M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 9 quater.
L’amendement n° 861 rectifié, présenté par Mmes Gruny et Muller-Bronn, MM. Houpert, Genet et Belin, Mme Dumont, MM. Sautarel et Somon, Mme Di Folco, M. Karoutchi, Mme Ventalon, M. Mandelli, Mmes Aeschlimann, Dumas et Berthet, M. Khalifé, Mme Petrus, MM. Panunzi, Bouchet et Chatillon, Mme Lassarade, M. Daubresse, Mme Jacques, M. J.P. Vogel, Mmes Demas, Puissat et Micouleau et MM. Burgoa, Lefèvre, Sido, Milon, Bruyen et Brisson, est ainsi libellé :
Après l’article 9 quater
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Après le premier alinéa de l’article L. 244-9 du code de la sécurité sociale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La contrainte précise également que le cotisant a la faculté de se faire assister d’un conseil de son choix. »
La parole est à Mme Pascale Gruny.
Mme Pascale Gruny. Lors d’une action pour le recouvrement des cotisations et des majorations de retard, les conséquences de la délivrance d’une contrainte sont redoutables.
En effet, faute d’opposition motivée dans les quinze jours suivant l’envoi du document, ladite contrainte est définitive. Il n’est donc pas superflu d’informer les personnes concernées qu’elles peuvent se faire assister.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Ma chère collègue, la commission émet un avis favorable sur cet amendement. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.)
Les justiciables appréhendent parfois difficilement les procédures de recouvrement. Lorsque ceux-ci ne s’acquittent pas d’eux-mêmes des appels de cotisation, les organismes de recouvrement peuvent délivrer à leur encontre des contraintes, c’est-à-dire des titres exécutoires, qui permettent de saisir les sommes indues sur leurs comptes bancaires.
Les personnes concernées ont seulement quinze jours pour faire opposition à une contrainte. Il me semble donc important de mentionner sur ce document qu’elles ont la faculté de se faire assister ou représenter par un avocat.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre. Je ne partage pas l’analyse de Mme la rapporteure générale, car l’amendement est satisfait par la voie réglementaire : en amont de la procédure, il est écrit sur tous les documents en question que la personne concernée peut se faire assister par un conseil.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.
Mme Nathalie Goulet. Adopter cet amendement serait cohérent avec l’adoption de l’amendement n° 860 rectifié.
Que la possibilité de se faire assister par un conseil figure dans les documents réglementaires ne dispense pas de faire figurer cette précision dans la loi. C’est une double sécurité, et je voterai sans difficulté cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote. (Marques d’impatience sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Raymonde Poncet Monge. De toute façon, mes chers collègues, nous travaillerons samedi, ce sera notre jour supplémentaire ! (Sourires.)
Je comprends mieux l’objectif de cet amendement que celui de l’amendement n° 860 rectifié. Préciser que toute personne dans cette situation a le droit à un conseil a du sens. En tout état de cause, il faut indiquer dans la loi que tout le monde a le droit à un accompagnement.
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 9 quater.
L’amendement n° 862 rectifié, présenté par Mmes Gruny et Muller-Bronn, MM. Houpert, Genet et Belin, Mme Dumont, MM. Sautarel et Somon, Mme Di Folco, M. Karoutchi, Mme Ventalon, M. Mandelli, Mmes Aeschlimann, Dumas et Berthet, M. Khalifé, Mme Petrus, MM. Panunzi, Bouchet et Chatillon, Mme Lassarade, M. Daubresse, Mme Jacques, M. J.P. Vogel, Mmes Demas, Puissat et Micouleau et MM. Burgoa, Lefèvre, Sido, Milon, Sol et Brisson, est ainsi libellé :
Après l’article 9 quater
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
L’article L. 8271-8 du code du travail est complété par les mots : « ainsi qu’à la personne concernée ».
La parole est à Mme Pascale Gruny.
Mme Pascale Gruny. Cet amendement vise à garantir le respect de la procédure contradictoire, en vertu du principe de transparence.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. L’amendement vise à assurer le respect du principe du contradictoire. Or un temps non contradictoire est nécessaire pour les enquêtes pénales, car c’est souvent à ce moment que les preuves nécessaires à la caractérisation des infractions sont recueillies.
La procédure pénale, très équilibrée, prévoit le respect du principe du contradictoire dans un second temps, lorsque la personne mise en cause est placée en garde à vue, mise en examen par un juge d’instruction ou convoquée devant un tribunal correctionnel.
