
compensation de dommages intervenus alors qu'ils accomplissaient une mission
pour l'Etat.
Les principaux bénéficiaires de l'assistance sociale sont les
"
victimes de guerre
". Les hommes accidentés à
l'occasion de leur service militaire entrent dans cette catégorie.
b) L'aide sociale
L'aide sociale constitue le système subsidiaire de base de la protection
sociale. Elle a une double fonction. Elle accorde un soutien aux personnes :
- qui ne sont pas assurées ou qui ne relèvent pas de l'assistance
sociale,
- auxquelles les assurances sociales n'apportent pas une protection
suffisante.
II - LES BENEFICIAIRES DES ASSURANCES SOCIALES
A) L'ASSURANCE MALADIE LEGALE
La
réforme du système de santé, intervenue en 1988, a exclu
de l'assurance légale certaines catégories de personnes
exerçant une activité indépendante. De ce fait, elle a
donné une importance accrue à l'assurance privée.
Cette dernière entre en concurrence directe avec l'assurance maladie
légale pour les personnes qui n'y sont pas assujetties obligatoirement,
mais qui ont le droit de s'y assurer volontairement.
Environ 90 % de la
population appartiennent actuellement au régime légal d'assurance
maladie
, 75 % de la population y est assurée à titre
obligatoire.
1) Les personnes relevant obligatoirement de l'assurance légale
Il
s'agit essentiellement :
-
des salariés, à condition que leur revenu ne dépasse
pas 75 % du plafond retenu pour les cotisations au régime d'assurance
vieillesse
(1(
*
))
,
- des apprentis rémunérés,
- des étudiants,
- de certaines professions indépendantes (agriculteur, artiste,
publiciste par exemple),
- des retraités relevant du régime légal de retraite,
- des chômeurs.
Les membres de la famille des assurés sont également
assurés.
2) Les assurés volontaires auprès de l'assurance légale
En
règle générale, une adhésion volontaire à
l'assurance légale n'est possible que lorsque l'intéressé
en a fait partie auparavant. Ainsi, l'assuré dont les revenus
dépassent le plafond d'affiliation peut rester membre, à titre
volontaire, du régime légal.
Les personnes qui cessent d'être ayants droit d'un assuré n'ont
pas à apporter la preuve de leur appartenance antérieure à
l'assurance légale pour en faire partie.
Les assurés volontaires sont avant tout :
- les enfants dont les parents ont des revenus trop importants ;
- les personnes qui travaillent pour la première année et qui
dépassent le plafond d'affiliation à l'assurance légale
obligatoire ;
- les salariés qui reviennent d'un long séjour à
l'étranger.
3) Les personnes non assujetties à l'assurance légale
Ce sont :
- les personnes exerçant une activité indépendante, que la
loi de 1988 a exclues du champ de l'assurance légale ;
- les salariés dont la rémunération dépasse le
plafond mentionné plus haut et qui n'ont pas choisi l'assurance
volontaire au régime légal ;
- les personnes dont la rémunération ne dépasse pas un
certain plafond (580 DEM par mois dans les anciens Länder), et dont
l'exercice effectif de l'emploi ne dépasse pas 15 heures par semaine ;
- les fonctionnaires, militaires, membres du clergé...
Ces personnes peuvent souscrire une
assurance privée
. Dans ce
cas, l'employeur est tenu de contribuer au régime choisi par le
salarié.
Environ
8 % de la population
l'a fait. Il s'agit surtout de
célibataires ayant des revenus supérieurs au plafond
d'affiliation. Pour les couples mariés et pour les familles avec
enfants, les primes des compagnies d'assurance privées sont plus
élevées que les cotisations à l'assurance maladie
légale car la notion d'ayant droit n'existe pas pour les assurances
privées.
En effet, le contrat d'assurance maladie privée est un contrat de droit
privé, conclu en application des règles du droit civil et de
clauses type élaborées par les compagnies d'assurances et
autorisées par l'autorité de tutelle de l'assurance privée.
On estime qu'
environ 0,3 % de la population n'a aucune
couverture
.
