Charles Sébline est né le 8 juin 1846 à Saint-Pellerin (Manche). Il devint très jeune secrétaire de Léonor Havin, directeur du Siècle.
Le sénateur
Après avoir rempli les fonctions de préfet des Pyrénées-Orientales, du Vaucluse et de l’Aisne, il est élu pour la première fois au Sénat en 1886 et fut réélu sénateur de l’Aisne à chaque renouvellement.
Une cruelle infirmité interdisait à Sébline d’accéder à la tribune du Sénat. Bien qu’il ne pût ainsi parler que de sa place et brièvement, il aimait à intervenir dans les débats, de façon parfois passionnée, mais toujours précise.
La dernière intervention publique de Charles Sébline fut, en 1914, sur le budget de l’agriculture.
Un funeste destin face à l'ennemi
La guerre venue, après Charleroi, il estima qu’il était de son devoir d’attendre l’ennemi parmi les populations qu’il administrait (il était maire de Montescourt-Lizerolles) et qu’il représentait au parlement depuis 30 ans.
Il quitta donc Paris pour Montescourt. Hélas ! il y fut vite dépouillé de toute autorité par l’occupant qui le déposséda même de sa maison où sa présence fut seulement tolérée. Il y vécut dans des conditions de plus en plus pénibles jusqu’au 10 février 1917. Ce jour-là, sa maison fut minée et l’ennemi l’emmena de force comme otage. Il ne sortit de chez lui que pour voir sauter sa maison et pour aller mourir de fatigue et de froid dans la petite gare d’Aulnoy alors que le train qui le conduisait en déportation entrait dans la station. Il avait 71 ans.
L'éloge funèbre
Sa mort ne fut connue à Paris qu’un mois et demi après et c’est le 15 juin 1917 que le président Antonin Dubost prononça son éloge funèbre :
" ...Je peux affirmer que Sébline était une des plus belles intelligences, une des plus parfaites consciences qui aient honoré notre assemblée. J’ajouterai même qu’il en aurait été un des plus grands orateurs, si une cruelle infirmité le tenaillant sans répit, ne lui avait interdit cette suprême manifestation de sa riche personnalité. Nous en avons eu bien souvent l’impression et le regret quand nous l’avons vu se lever à sa place et, sans pouvoir monter à la tribune, d’une voix puissante et chaude, jeter dans le débat une intervention passionnée, vibrante, surabondante, en peu de mots, de faits et d’arguments... "
Le Sénat, unanime, décida, sur proposition d’Ernest Monis, d’ériger le buste de Charles Sébline dans la galerie de la salle des séances. L’exécution du buste fut confiée au sculpteur Gauquié, auteur du monument de Watteau dans le Luxembourg.
Charles Sébline était officier de la Légion d’honneur, officier de l’instruction publique et commandeur de la Couronne d’Italie.