M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée de l’autonomie et du handicap. Madame la sénatrice, je vous remercie de votre question sur un sujet majeur, sur lequel le Gouvernement concentre son attention.
Vous avez raison, le dépistage néonatal constitue un levier essentiel de prévention et de prise en charge précoce des maladies rares. C’est pourquoi le Gouvernement s’est engagé dans une dynamique d’élargissement progressif du programme national de dépistage néonatal, conformément aux recommandations de la HAS.
En 2025, trois nouvelles pathologies seront intégrées à ce programme, dont l’amyotrophie spinale, une maladie neuromusculaire grave dont la prise en charge précoce change radicalement l’évolution, comme vous l’avez souligné.
Les travaux de mise en œuvre pour ces trois extensions sont bien avancés ; les appels d’offres pour les équipements nécessaires ont été lancés ; les procédures d’agrément en génétique ont été clarifiées, sans obstacle réglementaire ou organisationnel pour les laboratoires des centres régionaux de dépistage néonatal. Par ailleurs, une formation en agrément limité en génétique, pour les quelques professionnels de santé concernés, est en cours de finalisation au sein de l’Agence de la biomédecine.
Ces travaux préparatoires sont indispensables, mais ils nécessitent un temps incompressible. Nous essayons néanmoins d’anticiper ce qui peut l’être : nous avons d’ores et déjà demandé aux agences régionales de santé (ARS) de poursuivre très activement les travaux préparatoires. Ainsi, une note d’information demande aux acteurs d’engager dès à présent les préparatifs nécessaires à l’acquisition des équipements et au recrutement du personnel requis.
En outre, un arrêté encadrant ces trois extensions fait actuellement l’objet des consultations obligatoires, en vue de sa publication d’ici à la fin du mois mars ou au tout début du mois d’avril. Cet arrêté fixera l’extension du dépistage néonatal à ces trois maladies, selon un calendrier permettant de tenir compte des dernières étapes nécessaires, telles que l’aménagement des nouveaux équipements et la formation des professionnels, pour garantir la réussite de cette extension.
Comme vous pouvez le constater, madame la sénatrice, le Gouvernement est pleinement mobilisé et continue de travailler en étroite concertation avec les acteurs du dépistage et les associations.
M. le président. La parole est à Mme Chantal Deseyne, pour la réplique.
Mme Chantal Deseyne. Je vous remercie de vos réponses, madame la ministre, qui ont également été fournies par le ministre de la santé lors de son audition de la semaine dernière par la commission des affaires sociales. Je comprends donc les freins qui retardent le déploiement de ce dépistage précoce systématique, mais je veux insister sur l’urgence de sa mise en place. Il ne faudrait pas décevoir l’espoir que tous les parents placent en ce dernier.
recommandations 2025 de la haute autorité de santé sur la maladie de lyme
M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Doineau, auteure de la question n° 376, adressée à M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l’accès aux soins.
Mme Élisabeth Doineau. Madame la ministre, les recommandations de la Haute Autorité de santé pour 2025 sur la maladie de Lyme représentent une avancée notable, mais elles ne suffisent pas ; nous n’avançons pas à pas de géants, dans cette affaire.
En effet, malgré la reconnaissance officielle du « Lyme long » – il existe un Lyme long, comme il existe un covid long –, il n’y a pas de recommandation d’approche thérapeutique. Or c’est à ce sujet qu’il faut agir, car encore trop de malades font de l’automédication. D’autres se rendent à l’étranger pour se soigner, ce qui révèle qu’il y a bien une inégalité de traitement.
Il convient donc d’aller plus loin, avec les patients et avec les praticiens. Le Gouvernement est-il conscient de la nécessité d’aller plus vite pour favoriser la prise en charge systématique du Lyme long ?
Par ailleurs, la recherche est centrale dans la lutte contre toutes les maladies, en particulier sur la maladie de Lyme. Ainsi, une enveloppe de 10 millions d’euros avait été allouée à la recherche sur cette maladie par la loi du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale pour 2025. Pourtant, dans le cadre des économies demandées à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il semble que 8 millions d’euros de cette enveloppe aient été mis de côté pour réduire le déficit. Il ne reste donc plus que 2 millions d’euros fléchés vers la recherche sur la maladie de Lyme. C’est Robin des Bois à l’envers !