B) L'ASSURANCE PENSION LEGALE
1) Les personnes relevant obligatoirement de l'assurance légale
Toutes
les personnes qui exercent une
activité salariée
, ou qui
sont en apprentissage, sont assurées de façon obligatoire.
Il en va de même pour les handicapés travaillant dans des
établissements spécialisés, les personnes effectuant le
service militaire ou civil ainsi
que certains travailleurs
indépendants
que le législateur considère comme ayant
besoin d'une protection particulière (enseignants et éducateurs,
sages-femmes, publicistes, artistes, artisans...).
Il n'y a pas de plafond d'affiliation.
2) Les assurés volontaires auprès de l'assurance légale
Les
personnes qui exercent une activité indépendante peuvent demander
à faire partie du régime légal d'assurance vieillesse
à condition de le faire dans les cinq années qui suivent leur
début d'activité. Dans ce cas, ils bénéficient du
même régime que les salariés
De façon générale, toute personne âgée de
plus de 16 ans, résidant en Allemagne et non soumis à
l'obligation d'assurance, peut s'assurer volontairement.
C) L'ASSURANCE ACCIDENTS DU TRAVAIL
Sont
obligatoirement assurés :
- les salariés,
- les apprentis,
- les personnes en formation ou en reconversion bénéficiant de
prestations financières au titre de la loi sur la promotion du travail,
- les artistes,
- les travailleurs à domicile,
- les dirigeants de société.
A ces différentes catégories, le législateur a
ajouté d'autres personnes qui n'appartiennent pas à la population
active, mais qu'il a estimé devoir protéger contre les accidents
pendant l'exercice de leur activité. Il s'agit notamment des
écoliers et étudiants, des personnes qui participent
bénévolement à des activités profitant à la
communauté.
D) L'ASSURANCE CHOMAGE
Les salariés travaillant plus de 18 heures par semaine sont obligatoirement assujettis à l'assurance chômage.
E) L'ASSURANCE DEPENDANCE
Le
régime d'assurance dépendance obéissant au principe selon
lequel "
l'assurance dépendance suit l'assurance
maladie
", toutes les personnes qui sont assurées contre la
maladie doivent s'assurer contre la dépendance.
Ainsi, toutes les personnes qui font partie, à titre obligatoire, du
régime légal d'assurance maladie sont automatiquement
assurées contre le risque dépendance. Celles qui y sont
assurées à titre volontaire ont le choix, pour l'assurance
dépendance, entre le régime légal et une caisse
privée.
Par ailleurs, les personnes qui sont assurées auprès d'une caisse
privée d'assurance maladie doivent s'assurer contre le risque
dépendance. Les compagnies d'assurance ont dû assurer contre le
risque dépendance les personnes dépendantes au moment de la
réforme et qui bénéficiaient d'une assurance maladie
privée.
III - L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE DES ASSURANCES SOCIALES
Les
assurances sociales sont constituées de
cinq branches
, chacune
gérant un risque particulier :
- l'assurance maladie et maternité,
- l'assurance vieillesse et invalidité,
- l'assurance accidents du travail,
- l 'assurance chômage qui s'occupe également de la formation
professionnelle des chômeurs,
- l'assurance dépendance.
A) L'ASSURANCE MALADIE ET MATERNITE
1) Les différents types de caisse
Il
existe environ 900
(2(
*
))
caisses
d'assurance maladie.
Elles peuvent être regroupées en quatre catégories
principales.
a) Les caisses locales
Au nombre de 84, leur circonscription est d'étendue variable. Elles
regroupent les assurés en fonction de leur lieu de travail ou
d'habitation. Les assurés qui n'appartiennent pas à une autre
caisse font nécessairement partie d'une caisse locale.
44,74 % des assurés sociaux sont membres de caisses locales.
b) Les caisses d'entreprises
Il en existe environ 650. Chaque entrepreneur peut constituer sa propre caisse
lorsqu'il emploie au moins 1 000 salariés soumis à l'assurance
maladie obligatoire, que la capacité contributive de ces derniers est
garantie à long terme, que la création de la caisse d'entreprise
ne met en danger aucune caisse locale et que la majorité des
salariés de l'entreprise approuve cette mesure.