La commission émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. le président. L’amendement n° 1322 rectifié bis, présenté par Mme de Marco, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Après l’article 9 quater
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
L’article L. 382-9 du code de sécurité sociale est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Aux fins de recouvrement de ces cotisations sociales, l’organisme mentionné à l’article L. 213-1 peut engager une action récursoire contre une des personnes mentionnées à l’article L. 382-4. »
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. Cet amendement de Monique de Marco vise à permettre à l’Urssaf Limousin, chargée du recouvrement des cotisations sociales des artistes auteurs, d’engager une action récursoire contre un diffuseur débiteur d’un artiste auteur en situation d’impayé social.
De nombreux artistes auteurs éprouvent des difficultés à obtenir le versement rapide de leurs droits par leurs diffuseurs. Cet amendement tend donc à permettre à l’Urssaf d’agir à leurs côtés dans ce but.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. L’amendement vise à permettre à l’Urssaf de se substituer aux employeurs défaillants, afin que les artistes auteurs ayant travaillé soient à jour de leurs cotisations et puissent bénéficier des prestations en espèces des assurances maladie et maternité.
Le dispositif prévoit que l’Urssaf recouvre auprès de l’employeur les sommes avancées en engageant une action récursoire. Or l’Urssaf ne peut aujourd’hui se substituer aux employeurs pour avancer les cotisations et ouvrir des droits aux cotisants : aucune action récursoire ne peut donc être ouverte.
Pour cette raison, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 1322 rectifié bis.
(L’amendement n’est pas adopté.)
M. le président. L’amendement n° 1035 rectifié, présenté par MM. Tissot et Lozach, Mmes Bélim, Blatrix Contat et Bonnefoy, MM. Cardon, Chaillou et Devinaz, Mmes Narassiguin et Poumirol et MM. Redon-Sarrazy, Ros, Pla et Uzenat, est ainsi libellé :
Après l’article 9 quater
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Après le 4° du II bis de l’article L. 862-4 du code de la sécurité sociale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
…° À 10,27 % pour les garanties prévoyant le remboursement des thérapeutiques non médicamenteuses, validées par la Haute Autorité de santé, non prises en charge par le régime obligatoire d’assurance maladie français, sous réserve que l’organisme ne recueille pas, au titre de ce contrat, d’informations médicales auprès de l’assuré ou des personnes souhaitant bénéficier de cette couverture et que les cotisations ou primes ne soient pas fixées en fonction de l’état de santé de l’assuré, et à 20,27 % si ces conditions ne sont pas respectées ».
II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.
La parole est à M. Simon Uzenat.
M. Simon Uzenat. Cet amendement de Jean-Claude Tissot vise à appliquer aux cotisations d’assurance maladie un taux réduit de taxe de solidarité additionnelle (TSA), que nous proposons de fixer à 10,27 % pour les garanties des complémentaires santé prenant en charge l’activité physique et des séances de diététique.
Nous reprenons l’une des propositions du rapport d’information sur l’évaluation des politiques de prévention en santé publique de l’ancien député Régis Juanico, selon qui la sédentarité constitue une « bombe à retardement sanitaire ».
Alors que Santé publique France estime que 50 000 morts évitables sont liées chaque année aux conséquences de la sédentarité, notre amendement tend à mieux inciter à l’activité physique et à la diététique.
L’activité physique adaptée prescrite par un médecin et le recours à un diététicien présentent d’incontestables bienfaits pour la santé, y compris mentale, ainsi que le reconnaît la Haute Autorité de santé.
Quelques semaines après la tenue des jeux Olympiques et Paralympiques en France, alors que la pratique physique et sportive a été érigée en grande cause nationale pour 2024, notre amendement a pour objet de traduire cette ambition dans les actes.
Nous mettons également l’accent sur la diététique, autre enjeu principal des politiques de santé publique, qui constitue un élément essentiel de la prévention.
Il s’agit d’inciter à améliorer le suivi diététique auprès de professionnels afin d’apprendre à manger plus sainement. Là encore, l’enjeu concerne toutes les catégories de population.
Nous en sommes convaincus, la promotion de comportements favorables à la santé concerne chaque citoyen partout sur le territoire.
En mettant en lumière l’activité physique et la diététique, nous voulons lutter contre la sédentarité, qui est l’un des grands maux du XXIe siècle.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. On ne peut que partager la cause défendue par les auteurs de cet amendement, à savoir la promotion de l’activité physique et d’une alimentation saine.
Cependant, vous proposez de créer une dérogation supplémentaire au taux de la taxe de solidarité additionnelle. Compte tenu de la situation très difficile des comptes de la sécurité sociale, il faudrait prendre en compte les conséquences financières de cet amendement, mais je ne suis pas parvenue à obtenir un chiffrage exact de votre proposition.