Le ministère devrait mettre son nez dans la répartition des financements de l’Inserm, parce que je trouve anormal que 8 millions d’euros affectés à la recherche sur la maladie de Lyme se retrouvent consacrés à la réduction du déficit.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée de l’autonomie et du handicap. Madame la sénatrice, permettez-moi de vous répondre au nom de mon collègue Yannick Neuder, ministre chargé de la santé, qui réaffirme l’attention particulière qu’il porte aux maladies vectorielles, notamment à la maladie de Lyme.
La Haute Autorité de santé a été saisie pour harmoniser les pratiques sur l’ensemble du territoire. En février dernier, elle a publié des recommandations fondées sur une analyse scientifique et rigoureuse, issue d’une concertation incluant experts et associations de patients. Ces recommandations aideront les médecins généralistes à traiter les formes simples et prévoient l’orientation des cas complexes vers les centres spécialisés.
En ce qui concerne le syndrome post-traitement de la borréliose de Lyme, la HAS décrit les démarches diagnostiques et thérapeutiques adaptées. Elle rappelle qu’aucune preuve d’infection active ne justifie une antibiothérapie prolongée, laquelle reste donc non recommandée. La prise en charge doit être personnalisée, globale et pluridisciplinaire, incluant un soutien psychologique et une réadaptation physique.
La HAS préconise également une recherche plus importante, vous l’avez dit, sur les mécanismes et sur les traitements efficaces. Les centres de référence, financés par le ministère, ont commencé ces travaux et les poursuivront dans un cadre strict. Le Gouvernement suivra attentivement l’application des recommandations et leur évolution en fonction des avancées scientifiques.
Vous l’avez indiqué, le budget de la sécurité sociale pour 2025 prévoit l’allocation de 10 millions d’euros à l’Inserm pour structurer la recherche sur les maladies vectorielles à tique, dont la maladie de Lyme. Un groupe de travail réunissant experts, chercheurs et représentants de patients a élaboré un programme, avec pour objectif d’améliorer la prise en charge, la prévention et le traitement de ces maladies. La création de deux cohortes de patients permettra d’enrichir nos connaissances.
Au sujet de cette enveloppe, comme pour toute recherche, il est prévu que le programme sur les maladies vectorielles s’étende sur plusieurs années. L’Inserm a donc décidé d’étaler les dépenses liées à ce programme ambitieux en allouant immédiatement, à l’exercice 2025, 2 millions d’euros, budget nécessaire pour continuer les projets et obtenir de premiers résultats.
M. le président. Il faut conclure.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Le reste du budget sera réparti sur les années suivantes, en fonction des évaluations et de l’état d’avancement des recherches.
M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Doineau, pour la réplique.
Mme Élisabeth Doineau. Je compte sur vous, madame la ministre, pour garantir que tous les millions fléchés vers la recherche sur la maladie de Lyme y soient bien consacrés.
reconnaissance officielle de la musicothérapie en tant que discipline médicale
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, auteur de la question n° 348, adressée à M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l’accès aux soins.
M. Jean-Raymond Hugonet. La musique adoucit les mœurs, dit-on, mais on pourrait aisément convenir qu’elle apaise également les corps et les âmes.
Au travers de la musicothérapie, de nombreux patients présentant des troubles psychiques ou neurologiques sont régulièrement soignés, grâce à la pratique ou à l’écoute de la musique. Dans un cadre approprié, cette thérapie, qui s’appuie sur les effets psychoaffectifs et psychophysiologiques de la musique, permet d’atténuer les conséquences de certaines pathologies, telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
À ce jour, l’Europe compte onze pays où la musicothérapie est reconnue et réglementée, dont le Royaume-Uni et l’Allemagne. La France n’a malheureusement pas encore passé ce cap, alors même que cette pratique est déjà intégrée à de nombreuses structures médicales ou médico-sociales de notre pays.