Les assurés volontaires peuvent également s'y affilier. Elles
rassemblent 10,52 % de tous les assurés.
c) Les caisses corporatives
Il y en a environ 130. Elles sont créées dans le cadre des
corporations, c'est-à-dire des entreprises d'un même secteur
d'activité, regroupées au niveau d'une circonscription
territoriale, qui emploient au moins 1 000 salariés soumis à
l'assurance maladie obligatoire. Les conditions de leur création sont
à peu près les mêmes que pour les caisses d'entreprises.
Elles couvrent 5,38 % des assurés sociaux.
d) Les caisses de substitution
Il en existe 15. L'adhésion s'y fait selon des modalités
particulières : elle ne devient effective, pour les assurés
obligatoires comme pour les assurés volontaires, que par l'acceptation
de la demande d'adhésion. Les catégories de personnes qui peuvent
y adhérer sont déterminées par les statuts des caisses et
non par la loi. Contrairement aux caisses locales, une caisse de substitution
peut ainsi limiter son champ d'application personnel.
Les caisses de substitution sont catégorielles : 7 caisses pour les
employés, réunissant 33,72 % des assurés sociaux, et 8
caisses pour les ouvriers, rassemblant 1,71 % de tous les assurés.
Devant le développement de la concurrence des caisses de substitution en
raison du taux moins élevé de leurs cotisations et des
prestations offertes, plusieurs mesures ont été prises à
l'occasion de la réforme de 1988 :
- aucune création de nouvelles caisses de substitution n'est
autorisée ;
- les caisses de substitution ne doivent accepter comme membres que des
personnes résidant dans leur circonscription géographique ;
- a contrario, elles ont l'obligation d'accepter l'adhésion de toute
personne satisfaisant aux conditions fixées dans leurs statuts ;
- tout en gardant une certaine liberté dans le domaine des prestations,
les caisses de substitution sont soumises à toutes les restrictions de
la loi portant réforme du système de santé. Ainsi,
malgré leur situation financière largement excédentaire,
elles ne peuvent plus maintenir le service des prestations pendant le
séjour d'un assuré à l'étranger, dans un pays non
signataire d'une convention de sécurité sociale.
Ces mesures visent à éviter que les caisses locales ne
gèrent plus que les gros risques et ne comptent comme membres que les
salariés les plus défavorisés.
e) Les caisses socio-professionnelles
A ces quatre catégories de caisses, s'ajoutent les caisses
socio-professionnelles :
- les 21 caisses agricoles,
- la caisse des mineurs,
- la caisse des marins.
*
* *
La
réforme Seehofer commencée en 1993 vise notamment à la
concentration des caisses
, le gouvernement espère réduire
leur nombre à 650 ou 700 dans 3 à 4 ans.
Pour cela, un office général de compensation a été
mis en place. Il détermine les charges de compensation entre les caisses
au niveau national en fonction de différents critères
(consommation médicale, âge, sexe, zone géographique...).
La modification de l'organisation des caisses de l'assurance maladie
légale doit notamment renforcer la position des caisses par rapport aux
médecins, actuellement en position de force dans les négociations.
En outre
, à partir du 1er janvier 1996, chaque assuré aura le
droit de choisir librement sa caisse
. Cette mise en concurrence devrait
inciter au plafonnement des cotisations. Le libre choix de la caisse
s'accompagnera de l'obligation d'en rester membre pendant un an.
2) L'organisation interne des caisses
Les
caisses d'assurance maladie sont
des organismes de droit public
entièrement autonomes
pour leur gestion administrative et
financière ; elles ont l'obligation de se doter de statuts. Ces statuts
contiennent notamment les précisions relatives au secteur
géographique et au champ d'application personnel, aux taux des
cotisations ainsi qu'aux droits et obligations de leurs organes. A l'exception
des caisses de substitution qui sont gérées uniquement par les
assurés, et de la caisse des mineurs où la représentation
des salariés équivaut au double de celle des employeurs, les
autres caisses sont
gérées paritairement
par les
assurés et les employeurs.
