compte rendu intégral
PRÉSIDENCE DE M. Bernard Angels
vice-président
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PROCÈS-VERBAL
M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
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énergie
Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence
M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 328, 2003-2004), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, d'orientation sur l'énergie. [Rapport n° 330 (2003, 2004).]
Article 1er et annexe (priorité) (suite)
annexe
M. le président. Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus, au sein de l'annexe à l'article 1er, à l'examen du sous-amendement n° 261, qui porte sur le B du paragraphe II de l'amendement n° 4.
Pour la clarté du débat, je rappelle les termes de l'amendement n° 4, présenté par M. Revol, au nom de la commission, et ainsi libellé :
Rétablir l'annexe dans la rédaction suivante :
Préambule
L'énergie, bien de première nécessité, facteur déterminant de compétitivité économique et élément majeur de notre indépendance nationale, nécessite la définition d'une politique énergétique ambitieuse et adaptée aux grands enjeux économiques et sociaux.
L'énergie est aussi une préoccupation quotidienne des Français qui utilisent directement l'énergie pour se chauffer, s'éclairer et se déplacer mais aussi à travers la consommation de biens et de services. La politique de l'énergie se trouve ainsi indissociablement liée au fonctionnement même de la société.
L'énergie est par ailleurs un secteur économique majeur qui constitue, de surcroît, un facteur déterminant de la compétitivité globale de notre économie et de nombreux secteurs industriels et donc de la pérennisation de nombreux emplois.
L'énergie est également une composante essentielle de l'aménagement du territoire national. Le développement des infrastructures de transport et de distribution d'électricité et de gaz, comme celui des équipements de distribution et de stockage de pétrole et de fioul, sont des éléments importants pour assurer un développement équilibré des territoires.
Bien que définie au niveau national, la politique énergétique s'inscrit dans un contexte européen et mondial. D'une part, la hausse prévisible des échanges énergétiques intra-communautaires et l'interdépendance des politiques énergétiques des différents pays européens, appelée à croître au fur et à mesure de l'ouverture progressive des différents marchés nationaux de l'électricité et du gaz, impliquent la détermination d'une politique énergétique ambitieuse à l'échelle européenne. D'autre part, l'inégale répartition géographique des ressources et des consommations d'énergie nécessite de porter ces réflexions dans les organisations internationales.
La prise en compte de l'échelon supranational est également indispensable en raison de la dépendance structurelle de la France et de l'Europe sur le plan énergétique. Cette dépendance, qui se traduit pour la France par un solde importateur fortement déficitaire, est appelée à s'aggraver, notamment à l'égard de la Russie et des pays du Moyen-Orient qui détiennent une part importante des réserves mondiales de gaz et de pétrole.
La consommation d'énergie est, par ailleurs, inégalement répartie sur la planète, ce qui impose une réflexion et une action des pays développés pour permettre aux pays en voie de développement un meilleur accès à l'énergie.
Les réflexions en matière de politique énergétique doivent s'inscrire dans une perspective de long terme, compte tenu de l'importance capitalistique des investissements dans le secteur de l'énergie et de l'inertie des comportements de consommation énergétique.
De ce point de vue, la maîtrise de la demande énergétique est devenue une nécessité en raison du caractère limité des ressources énergétiques fossiles et de l'accroissement de la consommation de produits fossiles dans les pays en voie de développement.
Enfin, la définition de la politique énergétique doit désormais prendre impérativement en considération les préoccupations environnementales car les consommations d'énergie fossile sont à l'origine de la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, en conséquence, du changement climatique. Les pays développés doivent ainsi s'impliquer fortement dans des actions de réduction de ces émissions et porter ces enjeux au niveau international, compte tenu de l'influence déterminante des choix énergétiques des grands pays en développement.
La diversité des problématiques et la nécessité de concevoir une action de long terme justifient que l'Etat définisse et mette en oeuvre une politique énergétique permettant de préserver les intérêts fondamentaux de la Nation et conduisant à encadrer le fonctionnement des marchés de l'énergie.
Cette politique a pour objet de donner la priorité à la maîtrise des consommations d'énergie, à la diminution du contenu en CO2 de ces consommations, à la diversification du bouquet énergétique, au maintien d'un haut niveau d'indépendance énergétique et, enfin, à la recherche scientifique et technologique dans le domaine des nouvelles énergies.
I. - Les quatre objectifs majeurs de la politique énergétique française
- Le premier objectif de la politique énergétique est de contribuer à l'indépendance énergétique nationale et de garantir la sécurité d'approvisionnement.
La France amplifie ainsi l'effort d'économie d'énergie et développe le recours aux énergies renouvelables, en particulier lorsque ces actions permettent de limiter la dépendance vis-à-vis de combustibles fossiles importés. Elle conforte également son potentiel de production d'électricité d'origine hydraulique et nucléaire tout en veillant à maintenir un parc de production apte à faire face aux pointes de consommation.
Dans les secteurs où l'usage des ressources fossiles est prépondérant, l'Etat veille, en outre, à promouvoir la variété et la pérennité des sources d'approvisionnement employées pour une même énergie, notamment grâce au recours à des contrats de long terme, le développement des capacités de stockage disponibles, le maintien du réseau de stockages de proximité détenus par les distributeurs de combustibles et de carburants et la mixité des installations chez le consommateur final. L'Etat veille enfin à clarifier et à renforcer les compétences des collectivités territoriales pour le développement des énergies renouvelables.
- Le deuxième objectif de la politique énergétique de la France est de mieux préserver l'environnement et de renforcer la lutte contre l'aggravation de l'effet de serre.
L'Etat favorise la réduction de l'impact environnemental de la consommation énergétique et limite, à l'occasion de la production ou de la consommation de l'énergie, les pollutions sur les milieux liées à l'extraction et à l'utilisation des combustibles ainsi que les rejets liquides ou gazeux, en particulier les émissions de gaz à effet de serre, de poussières ou d'aérosols.
Son action vise à limiter :
- le bruit lié à la combustion d'énergies fossiles, notamment dans les transports ;
- les perturbations engendrées par les ouvrages hydroélectriques sur les rivières ;
- l'impact paysager des éoliennes et des lignes électriques ;
- les conséquences des rejets radioactifs et de l'accumulation des déchets radioactifs.
Dans le domaine du transport ou du stockage de l'énergie, cette action tend à prévenir les conséquences sur les milieux marins ou terrestres et sur les eaux souterraines ou de surface des accidents de transport de combustibles fossiles.
L'Etat veille ainsi :
- au durcissement progressif des normes s'appliquant aux rejets de polluants et aux conditions de transport de combustibles fossiles ;
- à la recherche permanente d'un large consensus prenant en compte la nécessaire conciliation entre le respect des intérêts locaux et les impératifs liés à l'intérêt général.
La lutte contre le changement climatique est une priorité de la politique énergétique. Cette lutte devant être conduite par l'ensemble des Etats, la France soutient la définition au niveau mondial d'un objectif de division par deux des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, ce qui nécessite, compte tenu des différences de consommation entre pays, une division par quatre ou cinq pour les pays développés. La politique de lutte contre l'effet de serre conduit la France à intensifier ses rapports avec les pays en voie de développement, compte tenu de leur poids à venir dans la demande d'énergie et dans les émissions de CO2, afin de les sensibiliser à ces problématiques. Elle veille à favoriser les transferts de technologies afin de faire bénéficier ces pays des modes de production énergétique peu émetteurs de gaz à effet de serre.
Afin d'atteindre cet objectif, qui représente une diminution de 3% par an de nos émissions, l'Etat entend :
- promouvoir les économies d'énergie ;
- adapter la fiscalité aux enjeux environnementaux ;
- favoriser la substitution des énergies fossiles par des énergies ne produisant pas de gaz à effet de serre comme le nucléaire et les énergies renouvelables, en particulier thermiques et électriques ;
- dans le cas où les énergies fossiles doivent être employées, réorienter le bouquet énergétique vers celles qui produisent le moins de gaz à effet de serre ;
- accroître l'effort de recherche consacré aux nouvelles technologies de l'énergie.
A cet effet, l'Etat décline l'ensemble de ces actions dans un « plan climat ». Ces actions sont accompagnées d'efforts comparables dans les secteurs non énergétiques qui émettent également des gaz à effet de serre.
- Le troisième objectif est de garantir un prix compétitif de l'énergie.
Afin de préserver le pouvoir d'achat des ménages et la compétitivité des entreprises, la politique énergétique s'attache à préserver l'avantage que constitue pour la France le fait de bénéficier, grâce à ses choix technologiques notamment en faveur de l'électricité nucléaire, d'une des électricités les moins chères d'Europe.
Cette politique veille à préserver la compétitivité des industries pour lesquelles la facture énergétique est élevée par rapport à la valeur ajoutée, dont la rentabilité est très dépendante du coût de l'électricité et qui sont soumises à une forte concurrence internationale. Le choix du bouquet énergétique, les modalités de financement des missions du service public de l'électricité et les politiques de maîtrise de l'énergie, ainsi que les mécanismes de régulation concourent à cet objectif.
Dans la mesure où la constitution d'un marché intégré européen de l'énergie devrait, à terme, limiter les différences de prix intra-communautaires, il importe que les pays européens oeuvrent en faveur d'une meilleure coordination de leurs politiques énergétiques au regard de cet objectif de compétitivité.
En matière de gaz, la France doit poursuivre la politique de sécurisation et de diversification de ses sources d'approvisionnement qui a permis de faire bénéficier à l'industrie française, comme aux ménages après prise en compte des taxes, d'un prix du gaz légèrement inférieur à la moyenne européenne.
Le quatrième objectif de la politique énergétique est de garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant l'accès de tous les Français à l'énergie.
Le droit d'accès à l'électricité reconnu par la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité, dans des conditions indépendantes du lieu de consommation, est un élément constitutif de la solidarité nationale et doit être garanti.
L'électricité étant un bien de première nécessité, l'Etat en garantit l'accès aux personnes les plus démunies en assurant l'existence d'un tarif social. Par ailleurs, la loi relative aux responsabilités locales comporte des dispositions qui garantissent l'accès des ménages en grande difficulté à une source d'énergie.
II. - Quatre axes sont proposés pour atteindre cet objectif
A. - Maîtriser la demande d'énergie
Le premier axe de la politique énergétique est de maîtriser la demande d'énergie afin de porter le rythme annuel de baisse de l'intensité énergétique finale à 2 % dès 2015 et à 2,5 % d'ici 2030.
L'Etat mobilise l'ensemble des politiques publiques :
- la réglementation, française et communautaire, relative à l'efficacité énergétique, qui évolue dans l'ensemble des secteurs concernés au plus près des capacités technologiques et veille à éviter les gaspillages énergétiques ;
- la réglementation relative aux déchets est renforcée afin, d'une part, de fixer aux industriels et aux distributeurs des objectifs plus élevés de réduction des volumes des tonnages et de la toxicité des emballages et des produits de consommation finale et, d'autre part, de favoriser le développement des filières de recyclage et de tri sélectif ;
- la fiscalité sur la consommation d'énergie et sur les équipements énergétiques est progressivement ajustée afin de favoriser des économies d'énergie et une meilleure protection de l'environnement ;
- la sensibilisation du public et l'éducation des Français sont encouragées par la mise en oeuvre de campagnes d'information pérennes et l'inclusion des problématiques énergétiques et de celles relatives aux déchets dans les programmes scolaires ;
- l'information des consommateurs est renforcée ;
- les engagements volontaires des professions les plus concernées et le recours aux instruments de marché sont favorisés.
En outre, l'Etat, les établissements publics et les exploitants publics mettent en oeuvre des plans d'action exemplaires tant dans la gestion de leurs parcs immobiliers que dans leurs politiques d'achat de véhicules.
Cette politique de maîtrise de l'énergie doit être adaptée aux spécificités de chaque secteur.
Le premier secteur concerné est celui de l'habitat et des locaux à usage professionnel.
Pour les bâtiments neufs, l'Etat abaisse régulièrement les seuils minimaux de performance énergétique globale, avec un objectif d'amélioration de 40 % d'ici 2020. Par ailleurs, il favorise la construction d'une part significative de logements « à énergie positive ». Ainsi, la réglementation thermique de 2005 constitue une première étape significative avec une amélioration de 15 % de la performance énergétique globale par rapport à la réglementation de 2000.
L'Etat fait porter la priorité sur l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments anciens, pour lesquels le niveau d'exigence doit évoluer conjointement à la réglementation thermique pour le neuf et doit être, initialement, aussi proche que possible en termes d'exigence globale, de la réglementation applicable au neuf en 2000.
Par ailleurs, l'Etat amplifie les actions de rénovation du parc locatif aidé, qui permettent une réduction des factures d'énergie des ménages modestes. Les propriétaires bailleurs sont incités à engager des travaux d'économie d'énergie grâce à un partage équitable des économies engendrées avec les locataires.
Enfin, en ce qui concerne le parc public, les partenariats entre le secteur public et le secteur privé sont utilisés pour promouvoir des actions d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables par l'Etat et les collectivités territoriales.
Le deuxième secteur concerné est celui des transports.
Le secteur des transports constituant la principale source de pollution de l'air et d'émissions de gaz à effet de serre, l'Etat veille à réduire, autant que possible, toutes les émissions polluantes des véhicules et à favoriser une organisation urbaine limitant les déplacements. A cette fin, l'Etat encourage :
- dans un cadre européen et sur la base d'accords avec les industriels concernés, une réduction des émissions individuelles moyennes de dioxyde de carbone des automobiles neuves à 120 grammes de dioxyde de carbone émis par kilomètre parcouru à l'horizon 2012 ainsi que la définition d'un objectif de réduction des émissions pour les véhicules utilitaires légers, les poids lourds et les véhicules à deux roues. L'Etat soutient également l'adoption d'un règlement communautaire permettant de minimiser les consommations liées à l'usage de la climatisation et des autres équipements auxiliaires des véhicules, encourage le développement des véhicules propres et promeut, dans un cadre international, la réduction des émissions de gaz à effet de serre des avions ;
- l'achat de véhicules moins consommateurs d'énergie est encouragé, notamment par une meilleure information des consommateurs et le maintien des crédits d'impôt pour l'achat des véhicules propres (électriques ou fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié ou au gaz naturel véhicules) ;
- la poursuite du soutien au développement des véhicules fonctionnant au gaz naturel véhicules ;
- le développement des limiteurs volontaires de vitesse sur les automobiles et les véhicules utilitaires légers neufs. Il vise, pour son propre parc, à acquérir de manière systématique, des véhicules munis de ce dispositif ;
- les collectivités territoriales compétentes à définir des politiques d'urbanisme permettant d'éviter un étalement urbain non maîtrisé et facilitant le recours aux transports en commun ;
- les entreprises à améliorer le rendement énergétique de leur chaîne logistique, notamment en matière de transport de marchandises, et à optimiser les déplacements professionnels ou les déplacements de leurs employés entre leur domicile et leur lieu de travail.
Le troisième secteur concerné est celui de l'industrie.
Dans ce secteur, les efforts déjà entrepris doivent être poursuivis pour améliorer l'efficacité énergétique des processus de production, mais aussi pour favoriser la substitution de ces derniers par des procédés non émetteurs de dioxyde de carbone, notamment par la mise en place progressive d'un système d'échange de quotas d'émission dans l'Union européenne.
B. - Diversifier les sources d'approvisionnement énergétiques
Le deuxième axe de la politique énergétique tend à diversifier le bouquet énergétique de la France.
Cette diversification concerne, en premier lieu, l'électricité, pour laquelle l'Etat se fixe trois priorités.
La France entend d'abord conserver une part significative de la production d'origine nucléaire dans la production électrique française, qui concourt à la sécurité d'approvisionnement, à la compétitivité, à la lutte contre l'effet de serre et au rayonnement d'une filière industrielle d'excellence.
Elle entend ainsi maintenir l'option nucléaire ouverte à l'horizon 2020.
Dans la mesure où les premières mises à l'arrêt définitif des centrales nucléaires actuelles pourraient se produire vers 2020 et compte tenu des délais de construction d'une nouvelle centrale nucléaire, la France devra être, vers 2015, en mesure de décider si elle lance une nouvelle génération de centrales nucléaires en remplacement de l'actuelle.
Afin que les technologies nécessaires soient disponibles en 2015 - ce qui ne peut être le cas des réacteurs de quatrième génération, dont le déploiement industriel ne pourra intervenir qu'en 2045 -, l'Etat prévoit, dans la prochaine programmation pluriannuelle des investissements prévue à l'article 2 de la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 précitée, la construction d'un réacteur de conception la plus récente. Ainsi, Electricité de France saisira dès 2004, comme le prévoient les articles L. 121-8 à L. 121-15 du code de l'environnement, la Commission nationale du débat public, afin d'entamer la construction, dans le respect de la réglementation en vigueur, d'un réacteur européen à eau pressurisée (EPR). Par ailleurs, la pérennisation et le développement de la filière nucléaire supposent, d'une part, que la maîtrise publique de cette filière soit conservée et, d'autre part, que la transparence et l'information du public soient accrues. Il convient ainsi d'examiner, pour l'échéance de 2006, conformément à l'article L. 542-3 du code de l'environnement résultant de la loi n° 91-1381 du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs, la ou les filières technologiques susceptibles d'apporter une solution durable au traitement des déchets radioactifs de haute activité et à vie longue et de poursuivre les efforts de recherche sur ce sujet.
La deuxième priorité en matière de diversification énergétique dans le secteur électrique est d'assurer le développement des énergies renouvelables, en tenant compte de la spécificité du parc français de production électrique, qui fait très peu appel aux énergies fossiles, de sorte que ce développement est moins prégnant dans notre pays que chez certains de nos voisins, compte tenu de la spécificité et de la maturité de chaque filière.
En dépit de l'actuelle intermittence de certaines filières, les énergies renouvelables électriques contribuent à la sécurité d'approvisionnement et permettent de lutter contre l'effet de serre. Il convient donc d'atteindre l'objectif indicatif d'une production intérieure d'électricité d'origine renouvelable de 21 % de la consommation intérieure d'électricité totale à l'horizon 2010.
L'Etat développe en priorité les filières matures entraînant le moins de nuisances environnementales, encourage la poursuite du développement technologique des autres filières et soutient le développement des industries dans le domaine de la production d'électricité d'origine renouvelable.
Il entend préserver et optimiser l'utilisation du potentiel hydraulique, en favorisant le turbinage des débits minimaux laissés à l'aval des barrages, en améliorant la productivité des ouvrages actuels et en favorisant la création de nouvelles installations. Les mesures prises dans le cadre de l'exploitation des ouvrages d'hydroélectricité au titre de la protection de l'eau donnent préalablement lieu à un bilan énergétique tenant compte des objectifs nationaux en matière d'énergies renouvelables électriques et de lutte contre l'effet de serre.
La géothermie haute énergie est développée dans les territoires d'outre-mer et la géothermie en roche chaude fracturée à grande profondeur est soutenue.
Afin de soutenir les énergies renouvelables électriques, l'Etat privilégie la réalisation des projets les plus rentables par le recours aux appels d'offres institués par la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative précitée. Trois ans après la promulgation de la présente loi, un bilan des expériences nationales et étrangères est dressé et envisage la création éventuelle d'un marché des certificats verts.
La troisième priorité en matière de diversification énergétique dans le secteur électrique est de garantir la sécurité d'approvisionnement de la France dans le domaine du pétrole, du gaz et du charbon pour la production d'électricité en semi-base et en pointe.
L'Etat assure donc un développement suffisant des moyens de production thermique au fioul, au charbon ou au gaz, notamment à cycles combinés et à cycles hypercritiques. La prochaine programmation pluriannuelle des investissements réaffirmera le rôle du parc de centrales thermiques et en précisera la composition, en tenant compte des limites de capacité de stockage français.
L'utilisation du gaz en pointe est néanmoins limitée par les capacités de stockage en France. L'utilisation du gaz en semi-pointe est, en revanche, possible, même si son ampleur dépend de la compétitivité de cette énergie une fois prises en compte les externalités liées aux émissions de gaz à effet de serre. En cas de besoin simultané d'électricité et de chaleur, la cogénération est une technique à encourager car elle présente un meilleur rendement global.
La diversification de notre bouquet énergétique concerne, en deuxième lieu, la production directe de chaleur.
L'État se fixe à l'horizon 2010 une augmentation de 50 % de la production de chaleur d'origine renouvelable grâce à la valorisation énergétique de la biomasse, des déchets et du biogaz, du solaire thermique et de la géothermie, en particulier de la géothermie basse énergie, à travers le développement des pompes à chaleur.
Les aides financières de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) dans le domaine de la diffusion des énergies renouvelables sont orientées en priorité vers celles qui sont productrices de chaleur. En outre, l'Etat soutient le développement d'une filière industrielle française dans le domaine de la production de chaleur renouvelable, notamment par une fiscalité adaptée.
La substitution d'une énergie fossile, distribuée par un réseau de chaleur, par une énergie renouvelable thermique est encouragée. Enfin, le développement des réseaux de chaleur qui sont des outils de valorisation et de distribution des ressources énergétiques locales est encouragé. Quant aux autres énergies utilisées pour produire de la chaleur, l'Etat veille à établir les conditions d'une concurrence équitable tenant en particulier compte des impacts sur l'environnement des différentes sources d'énergie.
La diversification de notre bouquet énergétique concerne, en troisième lieu, le secteur des transports.
L'Etat entend tout d'abord privilégier et développer le rail et la voie d'eau en priorité par rapport à la route et au transport aérien.
La politique des transports en matière de fret intègre la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures liées à ces déplacements et vise à un rééquilibrage du trafic marchandise au profit du rail et du transport maritime et fluvial. L'Etat accorde en matière d'infrastructures une priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire. L'Etat incite les entreprises à développer le transport combiné et le ferroutage ainsi que le cabotage maritime, le transport fluvial et l'optimisation du chargement des véhicules routiers.
La politique des transports en matière de voyageurs intègre la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures et vise à un rééquilibrage du trafic routier et aérien au profit du fer. L'Etat accorde en matière d'infrastructures la priorité aux transports en commun dans les zones urbaines et aux investissements ferroviaires par rapport au développement de projets routiers ou aéroportuaires tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire.
Par ailleurs, l'Etat soutient le développement des biocarburants et encourage l'amélioration de la compétitivité de la filière. A cette fin, il crée, notamment par l'agrément de capacités de production nouvelles, les conditions permettant de porter, conformément à l'article 3 de la directive 2003/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 8 mai 2003, à 2 % au 31 décembre 2005 et à 5,75 % au 31 décembre 2010 la part des biocarburants et des autres carburants renouvelables, calculée sur la base de la teneur énergétique, dans la quantité totale d'essence et de gazole mise en vente sur le marché national à des fins de transport.
Enfin, la diversification énergétique doit tenir compte de la fragilité et de la forte dépendance énergétique des zones non interconnectées, principalement la Corse, les quatre départements d'outre-mer, la collectivité départementale de Mayotte et la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon. L'Etat veille, en concertation avec les collectivités concernées, à mettre en oeuvre une régulation adaptée permettant de maîtriser les coûts de production, de garantir la diversité de leur bouquet énergétique et leur sécurité d'approvisionnement.
L'Etat encourage, à travers un renforcement des aides dans les zones non interconnectées, des actions de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables, notamment solaires.
La politique énergétique des zones non interconnectées bénéficie de la solidarité nationale qui s'exerce par le biais de la péréquation tarifaire et du mécanisme de compensation des charges de service public.