L’absence d’une réglementation et d’une organisation claire empêche la rationalisation de la profession. En reconnaissant cette pratique médicale, l’État favoriserait une meilleure formation des professionnels ainsi qu’un accès plus équitable des patients à ce type de soin.
Alors que le nombre des maladies psychiques croît en France, qu’entendez-vous mettre en œuvre, madame la ministre, pour que la musicothérapie soit reconnue comme discipline médicale, permettant ainsi de structurer une profession qui ne demande qu’à l’être ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée de l’autonomie et du handicap. Monsieur le sénateur, les bénéfices de la musique sur le bien-être du patient et du résident sont certains, notamment en cas de maladie neurodégénérative.
Le recours à la musique est une pratique déjà utilisée dans de nombreux hôpitaux et Ehpad. La réglementation actuelle n’empêche en rien son utilisation pour apporter un meilleur confort au patient. Il n’y a pas non plus de réel obstacle financier à l’écoute de musique.
Vous souhaitez savoir s’il est possible de reconnaître cette pratique comme discipline médicale. À ce jour, cela n’est pas envisagé. D’abord, il n’est pas démontré que cela nécessiterait des compétences uniquement médicales ; des professions paramédicales ont ainsi déjà recours à l’emploi de musique et se forment en conséquence pour accompagner la prise en charge de patients. Ensuite, la France est confrontée à une situation de faible démographie médicale. La fin du numerus clausus, que le ministre de la santé appelle de ses vœux, le renforcement des capacités de formation des médecins, le retour des étudiants français en médecine partis vers d’autres pays de l’Union européenne et la simplification des voies d’accès pour les praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) nous permettront de retrouver une plus forte densité médicale au cours des prochaines années.
En attendant, il est nécessaire de consacrer le temps médical disponible aux expertises dans lesquelles la plus-value médicale est incontournable, afin de garantir la continuité de l’accès aux soins des patients et des résidents, en priorité pour ceux qui résident dans un désert médical.
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.
M. Jean-Raymond Hugonet. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre, mais elle me désole quelque peu. Dès que l’on parle de thérapies un peu spéciales – j’avais également abordé la question du sport à ce sujet –, on nous répète les mêmes arguments, qui ne sont absolument pas convaincants. D’ailleurs, nous sommes à la remorque de l’Europe ; même si nous sommes un pays ancien, aux traditions fortes, il conviendrait d’ouvrir nos yeux et nos oreilles à ce qui se fait ailleurs en Europe, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne.
Pour ma part, je préconiserais la musicothérapie aux membres du Gouvernement, voire aux sénateurs ; cela ferait beaucoup de bien… (Sourires.)
projet de suppression du délégué militaire départemental adjoint dans les alpes de haute-provence
M. le président. La parole est à M. Jean-Yves Roux, auteur de la question n° 237, adressée à M. le ministre des armées.
M. Jean-Yves Roux. Madame la ministre, nous vivons assurément un tournant de l’histoire française et européenne et notre pays devra, face aux incertitudes géopolitiques, accroître son engagement dans la défense commune.
Cet engagement était déjà présent lorsque nous avons examiné la loi du 1er août 2023 relative à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030 et portant diverses dispositions intéressant la défense, qui prévoit notamment de doubler les effectifs des réservistes militaires.
Or, dans les déserts militaires, ce projet repose essentiellement sur les délégués militaires, représentants du ministère des armées dans nos territoires.
Dans le département des Alpes de Haute-Provence, une équipe, formée d’un délégué militaire, d’un délégué militaire adjoint, d’un officier supérieur, d’un sous-officier adjoint et d’un secrétaire civil de la défense, s’engage sans relâche pour maintenir le lien entre État et Nation de manière concrète et visible. Au-delà du travail auprès des élus et avec nos anciens combattants, ainsi que de l’entraînement d’une réserve opérationnelle, notre département compte ainsi sept classes « défense et citoyenneté ». Cette activité au service du recrutement, de l’encadrement et de la coordination de futurs réservistes est sans nul doute appelée à se développer prochainement.
Pourtant, la suppression, d’ici à quelques années, du poste de délégué militaire adjoint est prévue, ce qui semble contre-productif au regard des enjeux actuels.