Elles sont dirigées par deux organes : l'assemblée des
délégués et le comité directeur.
L'assemblée des délégués comprend au maximum 60
membres élus. Les élections ont lieu tous les six ans. Les
dernières se sont tenues en 1993. L'assemblée est scindée
en deux collèges, celui des assurés et celui des employeurs. Elle
établit les budgets et contrôle leur exécution, élit
les membres du comité directeur et l'équipe de gestion
administrative. Le comité directeur assure la représentation
extérieure et judiciaire de la caisse, prépare le projet de
budget ainsi que toutes les autres décisions.
Pour chaque type de caisse, il existe un regroupement régional et
national. Les ministères des Länder et le ministère
fédéral du travail et des affaires sociales exercent une
tutelle
sur ces caisses. Cependant, celles-ci conservent une
grande
autonomie
pour la fixation des
prestations complémentaires
et
du
taux de cotisation,
à condition de fournir à leurs
assurés les prestations définies au niveau
fédéral.
B) L'ASSURANCE VIEILLESSE
Outre
les régimes spéciaux (mineurs, marins, cheminots, artisans,
agriculteurs, professions libérales et fonctionnaires), il existe pour
les salariés
deux régimes
:
- le premier, l'Office fédéral d'assurance vieillesse des
employés, pour les
employés et les cadres
,
- le deuxième, pour les
ouvriers
, comprend 18 offices
régionaux.
L'Office fédéral d'assurance vieillesse des employés joue
également un rôle de compensation pour les caisses de retraite des
ouvriers.
Toutes les institutions qui gèrent les différents régimes
d'assurance vieillesse sont des établissements de droit public
fonctionnant selon les principes de l'autogestion.
C) L'ASSURANCE ACCIDENTS DU TRAVAIL
Elle
relève des
associations professionnelles industrielles
d'assurance contre les accidents du travail qui existe pour 34 branches
professionnelles déterminées. Il existe également une
association professionnelle maritime et 19 institutions particulières
pour l'agriculture. L'Etat fédéral, l'Office
fédéral du travail, les communes, les regroupements de communes
et les associations d'assurance accidents du travail des pompiers, sont leur
propre assureur.
Les associations professionnelles d'assurance accidents du travail sont des
institutions de droit public gérées par une assemblée et
un comité directeur paritairement composé de représentants
d'employeurs et d'assurés. Seules les associations de l'agriculture
connaissent des organes dirigeants à composition tripartite
(salariés, employeurs et travailleurs indépendants).
Conformément au principe de l'autogestion, les élus
déterminent les statuts et fixent le droit interne de l'institution,
telles les mesures de prévention des accidents du travail.
Les associations professionnelles sont regroupées en une
fédération.
D) L'ASSURANCE CHOMAGE
Elle est
gérée par
l'
Office fédéral du
travail,
organisme autonome placé sous la tutelle du
ministère du travail et des affaires sociales. Les employeurs, les
salariés et les administrations publiques y sont
représentées à égalité.
Les cotisations, salariales et patronales, sont versées aux caisses
d'assurance maladie.
E) L'ASSURANCE DEPENDANCE
Bien que
créée comme branche à part entière de la
sécurité sociale, l'assurance dépendance a des liens
assez importants avec l'assurance maladie
pour ce qui concerne la
gestion.
En effet, les caisses d'assurance dépendance ont été
créées auprès des différentes caisses d'assurance
maladie. Elles ont la personnalité morale mais profitent des structures
et du personnel des caisses d'assurance maladie. Leurs organes dirigeants sont
ceux des caisses d'assurance maladie.
Le personnel des caisses d'assurance dépendance a pour employeur les
caisses d'assurance maladie correspondantes. Les frais de gestion et de
personnel que la création de l'assurance dépendance fait
supporter à ces dernières leur sont remboursés.
Ce lien institutionnel a
évité la mise en place d'une nouvelle
administration
.
IV - LE FINANCEMENT DES ASSURANCES SOCIALES OBLIGATOIRES
La
plupart des prestations sont financées par des cotisations sociales qui
sont retenues à la source
.