C. - Développer la recherche dans le domaine de l'énergie
Le troisième axe de la politique énergétique est de développer la recherche dans le secteur de l'énergie.
En conséquence, l'Etat s'efforce de renforcer l'effort de recherche public et privé français dans le domaine des énergies, d'assurer une meilleure articulation entre les actions des différents organismes publics de recherche et d'organiser une plus grande implication du secteur privé. L'Etat entend également promouvoir l'effort de recherche européen dans le domaine de l'énergie pour pouvoir au moins égaler celui mené par les Etats-Unis et le Japon.
La politique de recherche doit permettre à la France d'ici 2015, d'une part, de conserver sa position de premier plan dans le domaine du nucléaire, du gaz et du pétrole et, d'autre part, d'améliorer ses compétences en poursuivant les objectifs suivants :
- l'amélioration, d'une part, de l'efficacité énergétique dans les secteurs des transports, du bâtiment et de l'industrie et, d'autre part, des infrastructures de transport, de distribution et de stockage d'énergie ;
- l'amélioration des technologies d'exploitation des ressources fossiles et de séquestration du dioxyde de carbone ;
- l'amélioration de la compétitivité des énergies renouvelables, notamment des carburants issus de la biomasse, du photovoltaïque, de l'éolien off-shore, du solaire thermique et de la géothermie, éventuellement couplés au gaz naturel ;
- le soutien à l'industrie nucléaire nationale pour la mise au point et le perfectionnement du démonstrateur EPR et au développement des combustibles nucléaires innovants ;
- le développement des technologies des réacteurs nucléaires du futur (fission ou fusion) et des technologies nécessaires à une gestion durable des déchets nucléaires ;
- l'exploitation du potentiel de nouveaux vecteurs de « rupture » comme l'hydrogène, pour lequel doivent être mis au point, d'une part, des procédés de production comme l'électrolyse ou des cycles physico-chimiques utilisant la chaleur délivrée par des nouveaux réacteurs nucléaires à haute température et, d'autre part, des technologies de stockage, de transport et d'utilisation, notamment dans des piles à combustible ;
- le développement de la recherche sur le stockage de l'énergie pour pallier l'intermittence des énergies renouvelables et optimiser le fonctionnement de la filière nucléaire.
L'effort de recherche global portant sur le développement des énergies renouvelables et la maîtrise de l'énergie est fortement accru au cours des trois ans qui suivent la promulgation de la présente loi.
L'Etat transmet au Parlement un rapport annuel sur les avancées technologiques résultant de ces recherches qui favorisent le développement industriel.
D. - Assurer un transport de l'énergie efficace et des capacités de stockage suffisantes
Le quatrième axe de la politique énergétique vise à assurer un transport de l'énergie efficace et des capacités de stockage suffisantes.
Cet axe concerne le transport et la distribution d'énergie.
Au niveau international, dans le domaine de l'électricité, les interconnexions avec les pays européens limitrophes doivent être renforcées, afin de garantir la sécurité du réseau électrique européen, d'optimiser le nombre et la répartition des installations de production d'électricité en Europe, de garantir des efforts de productivité de la part des exploitants compte tenu de la concurrence permise par les échanges frontaliers. Le développement de ces interconnexions ne saurait cependant justifier que chaque pays européen ne dispose pas d'une capacité de production minimum.
En matière de gaz, les contrats de long terme doivent être préservés afin de garantir la sécurité d'approvisionnement de la France et de faciliter la réalisation des investissements nécessaires à la construction de gazoducs entre pays producteurs et pays consommateurs. La filière du gaz naturel liquéfié comprenant à la fois les terminaux méthaniers et le transport par méthanier doit également être développée.
Enfin, le transport de produits pétroliers par voie maritime doit être réalisé par les moyens les plus sûrs, pour éviter que ne se reproduisent des catastrophes écologiques. A cet effet, la législation européenne et internationale doit continuer à être renforcée.
Les réseaux de transport et de distribution d'électricité et de gaz naturel doivent être dimensionnés pour acheminer à tout instant l'énergie demandée par l'utilisateur final qui leur est raccordé. Leur développement participe au développement économique et social et concourt à l'aménagement équilibré du territoire. Le développement, appelé à se poursuivre, des nouveaux réseaux publics de distribution de gaz doit donc tenir compte de la concurrence existant entre les énergies.
En matière de réseau de transport d'électricité, il importe par ailleurs de s'assurer que les investissements nécessaires pour garantir la sécurité d'approvisionnement de chaque région française sont réalisés.
Enfin, face à la réduction significative du nombre de stations-service, l'Etat s'engage en faveur du maintien d'une desserte équilibrée, efficace et cohérente du réseau de distribution de détail des carburants sur l'ensemble du territoire.
Cet axe de la politique énergétique concerne, en second lieu, les stockages de gaz et de pétrole.
L'Etat facilite le développement des stockages de gaz et leur bonne utilisation car ceux-ci constituent un élément important de la politique énergétique nationale.
L'Etat veille, par ailleurs, à exiger des fournisseurs une diversité suffisante des sources d'approvisionnement en gaz et à maintenir un niveau de stock suffisant pour pouvoir faire face à des évènements climatiques exceptionnels ou à une rupture d'une des sources d'approvisionnement.
Quant à la sécurité d'approvisionnement en matière pétrolière, elle repose en amont sur la diversité des sources d'approvisionnement et, en aval, sur le maintien d'un outil de raffinage performant et sur l'existence de stocks stratégiques. La France veille à maintenir un stock de produits pétroliers équivalent à près de cent jours de consommation intérieure.
III. - Le rôle des collectivités locales et de l'Union européenne
La politique énergétique prend en compte le rôle des collectivités territoriales et celui de l'Union européenne.
En premier lieu, les collectivités territoriales et leurs groupements jouent un rôle majeur étant donné leurs multiples implications dans la politique de l'énergie.
En matière de qualité du service public, les collectivités compétentes sont autorités concédantes de l'électricité, du gaz et de la chaleur et contribuent ainsi avec les opérateurs à l'amélioration des réseaux de distribution. Elles peuvent imposer à cet égard des actions d'économie d'énergie aux délégataires de gaz, d'électricité et de chaleur et aux concessionnaires si cela entraîne des économies de réseaux.
En matière de promotion de la maîtrise de l'énergie, outre les actions tendant à réduire la consommation d'énergie de leurs services, les collectivités compétentes définissent les politiques d'urbanisme et pourront ainsi favoriser à travers leur document d'urbanisme ou la fiscalité locale une implantation relativement dense de logements et d'activités à proximité des transports en commun et, de manière générale, éviter un étalement urbain non maîtrisé. Les collectivités compétentes sont également responsables de l'organisation des transports et doivent intégrer dans leur politique de déplacements, et notamment dans les plans de déplacements urbains, la nécessité de réduire les consommations d'énergie liées aux transports. Elles développent enfin, directement ou à travers des agences de l'environnement, et souvent en partenariat avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie dans le cadre des contrats de plan Etat-régions, des politiques d'incitation aux économies d'énergie.
En matière de promotion des énergies renouvelables, les collectivités peuvent favoriser le recours à ces sources de production, notamment par des dispositions d'urbanisme et en développant en partenariat avec l'ADEME des politiques d'incitation spécifiques. En outre, les collectivités compétentes peuvent participer à la planification indicative de l'implantation des éoliennes.
En matière de solidarité entre les Français, dans le cadre plus global de leur politique d'aide sociale, les collectivités compétentes aident leurs administrés en difficulté à payer leurs factures, quelle que soit l'origine de l'énergie utilisée.
En second lieu, des décisions majeures en matière de politique énergétique sont désormais prises dans le cadre européen et c'est, en partie, au niveau européen que s'apprécie désormais notre sécurité d'approvisionnement. La France vise donc à faire partager les principes de sa politique énergétique par les pays de l'Union européenne afin que la législation européenne lui permette de mener à bien sa propre politique et soit suffisante pour garantir un haut niveau de sécurité des réseaux interconnectés.
A cet effet, la France élabore tous les deux ans des propositions énergétiques pour l'Europe visant notamment à promouvoir la notion de service public, l'importance de la maîtrise de l'énergie et de la diversification du panier énergétique mais également la nécessité d'un recours à l'énergie nucléaire afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Dans le cadre de la politique énergétique et des autres politiques de l'Etat, les pouvoirs publics participent, en outre, activement à la coopération internationale tendant, d'une part à favoriser l'accès de tous à l'énergie dans les pays émergents ou en développement et, d'autre part, à renforcer la lutte contre l'effet de serre.
B du paragraphe II de l'amendement n° 4 (suite)
M. le président. Le sous-amendement n° 261, présenté par M. Deneux et les membres du groupe de l'Union Centriste, est ainsi libellé :
A la fin du quatorzième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe à l'article 1er, remplacer les mots :
, en tenant compte des limites des capacités de stockage français
par les mots :
en tenant compte des caractéristiques des stockages gaziers français
La parole est à M. Marcel Deneux.
M. Marcel Deneux. Il ne me semble pas juste d'affirmer que les capacités de stockage gazier françaises représentent un facteur limitant pour l'utilisation du gaz dans la production thermique, puisque nos capacités recensées en la matière représentent 26 % du taux de couverture annuelle, alors que d'autres grands pays européens comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ou la Grande-Bretagne ont des capacités bien plus faibles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 265, présenté par M. Deneux et les membres du groupe de l'Union Centriste, est ainsi libellé :
Rédiger ainsi la deuxième phrase du quinzième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe à l'article 1er :
L'utilisation du gaz de la semi-base jusqu'à la semi-pointe est son utilisation la plus pertinente.
La parole est à M. Marcel Deneux.
M. Marcel Deneux. Il convient de préciser que le gaz couvre de manière pertinente la production thermique de la semi-base à la semi-pointe.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 428, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Dans la dernière phrase du quinzième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, après les mots :
et de chaleur
insérer les mots :
(ou de froid)
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il s'agit tout simplement de réintroduire une précision présente dans le texte du projet de loi tel qu'adopté par l'Assemblée nationale en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 429, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après le quinzième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer un alinéa ainsi rédigé :
Compte tenu de ces émissions, l'Etat favorise par une politique de soutien adaptée le développement des technologies de séquestration de dioxyde de carbone, notamment les opérations de démonstration et expérimentation sur sites pilotes.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Nous vous proposons, par ce sous-amendement, de réintroduire un alinéa présent dans le texte adopté par l'Assemblée nationale.
Il importe en effet de fixer des objectifs en matière de développement des technologies de séquestration de dioxyde de carbone.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je suis saisi de quatre sousamendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Le sous-amendement n° 430, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le dix-septième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe :
Les énergies renouvelables thermiques, c'est-à-dire la valorisation énergétique de la biomasse, des déchets et du biogaz, le solaire thermique et la géothermie, et les esthers méthyliques d'huiles végétales se substituant en très large partie aux énergies fossiles et permettant donc de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre, leur développement constitue une priorité absolue. Aussi, l'Etat se fixe à l'horizon 2010 une augmentation de 50% de la production de chaleur d'origine renouvelable.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il s'agit de réécrire cet alinéa en reprenant pour l'essentiel la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale, ce qui permettrait de réintroduire la référence aux esthers méthyliques d'huiles végétales.
M. le président. Les deux sous-amendements suivants sont identiques.
Le sous-amendement n° 130 rectifié bis est présenté par MM. Gaillard, Badré, Durand -Chastel, Goulet, Leroy, Sido, Valade et Joly.
Le sous-amendement n° 238 est présenté par M. Poniatowski.
Ces deux sous-amendements sont ainsi libellés :
Dans le dix-septième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe à l'article 1er, après les mots :
valorisation énergétique
insérer les mots :
du bois et
La parole est à M. Yann Gaillard, pour présenter le sous-amendement n° 130 rectifié bis.
M. Yann Gaillard. Le bois est la plus ancienne énergie renouvelable et l'une des plus importantes. Or, malheureusement, la référence au bois est pratiquement absente du remarquable amendement n° 4 de la commission.
Les représentants de la filière « bois-énergie », notamment au sein du syndicat des énergies renouvelables, souhaiteraient, dans le projet de loi, faire apparaître explicitement le bois comme énergie renouvelable et non pas simplement au travers du terme « biomasse ».
Le bois est une forme de bioénergie importante : il représente 20 millions de mètres cubes non récoltés, ce qui pourrait créer 20 000 emplois, notamment en zone rurale.
M. le président. Le sous-amendement n° 238 n'est pas soutenu.
Le sous-amendement n° 266, présenté par M. Deneux et les membres du groupe de l'Union Centriste, est ainsi libellé :
A la fin du dix-septième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe à l'article 1er, supprimer les mots :
en particulier de la géothermie basse énergie, à travers le développement des pompes à chaleur
La parole est à M. Marcel Deneux.
M. Marcel Deneux. Ce sous-amendement tend à limiter les catégories d'énergies renouvelables citées dans l'annexe, en supprimant la référence à « la géothermie basse énergie, à travers le développement des pompes à chaleur ».
En fait, ailleurs dans le texte, notamment à l'article 1er ter, la géothermie basse énergie, à travers le développement des pompes à chaleur, n'est pas citée dans la liste des énergies renouvelables, alors qu'il y est fait référence à la page 26 du rapport de M. Revol.
Pour assurer la cohérence du texte, je propose de supprimer cette référence dans le texte de l'annexe. Au demeurant, on pourrait très bien ajouter cette même référence dans le texte de l'article 1er ter.
En tout état de cause, la liste des énergies renouvelables doit être identique à chaque fois qu'elle est citée dans le texte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. La commission émet un avis défavorable sur le sous-amendement n° 430. Elle est favorable aux sous-amendements identiques nos 130 rectifié bis et 238. En ce qui concerne le sous-amendement n° 266, je souhaite que M. Deneux accepte de le retirer, la référence à la géothermie basse énergie apparaissant tout de même importante.
M. le président. Monsieur Deneux, le sous-amendement n° 266 est-il maintenu ?
M. Marcel Deneux. Certes, monsieur le rapporteur, mais il faut être logique. La géothermie basse énergie doit être citée dans la liste des énergies renouvelables qui figure à trois endroits.
Quoi qu'il en soit, je veux bien compléter la liste définie à l'article 1er ter, où il n'est fait référence qu'à la géothermie en roches chaudes fracturées à grande profondeur. Si vous m'affirmez que cela veut dire la même chose, je retire mon sous-amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Effectivement, monsieur Deneux, je vous en donne confirmation.
M. Marcel Deneux. Dans ces conditions, je retire mon sous-amendement. Cela permettra de gagner du temps.
M. Henri Revol, rapporteur. Merci, mon cher collègue.
M. le président. Le sous-amendement n° 266 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements nos 430 et 130 rectifié bis ?
M. le président. Je mets aux voix le sousamendement no 130 rectifié bis.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. Le sous-amendement n° 431, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après le dix-septième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer un alinéa ainsi rédigé :
Une politique ambitieuse sera conduite dans le domaine des techniques de la géothermie basse énergie, qui permettent d'exploiter la chaleur des aquifères et l'inertie thermique du sous-sol proche afin de produire de la chaleur et du froid. A cet effet, les études portant sur le sous-sol, seront reprises et le développement des pompes à chaleur géothermiques sera encouragé.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il s'agit de réintroduire un alinéa faisant référence plus particulièrement à la géothermie basse énergie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. La parole est à Mme Marie-France Beaufils, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 431.
Mme Marie-France Beaufils. Je sais bien que les questions que nous soulevons dans nos sous-amendements sont parfois techniques. Cependant, je reste tout de même quelque peu sur ma faim quant aux réponses apportées par la commission et le Gouvernement, lesquels se contentent de dire « défavorable », sans que nous puissions connaître les motivations de cet avis. Cela aurait été pourtant intéressant de les connaître.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Ma chère collègue, vous proposez, par votre sous-amendement, une définition supplémentaire. Or l'annexe est déjà assez importante. Je ne suis donc pas sûr que cela apporterait beaucoup de répéter plusieurs fois des définitions qui sont classiques.
M. le président. Le sous-amendement n° 239, présenté par M. Poniatowski, est ainsi libellé :
Compléter la première phrase du dix-huitième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe à l'article 1er par les mots :
et vers celles qui sont intégrées au bâtiment
Cet amendement n'est pas soutenu.
Les sous-amendements nos 434, 433 et 432 sont présentés par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen.
Le sous-amendement n° 434 est ainsi libellé :
Supprimer la dernière phrase du dix-huitième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe.
Le sous-amendement n° 433 est ainsi libellé :
Dans la seconde phrase du dix-huitième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, après les mots :
industrielle française
insérer les mots :
et publique
Le sous-amendement n° 432 est ainsi libellé :
A la fin du dix-huitième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, supprimer les mots :
, notamment par une fiscalité adaptée
La parole est à Mme Evelyne Didier, pour présenter ces trois amendements.
Mme Evelyne Didier. Monsieur le président, si vous le permettez, je défendrai en même temps les sous-amendements nos 434, 433 et 432.
Le sous-amendement n° 434 vise à mettre en évidence les contradictions du Gouvernement qui entend jeter les bases d'une politique énergétique ambitieuse tout en favorisant toujours plus la libéralisation et la concurrence par le biais du démantèlement progressif de l'ensemble des outils de service public, notamment les grands établissements publics à caractère industriel ou commercial, les EPIC, du secteur énergétique.
Le sous-amendement n° 433 tend à mettre l'accent sur la nécessité d'une maîtrise publique de la filière industrielle française dans le domaine de la production de chaleur renouvelable.
Le sous-amendement n° 432 vise à montrer que, si le développement d'une filière industrielle française dans le domaine de la production de chaleur renouvelable est en effet souhaitable, l'outil fiscal présente le risque de se révéler inadapté et porteur d'effets pervers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. La commission est défavorable à ces trois sous-amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 435, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après la deuxième phrase du dix-neuvième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer une phrase ainsi rédigée :
La relance des réseaux de chaleur s'accompagnera d'un vif effort de recherche et de développement sur les technologies de stockages et de transport à longue distance de quantités importantes de calories, y compris dans le cas de chaleur à basse énergie.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Ce sous-amendement vise à fixer les objectifs de recherche et de développement en matière de stockage et de transport de quantités importantes de calories.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 435.
(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas le sous-amendement.)
M. le président. Le sous-amendement n° 466 rectifié, présenté par MM. Désiré, Pelletier, Laffitte, Fortassin et Larifla, est ainsi libellé :
Dans le vingt-cinquième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, après les mots :
zones non interconnectées
insérer les mots :
et qui se caractérisent par une demande électrique qui augmente plus rapidement (environ 5 % par an en moyenne, contre 1,7 % en métropole) du fait d'une croissance économique soutenue et d'un comblement progressif des retards en équipement des ménages et des infrastructures
Ce sous-amendement n'est pas soutenu.
Je suis saisi de deux sous-amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les sous-amendements nos 436 et 437 sont présentés par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen.
Le sous-amendement n° 436 est ainsi libellé :
Après la première phrase du vingt-cinquième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer deux phrases ainsi rédigées :
Compte tenu de ces spécificités et afin de pouvoir faire face à l'augmentation de la demande, l'Etat, garant de la production d'énergie dans les zones non interconnectées, demandera à EDF de mobiliser les investissements nécessaires. Les surcoûts associés feront l'objet d'une compensation au travers du fond de service public de l'énergie.
Le sous-amendement n° 437 est ainsi libellé :
Après la première phrase du vingt-cinquième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer une phrase ainsi rédigée :
Compte tenu de ces spécificités et afin de pouvoir faire face à l'augmentation de la demande, l'Etat, garant de la production d'énergie dans les zones non interconnectées, demandera à EDF de mobiliser les investissements nécessaires.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Ces deux sous-amendements se justifient par leur texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 438, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Au vingt-sixième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, remplacer les mots :
maîtrise de l'énergie
par les mots :
renforcement de l'efficacité énergétique
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Ce sous-amendement s'inscrit dans la même démarche que celle que nous avons engagée hier soir.
Nous considérons que l'expression « renforcement de l'efficacité énergétique » revient à utiliser les travaux qui sont faits aujourd'hui pour continuer à améliorer l'efficacité des outils destinés à réduire la consommation d'énergie dans notre vie quotidienne.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 467 rectifié, présenté par MM. Désiré, Pelletier, Laffitte, Fortassin et Larifla, est ainsi libellé :
Compléter le vingt-sixième alinéa du B du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe par les mots :
ainsi que le développement des techniques énergétiques plus performantes, comme la production combinée d'électricité et de vapeur en utilisant des ressources localement disponibles, comme la bagasse associée aux sources d'énergie primaire fossiles.
Ce sous-amendement n'est pas soutenu.
C du paragraphe II de l'amendement n° 4
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Je vais présenter rapidement les paragraphes C et D du II, ainsi que le paragraphe III de l'amendement n° 4.
Le C du paragraphe II porte sur le troisième axe de la politique énergétique, relatif au développement de la recherche.
La commission a essentiellement simplifié le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale, mais elle en a conservé les enrichissements principaux. Elle a, par ailleurs, souhaité rapatrier dans cette partie toutes les dispositions éparses qui concernaient la recherche dans les autres parties de l'annexe.
Le D du paragraphe II concerne le quatrième axe de la politique énergétique, relatif au transport et au stockage de l'énergie.
La commission a globalement maintenu le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale en reprenant le contenu de l'article 1er quinquies.
S'agissant du paragraphe III de l'amendement n° 4, qui traite du rôle des collectivités locales et de l'Union européenne en matière de politique énergétique, la commission a là aussi repris le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale en son article 1er sexies, tout en l'ayant simplifié et clarifié.
M. le président. Le sous-amendement n° 439, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après la première phrase du deuxième alinéa du C du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer une phrase ainsi rédigée :
Cela suppose la mobilisation de moyens budgétaires adéquats et, dès à présent, le rétablissement des crédits des organismes de recherche et, en particulier, du Commissariat à l'Energie Atomique.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Ce sous-amendement met en évidence, une fois encore, la contradiction du texte proposé avec la réalité de la politique gouvernementale. Le soutien de la recherche publique est considéré comme fondamental alors que les moyens budgétaires des organismes de recherche sont en baisse : expliquez-nous !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement est également défavorable à ce sous-amendement. Madame Didier, vos interrogations appellent une double réponse.
Sur la forme, les considérations que vous développez ont leur place dans un projet de loi de finances initiale et non pas dans le présent texte.
Sur le fond, le budget du CEA s'établit à 900 millions d'euros. Il est donc très élevé. C'est le premier budget européen dans ce domaine. Il est pratiquement comparable au budget américain. Le reproche ne me paraît donc pas fondé.
M. le président. Le sous-amendement n° 440, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Au troisième alinéa du C du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, après les mots :
du gaz
insérer les mots :
, du charbon, de l'hydraulique
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Ce sous-amendement précise que la France détient une position de premier plan également dans le charbon - centrales à cycle hypercritique avec Alstom - et l'hydraulique - avec EDF. Ces compétences méritent d'être valorisées dans le cadre de partenariats internationaux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 267, présenté par M. Deneux et les membres du groupe de l'Union Centriste, est ainsi libellé :
Compléter le cinquième alinéa du C du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe à l'article 1er par les mots :
, notamment par des opérations de démonstration et des expérimentations sur des sites pilotes
La parole est à M. Marcel Deneux.