Il faut un plan d’ensemble de prévention de la part du Gouvernement. Madame la ministre, je regrette que, depuis votre nomination, le mot « prévention » ait disparu de l’intitulé de votre ministère.
La commission émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre. Il est vrai que le terme « prévention » ne figure plus dans l’intitulé de mon ministère, mais je parle tous les jours de ce sujet.
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. C’est vrai !
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre. La structuration de notre système de santé doit d’abord passer par la prévention. Nous pourrons en effet nous interroger sur le rôle des complémentaires dans ce domaine – je pense qu’il sera important.
Néanmoins, la proposition des auteurs de cet amendement permet divers contournements. Tous les contrats d’assurance maladie complémentaire pourraient être révisés pour prévoir la prise en charge des thérapies que vous mentionnez. Le coût pour la sécurité sociale serait alors extrêmement important.
En outre, les thérapies en question font l’objet d’expérimentations, notamment dans le cadre de l’article 51 de la loi de finances de 2018.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houerou, pour explication de vote.
Mme Annie Le Houerou. Madame la rapporteure générale, nous partageons la même préoccupation. L’adoption de cet amendement entraînerait effectivement une baisse des recettes, mais elle induirait également une réduction des dépenses de santé, l’activité physique et sportive ainsi que la diététique ayant des conséquences très positives sur la santé.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Je ne voterai pas en faveur de cet amendement.
Souvent, on reproche aux organismes complémentaires de santé leurs frais de gestion bien supérieurs à ceux de la sécurité sociale. Même si je défends l’idée d’une « grande sécu », il faut être juste et ne pas faire de mauvais procès aux complémentaires. Il faut prendre en compte les taxes dont elles doivent s’acquitter, qui ont particulièrement augmenté ces dernières années.
L’objet de cet amendement, à la différence du suivant, ne concerne pas les personnes ne bénéficiant pas d’une complémentaire santé prise en charge par leur employeur.
Je le rappelle, les forfaits sociaux et la taxe de solidarité additionnelle due par les mutuelles ont été pensés pour compenser le fait que des sommes versées par les employeurs, notamment les compléments de salaire, ne sont pas soumises à cotisation à la sécurité sociale.
Proposer une dérogation supplémentaire à cette taxe reviendrait à aggraver le coût net de ces dispositifs pour la sécurité sociale, alors que les taxes ne compensent déjà pas les montants des exonérations de cotisation.
Enfin, puisque la grande sécu que j’appelle de mes vœux n’existe pas, les mutuelles doivent jouer un rôle dans la prévention. Il serait sain qu’elles ne servent pas de solution de repli vis-à-vis de la sécurité sociale. Madame la ministre, vous semblez avoir cette préoccupation, mais il serait bon de traduire dans les faits cette orientation, moins dirigée vers les soins.
M. le président. La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.
M. Bernard Jomier. Il est intéressant de remarquer qu’à chaque fois que l’État transfère des dépenses de santé vers les mutuelles, il les soumet à une taxe de presque 14 %.
Mme Raymonde Poncet Monge. C’est ce que je viens de dire !
M. Bernard Jomier. Cela coûte donc plus cher à la collectivité.
Mme Raymonde Poncet Monge. C’est sûr !
M. Bernard Jomier. Ce n’est donc pas une bonne stratégie.
Discuter de cet amendement nous permet en réalité de nous interroger sur le rôle des mutuelles.
Depuis l’abandon de la proposition de grande sécu en 2022, le débat n’avance plus. On propose encore une fois de le renvoyer à un plan plus vaste. Mais quand le Gouvernement mettra-t-il sur la table le dossier des complémentaires santé ?
Ce secteur est composé de deux branches, les mutuelles et la bancassurance, dont les clients ou les cotisants sont très différents : en général, les mutuelles assurent des gens plutôt âgés et atteints de pathologies chroniques, alors que les banques ne proposent souvent des contrats d’assurance qu’à des personnes jeunes et en bonne santé. Les portefeuilles devenant complètement différents, une inéquité se creuse.
Pour résoudre ce problème, des solutions sont pourtant possibles, qu’elles concernent les cotisations, le risque ou la création d’un fonds de péréquation, sur le modèle de ce qui existe dans certains pays nordiques.
J’en conviens, madame la rapporteure générale, nous ne réglerons pas tout cela au travers de l’amendement défendu par Simon Uzenat, mais il faut avancer sur ce sujet.