Le taux des cotisations patronales et celui des cotisations salariales sont
identiques
, sauf pour les prestations en espèces de l'assurance
maladie et pour les prestations de l'assurance accidents du travail, qui sont
financées exclusivement par des cotisations patronales. Les taux
indiqués représentent l'addition de deux taux
identiques.
Branche |
Type
|
Taux
|
Plafond mensuel d'assiette de cotisation |
Maladie |
Cotisations patronales et salariales égales (
1).
|
En
moyenne 13,2 %, mais variable (
3)
selon les caisses.
|
5 850 DEM dans les anciens Länder, (6 000 DEM à partir du 1.01.1996 ). |
Maternité |
Cotisations de l'assurance maladie.
|
quation a été introduit en 1995. |
4 800
DEM dans les nou-
|
Vieillesse |
Cotisations patronales et salariales égales.
|
18,6 % |
7 800 DEM dans les anciens Länder, (8 000 DEM à partir du 1.01.1996). |
Invalidité |
Cotisations de l'assurance vieillesse.
|
(19,1 %
à partir du
|
6 400 DEM dans les nouveaux Länder. |
Accidents
|
Cotisations patronales calculées en fonction des risques de l'entreprise. |
|
|
Chômage |
Cotisations patronales et salariales égales. Couverture du déficit par le budget fédéral. |
6,5 % |
Le même que pour l'assurance vieillesse. |
Dépendance |
Cotisations patronales et salariales égales, mais la part patronale est compensée dans la plupart des Länder par l'abandon d'un jour férié. |
1 %
|
Le même que pour l'assurance maladie. |
Famille |
Couverture universelle, financement public. |
|
|
(1)
L'employeur prend totalement en charge les cotisations salariales des
assurés volontaires dont la rémunération mensuelle est
inférieure à 590 DEM.
|
V - LES PRINCIPALES PRESTATIONS
A l'exception des allocations familiales, les prestations en espèce sont imposables en règle générale.
A) LES PRESTATIONS DE L'ASSURANCE MALADIE MATERNITE
La
description est limitée aux prestations servies par le régime
légal car les régimes privés sont extrêmement
différents les uns des autres. En outre, il est possible aux
assurés, obligatoires ou volontaires, de l'assurance maladie
légale d'adhérer à une caisse maladie
complémentaire, publique ou privée. Dans ce cas, l'employeur doit
y contribuer.
On peut cependant indiquer que les caisses privées ont introduit le
" tarif standard ", en vertu duquel le remboursement des honoraires
des prestations médicales est limité à 1,7 fois le montant
retenu par l'assurance maladie.
1) Les prestations en nature
L'assuré dispose du
libre choix du praticien
à
condition que ce dernier soit agréé par la caisse à
laquelle il cotise. De la même façon, il peut choisir librement
l'établissement conventionné dans lequel il souhaite être
hospitalisé.
En vertu du principe du
tiers payant
, l'assuré ne s'acquitte pas
directement des frais. Le remboursement est effectué selon des
modalités arrêtées par les fédérations
régionales des caisses et les associations régionales de
médecins. Tous les trois mois, chaque médecin envoie les notes
d'honoraires relatives aux patients des différentes caisses maladie aux
organisations régionales correspondantes, pour remboursement.
L'organisation surveille le volume et la valeur des prestations de chaque
praticien.
L'assuré doit cependant payer un
ticket modérateur
:
- 12 DEM par jour pendant les premiers quinze jours d'hospitalisation,
- 3, 5 ou 7 DEM par médicament en fonction de la taille du
conditionnement (ce qui représente environ 10 % du prix) ainsi que la
différence entre le prix du médicament et son prix de
référence.
En effet, le système de remboursement des médicaments repose
désormais sur un
tarif de référence par classe
thérapeutique
. Aujourd'hui, les trois quarts du marché du
médicament sont concernés. Les caisses d'assurance maladie les
remboursent donc sur la base d'un forfait, le patient payant la
différence entre le prix du médicament prescrit et le prix de
référence pour sa classe thérapeutique. Le but est de
mettre les médicaments en concurrence, notamment sous la pression des
médicaments génériques.
En outre, les médicaments de confort ne sont pas du tout
remboursés.
