Joseph-Eleuthere Dehove est né à Preux-au-Sart (Nord) le 3 mars 1851. Fils d’un meunier, et lui-même meunier et agriculteur, il fut élu député le 6 mai 1906 au premier tour de scrutin. Il était républicain radical. En 1910, il se retira avant le deuxième tour des élections.
Le 2 août 1914, il se présenta à une élection sénatoriale partielle qui eut lieu dans le Nord pour remplacer Maxime Lecomte, décédé, et il fut élu.
Très peu de temps après son élection, il fut surpris dans son département par l’invasion allemande. Ayant refusé de livrer de la farine aux Allemands, il fut condamné par un conseil de guerre à trois mois de prison qu’il fit à Aix-La-Chapelle.
Revenu à Paris le 11 février 1917, il prenait place en séance le 22 février, salué par les applaudissements unanimes du Sénat
Le président Antonin Dubost l’accueillant, déclara :
" Messieurs, un nouveau collègue nous est rendu : M. Dehove fut pris dans le flot de l’invasion presque aussitôt après son élection et notre mémorable séance du 4 août, à laquelle il assistait. Il nous apporte le témoignage de la souffrance héroïque de nos compatriotes et leur certitude confiante dans leur prochaine libération...
Sa présence ici nous sera doublement précieuse, comme la représentation de la patrie captive et comme un encouragement à redoubler nos énergies pour la libérer et la venger ! "
Joseph-Eleuthere Dehove, après avoir exprimé son émotion devant l’accueil qui lui était fait, évoqua " ces populations opprimées qu’on n’a pas pu défendre contre la redoutable invasion, prévue cependant et depuis longtemps annoncée ". Mais, déclara-t-il aux applaudissements prolongés du Sénat " si les privations de toutes sortes, si les tortures morales, si l’odieuse contrainte ont pu affaiblir leurs forces, croyez que nos compatriotes en gardent assez pour se retrouver debout au jour espéré de la délivrance prochaine et qu’ils acclameront leurs libérateurs au cri de leur cœur : Vive la France ! ".
Membre de différentes commissions, il ne reprit pas la parole en séance publique après son émouvante intervention de 1917. Il ne se représenta pas aux élections de 1924 et se retira de la vie publique. Il mourut à 81 ans, le 3 juillet 1932, à Wargnies-le-Petit (Nord).