Madame la ministre, entendez-vous revenir sur la suppression de ce poste ? Plus largement, comment comptez-vous atteindre l’objectif d’accroissement du nombre de réservistes et de la présence militaire dans les déserts militaires tels que les Alpes de Haute-Provence ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée auprès du ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Monsieur le sénateur Jean-Yves Roux, le poste de délégué militaire départemental adjoint des Alpes de Haute-Provence sera en effet transféré en 2025. Il est en réalité, comme d’autres postes, redéployé.
Cette décision a été prise en concertation avec les directions des ressources humaines des différentes armées et les employeurs interarmées, notamment la zone de défense et de sécurité sud.
Dans le cadre d’effectifs contraints, l’objectif est de renforcer les capacités de résilience de l’état-major de zone de défense, afin de mieux faire face aux crises potentielles, mais aussi en prévision de la planification des jeux Olympiques d’hiver de 2030, qui impliquent directement les armées.
La suppression évoquée s’inscrit aussi dans des redéploiements qui visent à soulager d’autres départements, dans lesquels le délégué militaire départemental cumule déjà trop de responsabilités.
L’activité militaire dans le département des Alpes de Haute-Provence est moins importante que dans d’autres départements de la zone de défense et de sécurité et les catastrophes naturelles y sont relativement moins fréquentes – tant mieux, d’ailleurs.
L’effort exigé de la part du département est ainsi raisonnable, d’autant que le délégué militaire départemental dispose de renforts de réservistes – plus d’une dizaine –, qui lui permettent de déléguer certaines de ses missions, y compris en direction de la réserve.
J’appelle d’ailleurs votre attention sur le fait que d’autres départements, dans lesquels les armées sont très implantées, n’ont pas d’adjoint actuellement. C’est le cas du Var, où les fonctions d’adjoint du délégué militaire départemental sont assumées par un réserviste. En outre, d’autres départements seront touchés par un redéploiement des postes de délégué adjoint en 2026 et 2027. C’est notamment le cas du Lot et de la Lozère.
La suppression du poste de délégué militaire départemental adjoint dans les Alpes-de-Haute-Provence est donc cohérente avec la situation opérationnelle du département dont vous êtes élu et avec les ajustements similaires prévus dans d’autres départements.
La délégation militaire des Alpes de Haute-Provence pourra continuer de s’appuyer sur le délégué militaire départemental en titre, sur un sous-officier d’active et sur une dizaine de réservistes. Cette suppression permet une réallocation utile aux missions opérationnelles conduites par les armées.
délivrance de visas pour les militantes afghanes des droits humains réfugiées au pakistan
M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, auteur de la question n° 378, adressée à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.
M. Thomas Dossus. Madame la ministre, il y a urgence. Le 27 novembre 2024, le ministre de l’intérieur, M. Retailleau, déclarait devant le Sénat : « On [doit] faciliter l’accès à l’asile des femmes afghanes. » Il a raison : depuis 2021 et la mise en place d’un véritable apartheid de genre en Afghanistan par les talibans, de nombreuses Afghanes ont fui leur pays. Parmi elles, des dizaines de militantes des droits humains, engagées pour la paix et l’émancipation de leur peuple, ont été contraintes de prendre la route de l’exil face à la terrible répression du pouvoir en place à Kaboul. Leurs récits sont glaçants.
Beaucoup de ces militantes qui ont vécu l’enfer se sont réfugiées temporairement au Pakistan tout en formulant des demandes de visas pour rejoindre notre pays. Elles ont choisi la France, patrie des droits de l’homme, pour être en accord avec leurs engagements, mais aussi parce que notre pays, universaliste, considère toutes les femmes afghanes comme éligibles à l’asile.
Désormais, leur situation au Pakistan est intenable. Depuis le début de l’année 2025, les autorités y mènent une opération « zéro Afghan », qui consiste en des arrestations arbitraires et en des détentions. Un ultimatum a été donné : ces femmes ont jusqu’au 31 mars prochain, dans moins de deux semaines, pour quitter le pays. J’insiste : il y a urgence ! Pour les militantes afghanes, un renvoi dans leur pays serait synonyme de mise à mort. Nous ne pouvons tolérer cela.