Les personnes les plus démunies et les jeunes sont
exonérés du ticket modérateur.
2) Les prestations en espèces
Les
prestations en espèces sont réservées aux seuls
salariés.
a) La maladie
En cas de maladie
, l'employeur est tenu de maintenir le paiement de la
rémunération pendant six semaines. Ensuite, les assurés
ont droit aux prestations en espèces de l'assurance maladie.
Leur montant s'élève à 80 % de la
rémunération soumise à cotisation et à impôt
sur le revenu.
Pour une même maladie, leur durée ne doit pas dépasser 78
semaines dans une période de trois ans. Elles peuvent être servies
de nouveau après une période de carence de trois ans.
L'assurance maladie verse également des indemnités
journalières en cas d'absence pour maladie d'enfants (10 par an et par
enfant de moins de 12 ans).
b) La maternité
Le congé de maternité débute six semaines avant la
naissance et prend fin huit semaines après.
Pendant cette période, l'assurée, membre du régime
légal, a droit au paiement d'indemnités de maternité
équivalentes à sa rémunération. Si leur montant
dépasse 25 DEM par jour, l'employeur ou l'Etat prend en charge la partie
dépassant ce plafond.
Les assurées relevant du régime légal qui n'ont pas droit
à ces indemnités (indépendantes, épouses
d'assurés...) perçoivent une allocation, dite allocation
d'accouchement, de 150 DEM.
Les femmes qui ne sont pas assurées ont droit à une
indemnité fédérale de 450 DEM.
B) LES PENSIONS DE RETRAITE
1) Le régime légal
Les
pensions de retraite du régime légal sont servies si les
périodes d'assurance prévues ont été accomplies.
Pour les
hommes
, le droit à la retraite est acquis s'ils ont
atteint
63 ans
et ont cotisé pendant 35 ans. Pour les
femmes
, le droit à la retraite est acquis à partir de
60 ans
à condition qu'elles aient cotisé au moins 15 ans,
dont 10 après l'âge de 40 ans. Si les conditions ci-dessus ne sont
pas atteintes, le droit à la retraite est acquis à partir de 65
ans à condition d'avoir cotisé pendant au moins 5 ans.
Cependant, la réforme des retraites, entrée en vigueur au 1er
janvier 1992, prévoit le
relèvement progressif de l'âge
de la retraite à partir de 2001
. Il passera à
65 ans
pour les hommes et pour les femmes. La possibilité de prendre une
retraite anticipée à partir de 62 ans sera conservée. Elle
s'accompagnera d'une " pénalisation " de 0,3 % par mois.
Le calcul du montant de la pension de retraite
(3(
*
))
fait intervenir :
- la somme des " points de valeur personnels ",
- la valeur actuelle de la pension.
a) Les points de valeur personnels
Ils reflètent les cotisations versées. En effet, le point de
valeur est l'unité de référence pour le calcul de la
pension.
Les assurés qui perçoivent un salaire moyen national et donc
versent des cotisations calculées sur ce salaire se voient attribuer un
point de valeur chaque année. Les autres assurés
bénéficient soit d'une fraction de point si leur salaire est
inférieur au salaire moyen national, soit d'un point majoré s'il
est supérieur.
Le nombre total de points de chacun est donc proportionnel à la moyenne
nationale des salaires, au nombre d'années de cotisations, et au niveau
de salaire de l'assuré.
La somme des points acquis est multipliée par le "
facteur
d'accès à la pension
", élément de
flexibilité de l'âge de la retraite. En effet, ce paramètre
est réduit en cas de départ anticipé à la retraite
(0,3 % par mois manquant). A l'inverse, il est augmenté de 0,5 % par
mois si la retraite est prise au-delà de 65 ans.
b) La valeur actuelle de la pension
Elle permet de convertir le nombre de points de valeur en un montant en marks.
La valeur actuelle est révisée au 1er juillet de chaque
année en fonction de l'évolution des salaires. Ainsi, le montant
des pensions de retraite dépend de celui des salaires.
En 1995, cette valeur actuelle se monte à 46 DEM par mois dans les
anciens Länder (35,45 DEM dans les nouveaux).