M. Marcel Deneux. Ce sous-amendement vise à maîtriser la technologie, très prometteuse et que nous connaissons tous, de la séquestration du dioxyde de carbone.
Si nous étions capables de séquestrer tout le CO2 présent en excédent dans l'atmosphère, il n'y aurait plus d'augmentation du niveau des gaz à effet de serre.
M. Roland Courteau. C'est exact !
M. Marcel Deneux. Il s'agit donc d'un axe de recherche très important. L'Institut français du pétrole soutient un programme européen dans ce domaine. Mais, pour pouvoir continuer, il faut être autorisé à mener des opérations de démonstration et des expérimentations sur des sites pilotes. Tel est l'objet du présent sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 267.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. Le sous-amendement n° 441, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après le dixième alinéa du C du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer l'alinéa suivant :
- l'insertion des efforts de recherche français dans des programmes communautaires de recherche dans le domaine de l'énergie.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Comme je l'ai déjà dit hier, nous considérons qu'il est nécessaire de renforcer l'efficacité des programmes communautaires de recherche.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 442, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après le dixième alinéa du C du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, insérer l'alinéa suivant :
- la valorisation des efforts de recherche français dans des programmes de coopération internationaux destinés à développer les transferts technologiques
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Ce sous-amendement réintroduit la dimension de coopération internationale, quasiment absente de ce projet de loi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 445, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
A l'avant-dernier alinéa du C du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, remplacer les mots :
maîtrise de l'énergie
par les mots :
renforcement de l'efficacité énergétique
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Ce sous-amendement vise à mettre en avant l'importance de l'efficacité énergétique en lieu et place de la maîtrise de l'énergie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 445.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
D du paragraphe II de l'amendement n° 4
M. le président. Le sous-amendement n° 106 rectifié, présenté par MM. Pintat, Amoudry, Fournier, J. Blanc et de Montesquiou, est ainsi libellé :
Modifier comme suit le D du II du texte proposé par l'amendement n°4 pour l'annexer à l'article 1er :
I. Dans le premier alinéa, remplacer le mot :
transport
par le mot :
acheminement
II. En conséquence, dans le septième alinéa, remplacer les mots :
réseau de transport d'électricité
par les mots :
réseaux de transport et de distribution d'électricité
La parole est à M. Jacques Blanc.
M. Jacques Blanc. Pour assurer la sécurité de l'approvisionnement en électricité, il faut que des dispositions soient prises pour les réseaux de transport et de distribution.
Il s'agit là d'un point essentiel. On ne peut concevoir la sécurité en matière d'électricité sans introduire les notions de transport et de distribution. D'ailleurs, vous le savez, les collectivités locales se sont engagées, dans le cadre des syndicats départementaux d'électrification par exemple, pour assurer cette sécurité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 106 rectifié.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Le sous-amendement n° 443, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit la première phrase du quatrième alinéa du D du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe :
En matière de gaz, les contrats de long terme doivent être développés dans l'objectif d'atteindre une proportion de 90 % de la consommation française afin de garantir effectivement la sécurité d'approvisionnement de la France et faciliter la réalisation des investissements nécessaires à la construction de gazoducs entre pays producteurs et pays consommateurs.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Il est nécessaire d'assurer la sécurité de notre approvisionnement en gaz. Tel est l'objet de ce sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 444, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Compléter le quatrième alinéa du D du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe par trois phrases ainsi rédigées :
Pour réaliser ces objectifs, l'Etat élabore tous les deux ans un programme pluriannuel d'approvisionnement en gaz naturel et un programme pluriannuel d'investissements en moyens d'acheminement du gaz naturel et du gaz naturel liquéfié. Ces programmes font l'objet de débats au Parlement. En tant que de besoin, l'Etat peut en ces domaines procéder aux appels d'offre utiles.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Ce sous-amendement se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 447, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Compléter le cinquième alinéa du D du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe par une phrase ainsi rédigée :
A ce titre, la généralisation des pétroliers à double coque ne saurait être efficace si elle ne s'accompagne pas de la mise en oeuvre de norme de fabrication et de maintenance effectivement contraignantes.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Les doubles coques ne sont pas une garantie suffisante. Compte tenu de l'espace vide, ces hectares de tôle peuvent très bien se détériorer. Des contrôles réguliers sont donc nécessaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 446, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Supprimer la dernière phrase du sixième alinéa du D du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Nous voulons mettre en évidence les contradictions de ce texte, qui entend jeter les bases d'une politique énergétique ambitieuse, tout en favorisant toujours plus de libéralisation et de concurrence par le biais, notamment, du démantèlement progressif de l'ensemble des outils de service public et, entre autres, les grands EPIC du secteur énergétique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 448, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le dixième alinéa du D du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe est ainsi rédigé :
L'Etat facilite le développement des stockages de gaz et leur utilisation pour le service public du gaz dont les besoins sont très fluctuants. Aussi les stockages constituent un élément essentiel de la politique énergétique nationale et du service public dû à la population, d'autant que la France, pour des raisons géologiques, ne dispose que d'un nombre limité de sites pouvant permettre des stockages de gaz souterrains.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Ce sous-amendement tend à mettre l'accent sur le fait que les stockages de gaz sont indissociables du service public de l'énergie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 449, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Dans la dernière phrase du dernier alinéa du D du II du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, remplacer le mot :
cent
par les mots :
deux cents
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Ce sous-amendement a pour objet de revaloriser le niveau minimal des stocks de produits pétroliers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 449.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
Paragraphe III de l'amendement n° 4
M. le président. Le sous-amendement n° 450, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Dans la première phrase du quatrième alinéa du III du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, après les mots :
fiscalité locale
insérer les mots :
dans le cadre de mécanismes de péréquation
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Ce sous-amendement a pour objet de réaffirmer la nécessité de promouvoir des mécanismes efficaces de péréquation.
Sans ces mécanismes, laisser la possibilité aux collectivités de favoriser l'implantation de logements au moyen de l'outil fiscal ne peut qu'aboutir à handicaper les collectivités dont le potentiel fiscal est faible ou encore dont l'effort fiscal est très important.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Le sous-amendement n° 451, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Au huitième alinéa du III du texte proposé par l'amendement n° 4 pour l'annexe, après les mots :
tous les deux ans
insérer les mots :
après débat au Parlement
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Ce sous-amendement met l'accent sur le caractère incontournable du Parlement dans le processus d'élaboration des propositions énergétiques pour l'Europe.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Nous avons terminé l'examen des sous-amendements sur l'amendement n° 4.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils, pour explication de vote sur l'amendement n° 4.
Mme Marie-France Beaufils. Tout au long de la discussion portant sur l'annexe réécrite par la commission des affaires économiques, nous avons essayé d'apporter des éléments complémentaires.
On l'a bien compris, la commission et le Gouvernement ont accepté ceux de nos amendements qui, sur le fond, ne posaient pas trop de problèmes. Mais, à partir du moment où ils avaient pour objet d'introduire des obligations pour la réalisation des grands objectifs, nous avons eu quelques difficultés à être entendus. Nous avons même eu du mal à obtenir des réponses nous permettant de connaître les raisons pour lesquelles nos amendements recevaient un avis défavorable.
Par conséquent, c'est un débat quelque peu tronqué que nous venons d'avoir sur cette annexe et je le regrette, car un débat approfondi nous aurait probablement permis de connaître les vrais engagements que le Gouvernement entend prendre avec ce texte d'orientation. Je trouve dommage que nous ne les ayons pas obtenus. Nous ne pourrons donc pas, bien évidemment, voter l'annexe telle qu'elle ressort de l'amendement n° 4, modifié.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. Bien entendu, le contenu de l'annexe ne nous convient pas.
Mais je voudrais revenir sur le dernier sous-amendement présenté par nos camarades, à savoir la proposition d'un débat au Parlement tous les deux ans.
Je trouve particulièrement inquiétant le refus du Gouvernement de revenir devant le Parlement pour débattre d'un sujet aussi grave que celui de l'énergie, la question des ressources risquant de nous interpeller beaucoup plus vite qu'on ne le croit.
C'est cette attitude qui motive notre refus de voter l'amendement n° 4.
M. Roland Courteau. C'est exact !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 4, modifié.
M. le président. En conséquence, l'annexe est rétablie dans cette rédaction.
Sur la suite de l'article 1er, il nous reste onze amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 3, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Rédiger ainsi cet article :
Les orientations de la politique énergétique figurant en annexe sont approuvées.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Comme je l'ai souligné à plusieurs reprises, votre commission a, dans un souci d'intelligibilité de la loi, souhaité recréer une annexe tenant compte des apports de l'Assemblée nationale et des nombreuses modifications que nous venons de voter afin d'évoquer ensemble des problématiques relatives à la politique de l'énergie.
Pour achever de mettre en pratique cette stratégie, il convient donc de rétablir l'article 1er dans la rédaction issue du projet de loi initial, qui précise que les orientations de la politique énergétique définies en annexe sont approuvées. Telle est, mes chers collègues, l'objet du présent amendement.
En outre, si vous me le permettez, monsieur le président, je souhaite, avant que ne soit commencée la présentation des amendements n°S 457 à 459, m'adresser à mes collègues du groupe CRC et leur demander si, comme nous en avions évoqué l'idée hier en commission, ils accepteraient de retirer leurs amendements portant sur l'article 1er.
En effet, ces amendements reprenant des propositions présentées par nos collègues sous forme de sous-amendements sur lesquels le Sénat a déjà tranché, il ne m'apparaît pas indispensable de revenir sur des sujets déjà évoqués assez longuement.
En tout état de cause, j'ajoute que tous ces amendements sont incompatibles avec l'amendement n° 3 de la commission, dont le vote est indispensable pour réintroduire l'annexe. Votre commission devrait donc émettre un avis défavorable sur tous ces amendements s'ils n'étaient pas retirés.
M. le président. L'amendement n° 457, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Dans le deuxième alinéa de cet article, remplacer le mot :
essentielle
par le mot :
absolue
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Monsieur le président, permettez-moi, avant de présenter cet amendement, de revenir sur l'intervention de M. le rapporteur.
Si certains de nos amendements peuvent être retirés, ce n'est pas le cas de l'amendement n° 371. Nous souhaitons le maintenir, car il porte sur un sujet auquel nous tenons beaucoup et sur lequel il est nécessaire de débattre.
J'en viens au texte de l'article 1er.
L'ouverture à la concurrence et la libéralisation des secteurs publics ont souvent été justifiées par le fait qu'elles auraient comme conséquence immédiate une baisse des prix permettant d'accroître la compétitivité de notre industrie. Mais les faits démentent totalement ces prévisions puisque l'on observe, au contraire, une augmentation des tarifs destinés aux gros industriels ; je l'ai dit hier en présentant la question préalable.
Même M. Louis s l'a fait remarquer. Dans une intervention, il a en effet expliqué que sa facture d'électricité avait augmenté de 37, 5 % ! Je crois qu'il faut savoir l'entendre dans ce domaine.
C'est donc l'ensemble des clients éligibles qui risque d'être fortement pénalisés par une hausse des prix de l'électricité qui semble aussi s'inscrire dans la durée.
A cela s'ajoute un risque avéré de fluctuations importantes du prix de l'électricité du fait des variations erratiques sur les marchés, en particulier les marchés spot. Ainsi, au cours de la canicule de l'été dernier, le prix du kilowatt a atteint, sur les marchés spot de Londres ou d'Amsterdam, un niveau exorbitant de deux euros ! La hausse des tarifs semble donc devoir s'inscrire dans la durée, dans la mesure où elle est le résultat du rééquilibrage des marchés européens.
Jusqu'à maintenant, les industriels français bénéficiaient d'un tarif de l'électricité particulièrement faible et compétitif. J'ai répondu hier à M. Patrick Devedjian que nous connaissons le système de la péréquation tel qu'il se met en oeuvre, système qui a, je crois, montré son efficacité. Nous souhaitons le garder.
En 2004, comme je l'ai dit, les tarifs connaîtront une augmentation de plus de 37 % par rapport à 2003. Les conséquences de ces hausses sont particulièrement préjudiciables à notre activité économique. En outre, elles peuvent - je l'ai dit hier en présentant la question préalable, mais je voudrais le réaffirmer - être utilisées comme prétexte pour des délocalisations tant le coût de l'électricité peut constituer, on le sait bien, une part essentielle du coût de production pour les industries les plus consommatrices.
Loin de permettre une diminution des prix par le biais des mécanismes vertueux de la concurrence, le marché rend compte de son inefficacité et des situations contrastées des capacités de production électrique des pays de l'Union européenne.
La capacité régulatrice du marché européen montre ici ses limites. Nous ne pouvons poursuivre dans une telle voie, qui compromet à terme nos activités industrielles. C'est d'un outil performant, d'un service public de l'électricité à l'échelle européenne que nous avons besoin. Cela suppose, bien évidemment, d'autres choix que la déréglementation, la libéralisation, les privatisations.
Il faut encore préciser que, dans le secteur énergétique, les aléas climatiques montrent qu'il est nécessaire d'avoir une régulation spécifique pour faire face aux variations brutales de la demande, d'autant qu'aujourd'hui le réchauffement de notre planète peut contribuer à accroître la probabilité des pics de froid extrême certains hivers et de chaleur caniculaire certains étés.
Les surcapacités de production sont un instrument régulateur par nature pour faire face aux risques climatiques - ou autres d'ailleurs - et permettraient probablement aussi d'aider à ce que les prix soient mieux maîtrisés. Toutefois ces surcapacités programmées ont évidemment un coût qui, dans le contexte actuel, devient un surcoût tout du moins considéré comme tel eu égard au taux de rentabilité exigé par le marché.
Je continue donc de penser que la régulation marchande que vous êtes en train de mettre en place à l'échelle européenne est non seulement vouée à l'échec, mais implique de graves risques quant à la fixation des prix pour les industriels et, en dernière instance, pour les usagers dans le cas où elle serait répercutée sur eux.
Au-delà, nous devons craindre l'absence de maîtrise dans la fixation des prix, subissant désormais les fluctuations d'une offre et d'une demande non régulées et pouvant être particulièrement chaotiques.
Pour toutes ces raisons, il nous semble donc important d'évaluer en termes de prix l'impact de la libéralisation du secteur énergétique.
Monsieur le président, nous retirons nos amendements à l'exception de l'amendement n°371.
M. le président. Les amendements nos 454 à 459 et 372 à 374 sont retirés.
L'amendement n° 371, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le vingt-huitième alinéa de cet article :
Le droit d'accès de tous les Français à l'énergie, et en particulier à l'électricité tel que reconnu par la loi n° 2000108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité, dans des conditions indépendantes de la localisation géographique est un élément constitutif de la solidarité nationale et doit être préservé. A ce titre, l'Etat s'engage à garantir pour les ménages ainsi que pour les clients ne souhaitant pas faire jouer leur éligibilité une péréquation nationale des tarifs de l'électricité. Quant aux clients éligibles, ceux-ci ont également accès au réseau de transport et de distribution dans des conditions tarifaires également péréquées nationalement.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. L'amendement n°371 vise à préciser les conditions d'accès, le droit d'accès, des habitants de notre pays à l'électricité.
Nous demandons notamment que l'Etat s'engage à garantir pour les ménages, ainsi que pour les clients ne souhaitant pas faire jouer leur éligibilité, une péréquation nationale des tarifs de l'électricité.
Notre amendement m'apparaît important d'autant que des hausses de tarifs significatives de l'électricité sont programmées à l'aune des perspectives de privatisation.
Selon un document interne à la direction d'EDF, dont nous avons eu connaissance, une politique tarifaire nouvelle est en effet envisagée en cas d'ouverture du capital.
Voici les grandes lignes de ce qui est prévu : prix de revient inférieurs de 14 % à la moyenne des prix européens aux clients finaux, et inférieurs de 8 % au prix du marché 2005.
Dans ce cadre, la direction de EDF dit pâtir de l'impact politique de l'évolution de ses tarifs et que cela peut conduire à verrouiller l'ouverture des marchés en France.
EDF souhaite avoir des marges de manoeuvre sur les tarifs aux clients que sont les PME, PMI, commerçants et artisans.
En prévoyant pour eux une augmentation de 10 à 15 % d'ici à 2007, EDF se met en situation d'avoir des tarifs parfaitement soutenables à l'ouverture du marché et en cohérence avec les offres de celui-ci.
L'augmentation de 1 % minimum par an jusqu'en 2007 concernerait aussi les usagers.
De plus, EDF prévoit un ajustement de la structure des tarifs en augmentant les abonnements des contrats les plus petits, c'est-à-dire les ménages, les étudiants et la quasi-totalité des démunis.
Le passage en société anonyme donnerait ainsi la possibilité à EDF de fixer sa politique tarifaire jusqu'alors déterminée par l'Etat dans le cadre de l'intérêt général.
Si cette réforme régressive était votée, ce serait donc immédiatement les entreprises qui créent des emplois en France - 75 % de ceux-ci le sont par des entreprises de moins de cinquante salariés, nous le savons tous - qui verraient leur facture augmenter de façon insupportable pour elles.
Cela mettrait ce tissu économique et industriel durablement en difficulté. Alors que les PME-PMI, les artisans et commerçants sont déjà fortement taxés fiscalement et ne bénéficient pas des aides publiques, généralement captées par les grandes entreprises qui par ailleurs n'hésitent pas à licencier massivement, cette réforme est un non-sens économique et social.
Le projet de loi transformant EDF-GDF en société anonyme, permettra à EDF d'augmenter les prix de l'électricité et du gaz.
Voilà pourquoi nous vous proposons cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Je voudrais remercier le groupe CRC d'avoir bien voulu ne discuter que cet amendement.
Le principe de l'accès pour tous à l'électricité est parfaitement affirmé comme l'une des grandes orientations, permanentes d'ailleurs, dans ce texte. Nous l'avons adopté dans l'annexe comme c'était déjà dans la loi de 2000.
Le principe de la péréquation tarifaire pour l'électricité est toujours en vigueur en application notamment de la loi n° 2000-108 du 10 février 2000, relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité. Il y est affirmé au paragraphe II de l'article 2 sur la mission de desserte rationnelle des territoires en électricité, puis au paragraphe III de l'article 2 également à propos de la mission de fourniture sur l'ensemble du territoire. Ce principe est donc maintenant absolument intangible et je ne vois pas l'utilité de le rappeler encore dans ce texte.
La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 3.
Il est, en revanche, défavorable à l'amendement n° 371. Tout d'abord, comme l'a dit le rapporteur, ce principe est évidemment intangible dans le texte. De plus, en application de la loi du 10 février 2000, le Gouvernement a pris le décret du 8 avril 2004 sur le tarif social de l'électricité qui conduira à une réduction de tarif de 30 % pour environ un million de personnes défavorisées. De ce point de vue, votre demande, madame la sénatrice, est évidemment honorée.
En ce qui concerne les prix, ce qui les fait baisser, c'est la concurrence. L'absence de concurrence engendre effectivement des disparités et des augmentations de prix. Si l'ouverture à la concurrence réalisée par le gouvernement socialiste est partielle, elle a tout de même conduit 25 % des clients à changer de fournisseur. S'ils l'ont fait, il faut croire qu'ils y ont trouvé un intérêt ; ceux qui ont pu bénéficier de la concurrence ont vu ainsi baisser leurs prix.
En revanche, il est parfaitement vrai que, dans le passé, les ménages - vous appelez cela de la péréquation - finançaient l'industrie française : tarifs très élevés pour les ménages, tarifs très faibles pour les entreprises. Le consommateur français a financé pendant des dizaines d'années toute l'industrie française et n'a pas profité du faible coût de l'électricité d'origine nucléaire.
Aujourd'hui, évidemment, avec l'ouverture à la concurrence, EDF est en train de rééquilibrer la relation par une sorte de vérité des prix, ce qui conduit certains industriels à subir des augmentations parce qu'ils bénéficiaient auparavant de prix en dessous du marché.
Je suis étonné que le parti communiste défende plutôt des tarifs en dessous de leur valeur au profit du capitalisme français et ce au détriment des ménages, à commencer par la classe ouvrière ! Je suis assez stupéfait de cette position !
Mme Evelyne Didier. Vous me semblez avoir mal compris, monsieur le ministre !
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. J'ajoute que EDF ne peut pas agir ainsi parce que, en réalité, sur un certain nombre de segments il n'y a pas de concurrence ! Sur plusieurs segments, en effet, les situations sont de facto de monopole. Le client doit donc passer sous les fourches caudines et subir une augmentation.
Quand il y aura une plus large ouverture à la concurrence et une meilleure connexion des réseaux, car c'est cela le fond du problème, la concurrence sera beaucoup plus effective et elle fera baisser les prix. C'est l'absence de concurrence qui nuit à la classe ouvrière ! (Sourires.)
Mme Evelyne Didier. Vous défendez maintenant la classe ouvrière !
M. le président. En conséquence, l'article 1er est ainsi rédigé et l'amendement n° 371 n'a plus d'objet.
TITRE Ier A
STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE NATIONALE
M. le président. L'amendement n° 294, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit l'intitulé de cette division :
Politique énergétique nationale et obligations de service public de l'énergie
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Nous souhaitons à travers cet amendement que le titre 1er A traduise la réalité du contenu de cette loi. Il semble légitime que figurent dans l'intitulé de ce nouveau titre les termes mêmes de politique énergétique nationale d'un côté et ceux d'obligations de service public de l'autre.
En effet, un certain nombre d'articles de ce premier titre font directement référence à la politique énergétique nationale. Ils visent précisément à la définir, à fixer les objectifs qu'elle doit atteindre sur le moyen et long terme.
Dans l'article 1er A nouveau, par exemple, il est écrit : « La politique énergétique repose sur un service public de l'énergie qui garantit une indépendance stratégique, économique et industrielle. » On peut en effet considérer qu'il revient à l'Etat à travers la politique qu'il met en oeuvre d'assurer effectivement l'indépendance stratégique, économique et industrielle.
Quant à l'article 2, il définit avec précision les quatre objectifs de la politique énergétique française que doit mettre en oeuvre l'Etat : assurer l'indépendance énergétique, priorité même de la politique énergétique française ; préserver l'environnement en luttant plus efficacement contre l'effet de serre ; garantir un prix compétitif de l'énergie ; contribuer à la cohésion sociale et territoriale.
Enfin, il est nécessaire de faire référence aux obligations de service public. Nous avons à cet effet déposé un certain nombre d'amendements qui visent à les inscrire dans cette loi.
Nous savons combien la population française tient à ses services publics et il est donc essentiel que soient inscrites et précisées dans la loi même de telles obligations de service public.
D'où notre proposition d'intitulé pour ce titre.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 294.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Articles additionnels avant l'article 1er A
M. le président. L'amendement n° 309, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Les principes qui organisent l'activité du service public de l'énergie sont l'universalité, l'égalité, la neutralité, la continuité et l'adaptabilité.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement se justifie par son texte même. Les termes utilisés dans cet article additionnel correspondent bien à notre conception du service public de l'énergie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 298, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Les obligations de service public du gaz et de l'électricité, produits de première nécessité, priment sur le droit de la concurrence. EDF et GDF, entreprises publiques, sont l'instrument essentiel de la mise en oeuvre du service public.
La parole est à Mme Odette Terrade.
Mme Odette Terrade. Cet amendement soulève une question essentielle, celle de la compatibilité entre l'ouverture à la concurrence et la préservation des services publics.