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L’amendement n° 566 rectifié bis est présenté par Mmes Le Houerou et Poumirol, MM. Montaugé et Uzenat, Mmes Bélim et Blatrix Contat, MM. Tissot, M. Weber, Pla, Devinaz et Ros, Mmes Conway-Mouret, S. Robert et Bonnefoy, MM. Redon-Sarrazy, Fagnen, Cozic et Michau, Mmes Monier et Carlotti et MM. Ziane, Bourgi, Chaillou et Mérillou.
L’amendement n° 869 rectifié est présenté par MM. J.M. Arnaud, Delcros et Canévet, Mmes O. Richard et Billon, MM. Levi, Folliot et Bleunven et Mmes Saint-Pé et Antoine.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Après l’article 9 quater
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Le II bis de l’article L. 862-4 du code de la sécurité sociale est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« …° À 7,04 % pour les garanties de protection en matière de frais de santé des contrats d’assurance maladie complémentaire souscrites par une personne physique ne bénéficiant pas d’une participation au financement par l’employeur ou dont les primes sont mentionnées aux articles 154 bis et 154 bis – 0 A du code général des impôts. »
II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.
La parole est à Mme Annie Le Houerou, pour présenter l’amendement n° 566 rectifié bis.
Mme Annie Le Houerou. Cet amendement vise à abaisser le taux de la taxe de solidarité additionnelle applicable aux contrats de complémentaire santé ne bénéficiant pas d’avantages fiscaux ou d’une prise en charge par l’employeur.
Outre leurs cotisations sociales, les Français dépensent chaque année plus de 30 milliards d’euros en assurance santé, la moitié de cette somme – 32,8 milliards d’euros en 2023 – étant destinée aux mutuelles. Ainsi, en 2023, le coût moyen d’une mutuelle était de 88 euros par mois par personne.
Vos propositions, comme le report sur les mutuelles de la hausse du ticket modérateur, ne feront qu’augmenter ces tarifs.
Seuls deux tiers des actifs ont contracté une complémentaire santé par le biais de leur employeur. Que faire des autres ? Comment permettre l’accession à une complémentaire santé pour les 4 % de Français n’en disposant pas ?
La plupart d’entre eux ont dû y renoncer pour des raisons financières. Ces personnes, qui vivent dans une certaine précarité, sont souvent jeunes, à la recherche d’un emploi, et estiment être en mauvaise santé. Rappelons que 12 % des plus démunis, par exemple les bénéficiaires de petites retraites, n’ont pas de mutuelle.
Par cet amendement, nous voulons amortir au maximum les conséquences de l’augmentation du ticket modérateur et de la baisse du remboursement des médicaments pour les personnes les plus fragiles. Le report de cette hausse de 5 % des prix sur leur mutuelle n’est pas envisageable pour nombre de malades, qui risquent alors de devoir renoncer à des soins.
M. le président. La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l’amendement n° 869 rectifié.
M. Michel Canévet. Il est défendu, monsieur le président.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Ces amendements, qui avaient déjà été présentés lors du dernier PLSS, avaient été rejetés ; comme l’année dernière, la commission émet à leur endroit un avis défavorable.
Je salue le travail de Xavier Iacovelli et Marie-Claire Carrère-Gée, dont le rapport d’information Complémentaires, santé, mutuelles : l’impact sur le pouvoir d’achat des Français expose les forces et les faiblesses de notre système.
Le coût de l’adoption de ces amendements est estimé à 500 millions d’euros. Compte tenu du contexte budgétaire, cela rend les choses pour le moins difficiles. De plus, cette dépense serait en partie inefficace : les publics les plus fragiles, notamment les retraités précaires et les inactifs, peuvent déjà accéder à la complémentaire santé solidaire sous condition de ressource. Ils n’ont donc pas besoin d’un taux réduit de TSA pour bénéficier d’une complémentaire santé abordable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre. Mme la rapporteure générale a bien exposé le sujet ; comme la commission, le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.
M. Michel Canévet. Je retire l’amendement, monsieur le président !
M. le président. L’amendement n° 869 rectifié est retiré.
Je mets aux voix l’amendement n° 566 rectifié bis.
(L’amendement n’est pas adopté.)
TITRE II
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ÉQUILIBRE FINANCIER DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Article 10
Est approuvé le montant de 6,45 milliards d’euros correspondant à la compensation des exonérations, réductions ou abattements d’assiette de cotisations ou contributions de sécurité sociale, mentionné à l’annexe 4 jointe au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025.
M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, sur l’article.
Mme Cathy Apourceau-Poly. L’article 10 fixe le montant, versé par l’État, de la compensation des multiples exonérations de cotisations ou contributions de sécurité sociale.
En 2025, le Gouvernement prévoit de verser ainsi 6,45 milliards d’euros à la sécurité sociale pour compenser les exonérations. En 2024, il avait versé à ce titre 7,1 milliards.