*
* *
En
moyenne, le montant de la pension de retraite servie par le régime
légal s'élève à
78 % du dernier salaire
.
En outre, depuis 1986, le régime légal prend en compte
les
périodes consacrées à l'éducation des enfants
pour le calcul de la pension de retraite.
Les interruptions de carrière pour raisons familiales
représentent trois annuités pour les actifs. Pour ceux qui n'ont
aucune activité professionnelle et qui ont élevé deux
enfants, elles constituent la justification d'une pension de retraite qui se
monte à 75 % du salaire moyen de tous les assurés (37 200 DEM par
an en 1993).
2) Les régimes complémentaires
Compte
tenu du niveau élevé du plafond utilisé pour le calcul de
la pension de base, il n'existe
pas de régime complémentaire
obligatoire
. Cependant, après la seconde guerre mondiale, de
nombreuses entreprises ont mis en place de tels dispositifs pour
fidéliser leurs salariés.
Presque 50 % des salariés du secteur privé
bénéficient d'un régime de retraite complémentaire.
Les retraites complémentaires sont financées par
capitalisation.
C) LES PRESTATIONS FAMILIALES
Les
allocations familiales
sont versées jusqu'à ce que les
enfants aient atteint l'âge de 16 ans, la limite d'âge étant
repoussée à 27 ans lorsque les enfants font des études.
Leur montant mensuel varie en fonction du nombre des enfants et en fonction du
revenu des parents, mais seulement à partir du deuxième enfant :
- 70 DEM pour le premier enfant,
- 70 ou 130 DEM pour le second,
- 220 ou 140 DEM pour le troisième,
- 240 ou 140 DEM pour le quatrième et les suivants.
Depuis le 1er janvier 1986, une
allocation parentale d'éducation
est accordée aux parents (père ou mère) qui restent
à la maison pour s'occuper d'un jeune enfant. Le montant de cette
allocation est de 600 DEM sans condition de ressources pendant les six premiers
mois. Elle est ensuite réduite si les revenus des
bénéficiaires excèdent une certaine limite.
D) LES INDEMNITES DE CHOMAGE
La
prestation dépend de la rémunération perçue avant
la perte de l'emploi : 67 % ou 60 % selon que l'intéressé
élève ou non au moins un enfant.
La durée du versement varie entre 12 et 32 mois selon la durée
d'assurance et l'âge de l'intéressé.
Les personnes qui n'ont plus droit à ces allocations de chômage
peuvent bénéficier de
l'
assistance chômage
:
57 % ou 53 % du salaire net antérieur selon que
l'intéressé a ou non des enfants à charge.
Ces indemnités sont versées sans limitation de temps, sauf si
leur bénéficiaire n'a jamais cotisé.
E) LE REVENU MINIMUM
Relevant de l'aide sociale, le revenu minimum doit permettre à ses bénéficiaires de " mener une vie conforme aux exigences de dignité humaine ". C'est pourquoi le montant de base du revenu minimum est déterminé par l'estimation statistique du coût d'un ensemble de biens et de services jugés indispensables pour assurer la couverture des besoins de la vie quotidienne. Il varie peu d'un Länder à l'autre, s'établissant autour de 500 DEM par mois.
F) L'ASSURANCE DEPENDANCE
Sa
mise en place n'est pas encore terminée
: les personnes
hébergées dans des établissements
spécialisés seront prises en charge à partir du 1er
juillet 1996.
Depuis le 1er avril 1995, les personnes soignées à domicile sont
prises en charge par la collectivité.
La personne dépendante a droit à des prestations en nature ou en
espèces, selon qu'elle fait appel au personnel d'un organisme
spécialisé dans les soins à domicile ou qu'elle se charge
elle-même de l'organisation des soins et emploie directement quelqu'un.
Le montant mensuel des prestations en nature varie, en fonction du degré
de dépendance, entre 750 DEM et 2 800 DEM, ce plafond pouvant être
porté à 3 750 DEM dans les cas les plus graves. Les prestations
en espèces varient de la même façon entre 400 et
1 300 DEM.