Nous sommes en effet parvenus aujourd'hui à une étape décisive de la libéralisation des services publics, étape qui devrait nous inciter à réfléchir sur le type de société que nous avons choisi de construire pour les générations futures, à la lumière de l'expérience des pays pionniers de la libéralisation.
Les exemples de dégâts que produit à l'échelle internationale la vague de déréglementation libérale ne manquent pas. Que ce soit en matière énergétique, dans le domaine des télécommunications ou des transports, l'on constatera les mêmes effets négatifs. L'Accord général sur le commerce des services, l'AGCS, et le processus de déréglementation engagé par la Commission européenne soumettent l'ensemble des économies des pays développés à de véritables plans d'ajustements structurels qui conduisent à terme à une augmentation du chômage, à une précarisation accrue sur fond de fractionnement de notre société et d'accroissement des inégalités sociales.
On remet en cause l'égalité d'accès à un certain nombre de biens collectifs qui, en raison de leur caractère d'intérêt général, ont été séparés du marché.
On sait pourtant que la mise en place d'un large secteur public aura sans nul doute contribué, en termes d'emplois mais aussi d'égalité des chances, d'aménagement du territoire, de réalisation d'infrastructures diverses, à la dynamique de l'emploi et à la cohésion sociale et territoriale.
Aujourd'hui, nous disposons de nombreux exemples significatifs des méfaits de la libéralisation et la déréglementation dans les pays qui ont fait ce choix. Doit-on insister de nouveau sur l'exemple britannique avec les graves dysfonctionnements de ses chemins de fer, la dégradation de ses services postaux, la faillite de British Energy et les conséquences dramatiques sur le plan social ? L'accroissement des risques d'accidents - nous n'oublions pas le terrible drame de Paddington -, l'augmentation des tarifs pour les ménages avec, dans le secteur énergétique, la mise en place de compteur à pièces sont autant d'éléments qui participent aussi à l'accroissement des inégalités sociales.
On pourrait multiplier les exemples, et ce dans de nombreux pays européens. Telles sont les raisons pour lesquelles nous vous proposons cet amendement n° 298
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 311 rectifié, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Pour la mise en oeuvre de la loi d'orientation sur l'énergie et afin de disposer d'un outil répondant aux exigences de service public, EDF et GDF demeurent des établissements publics industriels et commerciaux. Le principe de spécialité d'EDF est étendu à l'activité gazière ; le principe de spécialité de GDF est étendu à l'électricité.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Cet amendement se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 295 rectifié, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
En vertu des traités européens et selon le principe de subsidiarité, chaque Etat membre de l'Union européenne peut imposer, dans l'intérêt économique général, des obligations de service public aux entreprises d'électricité.
Le service public de l'électricité a pour objet de garantir l'alimentation en électricité du territoire national, dans le respect de l'intérêt général.
Dans le cadre de la politique énergétique, il contribue à l'indépendance et à la sécurité d'approvisionnement, à la qualité de l'air et à la lutte contre la pollution atmosphérique, à la gestion optimale et au développement des ressources nationales, à la maîtrise de la demande d'énergie, à la compétitivité de l'activité économique et à la maîtrise des choix des choix technologiques d'avenir, à l'utilisation rationnelle de l'énergie.
Il concourt à la cohésion sociale en assurant le droit à l'électricité pour tous, à la lutte contre les exclusions, au développement équilibré du territoire, dans le respect de l'environnement, à la recherche et au progrès technologique, ainsi qu'à la défense et à la sécurité publique.
Le service de l'électricité, produit de première nécessité, est géré dans le respect des principes d'égalité, de continuité et d'adaptabilité, et dans les meilleures conditions de sécurité, de qualité, de coûts, de prix et d'efficacité socio-économique et énergétique.
Electricité de France, entreprise publique, est l'instrument essentiel de la mise en oeuvre du service public.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Monsieur le président, si vous le permettez, je défendrai en même temps l'amendement n° 297, car ces deux amendements concernent les services publics du gaz et de l'électricité.
L'électricité et le gaz ne peuvent être considérés comme des marchandises. Ils constituent des biens de première nécessité et, en cela, ils participent aussi à l'intégration et à la cohésion sociale, assurant le droit à l'électricité pour tous, ainsi qu'à l'aménagement du territoire.
L'alimentation en électricité et en gaz combustible dans notre pays se fait depuis plus de cinquante ans sur la base de la loi de nationalisation de 1946. Celle-ci a largement fait la preuve de ses bienfaits et a permis à notre pays, fortement dépendant au sortir de la Seconde Guerre mondiale, de développer un outil industriel performant dans le domaine de l'électricité avec des tarifs très compétitifs et enviés de tous.
Alors que nous étions quasiment dépourvus de gisements gaziers, la loi de nationalisation de 1946 a permis de développer une industrie gazière de réputation internationale et d'assurer sur des bases de service public l'alimentation en gaz naturel de plus de dix millions de familles.
Il nous semble fondamental de tout faire pour préserver ces services publics du gaz et de l'électricité. D'où notre proposition d'amendements définissant, dès le début de ce projet de loi d'orientation, les principes et objectifs du service public que nous voulons pour notre nation.
Celui-ci est notamment tributaire des choix de politique énergétique nationale, d'où la nécessité de l'inscrire dans ce projet de loi, qui tente précisément de définir et fixer les objectifs de la politique nationale en matière énergétique.
Il nous semble tout aussi fondamental de rappeler que Electricité de France et Gaz de France, entreprises publiques, constituent les instruments essentiels de la mise en oeuvre du service public de l'énergie.
Enfin, il est bon d'inscrire ces principes et objectifs de service public pour rappeler, dans le contexte actuel de la déréglementation européenne et de l'ouverture à la concurrence, le haut niveau d'exigences en matière de service public et les obligations qui en découleront pour les différents opérateurs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 297, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
En vertu des traités européens et selon le principe de subsidiarité, chaque Etat membre de l'Union européenne peut imposer, dans l'intérêt économique général, des obligations de service public aux entreprises de gaz.
Le service public du gaz a pour objet de garantir l'alimentation en gaz du territoire national, dans le respect de l'intérêt général.
Dans le cadre de la politique énergétique, il contribue à l'indépendance et à la sécurité d'approvisionnement, à la qualité de l'air et à la lutte contre la pollution atmosphérique, à la gestion optimale et au développement des ressources nationales, à la maîtrise de la demande d'énergie, à la compétitivité de l'activité économique et à la maîtrise des choix des choix technologiques d'avenir, à l'utilisation rationnelle de l'énergie.
Il concourt à la cohésion sociale en assurant le droit au gaz pour tous dans la zone desservie, le développement de la desserte sur le territoire, à la lutte contre les exclusions, au développement équilibré du territoire, dans le respect de l'environnement, à la recherche et au progrès technologique, ainsi qu'à la défense et à la sécurité publique.
Le service du gaz, produit de première nécessité, est géré dans le respect des principes d'égalité, de continuité et d'adaptabilité, et dans les meilleures conditions de sécurité, de qualité, de coûts, de prix et d'efficacité socio-économique et énergétique.
Gaz de France, entreprise publique, est l'instrument essentiel de la mise en oeuvre du service public.
Cet amendement a été défendu.
Je le mets aux voix.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° 301, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Tout producteur d'électricité à destination des clients résidents sur le territoire national, doit assumer des obligations de services publics, notamment l'égalité de traitement, la sécurité d'approvisionnement à travers notamment la programmation pluriannuelle de la production, la continuité de fourniture, la régularité, la qualité et le prix de la production, la protection de l'environnement et le développement équilibré du territoire.
La parole est à Mme Odette Terrade.
Mme Odette Terrade. Monsieur le président, si vous le permettez, je défendrai en même temps l'amendement n° 300, car ces deux amendements visent les obligations de service public. L'amendement n° 300 concerne le gaz et l'amendement n° 301 s'applique à l'électricité.
Nous pensons qu'il est bon de rappeler dans un texte de loi d'orientation sur l'énergie que tout fournisseur de gaz naturel ainsi que tout producteur d'électricité est soumis à des obligations de service public.
De telles obligations de service public consistent notamment à assurer l'égalité de traitement, la sécurité d'approvisionnement à travers notamment la programmation pluriannuelle des approvisionnements en ce qui concerne le gaz, la continuité de fourniture, la régularité, la qualité et le prix des fournitures, la protection de l'environnement et le développement équilibré du territoire.
La libéralisation des économies, l'ouverture à la concurrence du secteur des services publics risquent de multiplier à terme les fournisseurs de gaz naturel et les producteurs d'électricité. Dans ces conditions, ces nouveaux concurrents des opérateurs historiques se doivent de respecter les obligations de service public susmentionnées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 300, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Tout fournisseur de gaz naturel à destination des clients résidents sur le territoire national, doit assumer des obligations de services publics, notamment l'égalité de traitement, la sécurité d'approvisionnement à travers notamment la programmation pluriannuelle des approvisionnements, la continuité de fourniture, la régularité, la qualité et le prix des fournitures, la protection de l'environnement et le développement équilibré du territoire.
Cet amendement a été défendu.
Je le mets aux voix.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° 303, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Tout gestionnaire de réseaux de gaz naturel à destination des clients résidents sur le territoire national, doit assumer des obligations de services publics, notamment l'égalité de traitement, la sécurité et la sûreté des installations gazières, le dimensionnement et la programmation pluriannuelle des investissements de réseaux, de stockage et d'installations de GNL, la continuité de fourniture, la régularité, la qualité et le prix des prestations de réseaux, la protection de l'environnement et le développement équilibré du territoire.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. Il est nécessaire de réaffirmer de telles obligations dans un texte de loi sur les orientations politiques en matière énergétique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 302, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Tout gestionnaire de réseaux d'électricité à destination des clients résidents sur le territoire national, doit assumer des obligations de services publics, notamment l'égalité de traitement, la sécurité et la sûreté des installations électriques, le dimensionnement et la programmation pluriannuelle des investissements de réseaux, la continuité de fourniture, la régularité, la qualité et le prix des prestations de réseaux, la protection de l'environnement et le développement équilibré du territoire.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement traite des obligations des gestionnaires de réseaux d'électricité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 307 rectifié, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article 1er A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
I. - Pour réaliser et développer le service public du gaz dans le respect des principes d'égalité, de continuité et d'adaptabilité et dans les meilleures conditions de sécurité, de qualité, de coût, de prix et d'efficacité socio-économique et énergétique, des obligations de service public sont imposées aux opérateurs de réseaux de transport et de distribution de gaz naturel et aux exploitants des installations de gaz naturel liquéfié, aux fournisseurs et aux distributeurs et aux titulaires de concessions de stockage souterrain de gaz naturel. Elles portent notamment sur la sécurité, y compris la sécurité d'approvisionnement, l'égalité de traitement, la continuité de fourniture de gaz, la qualité et les prix du gaz et services associés, la protection de l'environnement, le développement équilibré du territoire, les dispositions sociales en faveur des familles modestes et des personnes en situation de précarité.
II. - Pour renforcer la sécurité des installations intérieures, le contrat d'abonnement liant un usager domestique à son distributeur inclut obligatoirement une clause de contrôle de sécurité. Cette clause met à la charge du distributeur la réalisation de visites périodiques et systématiques de contrôle de la sécurité de l'installation de gaz au-delà du compteur de l'usager. Ces visites sont impérativement exécutées par du personnel qualifié des IEG.
1) Le principe d'égalité du traitement se réalise notamment par la péréquation tarifaire nationale pour les clients non éligibles.
2) Dans les communes desservies, il se réalise également par l'obligation de desserte du gaz aux clients non éligibles qui le demandent. Le distributeur exploitant le réseau public de gaz naturel sur le territoire de la commune doit alors formuler une proposition de raccordement.
3) En vertu des principes d'égalité de traitement et d'alimentation aux meilleures conditions de prix, les fournisseurs qui ont des clients éligibles et des clients non éligibles apportent en début d'année N+1 la preuve que, hors prix de transport, distribution, stockage, le prix moyen du gaz fourni à destination des clients non éligibles durant l'année N, ne diffèrent pas de plus de 10% du prix moyen du gaz fourni à destination des clients éligibles pendant la même période.
4) La sécurité d'approvisionnement se réalise notamment par le respect de la programmation pluriannuelle d'approvisionnement, d'investissement en infrastructures de transport, de GNL et de stockages souterrains.
5) La continuité de fourniture qui est notamment conditionnée par la sécurité d'approvisionnement.
La parole est à Mme Odette Terrade.
Mme Odette Terrade. Nous estimons que, dans une loi d'orientation sur l'énergie, le contenu même des obligations de service public doit figurer de manière explicite.
En ce qui concerne le service public du gaz, de telles obligations doivent porter sur la sécurité, la qualité, le coût, le prix et l'efficacité socio-économique et énergétique.
De telles obligations doivent aussi renforcer la sécurité des installations intérieures, raison pour laquelle nous proposons que figure dans les contrats d'abonnement une clause de sécurité obligeant le distributeur à effectuer, à sa charge, des contrôles réguliers. Il s'agit de faire en sorte que le coût de ces visites de contrôle soit intégré forfaitairement au coût de l'abonnement.
Nous proposons également de prévoir l'obligation de desserte en gaz des clients non éligibles des communes desservies qui la demandent. Trop de communes ne sont que partiellement desservies et souhaiteraient l'être totalement. Le distributeur pourrait, dans ce cas, formuler une proposition de raccordement et d'abonnement au demandeur.
Nous proposons aussi de faire en sorte que la fourniture de gaz puisse se faire aux meilleures conditions de prix et de coût. Les variations du prix du gaz aux frontières varient énormément d'un contrat à l'autre, et ce même en ce qui concerne les contrats à long terme. Cela dépend en réalité du gisement d'origine, de son emplacement, de la liquéfaction ou la non-liquéfaction du gaz, de la date de signature du contrat. On peut ainsi observer sur les contrats à long terme des variations de prix de un à six.
Il faut donc agir - surtout depuis la fin du monopole d'importation de gaz par GDF - afin de préserver les principes mêmes de notre service public. Nous savons que, dans le contexte actuel, les tensions sur les prix du gaz sont extrêmement fortes et risquent de pénaliser les usagers domestiques.
Il s'agit aussi de limiter la propension à vendre aux clients éligibles les gaz bon marché, au détriment des clients non éligibles.
Enfin, pour assurer la sécurité des approvisionnements, nous rappelons la nécessité de planifier les approvisionnements et les investissements en matière d'installation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Défavorable.
Je ferai observer au groupe communiste républicain et citoyen que, pour que soit satisfait son amendement, c'est-à-dire pour que soit permis le contrôle de sécurité, il faudrait sortir du principe de spécialité de l'EPIC et donc changer le statut.
Mme Marie-France Beaufils. Tout à fait !
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Vous allez avoir cette possibilité très prochainement. (Rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)
M. le président. La parole est à Mme Marie-France Beaufils, pour explication de vote.
Mme Marie-France Beaufils. Nous savions tout cela, monsieur le ministre. Nous ne sommes pas surpris !
Changer le statut de l'EPIC et lui permettre d'avoir plus de spécialité qu'il n'en a aujourd'hui est tout à fait possible. Ce n'est pas parce qu'on transformera l'EPIC en SA que cela nous apportera la réponse que l'on veut. Nous voulons que l'EPIC n'ait plus une seule spécialité, qu'il ait la possibilité de s'ouvrir à l'ensemble des spécialités à la fois d'électricité et du gaz et qu'il puisse avoir un ensemble de services lui permettant véritablement d'être efficace dans la réponse aux besoins.
Je saisis cette occasion pour réagir à ce que vous disiez tout à l'heure à propos des prix et de la façon dont nous posons la question de la péréquation. Je voudrais tout de même rappeler qu'en Grande-Bretagne la mise en concurrence n'a pas permis d'apporter une meilleure réponse. Au contraire, les usagers ont vu leur facture augmenter très fortement.
Laisser croire que le marché va apporter aux usagers une baisse des prix est un leurre. On sait très bien que, si le capital public n'a pas d'exigence de rentabilité, le capital privé en a.
M. le président. L'amendement n° 299, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
L'approvisionnement en gaz de notre pays relève de la politique énergétique nationale. Il constitue l'un des éléments de la stratégie énergétique de la France. L'entreprise publique Gaz de France est chargée d'assurer l'approvisionnement en gaz de la France.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Nous pensons qu'il est tout à fait légitime et nécessaire de réaffirmer dans une loi d'orientation sur l'énergie que l'approvisionnement en gaz relève du choix politique de la nation. En effet, depuis la fin du monopole d'importation de Gaz de France, les risques de dysfonctionnements en matière d'approvisionnement sont tout à fait réels. Le gaz est amené à jouer à l'avenir un rôle extrêmement important. Il peut constituer un produit substitutif du pétrole ; d'ailleurs, les grandes compagnies pétrolières ne semblent pas s'y être trompées, puisque, dans le prolongement de leur stratégie en matière de gestion des ressources pétrolières, elles cherchent à contrôler les gisements de gaz, notamment au Moyen-Orient.
Pour la France, le gaz est un élément de la stratégie énergétique. La dépendance nationale à l'égard de cette énergie exige que Gaz de France, entreprise publique, soit chargée d'assurer l'approvisionnement en gaz de la France.
L'expérience de cette entreprise publique permet de réduire la probabilité du risque de rupture d'approvisionnement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 304, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
I. - 1°) Pour réaliser la politique énergétique nationale, notamment dans le cadre de la loi d'orientation sur l'énergie et assurer la continuité de fourniture de gaz dans le futur, le Ministre chargé de l'énergie arrête et rend publique la programmation pluriannuelle de l'approvisionnement en gaz naturel du pays et des investissements de réseaux, d'installations GNL et de stockage utiles.
2°) Cette programmation met en évidence pour les usagers non éligibles du service public, l'exigence d'une diversification et d'une fiabilité des sources d'approvisionnement.
Elle implique par ailleurs pour chaque fournisseur qui compte parmi ses clients des usagers non éligibles du service public la nécessité d'un plan prévisionnel d'approvision-nement tel que 90% du volume approvisionné chaque année soient assurés par des contrats de long terme.
Concernant les autres fournisseurs, ils communiquent tous les ans au Ministre chargé de l'énergie, leur plan prévisionnel d'approvisionnement en gaz naturel pour les deux années suivantes.
3°) La programmation détermine par ailleurs un schéma de développement des réseaux de grand transport et de transport, ainsi que des installations de GNL. Ce schéma de développement définit également les évolutions des capacités de stockage nécessaires au service public.
Il prend aussi en compte les besoins présents et futurs de consommation et de transit. Il intègre l'obligation du service public en matière de continuité de fourniture, qu'elles que soient les fluctuations de la consommation, et ce, même en cas de :
- scénarii d'hivers froids au risque 2% ;
- scénarii de crise d'approvisionnement (par exemple interruption d'une source principale d'approvisionnement).
4°) Le schéma de développement précise également les exigences de sécurité auxquelles sont soumis les fournisseurs et les opérateurs pour chaque type d'infrastructures, tant en terme de conception, de construction, d'exploitation que de couverture des incidents et des accidents.
5°) Des décrets en Conseil d'Etat fixent les modalités d'application du paragraphe II de cet article. L'un de ces décrets précise l'obligation pour tout fournisseur et tout opérateur de respecter a minima un cahier des charges type dont le contenu fera l'objet d'un arrêté ministériel.
6°) La programmation ci-dessus définie, fait l'objet d'un rapport présenté pour la première fois au parlement par le Ministre chargé de l'énergie dans l'année suivant la promulgation de la présente loi.
Cette programmation est mise à jour au moins tous les deux ans. Cette révision s'appuie notamment sur le schéma des services collectifs de l'énergie, sur un bilan de la situation et sur une prévision pluriannuelle des évolutions de la consommation. Cette prévision est établie par Gaz de France sous le contrôle de l'Etat prenant en compte la capacité des infrastructures.
II. Lorsqu'un contrat de fourniture en cours de réalisation apparaît difficilement compatible avec la programmation pluriannuelle, le Ministre chargé de l'énergie peut demander au fournisseur de modifier son approvisionnement.
Lorsqu'un projet de contrat de fourniture apparaît incompatible avec la programmation pluriannuelle, le Ministre chargé de l'énergie peut exiger du fournisseur une révision de son projet, sous peine de refus d'autorisation pour cause d'incompatibilité avec la politique énergétique nationale ou d'incompatibilité avec les exigences de service public.
Les modalités de délivrance des autorisations sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il nous semble tout à fait essentiel d'inscrire dans une loi d'orientation sur l'énergie la nécessité d'une programmation pluriannuelle des investissements. L'ampleur des dépenses d'investissements pour la mise en exploitation d'un gisement de gaz est telle que ses propriétaires veulent être assurés de pouvoir vendre le gaz extrait pendant une longue période nécessaire à l'amortissement de leurs investissements.
De même, les investissements pour le transport international du gaz sont très lourds et supposent, avant leur réalisation, l'assurance que du gaz circulera dans leurs tuyaux pendant longtemps pour amortir leurs dépenses.
De ces faits, il découle que le marché international du gaz est d'abord un marché de long terme. La France dépend à plus de 95% de l'étranger pour son approvisionnement sur des contrats de long terme résultant d'une anticipation des besoins et matérialisé par un programme pluriannuel d'approvisionnement. C'est d'ailleurs ainsi que GDF procède depuis des décennies. Et, il y a encore peu de temps, tout le monde admettait que le monopole d'importation de Gaz de France était indispensable à l'approvisionnement de la France, dans les meilleures conditions
De même, les investissements de canalisations, de transport, de distribution, ceux qui concernent les installations de gaz naturel liquéfié, le GNL, et les stockages doivent, eux aussi, être programmés.
Notre amendement vise à combler ce manque, dramatique pour l'avenir du pays et définit ce que doit contenir cette programmation. Tel est le sens de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 305, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Avant d'émettre son avis sur les tarifs de vente aux clients non éligibles et sur les tarifs d'utilisation des réseaux de transport et de distribution et des installations de gaz naturel liquéfié, la commission de régulation de l'énergie consulte les organisations représentatives des salariés, les organisations représentatives des usagers, les représentants des opérateurs et l'Observatoire national du service public de l'électricité.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Nous savons que la commission de régulation de l'énergie a accès aux informations comptables, financières et économiques des opérateurs gaziers. Or cela ne lui permet pas obligatoirement d'apprécier les préoccupations des consommateurs de toutes catégories sur le service rendu, ni la qualité des prestations de ces opérateurs.
Aussi est-il utile tant pour la démocratie que pour les consommateurs et les salariés des opérateurs que son attention soit attirée sur diverses facettes de la réalité gazière. Le contexte actuel nous invite ardemment, en matière tarifaire, à renforcer la transparence.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 306, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Le service public national du gaz vise à servir au mieux les intérêts de la nation et de ses citoyens.
L'égalité de traitement en matière tarifaire est assurée sur l'ensemble du territoire. La péréquation tarifaire nationale est réalisée entre les distributeurs par le Fonds de péréquation du gaz, institué par l'article 33 de la loi n° 46-628 du 8 avril 1948.
Les conditions d'application de la péréquation tarifaire nationale font l'objet d'un décret en Conseil d'Etat.
La parole est à Mme Odette Terrade.
Mme Odette Terrade. Nous souhaitons, à travers cet amendement et dans le respect des principes mêmes du service public, instaurer la péréquation tarifaire nationale pour les usagers domestiques du gaz. Celle-ci était difficilement réalisable au moment de la nationalisation du gaz en 1946, époque à laquelle les multiples usines à gaz produisaient des résultats très variables. Par la suite, la France a mis des décennies à se doter d'un grand réseau de gaz maillé couvrant presque toutes les zones du pays, ce qui a permis à Gaz de France de réduire progressivement les écarts de tarifs entre les divers points du territoire.