Nous dénonçons le détournement de la loi du 25 juillet 1994 relative à la sécurité sociale, dite loi Veil, qui prévoyait que les exonérations de cotisations sociales soient intégralement compensées par l’État.
En 2021, le montant des exonérations non compensées par l’État était de 2,3 milliards d’euros. En 2023, ce montant était de 2,7 milliards.
Mes chers collègues de la majorité sénatoriale, vous avez voté hier soir en faveur de la création d’une deuxième journée de solidarité pour les travailleurs, afin de récupérer 2,4 milliards d’euros pour la branche autonomie. Si vous en étiez d’accord, nous pourrions revenir sur cette mesure en demandant au Gouvernement de payer sa dette à l’égard de la sécurité sociale et de compenser réellement les exonérations de cotisations sociales.
Nous voterons contre l’article 10, pour dénoncer l’insuffisante compensation de ces exonérations.
M. le président. L’amendement n° 654, présenté par Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Bourgi et Ros, Mmes Linkenheld et Narassiguin, MM. Ziane et Lurel, Mme Bélim, M. Féraud, Mme Harribey, M. Gillé, Mme Brossel, MM. Fagnen et Chantrel, Mme Conway-Mouret, MM. Darras, Michau, Mérillou et Montaugé, Mme Bonnefoy, M. Roiron, Mme Blatrix Contat, MM. Jeansannetas, Vayssouze-Faure et M. Weber, Mme Monier, MM. P. Joly, Marie, Tissot, Durain et Chaillou, Mme Artigalas, MM. Redon-Sarrazy, Ouizille, Pla et Uzenat, Mme G. Jourda et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Supprimer cet article.
La parole est à Mme Annie Le Houerou.
Mme Annie Le Houerou. Cet amendement des sénateurs du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain vise à supprimer l’article 10. Celui-ci prévoit une compensation partielle du coût des exonérations, réductions ou abattements d’assiette de cotisations ou contributions de sécurité sociale.
Cette compensation n’est que partielle : 2,5 milliards d’euros d’exonérations ne sont pas compensés par l’État, dont 2,2 milliards d’euros sont liés aux seules heures supplémentaires.
L’État devrait pourtant respecter la loi Veil, qui prévoit la compensation intégrale, à l’euro près, de « toute mesure d’exonération, totale ou partielle, de cotisations de sécurité sociale ».
Il convient donc de rembourser intégralement la sécurité sociale du coût de toutes les exonérations et d’abroger les plus inefficaces d’entre elles, afin de redonner à la sécurité sociale les marges de manœuvre financières dont elle a besoin.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Mes chers collègues, supprimer l’article 10 reviendrait à supprimer une disposition obligatoire prévue par la loi organique relative aux lois de financement de la sécurité sociale. L’adoption de cet amendement ferait donc courir le risque d’une censure du projet de loi dans son ensemble.
En outre, le montant de la compensation correspond à des crédits budgétaires, d’où le chiffre relativement faible de 6,45 milliards d’euros.
Comme vous le savez, la compensation des niches sociales est très largement réalisée par le transfert de recettes fiscales, en particulier par l’affectation d’une part du produit de la TVA à l’assurance maladie.
Enfin, ce montant est purement prévisionnel.
La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Comme j’ai eu l’occasion de le préciser à plusieurs reprises, les heures complémentaires et supplémentaires représentent 90 % des exonérations non compensées.
La fiscalité indirecte a permis le contournement de l’obligation de compensation à l’euro près figurant dans la loi Veil, que vos groupes avaient alors tous soutenue et votée. La TVA, variable selon l’activité économique, déconnecte les exonérations de leur dédommagement.
J’ai déposé un amendement, dont je ne sais plus s’il a été jugé recevable, pour en revenir à la lettre de cette loi, dont nous rappelons chaque année le principe. Le dédommagement à l’euro près n’a plus cours depuis la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 : l’inadmissible exonération des heures supplémentaires a été rétablie à cette date en assumant de facto leur non-compensation, ce qui marque une différence avec la présidence de M. Sarkozy, pourtant connu pour ses allégements et ses cadeaux fiscaux. C’est vraiment honteux !
La non-compensation coûte chaque année 2,4 milliards d’euros, soit les recettes des sept heures de travail annuelles non rémunérées, véritable taxe sur les salariés et sur le travail. Compensez le cadeau que représente l’exonération des heures supplémentaires – de toute manière, je souhaite la suppression de ce dispositif – et vous n’aurez plus besoin de prendre ces sept heures aux salariés !