En réponse à l’augmentation préoccupante des actes et agressions antisémites survenus dans les établissements d’enseignement supérieur au cours des derniers mois, la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat a créé une mission d’information qui rendra ses conclusions avant l’été.

Ses travaux ont été lancés le 10 avril 2024 par l’audition en commission de M. Guillaume Gellé, président de France Universités, et de Mme Isabelle de Mecquenem, professeure agrégée de philosophie et membre du Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République.

Ses rapporteurs, MM. Bernard Fialaire (RDSE) et Pierre-Antoine Levi (Union centriste), conduiront un vaste programme d’auditions qui leur permettra d’interroger plusieurs dirigeants d’établissements d’enseignement supérieur publics comme privés, de questionner les différents ministères concernés sur les actions mises en place, et de recueillir le témoignage et les préconisations de l’ensemble des acteurs touchés par ce phénomène en recrudescence (associations étudiantes, chercheurs, représentants des institutions juives notamment).

Mercredi 26 juin 2024, à 12 heures, Pierre-Antoine Levi et Bernard Fialaire, rapporteurs, ont présenté à la presse les conclusions de leur rapport sur l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur.

Quels constats et recommandations ?

Après deux mois de travaux et l'audition de plus de 60 acteurs, les rapporteurs se sont alarmés de la résurgence, au sein de nombreux établissements, d’un climat d’antisémitisme dont les modes d’expression ont évolué sous l’effet de la polarisation idéologique associée aux mobilisations étudiantes en faveur de la Palestine. Au-delà d’agissements isolés et sporadiques qui n’ont jamais totalement cessé et qui sont souvent le fait de sympathisants de l’ultradroite, cette réactivation de l’antisémitisme dans le supérieur s’inscrit depuis plusieurs mois dans une dynamique collective inquiétante, attisée par une idéologie relevant désormais également de l’extrême-gauche de l’échiquier politique.

Face à ce constat, les rapporteurs ont formulé 11 propositions visant à créer un sursaut des pouvoirs publics et des établissements avant la prochaine rentrée universitaire. Le combat à mener doit d’abord passer par une meilleure connaissance du phénomène à travers la détection systématique des actes et une prise de conscience sur un "antisémitisme d'atmosphère". Il suppose également le déploiement de mesures de prévention ciblées, utilisant les moyens de la méthode scientifique et de la recherche universitaire, et réinscrivant les valeurs républicaines au cœur des mobilisations et des débats étudiants. Il appelle enfin une réponse de fermeté par la sanction des dérives dans un cadre disciplinaire et judiciaire renforcé.

À voir et à revoir