Actuellement, les seules différences existant encore portent sur le coût des antennes de transport. L'heure est venue de franchir le pas et d'offrir aux Français ce qu'ils attendent et revendiquent, à savoir l'égalité de traitement.
Un instrument permet de surmonter les écarts économiques de coût de revient dans les antennes de transport : il s'agit du fonds de péréquation du gaz créé par l'article 33 de la loi de nationalisation. Techniquement, aucun obstacle sérieux ne s'oppose à la réalisation de cette égalité de traitement. Ce qu'il faut, c'est en avoir la volonté politique !
C'est la raison pour laquelle cet amendement vise à inscrire cette égalité, donc la péréquation, dans la loi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 310, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Le ministre chargé de l'énergie veille à ce que la péréquation tarifaire en matière d'électricité qui assure l'égalité d'accès de tous les usagers, quels que soient leurs moyens et leur situation sur tout le territoire, soit maintenue.
La parole est à Mme Evelyne Didier.
Mme Evelyne Didier. La péréquation tarifaire en matière d'électricité répond aux exigences de service public. Elle permet d'assurer l'égalité d'accès de tous les usagers, quels que soient leurs moyens et en tout point du territoire, à ces biens de première nécessité. Nous pensons qu'il est légitime d'inscrire ce principe dans un texte de loi d'orientation sur l'énergie.
En matière d'électricité et dans le contexte actuel de déréglementation et de libéralisation, il n'est pas du tout acquis que la péréquation tarifaire sera maintenue. C'est la raison pour laquelle il nous paraît nécessaire de préciser dans la loi que cette péréquation subsistera.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 308, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article premier A, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
Six mois après la promulgation de la loi d'orientation sur l'énergie, le gouvernement adresse au Parlement un rapport sur le bilan de la déréglementation dans le secteur énergétique. Ce rapport examine l'impact en termes d'emploi et d'aménagement du territoire de la transposition des directives européennes. Il comporte une étude prospective à horizon 2009 sur ces différents aspects.
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. La déréglementation et la libéralisation du secteur énergétique ont souvent été justifiées par les bénéfices qu'elles étaient censées apporter en termes d'efficacité socio-économique. Selon les libéraux, il s'agissait de mettre un terme aux pertes d'efficience liées aux entreprises publiques disposant d'un monopole.
Dans les pays pionniers de ce mouvement de libéralisation et de privatisation, les conséquences sur le plan social ont été particulièrement négatives et ont de fait contribué au ralentissement de la croissance.
C'est ainsi qu'en Grande-Bretagne, la privatisation et la désintégration de l'entreprise publique gazière British Gas a eu lieu en 1986. En 1989, l'Electricity Act ouvre à la concurrence le secteur de l'électricité et conduit à la désintégration du monopole public électrique CEGB - Central Electricity Generating Board - en plusieurs unités privatisées. Cette libéralisation et cette privatisation ont eu pour conséquence immédiate la soumission aux critères de rentabilité de court terme avec une recherche accrue de compétitivité et de baisse des coûts.
Cette domination de la logique de court terme s'est traduite par une précarisation accrue des salaires, une augmentation des profits et des dividendes des actionnaires. Dans les entreprises, elle a abouti à une détérioration des conditions de travail avec de fortes tensions entre les salariés et à une déstabilisation des collectifs de travail particulièrement contre-productive.
En termes d'emplois, et donc aussi, par répercussion, en termes d'efficacité macro-économique, les pertes sont considérables. En 1986, British Gas employait 91 500 personnes, contre environ 36 000 à la fin des années quatre-vingt-dix, soit 55 500 emplois supprimés !
Au début des années quatre-vingt -dix, le secteur de l'électricité employait quelque 144 000 personnes. En 1998, il n'en employait plus que 78 000 ; ce sont donc 66 000 emplois qui ont disparu en moins d'une décennie.
Au cours de la décennie quatre-vingt-dix, la rationalisation s'est poursuivie, pour aboutir à des dysfonctionnements tels qu'ils ont conduit à la faillite de British Energy. On ne peut donc nier aujourd'hui les conséquences désastreuses du processus de libéralisation non seulement sur l'emploi, mais aussi sur l'efficacité globale du secteur. Et l'on a de bonnes raisons de penser que cette libéralisation contribue directement à l'affaiblissement de la croissance économique, à l'augmentation du chômage et des inégalités et, à terme, à la remise en cause de notre cohésion sociale.
Pour toutes ces raisons, nous souhaitons que soit menée une étude approfondie sur les conséquences sociales de l'ouverture à la concurrence du secteur énergétique susceptible de déboucher sur un véritable débat parlementaire. Il s'agit à la fois de mesurer l'impact en termes d'emplois et d'en mesurer les effets en termes d'aménagement du territoire. Nous savons que, dans de nombreuses zones de notre territoire, principalement mais pas exclusivement, des agences d'EDF ferment et contribuent d'une manière ou d'une autre à la désertification de ces zones.
Nous souhaiterions que cette étude comporte également une étude prospective jusqu'à l'horizon 2009.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 308.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 1er A
La politique énergétique repose sur un service public de l'énergie qui garantit une indépendance stratégique, économique et industrielle.
M. le président. L'amendement n°1, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
A la fin de cet article, remplacer les mots :
, économique et industrielle
par les mots :
et favorise la compétitivité économique et industrielle
Le sous-amendement n° 132, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par l'amendement n° 1 par les dispositions suivantes :
, et une économie des ressources épuisables et une protection de l'environnement.
Le service public reconnaît le droit de chacun à l'énergie.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 1.
M. Henri Revol, rapporteur. La commission approuve pleinement l'article 1er A du projet de loi, qui reconnaît le rôle éminent de service public du secteur de l'énergie.
Elle vous propose de préciser que le service public de l'énergie favorise la compétitivité économique et industrielle.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Blandin, pour présenter le sous-amendement n° 132.
Mme Marie-Christine Blandin. La référence à la notion de service public, c'est-à-dire à l'intérêt général, doit inclure la protection des ressources et de l'environnement.
Il faut aussi reconnaître le droit à l'énergie et notre commission propose d'insérer la mention : « et favorise la compétitivité économique et industrielle ».
M. le ministre vient, il y a quelques instants, de prononcer un discours en faveur de la classe ouvrière. (Sourires.) Il lui sera donc très facile de ne pas limiter ce texte à la finalité de compétitivité industrielle proposée par M. Revol.
Ces mentions dans la loi sont importantes dans la perspective d'un dépassement d'une conception strictement nationale de l'intérêt général vers une conception assez courante en Europe. Il faut rapprocher la définition du service public de celle du développement durable.
J'ajoute que nous sommes à la veille de la présentation, devant le Sénat, du projet de charte de l'environnement, qui va beaucoup plus loin que cette proposition.
J'espère donc que le Gouvernement sera cohérent en étendant la notion de service public au droit à l'énergie comme à la protection de l'environnement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable au sous-amendement n° 132.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 132.
En revanche, il se prononce pour l'amendement n° 1.
M. le président. La parole est à Mme Marie-France Beaufils, pour explication de vote.
Mme Marie-France Beaufils. A l'occasion de cet article 1er A, il me semble important de s'attarder sur la notion de service public concernant la politique de l'énergie.
On sait aujourd'hui que les populations ont montré leur attachement à ce service public et leur opposition au démantèlement mené dans le cadre de toutes les discussions au sein de l'OMC et du débat autour de l'accord général sur le commerce et les services.
Je crois qu'on ne peut pas poursuivre dans cette voie.
J'aimerais obtenir des engagements parce qu'on ne peut pas écrire une chose dans la loi, quand parallèlement des négociations sont menées dans un sens contraire
Mme Blandin a souligné l'importance de répondre aux besoins des usagers. On sait que les négociations de l'OMC risquent d'avoir un caractère irréversible qui conduirait à une libéralisation totale des services et donc à une transformation radicale de notre société puisque nos services publics réduits au minimum ne pourraient plus jouer le rôle de correcteur des inégalités.
Cet article me semble être un choix très important en termes d'orientation. Vous allez proposer la semaine prochaine à l'Assemblée nationale un changement de statut de l'EPIC. Comment justifierez-vous l'affirmation contenue dans cet article, alors que le changement de statut de l'opérateur public ne fera que remettre en cause sa capacité à y répondre ?
Le secteur de l'énergie, nous semble-t-il, doit répondre aux besoins des populations sans en faire un élément de marchandisation, comme c'est le cas lors de toutes les négociations qui sont menées à l'échelon européen. J'aurais donc souhaité que vous nous éclairiez sur la façon dont vous envisagez de mettre en cohérence cet article avec les autres projets de loi à venir.
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul, pour explication de vote.
M. Daniel Raoul. Je regrette que l'article 1er n'affirme pas, au-delà du service public de l'électricité, les grandes orientations de la politique énergétique.
En particulier, il ne précise pas que l'un des principaux gisements provient des économies engendrées par les énergies renouvelables.
On sait que, depuis la première guerre du Golfe, nous sommes tous, dans nos entreprises ou chez nous, coupables d'avoir laissé s'amplifier la dépense d'énergie. Combien d'appareils électriques laissons-nous en veilleuse ?
Sur ce point, j'aurais souhaité que le sous-amendement de Mme Blandin soit pris en compte et que les principes qu'il énonce soient affirmés dès les premières lignes de ce projet de loi.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Blandin, pour explication de vote sur l'amendement n° 1.
Mme Marie-Christine Blandin. J'estime que la compétitivité sous cette forme est particulièrement inquiétante. Il n'y a pas un droit à l'énergie pour la population et il n'y a pas de protection de l'environnement, pour les salariés comme pour les usagers.
Il est simple d'être compétitif économiquement et industriellement en fabriquant des produits qui dégagent le maximum de bénéfices, en offrant des prix très bas mais sans aucune préoccupation pour les salariés, les usagers ou le lieu où l'on vit. C'est exactement ce qui se fait à l'autre bout du monde où il n'y a ni lois sociales ni lois environnementales.
Déréglementation, profit maximum, précaution zéro : je me demande bien ce que vous allez nous proposer dans la Charte de l'environnement !
M. le président. Je mets aux voix l'article 1er A, modifié.
(L'article 1er A est adopté.)
Article 1er B
La maîtrise publique de la politique énergétique nécessite le maintien et le développement d'entreprises publiques nationales.
M. le président. L'amendement n° 2, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Au début de cet article, remplacer les mots :
La maîtrise publique
par les mots :
La conduite
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix l'article 1er B, modifié.
(L'article 1e rB est adopté.)
Article additionnel avant l'article 1er
M. le président. L'amendement n° 336, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Avant l'article 1er, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Un bilan du processus d'ouverture à la concurrence du secteur de l'énergie sera réalisé dans les trois mois suivant la promulgation de la présente loi. La poursuite de ce processus est subordonnée à l'examen de ce bilan par le Parlement.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Je pensais que M. le ministre répondrait à nos interrogations sur l'article 1er A.
M. Bernard Piras. Le ministre est méprisant !
Mme Marie-France Beaufils. Non, vous n'avez pas répondu sur les points que nous venons de soulever.
Quant à l'amendement n° 336, il se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 336.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Articles additionnels après l'article 1er
M. le président. L'amendement n° 196, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Après l'article 1er, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Avant le 31 décembre 2004, une loi de programmation déterminera les moyens fiscaux et budgétaires permettant la mise en oeuvre et la réalisation des orientations de la politique énergétique, telles qu'approuvées à l'article 1er.
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. Une loi d'orientation n'a de sens que si elle est mise en oeuvre par une loi de programmation, qui devra déterminer les contributions budgétaires de l'Etat, le rôle des établissements de l'Etat ainsi que les moyens dont ils disposent, qu'il s'agisse de l'ADEME, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie ou de l'ANVAR, l'Agence nationale de valorisation de la recherche, ou des organismes de recherche.
Cette loi de programmation devra également fixer les mesures fiscales permettant d'atteindre les objectifs de la politique énergétique, notamment en matière de maîtrise de la demande d'énergie dans le bâtiment.
Telle est la raison pour laquelle nous avons déposé cet amendement, que nous demandons au Sénat d'adopter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement émet un avis défavorable, car cet amendement a sa place en loi de finances.
M. le président. L'amendement n° 368, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Après l'article 1er, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Un bilan de l'impact sur les prix de l'énergie de la libéralisation du marché du gaz sera réalisé dans les trois mois suivant la promulgation de la présente loi.
La parole est à Mme Odette Terrade.
Mme Odette Terrade. Cet amendement témoigne de notre exigence d'un bilan de la politique de libéralisation du marché de l'énergie à l'échelon européen, car les premiers éléments disponibles semblent mettre en évidence un certain nombre d'effets pervers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 368.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 1er bis
Le premier axe de la politique énergétique est de maîtriser la demande d'énergie afin de tripler le rythme annuel de baisse de l'intensité énergétique finale d'ici 2030 et de porter ce rythme annuel à 2 % dès 2015.
A cette fin, l'Etat mobilise l'ensemble des politiques publiques :
- la réglementation, française et communautaire, relative à l'efficacité énergétique, qui évoluera dans l'ensemble des secteurs concernés au plus près des capacités technologiques ;
- la réglementation relative aux déchets qui sera renforcée, afin d'une part de fixer aux industriels et aux distributeurs des objectifs supplémentaires de réduction des volumes, des tonnages et de la toxicité des emballages et des produits de consommation finale, et d'autre part de favoriser le développement des filières de recyclage et de tri sélectif ;
- la fiscalité sur la consommation d'énergie et sur les équipements énergétiques sera progressivement ajustée afin de favoriser des économies d'énergie et une meilleure protection de l'environnement ;
- la sensibilisation du public et l'éducation des Français, qui seront encouragées par la mise en oeuvre de campagnes d'information pérennes et l'inclusion des problématiques énergétiques et de celles relatives aux déchets dans les programmes scolaires ;
- l'information des consommateurs, qui sera renforcée ;
- les engagements volontaires des professions les plus concernées et le recours aux instruments de marché, qui seront favorisés.
En outre, l'Etat, les établissements publics et les exploitants publics mettront en oeuvre des plans d'action exemplaires aussi bien dans la gestion de leurs parcs immobiliers que dans leurs politiques d'achat de véhicules.
Cette politique de maîtrise de l'énergie doit être adaptée aux spécificités de chaque secteur.
Le premier secteur concerné est celui de l'habitat et des locaux à usage professionnel.
Pour les bâtiments neufs, l'Etat entend introduire et abaisser régulièrement les seuils minimaux de performance énergétique globale, avec un objectif d'amélioration de 40 % d'ici 2020 en développant une part importante de logements « à énergie positive », c'est-à-dire dans lesquels il est produit plus d'énergie qu'il n'en est consommé. La réglementation thermique de 2005 constituera une première étape significative avec une amélioration de 15 % de la performance énergétique globale par rapport à la réglementation de 2000.
Compte tenu d'un taux de renouvellement des bâtiments de 1 % par an, la priorité portera sur l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments anciens. Le niveau d'exigence en la matière évoluera conjointement à la réglementation thermique pour le neuf et sera, initialement, aussi proche que possible, en termes d'exigence globale, de la réglementation applicable au neuf en 2000.
Enfin, en ce qui concerne le parc public, les partenariats entre le secteur public et le secteur privé doivent être utilisés pour promouvoir des actions d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables par l'Etat et les collectivités territoriales.
Les actions de rénovation du parc locatif aidé, permettant une réduction des factures d'énergie des ménages modestes, seront amplifiées.
Les propriétaires bailleurs seront incités à engager des travaux d'économie d'énergie grâce à un partage équitable des économies engendrées avec les locataires.
Le deuxième secteur concerné est celui des transports.
L'Etat entend réduire autant que possible toutes les émissions polluantes unitaires des véhicules et favoriser une organisation urbaine limitant les déplacements. A cette fin :
- l'Etat encourage, dans un cadre européen, et sur la base d'accords avec les industriels concernés, une réduction des émissions individuelles moyennes de dioxyde de carbone des automobiles neuves à 120 grammes de dioxyde de carbone émis par kilomètre parcouru à l'horizon 2012 ainsi que la définition d'un objectif de réduction des émissions pour les véhicules utilitaires légers, les poids lourds et les véhicules à deux roues. L'Etat soutient également l'adoption d'un règlement communautaire permettant de minimiser les consommations liées à l'usage de la climatisation et des autres équipements auxiliaires des véhicules. Il promeut enfin dans un cadre international la réduction des émissions des avions. L'Etat encourage notamment le développement de véhicules fonctionnant au gaz naturel véhicules (GNV) ;
- l'Etat encouragera le développement des limiteurs volontaires de vitesse sur les automobiles et les véhicules utilitaires légers neufs. Il visera en particulier l'acquisition la plus systématique possible de véhicules munis de ce dispositif pour son propre parc ;
- l'achat de véhicules moins consommateurs d'énergie sera encouragé, notamment par une meilleure information des consommateurs et le maintien des crédits d'impôt pour l'achat des véhicules propres ;
- l'Etat incitera les collectivités territoriales compétentes à définir des politiques d'urbanisme permettant d'éviter un étalement urbain non maîtrisé et facilitant le recours aux transports en commun ;
- il incitera également les entreprises à améliorer le rendement énergétique de leur chaîne logistique (notamment en matière de transport de marchandises) et à optimiser les déplacements professionnels ou les déplacements de leurs employés entre leur domicile et leur lieu de travail.
Le troisième secteur concerné est celui de l'industrie.
Dans ce secteur, les efforts déjà entrepris doivent être poursuivis afin d'améliorer l'efficacité énergétique des procédés mais aussi de favoriser la substitution aux procédés actuels de procédés non émetteurs de dioxyde de carbone notamment par la mise en place progressive d'un système d'échange de quotas d'émission dans l'Union européenne.
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 5, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Supprimer cet article
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Cet article additionnel 1er bis, adopté par l'Assemblée nationale est le premier d'une série d'articles visant à introduire dans le dispositif législatif les axes de la politique énergétique française, auparavant détaillés dans l'annexe du projet de loi initial.
L'article 1er bis développe ainsi le premier axe de la politique énergétique qui est relatif à la maîtrise de la demande d'énergie.
Par cohérence avec le rétablissement de l'article 1er, dans la version du projet de loi initial, et de l'annexe, votre commission vous propose de supprimer cet article dont les éléments ont été repris dans l'annexe.
M. le président. L'amendement n° 460, présenté par Mme Beaufils, M. Coquelle, Mme Didier, M. Le Cam, Mme Terrade et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
Dans le premier alinéa de cet article, après les mots :
maîtriser la demande d'énergie
insérer les mots suivants :
et de renforcer l'efficacité énergétique
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. J'ai essayé d'expliquer le sens que nous donnons à la notion d'efficacité énergétique. Cependant, dans l'ensemble des interventions et des amendements, je n'ai rien trouvé sur les problèmes sur lesquels nos chercheurs ont fait des avancées importantes que j'aimerais bien voir traduites dans la réalité concrète.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable sur l'amendement n° 460.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 5, qui, effectivement, a le mérite de la cohérence.
En revanche, il est défavorable à l'amendement n° 460.
M. le président. En conséquence, l'article 1er bis est supprimé et l'amendement n° 460 n'a plus d'objet.
Article 1er ter
Le deuxième axe de la politique énergétique est de diversifier le futur bouquet énergétique de la France.
Cette diversification concerne, en premier lieu, l'électricité.
La part importante de la production d'origine nucléaire dans la production électrique française confère à la France des avantages indéniables en termes de sécurité d'approvisionnement, de compétitivité et de lutte contre l'effet de serre et a permis la création d'une filière industrielle d'excellence. Il convient de préserver ces bénéfices.
A l'avenir, la production d'électricité devra toutefois reposer, à côté du nucléaire, sur une part croissante d'énergies renouvelables, et, pour répondre aux besoins de pointe de consommation, sur des centrales thermiques au charbon, à fioul ou à gaz notamment à cycles combinés et à cycle hypercritique.
L'Etat se fixe donc trois priorités.
La première est de maintenir l'option nucléaire ouverte à l'horizon 2020.
Si, pour les centrales nucléaires actuelles, une durée de vie de quarante ans semble plausible, cette durée de vie n'est pas garantie et son prolongement éventuel l'est encore moins. Les premières mises à l'arrêt définitif des centrales nucléaires actuelles pourraient donc se produire vers 2020. La durée de vie de chaque centrale sera en effet évaluée au cas par cas et le moment venu, en tenant compte de ses spécificités de conception, de construction et d'exploitation. Cette durée de vie dépendra donc de l'aptitude des centrales à respecter les exigences de sûreté déterminées, en toute indépendance par rapport aux producteurs, par la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection.
Compte tenu des délais de construction d'une nouvelle centrale nucléaire, la France devra être, vers 2015, en mesure de décider si elle lance une nouvelle génération de centrales nucléaires en remplacement de l'actuelle.
A cette fin, les technologies nécessaires devront être disponibles au moment du renouvellement du parc. La prochaine programmation pluriannuelle des investissements de production électrique, dont l'horizon sera 2015, tiendra donc compte de cette nécessité nationale de conserver l'option nucléaire ouverte. A cet effet, elle prévoira notamment la construction prochaine d'un réacteur de conception la plus récente. L'Etat appuiera dans ce cadre la demande d'EDF de construire un réacteur européen à eau pressurisée : l'EPR. En effet, les technologies de rupture, celles des réacteurs de quatrième génération, ne seront au mieux disponibles pour un déploiement industriel qu'à l'horizon 2045, soit trop tardivement pour le remplacement du parc nucléaire actuel. La construction très prochaine d'un EPR, considérée comme un démonstrateur industriel, est en effet indispensable, compte tenu de l'importance des évolutions technologiques, du point de vue de la sûreté, pour optimiser techniquement et financièrement le déploiement ultérieur des nouvelles centrales. Par ailleurs, à l'horizon de sa mise en service, sa production sera nécessaire à l'équilibre du réseau électrique français. C'est pourquoi, dès 2004, ce projet fera l'objet, comme le prévoit le code de l'environnement, d'une concertation sous l'égide de la Commission nationale du débat public.
Par ailleurs, la pérennisation et le développement de la filière nucléaire supposent, d'une part, que la maîtrise publique de cette filière soit préservée et, d'autre part, que la transparence et l'information du public soient encore accrues. De même, il conviendra d'examiner en 2006, conformément à l'article L. 542-3 du code de l'environnement, la ou les filières technologiques susceptibles d'apporter une solution durable au traitement des déchets radioactifs de haute activité et à vie longue et bien évidemment de poursuivre les efforts de recherche sur ces sujets.
La deuxième priorité en matière de diversification énergétique dans le secteur électrique est d'assurer le développement des énergies renouvelables.
Ce développement doit tenir compte, d'une part, de la spécificité du parc français de production d'électricité, qui fait très peu appel aux énergies fossiles, de sorte que le développement des énergies renouvelables électriques est moins prégnant dans notre pays que chez certains de nos voisins et, d'autre part, de la spécificité et de la maturité de chaque filière.
