Ennemi déclaré du racisme et spécialisé, en quelque sorte, dans la défense des Droits de l'Homme, G. MONNERVILLE aurait pu être un militant de l'anticolonialisme, opposé au système des possessions d'Outre-Mer et partisan de leur indépendance. Tout au contraire, il n'a cessé de voir dans l'Empire une chance unique pour la France. Mais corrélativement, il est un partisan convaincu de l'égalité des droits. L'intérêt exceptionnel de G. MONNERVILLE pour l'Outre-Mer ne s'est jamais démenti, sa vie durant. Pour bien des raisons, dont la première est sans doute qu'il est un « sang mêlé », né dans une des « quatre vieilles » colonies, boursier méritant de la IIIème République. -
En 1931, c'est pour être intervenu dans un grave problème du « colonialisme » et pour en avoir dénoncé les turpitudes, qu'il entre au Parlement. -
Appelé au gouvernement, il s'occupe du département des Colonies, tandis que son ancien patron, César CAMPINCHI est ministre de la Marine. G. MONNERVILLE entretient des liens étroits avec ce ministre, qui s'emploie activement à placer la marine française au premier rang des grandes flottes, et ne manque pas de lui assigner la mission de garantir les liaisons de la métropole avec ses possessions lointaines. -
Le fonds colonial. Nous avons évoqué la création de ce fonds, dans la partie VI. -
La suppression du bagne. Ferme partisan de l'abolition du bagne de Cayenne, G. MONNERVILLE, une fois devenu sous-secrétaire d'Etat, obtient de Marius MOUTET, ministre des Colonies, la création d'une commission extraparlementaire, présidée par M. Paul MATTER, premier avocat général à la Cour de Cassation. Cette commission suscita le dépôt, le 26 décembre 1936, d'un projet de loi portant réforme du régime des travaux forcés et suppression du bagne de Guyane. Les circonstances politiques empêchèrent l'aboutissement du texte. Et G. MONNERVILLE quitta le Gouvernement, en mars 1938. Cependant, le nouveau cabinet, présidé par DALADIER, comprenait à la Justice Paul REYNAUD, qui avait été ministre des Colonies, et qui était sensible à la question du bagne. Le Parlement ayant autorisé le Gouvernement à user de la procédure des décrets-lois, G. MONNERVILLE en obtint un, le 17 juin 1938. Cette suppression lésa bien des intérêts locaux, car les bagnards constituaient une main d'oeuvre à bon marché. (La coalition des mécontents contre G. MONNERVILLE fut une des causes de l'échec aux législatives de novembre 1946). Liens utiles relatifs au bagne de Cayenne : | -
En juin 1940, à l'annonce de l'Armistice, G. MONNERVILLE note, dans son « journal de bord », et souligne les phrases suivantes : « L'Empire seul peut sauver la France. Qu'elle se mette à l'oeuvre pour aboutir à la formation réelle, économique et douanière de l'Empire ». -
Désigné par la Résistance, à l'Assemblée Consultative Provisoire, G. MONNERVILLE devient le Président de la Commission de la France d'Outre-Mer. Il contribue à élaborer le nouveau statut des colonies, celui de l'Union Française, statut moins libéral qu'il l'aurait souhaité, car encore trop marqué par l'esprit « colonial ». En 1946, il est un des artisans de la départementalisation des « quatre vieilles », car, pour elles, l'intégration est la seule voie réaliste et digne de la France. -
Quoique élu du Lot, à partir de novembre 1948, G. MONNERVILLE ne rompt pas du tout ses liens étroits avec l'Outre-Mer. Tous les représentants parlementaires de ces régions sont des habitués du Petit-Luxembourg. Et lui-même multiplie les visites, privées mais aussi officielles. | | Gaston MONNERVILLE, Président du Conseil de la République, accompagne Vincent AURIOL, Président de la République, au cours d'un voyage officiel en AOF (1947) -
Par exemple, en février 1950, il représente la France aux fêtes, en Haïti, du deuxième centenaire de la fondation de Port-au-Prince. Sur le retour, il est invité officiellement en Guyane et aux Antilles. « L'enfant du pays » est reçu de façon grandiose, sauf en Martinique, où l'accueil est plus froid, à Fort-de-France du moins ; la municipalité ne s'est pas associée aux fêtes et une partie de la presse est franchement hostile. -
En 1958, le statut constitutionnel que le Général de GAULLE propose pour la Communauté ne peut que séduire G. MONNERVILLE. Le système d'association est souple, mais le lien avec la métropole reste assuré. La Constitution de la Vème République prévoit même un Sénat rassemblant les représentants des territoires associés. G. MONNERVILLE en sera élu et réélu Président. Mais la Communauté se dissoudra très vite. Cette évolution négative sera une déception profonde pour G. MONNERVILLE, qui s'éloignera du Général de GAULLE, avant même le conflit de 1962. |