Bien qu'elle n'ait jamais cessé, la vie politique reprend peu à peu un cours normal avec la reconstitution des partis politiques. Les femmes s'apprêtent à voter pour la première fois.
La reconstitution des partis
Ni la présence des partis politiques dans les deux assemblées représentatives de la France Combattante, l'Assemblée consultative d'Alger et le Conseil national de la Résistance, ni leur représentation au CFLN, puis au GPRF, ne valait reconstitution officielle. Celle-ci a lieu à l'automne 1944.
Le premier parti à se reconstituer est le parti communiste, qui fort de son action dans la Résistance se présente à la Libération comme le « parti des fusillés ». Dès le 31 août 1944, Jacques Duclos - Maurice Thorez ne rentrera en France que le 27 novembre - réunit les responsables présents à Paris. Le comité central convoqué à Ivry en janvier 1945 adhère à la politique de retour à l'ordre républicain. Le parti compte 60 000 adhérents à la Libération, plus de 380 000 à la fin 1944, il en aura 800 000 en 1946.
Malgré l'emprisonnement, puis la déportation, de son chef, Léon Blum, la SFIO s'est reconstituée dans la clandestinité, sous la conduite notamment de Daniel Mayer. A l'Assemblée consultative d'Alger, son groupe, présidé par Vincent Auriol, a occupé une place charnière qui lui a permis de faire élire à la présidence l'un des siens, Félix Gouin. La SFIO tient du 9 au 12 novembre 1944 un congrès extraordinaire des cadres des fédérations socialistes reconstituées dans la Résistance qui s'occupe principalement de la réorganisation du parti. 236 000 cartes sont distribuées en 1945.
Fondé dans la clandestinité autour d'organisations résistantes appartenant à la démocratie- chrétienne, le Mouvement Républicain Populaire tient son congrès constitutif les 25 et 26 novembre 1944. Il porte à sa tête successivement deux figures de proue de la Résistance, Georges Bidault, président du CNR, puis Maurice Schumann, porte parole de la France Libre. En un an, se créent 87 fédérations et 1280 sections. Le MRP dépasse alors le cap de 100 000 adhérents.
Les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945
Les municipales du printemps 1945 restent un moment fort de la politique française, non seulement parce qu'elles marquent l'entrée des femmes sur la scène électorale, mais aussi parce que c'est la première fois depuis 1937 que l'ensemble des Français est appelé aux urnes.
Mais, cette importance est alors relativement occultée dans l'opinion publique par les évènements militaires avec l'effondrement de l'Allemagne, le retour des déportés et des prisonniers.
La campagne s'ouvre le 14 avril 1944, les anciens panneaux réapparaissent, la France renoue avec ses traditions démocratiques.
Les résultats font apparaître, par rapport aux élections d'avant guerre, la poussée des partis socialiste et communiste, et le déclin des radicaux et modérés. Le corps électoral n'a cependant pas pu s'exprimer dans sa totalité. De nombreux Français sont encore absents, d'autres, notamment parmi les femmes, ne se sont pas inscrits sur les listes électorales.