En dépit de l'actuelle intermittence de certaines filières, les énergies renouvelables électriques contribuent à la sécurité d'approvisionnement et permettent de lutter contre l'effet de serre. Il convient donc d'atteindre l'objectif indicatif d'une production intérieure d'électricité d'origine renouvelable de 21 % de la consommation intérieure d'électricité totale à l'horizon 2010. Un objectif pour 2020 sera défini d'ici 2010 en fonction du développement de ces énergies.
Afin d'atteindre cet objectif, l'Etat développera en priorité les filières matures entraînant le moins de nuisances environnementales et encouragera par ailleurs la poursuite du développement technologique des autres filières.
A cette fin, pour assurer une meilleure productivité des chutes hydroélectriques, si les études d'impact établissent que la vie, la circulation et la reproduction des espèces qui peuplent les eaux et, d'une manière générale, le bon état écologique du cours d'eau sont garanties en permanence et par dérogation à l'article L. 432-5 du code de l'environnement, le débit minimal imposé aux ouvrages hydroélectriques peut être inférieur au dixième du module du cours d'eau défini à l'article précité et fixé de façon variable dans l'année.
Afin d'assurer le maintien de ce potentiel hydraulique, les mesures prises dans le cadre de l'exploitation des ouvrages hydrauliques au titre de la protection de l'eau devront préalablement donner lieu à un bilan énergétique tenant compte des objectifs nationaux en matière d'énergies renouvelables électriques et de lutte contre l'effet de serre.
La géothermie haute énergie, qui permet la production d'électricité à partir de l'utilisation de la vapeur d'eau à température élevée extraite des sous-sols volcaniques, sera développée outre-mer. De même, un soutien accru sera accordé à l'expérience de géothermie en roches chaudes fracturées à grande profondeur.
Pour valoriser l'expertise acquise avec la centrale solaire Thémis et le four solaire d'Odeillo, la France tiendra toute sa place dans les instances de coopération scientifique et technologique internationale sur le solaire thermodynamique et participera au projet de centrale solaire Solar III en Espagne.
Afin de soutenir les énergies renouvelables électriques, l'Etat privilégiera le recours aux appels d'offres institués par la loi no 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité qui permettent de financer ce développement en privilégiant les projets les plus rentables et donc au moindre coût pour le consommateur. Trois ans après la promulgation de la présente loi, un bilan des expériences nationale et étrangères sera dressé. Ce bilan servira à optimiser le dispositif français de soutien à ces énergies en modifiant si nécessaire les outils existants (obligations d'achat et appels d'offres) par la création éventuelle d'un marché des certificats verts. En outre, l'Etat soutiendra le développement de filières industrielles françaises dans le domaine de la production d'électricité d'origine renouvelable.
La troisième priorité en matière de diversification énergétique dans le secteur électrique est de garantir la sécurité d'approvisionnement de la France dans le domaine du pétrole, du gaz et du charbon pour la production d'électricité en semi-base et en pointe.
Ni le nucléaire ni les énergies renouvelables (hors hydraulique) ne peuvent actuellement répondre aux besoins de pointe de consommation qui nécessitent le recours ponctuel à des moyens thermiques. Il convient donc que la France s'assure d'un développement suffisant des moyens de production thermique au fioul, au charbon ou au gaz afin de garantir sa sécurité d'approvisionnement électrique. La prochaine programmation pluriannuelle des investissements devra donc réaffirmer le rôle du parc de centrales thermiques et en préciser la composition.
L'utilisation du gaz en pointe sera néanmoins limitée par les capacités de stockage en France. L'utilisation du gaz en semi-base (environ 5 000 heures par an) est, en revanche, possible même si son ampleur dépendra de la compétitivité de cette énergie une fois prises en compte les externalités liées aux émissions de gaz à effet de serre. En cas de besoin saisonnier simultané d'électricité et de chaleur (ou de froid), la cogénération est une technique à encourager quand elle présente un meilleur rendement global.
Compte tenu de ces émissions, l'Etat favorise par une politique de soutien adaptée le développement des technologies de séquestration de dioxyde de carbone, notamment les opérations de démonstration et expérimentation sur sites pilotes.
La diversification de notre bouquet énergétique concerne, en deuxième lieu, la production directe de chaleur.
Les énergies renouvelables thermiques, c'est-à-dire la valorisation énergétique de la biomasse, des déchets et du biogaz, le solaire thermique et la géothermie, et les esthers méthyliques d'huiles végétales, se substituant en très large partie aux énergies fossiles et permettant donc de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre, leur développement constitue une priorité absolue et doit permettre, d'ici 2010, une augmentation de 50 % de la production de chaleur d'origine renouvelable.
Une politique ambitieuse sera conduite dans le domaine des techniques de la géothermie basse énergie, qui permettent d'exploiter la chaleur des aquifères et l'inertie thermique du sous-sol proche afin de produire de la chaleur ou du froid. A cet effet, les études portant sur le sous-sol seront reprises et le développement des pompes à chaleur géothermiques sera encouragé.
A cette fin, les aides financières de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) dans le domaine de la diffusion des énergies renouvelables seront orientées en priorité vers celles qui sont productrices de chaleur. En outre, l'Etat soutiendra le développement d'une filière industrielle française dans le domaine de la production de chaleur renouvelable, notamment par une fiscalité adaptée.
En ce qui concerne les autres énergies utilisées pour produire de la chaleur, l'Etat n'a pas à se substituer aux consommateurs dans le choix de leur type d'énergie. Il lui revient, en revanche, d'établir les conditions d'une concurrence équitable tenant en particulier compte des impacts sur l'environnement des différentes sources d'énergie. La substitution d'une énergie renouvelable thermique, distribuée ou non par un réseau de chaleur, par une énergie fossile sera découragée.
Enfin, le développement des réseaux de chaleur qui sont des outils de valorisation et de distribution des ressources énergétiques locales sera également encouragé. La relance des réseaux de chaleur s'accompagnera d'un vif effort de recherche et de développement sur les technologies de stockage et de transport à longue distance de quantités importantes de calories, y compris dans le cas de chaleur à basse énergie.
La diversification de notre bouquet énergétique concerne, en troisième lieu, le secteur des transports.
Compte tenu de leur intérêt spécifique notamment en matière de lutte contre l'effet de serre, l'Etat soutient le développement des biocarburants et encourage l'amélioration de la compétitivité de la filière. A cette fin, l'Etat crée, notamment par l'agrément de capacités de production nouvelles, les conditions permettant de porter, conformément à nos engagements européens, à 2 % au 31 décembre 2005 et à 5,75 % au 31 décembre 2010 la part des biocarburants et des autres carburants renouvelables dans la teneur énergétique de la quantité totale d'essence et de gazole mise en vente sur le marché national à des fins de transport.
De même, l'Etat appuie l'utilisation des véhicules hybrides ou électriques et la recherche sur l'utilisation de la pile à combustible et de l'hydrogène.
D'autre part, en raison des différences d'efficacité énergétique et plus encore d'émissions de gaz à effet de serre et de polluants locaux entre les différents modes de transport, l'Etat entend privilégier et développer le rail et la voie d'eau en priorité par rapport à la route et au transport aérien et les combustibles alternatifs au pétrole. En particulier :
- la politique des transports en matière de fret intégrera la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures liées à ces déplacements et vise à cet effet à un rééquilibrage du trafic marchandise au profit du rail et du transport maritime et fluvial. L'Etat accordera ainsi en matière d'infrastructures une priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire. L'Etat incitera les entreprises à développer le transport combiné et le ferroutage ainsi que le cabotage maritime notamment entre l'Espagne, la France et l'Italie, le transport fluvial, et l'optimisation du chargement des véhicules routiers ;
- la politique des transports en matière de voyageurs intégrera la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures et visera à cet effet à un rééquilibrage du trafic routier et aérien au profit du fer. L'Etat accordera ainsi en matière d'infrastructures la priorité aux transports en commun dans les zones urbaines et aux investissements ferroviaires par rapport au développement de projets routiers ou aéroportuaires tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire.
Enfin, la diversification énergétique doit tenir compte de la situation spécifique des zones non interconnectées.
Les zones non interconnectées de notre territoire, principalement la Corse, les quatre départements d'outre-mer, la collectivité départementale de Mayotte et la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, se caractérisent par leur fragilité et leur forte dépendance énergétique, des coûts de production d'électricité plus élevés qu'en métropole et une demande d'électricité qui augmente nettement plus vite du fait d'une croissance économique soutenue et d'un comblement progressif du retard en équipement des ménages et des infrastructures.
L'Etat doit donc veiller, en concertation avec les collectivités concernées, à mettre en oeuvre une politique énergétique fondée sur une régulation adaptée permettant de maîtriser les coûts de production, de garantir la diversité de leur bouquet énergétique et leur sécurité d'approvisionnement et de maîtriser les coûts économiques correspondants.
Dans ce cadre, les actions de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables, notamment solaires, sont particulièrement pertinentes. L'Etat les encourage à travers un renforcement des aides dans les zones non interconnectées et par des actions spécifiques de promotion de ces énergies.
La politique énergétique des zones non interconnectées bénéficie de la solidarité nationale qui s'exerce par le biais de la péréquation tarifaire et du mécanisme de compensation des charges de service public.
L'ensemble de ces actions devra permettre, en ce qui concerne les énergies renouvelables, de satisfaire 10 % de nos besoins énergétiques à partir de ces énergies à l'horizon 2010.
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 6, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Supprimer cet article
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Cet article additionnel développe le deuxième axe de la politique énergétique, qui vise à diversifier le « panier » ou le « bouquet » énergétique français.
De nouveau, votre commission vous propose, par coordination, de supprimer cet article.
M. le président. L'amendement n° 270 rectifié bis, présenté par MM. Vial, Bernardet, Carle, Cleach, Hérisson, César, Oudin, Del Picchia, Saugey, Courtois, du Luart, P. Blanc, Lardeux et Belot, est ainsi libellé :
Compléter le seizième alinéa de cet article par une phrase ainsi rédigée :
Les mesures nouvelles, en application de toutes lois et règlements, concernant les eaux de surface ayant un impact sur la production, la puissance, le mode d'exploitation de l'énergie hydroélectrique ne sont mises en place qu'après compensation par des capacités nouvelles en énergie hydroélectrique au moins équivalentes sur le même district hydrographique.
Cet amendement n'est pas soutenu.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 6 ?
M. le président. En conséquence, l'article 1er ter est supprimé.
Article 1er quater
Le troisième axe de la politique énergétique est de développer la recherche dans le secteur de l'énergie, ce qui constitue une priorité pour l'Etat.
En conséquence, l'Etat s'efforce de renforcer l'effort de recherche public et privé français en la matière, d'assurer une meilleure articulation de l'action des organismes publics de recherche et d'organiser une plus grande implication du secteur privé. L'Etat entend également promouvoir l'effort de recherche européen dans le domaine de l'énergie pour pouvoir au moins égaler celui mené par les Etats-Unis et le Japon.
La politique de recherche doit permettre à la France d'ici 2015, d'une part, de conserver sa position de premier plan dans le domaine du nucléaire et du pétrole et, d'autre part, d'en acquérir une dans de nouveaux domaines en poursuivant les objectifs suivants :
- l'insertion des efforts de recherche français dans des programmes communautaires de recherche dans le domaine de l'énergie ;
- l'amélioration, d'une part, de l'efficacité énergétique dans les secteurs des transports, du bâtiment et de l'industrie et, d'autre part, des infrastructures de transport, de distribution et de stockage d'énergie ;
- l'amélioration des technologies d'exploitation des ressources fossiles et de séquestration du dioxyde de carbone ;
- l'amélioration de la compétitivité des énergies renouvelables, notamment des carburants issus de la biomasse, du photovoltaïque, de l'éolien off shore, du solaire thermique et de la géothermie. L'effort de recherche global portant sur le développement des énergies renouvelables et la maîtrise de l'énergie sera fortement accru sur les trois ans qui suivent la promulgation de la présente loi ;
- le soutien à l'industrie nucléaire nationale pour la mise au point et le perfectionnement du démonstrateur EPR, en particulier dans le domaine des combustibles nucléaires innovants ;
- le développement des technologies des réacteurs nucléaires du futur (fission ou fusion) et des technologies nécessaires à une gestion durable des déchets nucléaires. Si la fusion avec le programme ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) relève seulement de la recherche fondamentale, la recherche en fission - c'est-à-dire la mise au point de la quatrième génération - est à la fois fondamentale et appliquée et doit donc bénéficier de l'implication des entreprises et des organismes publics de recherche, à condition que ce programme ne déséquilibre pas les financements de la recherche dans son ensemble et sur l'énergie en particulier ;
- l'exploitation du potentiel de nouveaux vecteurs de « rupture » et tout spécialement l'hydrogène, pour lequel devront être mis au point, d'une part, des procédés de production comme l'électrolyse ou des cycles physico-chimiques utilisant la chaleur délivrée par des nouveaux réacteurs nucléaires à haute température et, d'autre part, des technologies de stockage, de transport et d'utilisation, notamment dans des piles à combustibles ;
- le développement de la recherche sur le stockage de l'énergie pour pallier l'intermittence des énergies renouvelables et optimiser le fonctionnement de la filière nucléaire.
L'Etat transmettra au Parlement un rapport annuel sur les avancées technologiques aptes à un développement industriel.
Pour rassembler les compétences, coordonner les efforts et favoriser les recherches concernant l'hydrogène et les composés hydrogénés, il est confié à l'Institut français du pétrole une mission spécifique sur ce sujet, qui conduira à la publication d'un rapport annuel.
M. le président. La parole est à M. Gérard Longuet, sur l'article.
M. Gérard Longuet. J'ai souhaité intervenir sur l'article 1er quater, qui concerne la recherche, pour attirer l'attention de M. le ministre, mais aussi de M. le rapporteur, qui est très compétent dans ce domaine, sur la nécessité de poursuivre complètement les travaux de recherche sur le stockage souterrain des déchets nucléaires, tels qu'ils sont conduits dans le laboratoire situé sur la commune de Bure, dans le département de la Meuse, près de la Haute-Marne.
Les deux conseils généraux concernés ont accepté l'implantation de ce laboratoire en application de la loi du 30 décembre 1991 dite loi Bataille, qui prévoyait trois types de recherche concernant la gestion des déchets nucléaires : l'entreposage, dont les capacités ne sont pas saturées, mais qui pose des problèmes sur le long terme; la transmutation, pour laquelle la décision du Gouvernement précédent d'abandonner Superphénix a eu pour conséquence d'engendrer un manque d'expérimentations à l'échelle industrielle ; et le stockage souterrain.
Il apparaît très clairement aujourd'hui que la seule voie ouverte par la loi Bataille, qui avait été votée par la gauche et par la droite à l'Assemblée nationale et au Sénat, reste le stockage souterrain.
Si la loi Bataille avait prévu la réalisation de deux sites expérimentaux, l'un dans le granit et l'autre dans l'argile, seul le laboratoire qui effectue ces expériences dans l'argile et qui est celui de la Meuse - département que j'ai l'honneur de représenter ici - a été réalisé.
A la suite d'incidents de travaux, l'expérimentation sur la résistance mécanique, l'étanchéité et l'absence de fissures ne pourra démarrer qu'à la fin de cette année et sera poursuivie au cours de l'année 2005. Même si la commission nationale d'évaluation pouvait être saisie à la fin de l'année 2004, le calendrier pour 2006 prévu par la loi de 1991 ne sera respecté qu'à quelques semaines près.
Nous craignons, monsieur le ministre, le caractère expéditif non pas de la période de recherche sur les conséquences du stockage des déchets, puisqu'il n'est pas question du stockage des déchets dans cette phase des travaux du laboratoire, mais de la période d'analyse de la résistance mécanique des roches, en particulier leur perméabilité à l'eau et l'absence de fissures.
Par ailleurs, nous serions rassurés si une étude sur le granit pouvait être présentée non pas comme une alternative, mais comme un complément à celle sur l'argile.
Enfin, nous avons besoin de connaître les intentions du Gouvernement s'agissant de la transmutation, comme nous avons besoin de savoir ce qu'il entend demander à ses différents partenaires, notamment EDF et l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l'ANDRA, en ce qui concerne la gestion de l'entreposage en surface, dont les capacités ne sont pas saturées, le stockage souterrain et la possibilité, au-delà de la recherche sur la résistance mécanique des roches et sur leur perméabilité, de procéder à une recherche plus opérationnelle sur la réversibilité du stockage souterrain.
Car les travaux réalisés par le laboratoire de Bure peuvent déboucher sur la décision de procéder à un stockage souterrain. Nous souhaitons que celui-ci revête un caractère réversible dans l'hypothèse où des voies nouvelles de destruction des déchets nucléaires pourraient être utilement explorées et utilisées dans les décennies à venir.
La décision sera prise en 2006. Or nous n'aurons pas eu le temps, d'ici à la fin de l'année 2006, de conduire des études probantes sur la réversibilité du stockage.
Dans la Meuse, nous avons le sentiment d'être les seuls, au travers de notre engagement assez courageux et pas toujours compris s'agissant des déchets nucléaires, à supporter cet effort, sans lequel la filière électronucléaire française ne pourrait perdurer.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Vous soulevez là une question majeure, monsieur Longuet. Naturellement, les études en la matière doivent être poursuivies très activement. Je ne suis pas sûr qu'elles seront achevées en 2006, parce qu'il faut absolument mener des études très poussées. Toutes les précautions utiles doivent être prises et il est indispensable que soit posé le principe de réversibilité. On peut en effet espérer trouver, dans des temps indéfinis, de nouvelles voies technologiques qui permettront de faire disparaître purement et simplement les déchets nucléaires. Aujourd'hui, on ne sait pas le faire !
J'ai confiance en la science et en la capacité des hommes à trouver des solutions. D'ailleurs, on progresse régulièrement, sans arriver, naturellement, à la solution ultime.
La réversibilité est un sujet majeur et le Gouvernement entend faire un effort très important en la matière. Il y va de l'avenir de la filière. Je ne suis pas certain que l'on aboutisse en 2006. Mais cela ne doit pas nous arrêter. Il faut évidemment réunir toutes les études réalisées dans ce domaine, de sorte que les décisions soient prises en toute connaissance de cause.
M. le président. L'amendement n° 7, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Cet amendement procède de la même logique que les amendements précédents.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Comme précédemment, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. La parole est à M. Gérard Longuet, pour explication de vote.
M. Gérard Longuet. Je souhaite remercier M. le ministre de son engagement sur la recherche et formuler le voeu que, lors du débat sur le principe de précaution, lequel est désormais inscrit dans la Constitution, nous ne soyons pas paralysés par une application stricte de ce principe : cela aboutirait à ne prendre aucun risque dans aucun domaine.
M. le président. En conséquence, l'article 1er quater est supprimé.
Article 1er quinquies
Le quatrième axe de la politique énergétique vise à assurer un transport de l'énergie efficace et des capacités de stockage suffisantes.
Cet axe concerne, en premier lieu, le transport et la distribution d'énergie.
Au niveau international, dans le domaine de l'électricité, les interconnexions avec les pays européens limitrophes doivent être renforcées, afin de garantir la sécurité du réseau électrique européen, d'optimiser le nombre et la répartition des installations de production d'électricité en Europe, de garantir des efforts de productivité de la part des exploitants compte tenu de la concurrence permise par les échanges frontaliers. Le développement de ces interconnexions ne saurait cependant justifier que chaque pays européen ne dispose pas d'une capacité de production minimum.
En matière de gaz, les contrats de long terme doivent être préservés afin de garantir la sécurité d'approvisionnement de la France et de faciliter la réalisation des investissements nécessaires à la construction de gazoducs entre pays producteurs et pays consommateurs. La filière du gaz naturel liquéfié comprenant à la fois les installations de liquéfaction et de gazéification et le transport par méthanier doit également être développée.
Enfin, le transport de produits pétroliers par voie maritime doit être réalisé par les moyens les plus sûrs, pour éviter que ne se reproduisent des catastrophes écologiques. La législation européenne et internationale doit continuer d'être renforcée à cet effet.
Les réseaux de transport et de distribution d'électricité et de gaz naturel doivent être dimensionnés pour acheminer à tout instant l'énergie demandée par l'utilisateur final qui leur est raccordé. Leur développement participe au développement économique et social et concourt à l'aménagement équilibré du territoire. Le développement, appelé à se poursuivre, des nouveaux réseaux publics de distribution de gaz doit donc tenir compte de la concurrence existant entre les énergies.
En matière de réseau de transport d'électricité, il importe par ailleurs de s'assurer que les investissements nécessaires pour garantir la sécurité d'approvisionnement de chaque région française sont réalisés.
Enfin, face à la réduction significative du nombre de stations-service, l'Etat s'engagera en faveur du maintien d'une desserte équilibrée, efficace et cohérente du réseau de distribution de détail des carburants sur l'ensemble du territoire.
Cet axe de notre politique énergétique concerne, en second lieu, les stockages de gaz et de pétrole.
L'Etat facilite le développement des stockages de gaz et leur bonne utilisation car ceux-ci constituent un élément essentiel de la politique énergétique nationale.
L'Etat veille, par ailleurs, à exiger des fournisseurs une diversité suffisante des sources d'approvisionnement en gaz et à maintenir un niveau de stock suffisant pour pouvoir faire face à des événements climatiques exceptionnels ou à une rupture d'une des sources d'approvisionnement.
Quant à la sécurité d'approvisionnement en matière pétrolière, elle repose en amont sur la diversité des sources d'approvisionnement et, en aval, sur le maintien d'un outil de raffinage performant et sur l'existence de stocks stratégiques. La France veille à maintenir un stock de produits pétroliers équivalent à près de cent jours de consommation intérieure.
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 8, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Cet amendement est dans la même ligne que les précédents.
M. le président. L'amendement n° 222, présenté par MM. Besson et Piras, est ainsi libellé :
Dans le premier alinéa de cet article, remplacer le mot :
transport
par le mot :
acheminement
2. Dans le septième alinéa de cet article, remplacer les mots :
réseau de transport d'électricité
par les mots :
réseaux de transport et de distribution d'électricité
La parole est à M. Bernard Piras.
M. Bernard Piras. Cet amendement est satisfait par le sous-amendement n° 106 rectifié déposé par M. Pintat sur l'article 1er.
Par conséquent, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n°° 222 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n 8 ?
M. le président. En conséquence, l'article 1er quinquies est supprimé.
Article 1er sexies
La politique énergétique prend en compte le rôle des collectivités territoriales et celui de l'Union européenne.
Les collectivités territoriales, en premier lieu, tant au niveau régional que départemental et communal ont un rôle majeur à jouer étant donné leurs multiples implications dans la politique de l'énergie.
En matière de qualité du service public, les collectivités compétentes sont autorités concédantes de l'électricité, du gaz naturel et de la chaleur et contribuent ainsi avec les opérateurs à l'amélioration des réseaux de distribution. Elles peuvent imposer à cet égard des actions d'économie d'énergie aux délégataires de gaz, d'électricité et de chaleur et aux concessionnaires si cela entraîne des économies de réseaux. Elles sont également autorités concédantes des réseaux de chaleur.
En matière de promotion de la maîtrise de l'énergie, outre les actions tendant à réduire la consommation d'énergie de leurs services, les collectivités compétentes définissent les politiques d'urbanisme et pourront ainsi favoriser à travers leur document d'urbanisme ou la fiscalité locale une implantation relativement dense de logements et d'activités à proximité des transports en commun et, de manière générale, éviter un étalement urbain non maîtrisé. Les collectivités compétentes sont également responsables de l'organisation des transports et doivent intégrer dans leur politique de déplacements, et notamment dans les plans de déplacements urbains, la nécessité de réduire les consommations d'énergie liées aux transports. Elles développent enfin, directement ou à travers des agences de l'environnement, et souvent en partenariat avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie dans le cadre des contrats de plan Etat-régions, des politiques d'incitation aux économies d'énergie.
