CLÔTURE
Mme Sandrine TREINER - Nous ne pouvons pas refaire le débat politique moldave ici, dans le temps imparti. Je donne la parole à Mme Josette Durrieu et à M. Jean-Jacques Combarel, pour la clôture. La discussion pourra se poursuivre en-dehors de la salle.
M. Jean-Jacques COMBAREL - Je ne rentrerai pas dans ce débat, dont je ne maîtrise pas tous les tenants et aboutissants. Je voudrais simplement remercier toutes les personnes présentes et annoncer une grande fête moldave, qui se tiendra le 21 mai à Paris. Tous seront les bienvenus.
Mme Josette DURRIEU - Je suis amusée de constater que lorsque l'on emploie le mot de politique, c'est comme si l'on avait dit un « gros mot », alors qu'il n'est rien de plus noble. Dans cette maison, on en fait un peu... L'économie se positionne à part entière dans notre débat politique. Réhabilitons ensemble la politique si nous voulons que la démocratie s'installe véritablement et durablement en Moldavie.
Depuis 20 ans, et même si je m'en éloigne un petit peu, je suis pas à pas ce pays dans sa marche vers quelque chose qui serait l'aboutissement de la démocratie, en s'inscrivant peut-être au plus près de l'Europe. Dans aucun autre pays sans doute, on n'aurait supporté 20 ans de chaos. Je crois que les Moldaves ont intégré, peut-être malgré eux, les valeurs profondes de la démocratie. Avec l'élection présidentielle au suffrage direct, ils arriveront au terme d'un processus qui n'a que trop duré.
La Commission de Venise, dont je suis membre, a dit à propos de la décision de la Cour constitutionnelle qu'elle était « douteuse ». Ce qui l'était, indubitablement, c'est que la Commission tarde autant à laisser les Moldaves élire directement leur Président, alors qu'ils n'arrivaient pas à le faire dans le cadre d'un Parlement à la majorité inatteignable. Je salue la façon dont la Moldavie a surmonté cette épreuve et je souffre quand on me dit qu'elle est « capturée » par la corruption. Voilà le mal profond, qui peut dénaturer ce qu'il y a de plus fort dans un peuple et dans ses valeurs.
J'espère que cette élection présidentielle, dont le peuple moldave doit s'emparer comme du moment de vérité attendu, marquera la fin d'une épreuve et l'aboutissement d'une véritable marche démocratique. Je souhaite que le Conseil de l'Europe y apporte son plein concours.
Je n'entrerai pas dans le débat sur la réunification parce que je pense qu'il n'est pas d'actualité, même si j'ai entendu ce qu'a dit Mme Ana Gutu. La nation moldave s'est forgée dans les épreuves et dans l'immédiat, ceux qui prôneraient la réunification sont minoritaires.
Je me souviens du référendum informel qu'avait organisé M. Mircea Snegur sur l'indépendance de la Moldavie : à plus de 90 %, les Moldaves voulaient être moldaves.
Vous avez prononcé le mot explosif de frontière. Le problème de la Crimée est un fait accompli, qui pose à nouveau de la manière la plus redoutable non seulement la question des frontières en Europe, mais aussi celle du respect des accords fondamentaux. Seul un accord nouveau peut revenir sur un accord ancien. Lorsque l'on parle de légitimité, il est, me semble-t-il, plus facile de réunir que de diviser. Si la Moldavie était en faveur d'une réunification, l'Europe ne pourrait que lui dire oui.
Nous allons poursuivre nos discussions, salle René Coty, mais je tiens à vous remercier ici, au nom de tous mes collègues du groupe d'amitié France-Moldavie du Sénat, pour la qualité de ce débat.