Pourtant, leurs demandes de visas sont pour l’instant bloquées, n’aboutissant pas. Elles doivent être traitées en urgence. Madame la ministre, ce gouvernement a le pouvoir de sauver ces femmes : vous pouvez accélérer les processus de demande de visa, en accord avec les déclarations du ministre de l’intérieur. Leur accueil ne poserait aucun problème : ces femmes sont déjà accompagnées par des associations sur notre territoire. Je le répète : ces associations se chargeront de l’accueil et du logement de ces femmes et je tiens, par ailleurs, à saluer leur engagement.
Il y a, une fois encore, urgence absolue à agir. C’est une question de jours ! La France préfère-t-elle laisser mourir ces femmes là-bas après leur avoir promis l’asile ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée auprès du ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Monsieur le sénateur Thomas Dossus, ni le droit international ni la législation française ne consacrent de droit à demander l’asile depuis un pays tiers. Toutefois, la France a mis en œuvre spontanément et volontairement, dès 2021, plusieurs dispositifs qui permettent, aujourd’hui encore, à des ressortissantes afghanes de rejoindre notre pays en toute sécurité pour y demander l’asile.
Ainsi, dès mai 2021, avant même la chute de Kaboul, la France a évacué 623 ressortissants afghans, agents de droit local et leurs familles. Dans le cadre de l’opération Apagan, lancée le 17 août 2021, notre pays a procédé à des évacuations de grande ampleur, en plus des demandes de réunification familiale qui ont fait l’objet d’une instruction accélérée, permettant l’accueil de près de 14 000 personnes à ce jour. Après la fermeture de notre ambassade en Afghanistan, les ressortissants afghans ont eu la possibilité de s’adresser aux représentations consulaires françaises dans tous les pays tiers, dont le Pakistan, pour solliciter un visa leur permettant de rejoindre la France afin d’y demander l’asile.
Quelque 2,8 millions de ressortissants afghans se trouvent actuellement au Pakistan selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Les autorités pakistanaises ont lancé un premier plan de rapatriement en novembre 2023 visant les ressortissants afghans en situation irrégulière. Notre ambassade sur place et le ministère de l’intérieur se sont immédiatement mobilisés et ont depuis fourni plus de 750 visas au titre de l’asile à des ressortissants afghans, dont 260 à des femmes. Depuis la chute de Kaboul, près d’un millier de ces visas ont été accordés à des femmes afghanes. Les services français continuent d’instruire au maximum de leurs capacités les demandes, très nombreuses.
Par ailleurs, la France a pris un engagement fort en décembre 2023 en lançant l’initiative « Avec elles ». Dans ce cadre, notre pays fait preuve d’une attention renforcée à l’égard des femmes afghanes. Ainsi, en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 300 femmes afghanes réfugiées et leurs enfants ont été réinstallés sur notre territoire en 2024 depuis la Turquie, et cet objectif est porté à 500 pour l’année 2025. En revanche, les conditions, notamment sécuritaires, au Pakistan ne permettent pas d’y déployer des agents pour réaliser des missions de réinstallation.
Vous pouvez donc constater, monsieur le sénateur, que le Gouvernement met tout en œuvre pour répondre aux besoins de protection des femmes afghanes, dans le respect de ses engagements internationaux.
décret d’application relatif à la bonification des trimestres des sapeurs-pompiers volontaires
M. le président. La parole est à M. Alain Marc, auteur de la question n° 387, adressée à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.
M. Alain Marc. Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur le décret d’application relatif à la bonification des trimestres des sapeurs-pompiers volontaires. Cette disposition, introduite au Sénat lors de l’examen de la loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023, vise à apporter une juste reconnaissance à l’engagement citoyen des sapeurs-pompiers volontaires.