En matière de promotion des énergies renouvelables, les collectivités peuvent favoriser le recours à ces sources de production, notamment par des dispositions d'urbanisme et en développant en partenariat avec l'ADEME des politiques d'incitation spécifiques. En outre, les collectivités compétentes peuvent participer à la planification indicative de l'implantation des éoliennes.
En matière de solidarité entre les Français, dans le cadre plus global de leur politique d'aide sociale, les collectivités compétentes aident leurs administrés en difficulté à payer leurs factures, quelle que soit l'origine de l'énergie utilisée.
En second lieu, des décisions majeures en matière de politique énergétique sont désormais prises dans le cadre européen et c'est, en partie, au niveau européen que s'apprécie désormais notre sécurité d'approvisionnement. La France vise donc à faire partager les principes de sa politique énergétique par les pays de l'Union européenne afin que la législation européenne lui permette de mener à bien sa propre politique et soit suffisante pour garantir un haut niveau de sécurité des réseaux interconnectés.
A cet effet, la France élaborera tous les deux ans des propositions énergétiques pour l'Europe visant notamment à promouvoir la notion de service public, l'importance de la maîtrise de l'énergie et de la diversification du panier énergétique mais également la nécessité d'un recours à l'énergie nucléaire afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Un premier mémorandum sera adressé à la Commission européenne dans les prochaines semaines.
Dans le cadre de la politique énergétique et des autres politiques de l'Etat, les pouvoirs publics participent en outre activement à la coopération internationale tendant, d'une part, à favoriser l'accès de tous à l'énergie dans les pays émergents ou en développement et, d'autre part, à renforcer la lutte contre l'effet de serre.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
M. le président. L'amendement n° 9, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. C'est la même logique, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 223, présenté par MM. Besson et Piras, est ainsi libellé :
I. Dans le premier alinéa de cet article, après les mots :
collectivités territoriales
insérer les mots :
et de leurs groupements
II. Rédiger comme suit le début du troisième alinéa de cet article :
En matière de qualité du service public, les autorités concédantes de l'électricité, du gaz et de chaleur contribuent ainsi ...
La parole est à M. Bernard Piras.
M. Bernard Piras. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. En conséquence, l'article 1er sexies est supprimé et l'amendement n° 223 n'a plus d'objet.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Monsieur le président, je demande une suspension de séance de quelques instants.
M. le président. Bien entendu, il va être fait droit à votre demande, monsieur le ministre.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures vingt, est reprise à onze heures quarante-cinq.)
M. le président. L'amendement n° 10, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
La politique énergétique française vise à :
- garantir l'indépendance énergétique nationale et la sécurité d'approvisionnement ;
- mieux préserver l'environnement et renforcer la lutte contre l'effet de serre ;
- garantir un prix compétitif de l'énergie ;
- garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant l'accès de tous les Français à l'énergie.
Pour atteindre ces objectifs, l'Etat veille à maîtriser la demande d'énergie, diversifier les sources de production et d'approvisionnement énergétiques, développer la recherche dans le secteur de l'énergie et assurer l'existence d'infrastructures de transport énergétiques et de capacités de stockage adaptées aux besoins de consommation.
L'Etat veille à la cohérence de son action avec celle des collectivités territoriales et de l'Union européenne.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Cet amendement portant article additionnel après l'article 1er sexies est le premier d'une série. Dans la logique déjà développée, la commission vous propose d'insérer dans le corps du projet de loi des dispositions revêtant une plus forte portée normative.
Ainsi, le présent amendement vise à reprendre de manière synthétique les grands objectifs de la politique énergétique, les moyens de les atteindre et le rôle des acteurs qui la mettent en oeuvre. Un tel article de principe pourrait utilement constituer un préambule à la partie législative d'un code de l'énergie.
M. le président. Le sous-amendement n° 135, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après le deuxième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 10, insérer un alinéa ainsi rédigé :
- réduire l'exposition aux risques technologiques notamment nucléaires ;
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. Ce sous-amendement vise simplement à imposer les contraintes à tout le monde. Il est inconcevable de ne pas mettre comme axe de la politique énergétique nationale la nécessité de réduire au maximum les risques technologiques, ce qui inclut, bien entendu, les risques nucléaires.
Hier, M. Laffitte a brossé avec éloquence le tableau futur, déjà un peu présent, des conséquences de l'effet de serre : inondations, tempêtes, décès, bouleversements de faune et de flore.
Cette alarme était juste et salutaire, mais il ne faut pas avoir de précaution hémiplégique. Le caractère définitif de l'altération des milieux contaminés, même par de faibles doses radioactives comme en Biélorussie, peut aussi être dramatique. Que dire aujourd'hui aux populations fragilisées dont le sol, l'eau et l'air ne seront plus jamais sains ?
La sûreté nucléaire est un devoir technologique et politique.
Ce sous-amendement a donc pour but de prouver qu'aucun mode de production d'énergie, même le nucléaire, ne saurait se soustraire aux objectifs de préservation de la population.
M. le président. Le sous-amendement n° 197, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le début du troisième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 10 pour insérer un article additionnel après l'article 1er sexies :
- préserver l'environnement...
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. L'objectif de la politique énergétique ne doit pas être simplement de mieux préserver l'environnement ; il doit être impérativement de préserver l'environnement, faute de quoi nos modes de consommation et de production n'évolueront pas, et la planète poursuivra sa détérioration.
La préservation de l'environnement doit être un impératif de la politique énergétique au même titre que l'indépendance énergétique, la sécurité de l'approvisionnement et la cohésion sociale et territoriale.
Faut-il rappeler qu'une charte de l'environnement va prochainement être annexée à la Constitution et que l'un de ses considérants dispose que la préservation de l'environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la nation ?
M. le président. Le sous-amendement n° 198, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Dans le cinquième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 10 pour insérer un article additionnel après l'article 1er sexies, supprimer les mots :
les Français
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. En vue de garantir la cohésion sociale et territoriale, l'accès à l'énergie ne doit pas être réservé aux seuls Français, mais à toute personne vivant sur le territoire national, indépendamment de sa nationalité.
M. le président. Le sous-amendement n° 136, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après le sixième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 10, insérer un alinéa ainsi rédigé :
L'Etat s'engage à soutenir un effort continu d'amélioration de la sûreté nucléaire dans l'ensemble du cycle et à garder un contrôle continu de la sûreté du stockage des déchets nucléaires, notamment ceux à vie longue.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. J'en profiterai pour présenter également les sous-amendements n os 137, 138 et 139, ainsi que l'amendement n° 133.
Le sous-amendement n° 136 engage l'Etat. Il a pour but de garantir la sécurité, sous maîtrise de l'Etat, de toute la filière du combustible et des déchets. S'il devait y avoir privatisation, ce que, évidemment, nous combattrons, il est hors de question d'abandonner le contrôle à n'importe qui. Et, s'il devait y avoir - ce que je souhaite - abandon du nucléaire, il resterait toujours des tonnes et des tonnes de déchets actifs et des installations qu'il faudrait gérer, ce qui prouve que l'abandon du nucléaire ne signifie pas vraiment la fin de l'emploi.
Au demeurant, là n'est pas le but de ce sousamendement, qui a seulement pour objectif de garantir le rôle de l'Etat dans la surveillance de la filière nucléaire.
Le sous-amendement n° 137 renvoie à l'Europe. On le sait bien, la politique énergétique française baigne dans son « cocorico » : un petit fond d'idéologie souverainiste. Le volontarisme nucléaire national nous fit même percevoir l'Europe comme un risque d'ingérence, sinon de blocage, de l'engagement nucléaire.
Deux pays seulement de l'Europe des quinze, la France et la Finlande, maintiennent un engagement nucléaire constant. Ainsi, la France est opposée à ce que l'énergie soit inscrite dans les traités. Cela est encore plus incompréhensible depuis que les engagements soutenus, dans le cadre de Kyoto, l'ont été au plan communautaire.
Comme il ne faut pas se cacher que les priorités des Etats, en matière énergétique, risquent de rester longtemps divergentes, je vous fais une proposition : placez comme priorité de la politique énergétique les politiques de réduction des contraintes, qui peuvent faire l'unanimité.
Le sous-amendement n° 138 insiste sur les responsabilités de l'Etat et des collectivités territoriales et locales concernant les axes majeurs de réduction des contraintes. D'une part, ces initiatives des collectivités auront des impacts mesurables et significatifs en raison, par exemple, du nombre de bâtiments concernés ; d'autre part, la commande publique aura les moyens de mobiliser une maîtrise d'oeuvre compétente et efficace en matière d'énergie renouvelable. Le savoir-faire et les matériaux deviendront répandus, à la portée de tous, et l'initiative privée sera stimulée et rassurée par la réussite qu'elle aura vue.
J'en viens au sous-amendement n° 139.
Décentraliser, ce n'est pas seulement transférer des compétences - parfois non désirées -, c'est aussi permettre aux collectivités de donner des impulsions fortes sur la promotion des énergies renouvelables locales, facteur de réduction des contraintes. Pour nous, en région ou dans quelque autre collectivité, cela engendrera moins de risques, moins de déchets, moins de déperditions d'énergie et surtout plus d'emploi.
En effet, j'aborderai l'amendement n° 133.
Nous avons, dans toutes les sociétés d'abondance, gâché, consommé et même pollué. La prise de conscience de l'épuisement des réserves et des risques associés aux filières doit nous conduire à adopter dorénavant une véritable politique alternative. Le nucléaire ne peut pas être proposé comme la solution de premier choix parce qu'il ne fait que substituer aux contraintes d'épuisement des ressources fossiles, aux pollutions et à l'effet de serre des risques d'un type différent : le risque d'accident majeur et les effets à très long terme de la radioactivité.
La politique énergétique ne peut prétendre susciter l'adhésion indispensable - ne serait-ce que pour l'implantation locale d'installations à impacts négatifs réels - qu'à la condition que la base de cette politique soit de tout faire pour réduire ces contraintes.
Tel doit être le concept central de l'approche responsable d'une loi d'orientation sur l'énergie.
Faute de cette crédibilité, la politique énergétique ne réunira pas l'indispensable adhésion sociale, chaque citoyen constatant l'absence de principes politiques et moraux qui fonderait la loi. Le citoyen n'aura alors qu'une attitude : rejeter les contraintes vers les autres, ce qui n'est pas souhaitable puisque nous sommes tous sur la même planète.
M. le président. Le sous-amendement n° 137, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par l'amendement n° 10 par les dispositions suivantes :
La France proposera en conséquence que la politique énergétique devienne une politique de compétence européenne à inscrire dans les traités.
Cette politique énergétique européenne permettra la définition d'une conception commune de service public. Celle-ci reconnaîtra le droit à l'énergie et intègrera des dispositions réglementaires et fiscales permettant l'accès à l'énergie pour les plus démunis. Elle prendra en compte des principes de péréquation tarifaire. Elle intègrera dans les principes de service public la nécessité d'épargner les ressources rares, de réduire les impacts négatifs sur l'environnement et d'éviter ou de réduire les risques technologiques.
Cette politique énergétique européenne devra être définie sur la base d'un tronc commun autour de la priorité à la réduction des contraintes que constituent les pollutions et les risques. Un accord peut en effet être dégagé au-delà des spécificités nationales sur trois priorités : l'accroissement de l'efficacité énergétique, le développement des renouvelables et la réorientation de la politique des transports notamment du fait de l'élargissement de l'Union.
Ce tronc commun de la politique énergétique européenne se traduira pour l'ensemble de l'Union par des objectifs quantifiés d'accroissement de l'efficacité énergétique, de contribution des énergies renouvelables, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de réduction de la dépendance pétrolière des transports.
Ce sous-amendement a déjà été défendu.
Le sous-amendement n° 138, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par l'amendement n° 10 par un alinéa ainsi rédigé :
Les objectifs de sobriété et d'efficacité énergétiques et d'installation d'énergies renouvelables sont appliqués aux procédures, bâtiments et équipements publics.
Ce sous-amendement a déjà été défendu.
Le sous-amendement n° 139, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par l'amendement n° 10 par un alinéa ainsi rédigé :
L'accès à l'utilisation d'énergies renouvelables locales doit en outre être facilité. Pour ce faire, les compétences des collectivités locales seront étendues comme proposé à l'article 8.
Ce sous-amendement a déjà été défendu.
L'amendement n° 133, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
En tant que bien de première nécessité, l'énergie réclame une stratégie spécifique : une politique énergétique. A cet égard, notre société est confrontée à la triple contrainte de la pollution de l'air et de l'effet de serre, du déclin des hydrocarbures et des risques technologiques, au premier rang desquels le risque nucléaire.
La politique énergétique de la France est d'abord basée sur la réduction de ces contraintes, puis sur la répartition de celles-ci entre ces différentes filières.
L'adhésion participative de l'opinion publique est construite sur la conviction partagée que les acteurs du secteur de l'énergie sont engagés dans la réduction des contraintes.
Cet amendement a déjà été défendu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. La commission émet un avis défavorable sur le sous-amendement no 135 et un avis favorable sur le sous-amendement n° 197.
La commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement concernant le sous-amendement n° 198, auquel, en attendant, elle donne un avis de sagesse.
Enfin, la commission émet un avis défavorable sur les sous-amendements nos 136, 137, 138, 139 et sur l'amendement n° 133.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 10.
Il est défavorable au sous-amendement n° 135 et favorable au sous-amendement n° 197.
Sur le sous-amendement n° 198, le Gouvernement a émis un avis favorable. Vous avez raison, monsieur Courteau, il n'y a pas de raison d'instituer en la matière une discrimination à l'encontre des étrangers qui vivent sur notre territoire.
Enfin, le Gouvernement émet un avis défavorable sur les sous-amendements nos 136, 137, 138, 139 et sur l'amendement n° 133.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Blandin, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 135.
Mme Marie-Christine Blandin. M. le rapporteur, en définissant la politique énergétique française, parle d'indépendance, très bien ! Il parle de l'environnement et de renforcer la lutte contre l'effet de serre, très bien ! Il parle encore du prix de l'énergie et de la cohésion sociale et territoriale. Mais il refuse d'ajouter à ce panel intelligent la réduction de l'exposition aux risques technologiques, notamment nucléaires.
Vous vous rendez compte de ce que cela signifie ! Le voile est levé sur cette loi. Il s'agit de promouvoir l'EPR et surtout de ne lui mettre aucune entrave au point qu'il soit risqué d'écrire que l'on va, dans la politique énergétique, veiller à ce qu'il n'y ait pas de risque d'exposition au nucléaire.
Cela devient très inquiétant ! Dans ces conditions, je mets en doute votre sincérité sur l'effet de serre. En fait, vous ne vous penchez sur l'effet de serre que pour en brandir le fantôme devant les Français afin de mieux leur faire avaler le nucléaire. Vous semblez prendre soin de leur santé et vouloir les protéger, mais d'un risque seulement et pas de l'autre. Vous assumerez cette responsabilité !
Permettez-moi de souhaiter très sincèrement qu'il n'y ait aucun incident, aucun salarié irradié et que vous trouviez la solution pour les déchets. Pour l'instant, vous n'avez pas fait vos preuves !
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 197.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 198.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er sexies, et l'amendement n° 133 n'a plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 11, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
L'Etat s'engage à maîtriser la demande d'énergie afin de porter le rythme annuel de baisse de l'intensité énergétique finale à 2% d'ici 2015 et de réduire de 3% par an les émissions de gaz à effet de serre.
L'Etat élabore un plan climat, actualisé tous les deux ans, présentant l'ensemble des actions nationales mises en oeuvre pour lutter contre le changement climatique.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. La politique de maîtrise de la demande énergétique, nous le savons bien, est fondamentale, car elle constitue l'un des principaux leviers pour garantir l'indépendance énergétique de la France et pour lutter contre l'effet de serre.
Ainsi, cet amendement indique que l'Etat s'engage à réduire l'intensité énergétique finale, c'est-à-dire le rapport entre l'évolution de la consommation d'énergie et la croissance du PIB, à un niveau de 2 % par an d'ici à 2015, le projet de loi prévoyant par ailleurs des dispositions donnant à l'Etat des outils lui permettant d'atteindre cet objectif, tels le certificat d'économie d'énergie ou le renforcement des règles thermiques pour les bâtiments.
En outre, cet amendement contraint l'Etat à s'engager à réduire de 3 % par an les émissions de gaz à effet de serre afin de les diviser par quatre d'ici à 2050.
Enfin, la politique énergétique doit désormais prendre pleinement en compte l'environnement. Comme l'a rappelé l'Agence internationale de l'énergie atomique, l'AIEA, sur la base d'une croissance de 1,8 % par an, les émissions mondiales de gaz carbonique dues à l'énergie pourraient atteindre 38 milliards de tonnes de CO2 en 2030, soit un niveau supérieur de 70 % à celui de l'an 2000.
Au total, la commission vous propose de prévoir que l'Etat élabore un « plan climat » rassemblant l'ensemble des actions menées à l'échelon national pour lutter contre le changement climatique, plan qui serait actualisé tous les deux ans, conformément au 3° de l'article 3 de la directive européenne du 27 septembre 2001.
Cet amendement me paraît contenir toutes les dispositions nécessaires pour que Mme Blandin, en particulier, ait satisfaction.
M. le président. Le sous-amendement n° 140, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 11 :
L'Etat s'engage à maîtriser la demande d'énergie afin de réduire de 1 % par an à la consommation d'énergie finale.
Le sous-amendement n° 141, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 11, insérer un alinéa ainsi rédigé :
L'Etat fixe donc comme objectif une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre pour 2050. Cette réduction sera d'autant plus réalisable et économique qu'elle sera progressive et continue dans le temps.
Le sous-amendement n° 142, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 11, insérer un alinéa ainsi rédigé :
La présente loi fixe un objectif de réduction de 2 % par an en moyenne à la consommation des énergies primaires de combustibles fossiles.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. Ces trois sous-amendements composent une mosaïque constructive.
Le sous-amendement n° 140 correspondrait à une diminution de 40 % de notre consommation d'énergie finale à l'horizon de 2050.
Le sous-amendement n° 141 tend à une division par quatre les émissions de gaz à effet de serre pour 2050. Celle-ci ne sera possible, économiquement et socialement, que si le processus est progressif et continu dans le temps. Il faut donc clarifier l'engagement de la France, parce que c'est ainsi que nous répondrons à ce que nous avons promis, sur le plan international, au sujet de l'effet de serre.
Enfin, le sous-amendement n° 142 vise à fixer un objectif de réduction de 2 % par an en moyenne de la consommation des énergies primaires de combustibles fossiles.
Ces trois sous-amendements constituent donc bien un ensemble cohérent.
N'oublions pas la réduction qui concerne les consommations d'énergie relatives aux besoins de chaleur et aux transports. Il doit être très clair que la période des vingt années écoulées, au cours de laquelle les prix du pétrole étaient bas, est maintenant terminée. Les prix fluctueront désormais autour d'une moyenne très nettement supérieure, entre 30 et 40, voire 50 dollars le baril.
A partir de là, deux politiques sont possibles : ou bien nous payons une rente aux pays producteurs de pétrole, et notre pays se trouvera confronté à des difficultés économiques - souvenez-vous du choc pétrolier des années soixante-dix et de la montée du chômage qui s'en est suivie ; ou bien, avant que les prix ne flambent, nous réduisons le plus possible et sans tarder notre dépendance pétrolière à travers des investissements qui, cette fois-ci, profiteront à notre pays.
M. le président. L'amendement n° 134, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé
- Différents modes d'action concourent à l'accroissement de la sobriété et de l'efficacité énergétiques : les comportements attentifs des usagers, la suppression des gaspillages dans l'organisation de notre société, la recherche technologique, les standards de qualité et de construction des équipements neufs et la réhabilitation des bâtiments et d'installations anciennes.
- Les énergies renouvelables constituant des modes d'approvisionnement énergétique, ne comportant pas de risque d'épuisement des ressources et ne présentant ni risques technologiques ni contribution à l'effet de serre, tout développement des énergies renouvelables apporte de la liberté au système énergétique.
- Très dépendant d'approvisionnement pétrolier extérieur, le secteur des transports, constituant la principale source de pollution de l'air et d'émission de gaz à effet de serre, doit faire l'objet d'une réorientation profonde.
Il faut à la fois maîtriser la mobilité par les politiques d'urbanisme, d'aménagement du territoire et l'organisation logistique des entreprises, développer les transports modaux, réduire les consommations de carburant des véhicules et améliorer les comportements de conduite des usagers.
Les progrès de sobriété et d'efficacité énergétiques, le développement des énergies renouvelables, et la réorientation des transports doivent permettre progressivement de libérer la France de sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles et du nucléaire, facteurs de pollution et de risques.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin
Mme Marie-Christine Blandin. Le texte de cet amendement est assez long parce qu'il présente les trois composantes d'une politique énergétique dont, je le répète, l'objet est de réduire les contraintes.
Le premier volet s'adresse aux usagers, aux habitants, et vise une modification des comportements ; il tire aussi la conséquence du fait que l'on ne peut pas demander à des personnes de modifier leur comportement sans leur offrir des nouveautés technologiques qui facilitent leur engagement.
Le deuxième volet concerne les énergies renouvelables, et le troisième le secteur des transports. Celui-ci, en effet, est insuffisamment présent dans le projet de loi, alors que, je vous le rappelle, il consomme énormément d'énergie et produit énormément de gaz à effet de serre.
Si nous menons de front ces trois stratégies, alors, nous libérerons le pays d'une grande partie des contraintes. Je vous rappelle que les simulations de long terme qui prétendent à une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre impliquent une véritable réduction de la consommation d'énergie en valeur absolue.
Le développement des énergies renouvelables est indispensable pour accroître l'indépendance et éviter un gonflement excessif du recours à l'électricité, en substitution aux combustibles fossiles. Cette production peut, avec les techniques actuelles, passer de 18 à 80 mégatonnes d'équivalent pétrole. Au-delà, les potentiels restent importants, mais ils impliquent des progrès techniques beaucoup plus conséquents - je pense à la géothermie de grande profondeur ou à la production d'énergie à base de cellulose.
Enfin, le secteur des transports, je l'indiquais à l'instant, représente les deux tiers de la consommation de pétrole, pour des rendements globaux particulièrement médiocres.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Le sous-amendement n° 140 est déjà satisfait par le texte de l'amendement n° 11 de la commission, qui évoque une réduction de l'intensité énergétique finale de 2 % par an d'ici à 2015. Si Mme Blandin voulait bien retirer ce sous-amendement, cela éviterait à la commission de devoir y émettre un avis défavorable.
Sur le sous-amendement n° 141, la commission émettrait un avis favorable si Mme Blandin acceptait d'en rectifier la rédaction pour indiquer : « pour atteindre une division par quatre de ces émissions d'ici à 2050 ».
Quant au sous-amendement n° 142, qui lui semble satisfait, la commission en demande le retrait. A défaut, elle émettra un avis défavorable.
Enfin, l'avis de la commission est défavorable sur l'amendement n° 134.
M. le président. Madame Blandin, acceptez-vous de rectifier le sous-amendement n° 141 dans le sens indiqué par M. le rapporteur ?