En effet, l’article 24 de cette loi a créé un dispositif permettant aux sapeurs-pompiers volontaires, justifiant d’une durée minimale d’engagement, de valider des trimestres de retraite. Ils peuvent ainsi compléter leur carrière professionnelle, au titre de la reconnaissance de leur engagement au service des populations. Ainsi, les assurés ayant accompli au moins dix années de service, continues ou non, en qualité de sapeur-pompier volontaire ont droit à des trimestres supplémentaires pris en compte pour la détermination du taux de calcul de la pension, dans des conditions et des limites prévues par décret en Conseil d’État.
Or, à ce jour, les sapeurs-pompiers volontaires sont toujours dans l’attente de la publication du décret. Nous avons sans doute participé, les uns et les autres dans cet hémicycle, à de nombreuses Sainte-Barbe dans les centres de secours, au cours desquelles la question du décret est à chaque fois posée, à moi compris !
Aussi, madame la ministre, pouvez-vous nous indiquer la date de parution de ce décret, très attendu par ceux qui risquent leur vie chaque jour au service de nos concitoyens ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée auprès du ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Monsieur le sénateur Alain Marc, je vous prie d’excuser l’absence du ministre de l’intérieur, qui m’a chargée de vous répondre.
Tout d’abord, je tiens à rappeler l’attachement du Gouvernement au modèle français de sécurité civile, fondé, entre autres, sur la complémentarité des statuts qui le composent, à savoir les sapeurs-pompiers professionnels, les sapeurs-pompiers volontaires, les militaires et les bénévoles. Environ 200 000 sapeurs-pompiers volontaires s’engagent au quotidien pour porter secours à nos concitoyens.
Cet engagement est remis en question par la possible qualification en travailleur du sapeur-pompier volontaire. Or celui-ci ne fait pas de cette activité son métier : il est un citoyen engagé, ce qu’il faut reconnaître et valoriser. Au nom du Gouvernement, je veux rendre à ces volontaires un hommage appuyé, que je sais partagé par le Parlement, lequel a adopté cette mesure de reconnaissance.
Comme vous le précisez, la loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 tend à ce que les sapeurs-pompiers volontaires ayant accompli plus de dix ans de service bénéficient de trimestres de retraite supplémentaires, selon des modalités arrêtées par décret en Conseil d’État. Ce décret d’application n’a, pour l’heure, pas été pris. Ses premières rédactions ne s’inscrivaient pas de manière satisfaisante, en l’état, dans l’esprit de la loi.
Le ministère de l’intérieur a repris le dossier. Il est favorable à ce que l’attribution de trimestres soit progressive et que ceux-ci viennent s’ajouter à des années complètes de cotisations. La concertation sur ce sujet nécessite du temps : il ne faut pas aboutir de nouveau à une situation insatisfaisante pour nos sapeurs-pompiers. C’est notamment du fait de l’insatisfaction de ces derniers que nous sommes amenés à retravailler ce dossier.
Les travaux interministériels ont repris pour aboutir à une solution sérieuse, qui permettra de mettre en œuvre cette disposition en suivant l’esprit de la loi : elle visera à renforcer la fidélisation de nos sapeurs-pompiers volontaires et à reconnaître leur engagement.
Comme vous, le ministre de l’intérieur souhaite que ces travaux aboutissent le plus rapidement possible afin de reconnaître l’engagement de nos sapeurs-pompiers volontaires, indispensables à la Nation. Vous pouvez être assuré, monsieur le sénateur, de l’implication sur ce dossier du ministre et de ses services pour y parvenir dans les prochaines semaines.
M. le président. La parole est à M. Alain Marc, pour la réplique.
M. Alain Marc. Madame la ministre, notre modèle de sécurité ne serait pas ce qu’il est si nous n’avions pas de volontaires. Par exemple, l’Aveyron en compte 1 400 pour 120 professionnels. Avec des finances nationales cumulant 3 300 milliards d’euros de dette, nous ne pourrions jamais tenir avec des sapeurs-pompiers seulement professionnels. J’espère simplement que, lors des prochaines Sainte-Barbe, à la fin de l’année civile, nous pourrons apporter une bonne nouvelle à nos volontaires. Ces derniers s’engagent chaque jour, au prix de nombreux sacrifices, se forment, prennent sur le temps de leur vie de famille et sauvent beaucoup de gens.
responsabilité concernant les dommages causés par l’amiante