Mme Marie-Christine Blandin. Oui, monsieur le président : j'engrange l'avis favorable sur le sous-amendement n° 141, et je retire les sous-amendements nos 140 et 142, bien que leur rédaction soit plus exigeante que celle que propose la commission.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 141 rectifié, présenté par Mme Blandin, qui est ainsi libellé :
Compléter le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 11 par les mots : « pour atteindre une division par quatre de ces émissions d'ici 2050. »
Les sous-amendements nos 140 et 142 sont retirés.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 11, le sous-amendement n° 141 rectifié et l'amendement n° 134 ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Mme Blandin est habile : elle dépose de nombreux sous- amendements, puis en retire deux pour en gagner un. (Sourires.) C'est une bonne stratégie, dont je la félicite, et je ne peux que me rallier au sous-amendement n° 141 rectifié.
En revanche, à mon grand regret, je ne suis pas favorable à l'amendement n° 134.
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 141 rectifié.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er sexies, et l'amendement n° 134 n'a plus d'objet.
L'amendement n° 12, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Après l'article 3 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. 3 bis - Afin d'intégrer la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures liées au transport de fret, l'Etat accorde, en matière d'infrastructures pour ce type de transports, une priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire.
Afin d'intégrer la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures dans le domaine du transport des voyageurs, l'Etat accorde, en matière d'infrastructures pour ce type de transports, la priorité aux transports en commun dans les zones urbaines et aux investissements ferroviaires par rapport au développement de projets routiers ou aéroportuaires, tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Il est précisé, dans le deuxième axe de la politique énergétique, que la politique des transports en matière de fret doit intégrer la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures liées à ces déplacements et viser à un rééquilibrage du trafic marchandise au profit du rail, du transport maritime et du transport fluvial.
Il est également indiqué qu'à cet effet, en matière d'infrastructures, l'Etat accorde la priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire.
Des principes similaires sont définis pour les transports de voyageurs.
La commission adhère parfaitement à cette philosophie, qui reprend des orientations qu'elle a défendues à de nombreuses reprises, notamment dans les avis budgétaires consacrés aux transports terrestres ou dans le rapport d'information, réalisé par nos collègues Georges Gruillot et Francis Grignon, sur le canal Rhin-Rhône.
En conséquence, elle vous propose de faire figurer cette priorité en tête de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, afin de lui donner un caractère solennel.
M. le président. Le sous-amendement n° 202, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le début du texte proposé par l'amendement n° 12 pour l'article 3 bis de la loi n° 821153 du 30 décembre 1982 :
« Art. 3 bis - Afin d'assurer un développement durable du territoire et d'intégrer la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures (le reste sans changement)
Le sous-amendement n° 199, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Dans le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 12 pour l'article 3 bis de la loi n° 821153 du 30 décembre 1982, après les mots :
réduire les consommations d'hydrocarbures liées au transport de fret
insérer les mots :
et lutter contre l'émission de gaz à effet de serre
Le sous-amendement n° 201, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
A la fin des premier et second alinéas du texte proposé par l'amendement n° 12 pour l'article 3 bis de la loi n° 821153 du 30 décembre 1982, supprimer les mots :
tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. La priorité donnée aux investissements alternatifs à la route permet non seulement de réduire la consommation d'hydrocarbures, mais aussi d'aménager le territoire de manière durable, objectif fixé par les lois d'aménagement du territoire. Il importe donc de justifier la priorité donnée aux investissements ferroviaires et fluviaux pour le fret en vue d'assurer un développement durable du territoire. Tel est l'objet de l'amendement n° 202.
Le sous-amendement n° 199 tend à préciser que la priorité donnée aux investissements ferroviaires et fluviaux en matière de transport de marchandises vise en premier lieu à lutter contre l'effet de serre.
La réduction de la consommation d'hydrocarbures, en effet, n'a d'efficacité ou de sens que par rapport à la lutte contre l'effet de serre.
Par le sous-amendement n° 201, nous entendons donner une priorité absolue aux investissements alternatifs à la route. Elle ne doit pas être conditionnée aux impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire.
La problématique de l'aménagement du territoire ne doit pas être négligée pour autant : elle doit être conciliée avec la nécessité de préserver l'environnement. C'est pourquoi nous avons proposé, dans un précédent amendement, d'introduire une référence à l'aménagement durable du territoire.
Quant aux impératifs de développement économique, ils peuvent tout à fait être pris en compte si chaque mode de transport paie l'ensemble des coûts qu'il génère. En effet, la pseudo-compétitivité du transport routier n'est due qu'à la non-intégration des coûts externes de ce mode de transport, que ces coûts soient sociaux ou, surtout, environnementaux.
Nous combattons l'idée selon laquelle le rail serait contreproductif au regard de l'exigence de compétitivité économique. Nous ne pouvons donc accepter une référence au développement économique sans prise en compte de la question environnementale et tant que chaque mode de transport ne prend pas en charge l'ensemble des dommages qu'il produit. L'application du principe pollueur-payeur a tout son sens pour le transport.
M. le président. Le sous-amendement n° 143, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après les mots :
une priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux
rédiger comme suit la fin du premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 12 :
, et de développement du cabotage notamment pour le contournement des Alpes et des Pyrénées.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. L'amendement n° 12 évoque la priorité à donner aux investissements ferroviaires ou fluviaux, mais il comporte un petit oubli.
Prenons un peu d'altitude et regardons ce que nos professeurs de géographie nomment souvent les « barrières naturelles » de la France : les Alpes et les Pyrénées.
La multiplication des flux et des transports de marchandises, le besoin d'échange ont conduit les hommes à tenter leur franchissement. C'était, hier, l'escalade périlleuse de routes en lacet pour franchir les cols ; c'est, plus récemment, le percement - très conflictuel pour les riverains, douloureux pour certains et très contesté, à juste raison, par les écologistes - de tunnels, par ailleurs générateurs d'accidents.
Pourquoi ne nous tournerions-nous pas vers ce que la nature met à portée de notre main, vers ce qu'il est facile de traverser ? Pourquoi ne pas recourir au cabotage et charger les marchandises sur des bateaux qui pourraient très aisément aller des ports français vers Barcelone d'un côté,...
M. Jean Chérioux. Sur des gondoles ! (Sourires.)
Mme Marie-Christine Blandin.... aller d'un port français vers l'Italie de l'autre, etc. ? Le cabotage ne pollue pas beaucoup, il ne perce pas les montagnes, il est sans risque tout en permettant, avec une faible consommation d'énergie, d'acheminer les marchandises.
M. le président. Le sous-amendement n° 204, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Après les mots :
une priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux
rédiger comme suit la fin du premier alinéa du texte proposé par l'amendement n°12 pour l'article 3 bis de la loi n° 821153 du 30 décembre 1982 :
, avec pour objectif le doublement d'ici 2010 des trafics du fret ferroviaire et fluvial.
Le sous-amendement n° 203, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le début du second alinéa du texte proposé par l'amendement n° 12 pour l'article 3 bis de la loi n° 821153 du 30 décembre 1982 :
Afin d'assurer un développement durable du territoire et d'intégrer la nécessité de réduire les consommations d'hydrocarbures (le reste sans changement)
Le sous-amendement n° 200, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Dans le second alinéa du texte proposé par l'amendement n°12 pour l'article 3 bis de la loi n°82-1153 du 30 décembre 1982, après les mots :
réduire les consommations d'hydrocarbures dans le domaine du transport des voyageurs
insérer les mots :
et lutter contre l'émission de gaz à effet de serre
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. Le sous-amendement n° 204 tend à rappeler l'objectif du doublement, d'ici à 2010, des trafics du fret ferroviaire et fluvial que s'est fixé l'Etat dans le schéma des services collectifs de transport des marchandises. Cette précision donnera corps au principe affirmé dans l'amendement : donner la priorité aux modes de transport alternatifs à la route et peu polluants.
Nous sommes très inquiets quant à l'avenir du fret ferroviaire. Le Gouvernement semble avoir abandonné l'objectif rappelé plus haut. La SNCF l'avait pourtant fait sien. Pour mettre en oeuvre ce même objectif, qui doit se traduire en 2010 par un fret de cent milliards de tonnes au kilomètre, le très mal nommé « plan fret » doit, me semble-t-il, être revu.
Comment, en effet, prétendre vouloir relancer le fret et organiser la fermeture des gares, notamment des gares de triage, ou supprimer des postes ? A coup sûr, c'est le retour des camions sur les routes. Ce n'est certainement pas avec ce plan que la SNCF pourra affronter l'ouverture à la concurrence du fret, ouverture que nous regrettons d'ailleurs.
J'en viens au sous-amendement n° 203.
La priorité donnée aux investissements alternatifs à la route permet non seulement de réduire la consommation d'hydrocarbures, mais aussi d'aménager le territoire de manière durable, objectif fixé par les lois d'aménagement du territoire. Il s'agit donc d'un sous-amendement similaire au sous-amendement n° 202, décliné cette fois pour le transport de voyageurs.
Enfin, le sous-amendement n° 200 tend à préciser que la priorité donnée aux investissements ferroviaires et aux transports collectifs pour le transport des voyageurs vise à lutter contre l'effet de serre.
Nous en profitons pour demander le rétablissement des subventions en faveur des transports collectifs en site propre. Elles ont été supprimées dans la loi de finances pour 2004, ce qui a retardé la réalisation des projets de nombreuses agglomérations. C'est tout à fait regrettable compte tenu de nos objectifs en matière de stabilisation des émissions de gaz à effet de serre.
M. le président. Le sous-amendement n° 144, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par l'amendement n°12 par les dispositions suivantes :
Un plan de développement des modes de transport de fret alternatif à la route sera présenté par le gouvernement dans un délai de deux ans ; il comprendra :
- une programmation d'investissement de développement des infrastructures ferroviaires dédiées au fret notamment de contournement d'agglomérations et de mécanisation du transbordement des caisses mobiles,
- des dispositions de réduction de la dette de RFF,
- des propositions destinées à s'intégrer dans une initiative communautaire d'investissements visant à réduire le transit routier de marchandises longue distance.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. Il s'agit simplement de passer à l'acte : si le ferroviaire redevient une priorité, il faut corriger le désengagement actuel de l'Etat ; il faut purger la dette de RFF pour reconstituer une capacité d'investir ; il faut engager un véritable programme d'investissement en faveur du fret par rail et, bien entendu, inscrire cet effort dans un vaste programme européen.
Je soulignerai d'ailleurs que l'intégration des économies de l'Europe élargie ne sera possible que s'il existe un réseau grande vitesse à la fois pour les personnes et pour les marchandises.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. L'amendement de la commission prend déjà largement en compte l'aménagement du territoire. Elle émet donc un avis défavorable sur le sous-amendement n° 202, qui est redondant.
La commission est favorable au sous-amendement n° 199.
Le territoire français dans son ensemble ne pourra pas être desservi par réseau ferroviaire ou par réseau fluvial. Il est donc important de prévoir le maintien des impératifs liés à l'aménagement du territoire et au développement économique. Pour ces raisons, la commission émet un avis défavorable sur le sous-amendement n° 201.
La référence au développement du cabotage m'apparaît pertinente. Toutefois, la loi devant conserver un caractère général et impersonnel, il me semble souhaitable de ne pas mentionner de zones géographiques.
La commission serait favorable à ce sous-amendement sous réserve qu'il soit rectifié et que les mots : « notamment pour le contournement des Alpes et des Pyrénées » soient supprimés. En outre, la commission souhaitant conserver la référence au développement économique et à l'aménagement du territoire, il conviendrait que les mots ainsi ajoutés ne se substituent pas à cette référence mais la complètent.
Dans ces conditions, la commission émettrait un avis favorable.
Monsieur Courteau, je souhaiterais que vous retiriez le sous-amendement n° 204. Il est, en effet, impératif de promouvoir fortement les modes de transport alternatifs à la route en développant le fluvial et le ferroviaire. Toutefois, un tel objectif, le doublement d'ici à 2010, risque de ne pas être atteint, il me paraît trop ambitieux pour être inscrit dans la loi. Le passé montre que, dans ce domaine, de nombreux projets, pourtant intéressants, n'ont pas été réalisés alors qu'il y en avait la possibilité. Vous le savez bien, monsieur Courteau !
M. Roland Courteau. On n'a pas eu le temps !
M. Henri Revol, rapporteur. Je demande donc le retrait de ce sous-amendement ; sinon, l'avis de la commission sera défavorable.
La commission émet un avis défavorable sur le sous-amendement n° 203 pour les mêmes raisons que celles qui ont été exposées à propos du sous-amendement n° 202.
Sur le sous-amendement n° 200, la commission émet un avis favorable.
Enfin, sur le sous-amendement n° 144 de Mme Blandin, l'avis de la commission est défavorable.
M. le président. Madame Blandin, acceptez-vous de rectifier votre sous-amendement dans le sens souhaité par la commission ?
Mme Marie-Christine Blandin. En ce qui concerne le rétablissement que propose M. Revol, il n'y a aucun problème et, s'agissant du retrait des mentions géographique des Alpes et des Pyrénées, la nordiste que je suis serait ravie que soit étendu à Boulogne-sur-mer ce genre de méthode. (Sourires.)
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 143 rectifié, ainsi libellé :
Après les mots :
une priorité aux investissements ferroviaires et fluviaux
insérer les mots :
et de développement du cabotage,
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Je me suis demandé si Mme Blandin ne ferait pas de cabotinage sur le cabotage ! (Sourires.)
N'oubliez tout de même pas que Hannibal et Napoléon ont gagné la guerre en passant par le Saint-Bernard ! (Sourires.)
Sur le sous-amendement n° 202, le Gouvernement est défavorable.
Sur le sous-amendement n° 199, le Gouvernement est favorable.
Sur le sous-amendement n° 201, le Gouvernement est défavorable.
Sur le sous-amendement n° 143 rectifié, le Gouvernement est favorable.
Sur les sous-amendements nos 204 et 203, le Gouvernement est défavorable.
Sur le sous-amendement n° 200, le Gouvernement est favorable.
Enfin, sur le sous-amendement n° 144, le Gouvernement est défavorable.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je n'avais pas l'intention d'intervenir mais, dans un débat sur l'énergie, le transport a une place importante.
Hier, il a été rappelé que le transport par la route consomme trois fois plus d'énergie que par voie d'eau, et deux fois plus que par le fer.
En ce qui concerne le cabotage, madame Blandin, je dois dire que j'ai été désolé qu'au cours du XXe siècle on n'ait pas réussi à relier la Méditerranée à l'Europe centrale. Pour ma part, j'étais très favorable à la liaison Rhin-Rhône. Mais si l'on veut faire du cabotage, il ne faut pas qu'un ministre de l'environnement - il s'agissait de Mme Voynet à l'époque - vienne démonter le projet prévu.
Monsieur Courteau, je partage votre point de vue ; mais on ne peut pas accuser le Gouvernement de ne pas vouloir développer le transport du fret par voie ferrée.
Un ancien ministre des transports, M. Gayssot, a voulu donner une impulsion au développement du fret par rail.
M. Roland Courteau. Il l'a donné !
M. Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques. Oui, mais dès lors, la SNCF doit offrir de nouvelles conditions de transport. En effet, actuellement, dans quelles conditions, dans quel délai le transport de marchandise par chemin de fer se fait-il ? Et encore faut-il qu'il n'y ait pas de grèves !
M. le président. La parole est à Mme Marie-France Beaufils, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 202.
Mme Marie-France Beaufils. L'intervention de notre collègue n'a fait que renforcer ma volonté d'exprimer le souhait que nous n'en restions pas à des mots quant à une nouvelle orientation dans le domaine des transports. Nous l'avons dit, tant dans la discussion générale qu'à l'occasion de l'examen de l'amendement n° 4 de la commission. Mme Odette Terrade a insisté de nouveau hier sur l'intérêt des modes de transport autres que le transport routier, en montrant qu'ils consommaient moins d'énergie, en particulier le rail et la voie d'eau.
Or aucun des sous-amendements que nous avons proposés en ce sens n'a été retenu. Vous vous en tenez pour le moment à des déclarations de principe et ne voulez pas vous donner les moyens de les mettre en application.
Vous signalez que l'ancien ministre des transports, Jean-Claude Gayssot, s'était engagé à doubler le transport ferroviaire en dix ans mais que cet engagement n'a pas été tenu. En fait, il faut dire tout simplement que l'impulsion qu'il a donnée, l'action qu'il a conduite n'ont pas eu le temps de produire tous leurs effets. Une décision prise trois ans avant la fin de fonctions ministérielles a difficilement les effets escomptés sur les dix années à venir ! Il faut par conséquent regarder ces questions d'un peu plus près.
Je rappellerai tout de même que l'une des premières décisions prises alors a été l'achat de locomotives. Dans le secteur du transport de marchandises, le matériel ne répondait pas aux besoins. Pour transporter des marchandises, il faut en effet disposer de certains outils indispensables.
D'autres moyens sont également essentiels, c'est pourquoi je soutiens les sous-amendements qui ont été présentés par Mme Blandin et par nos collègues du groupe socialiste.
Si nous voulons ainsi que l'orientation en faveur du transport ferroviaire puisse être mise en oeuvre, il faut obtenir de l'Europe qu'elle prenne en considération la nécessaire continuité des circulations ferroviaires. A défaut, le transport par camions sera préféré.
D'autres mesures devront être décidées à l'échelon européen, notamment en ce qui concerne le dumping social permanent observé dans le transport routier.
Il faut noter en outre que les transporteurs qui transitent par la France n'apportent bien souvent aucune valeur ajoutée sur notre territoire puisqu'ils n'y dépensent rien, mais qu'ils participent pour une bonne part à la dégradation de la voirie nationale, ce qui n'est pas à négliger.
L'amendement n° 12 de la commission, en tenant compte des seuls impératifs liés au développement économique et à l'aménagement du territoire, me pose problème.
Ainsi, dans la région dont je suis l'élue, l'aménagement pendulaire de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, dit POLT, est considéré comme étant dépourvu d'intérêt économique. La notion d'aménagement du territoire n'est pas prise en compte. C'est le cas, la plupart du temps, dans l'économie actuelle. Or, pour être souvent amenée à me déplacer dans cette région, je dois vous dire que l'absence de cette ligne constitue un vrai handicap.
Je regrette donc que vous n'ayez pas accepté certains sous-amendements présentés par nos collègues.
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 143 rectifié.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 204.
M. Daniel Raoul. Je constate que certains sous-amendements émanant de notre groupe ou du groupe CRC sont pris en considération tant qu'ils ne touchent pas au caractère des objectifs.
Nous avons déjà dénoncé au cours de la discussion générale l'aspect déclaratif de ce projet de loi d'orientation. Le sous-amendement n° 204 est typique à cet égard : l'objectif est de doubler d'ici à 2010 le trafic alternatif.
Je regrette donc que l'on obtienne l'unanimité sur les grandes idées mais que l'avis de la commission et du Gouvernement soit défavorable aussitôt que l'on veut fixer des objectifs précis.
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 200.
(Le sous-amendement est adopté à l'unanimité.)
M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Blandin, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 144.
Mme Marie-Christine Blandin. Nous avons un nouvel exemple de la contradiction soulevée par M. Daniel Raoul. On peut dire que la priorité va au ferroviaire, mais si la SNCF ne s'en sort plus, les trains ne rouleront pas ! Il est donc nécessaire que des engagements financiers soient pris. Vous nous refusez ceux-ci maintenant, tant sur le fond que, quelquefois, sur la forme, en nous renvoyant à la loi de finances. (M. le ministre délégué acquiesce.) Nous serons là pour vous le rappeler !
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er sexies.
L'amendement n° 13, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I - La fiscalité des énergies tient compte de l'incidence de leur utilisation sur la compétitivité de l'économie, la santé publique, l'environnement et la sécurité d'approvisionnement et vise, au regard de ces objectifs, un traitement équilibré entre les différents types d'énergie.
Elle tient compte, par ailleurs, de la nécessité de rendre compétitives, afin de favoriser leur développement, les énergies renouvelables.
II - L'article 25 de la loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie est abrogé.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. L'article 25 de la loi du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie dispose que la fiscalité des énergies fossiles et celle des énergies renouvelables tient compte de l'incidence de leur utilisation sur la compétitivité de l'économie, la santé publique, l'environnement et la sécurité d'approvisionnement et vise, au regard de ces objectifs, un traitement équilibré entre les différents types de combustibles ou de carburants.
Par ailleurs, cet article précise que l'évolution passée de la fiscalité des énergies fossiles fait l'objet d'un rapport transmis au Parlement.
Pour des raisons tenant à la codification de la quasi-totalité des articles de la loi de 1996, cet article 25 se retrouve isolé en son sein. Votre commission, par souci de cohérence juridique, vous propose donc d'introduire le contenu de cet article 25 dans le présent projet de loi, tout en l'élargissant à tous les types d'énergie et en précisant que la fiscalité de l'énergie tient compte de la nécessité de rendre compétitives, afin de les promouvoir, les énergies renouvelables.
M. le président. Le sous-amendement n° 145, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par l'amendement n° 13 par un paragraphe ainsi rédigé :
... Les prix des énergies doivent refléter le plus fidèlement possible la réalité des coûts en intégrant les impacts environnementaux qui sont in fine à la charge de l'Etat et des collectivités locales. La sincérité des prix est un des principes fondamentaux de l'économie.
Dans un délai de deux ans à compter de la promulgation de la présente loi, un rapport issu d'un audit pluraliste et indépendant devra être remis au Parlement. Ce rapport devra évaluer et internaliser les externalités non comptabilisées dans les prix des énergies industrielles.
Un réajustement de la fiscalité de l'énergie fera alors l'objet d'un projet de loi afin de traduire dans les prix la réalité des coûts.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. Les objectifs que vient d'exposer M. Revol sont louables et la fiscalité est un bon outil. Nous pourrions compléter ces dispositions par un travail sur la sincérité des prix, qui doit devenir l'un des fondamentaux des économies à venir.
Un rapport sur le sujet, qui évaluerait et internaliserait les coûts en matière d'énergie, de carburant, etc., nous serait fort utile, moyennant quoi nous pourrions engager un réajustement de la fiscalité.
Je travaille beaucoup avec la VPC ; je peux vous dire que certaines firmes ont voulu faire le choix du rail en passant une convention avec la SNCF pour garantir un délai de vingt-quatre heures, parce qu'il était hors de question que les livraisons de colis soient défavorisées par rapport à la concurrence. Malgré tout, les camions arrivent plus vite ! Or ils ne peuvent le faire qu'en transgressant les limitations de vitesse ou la réglementation sur le travail des chauffeurs routiers, dont le nombre d'heures de conduite est limité.
En outre, il ne faut pas oublier que les dégradations engendrées par ces camions sur la voirie sont prises en charge par la collectivité publique, que des drames, des accidents peuvent survenir et que les chauffeurs concernés ne bénéficient pas d'une retraite comparable à celle des cheminots.
Ainsi, un rapport qui travaillerait sur les coûts réels, l'internalisation possible constituerait un véritable outil démocratique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 145 et favorable à l'amendement n° 13.
Mme Marie-Christine Blandin. Et voilà !
M. Bernard Piras. C'est clair !
M. le président. La parole est à Mme Marie-France Beaufils, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 145.
Mme Marie-France Beaufils. Je tiens à appuyer les propos de Mme Blandin. Les arguments qui sont utilisés sur les modes de transport sont en permanence liés aux coûts sans que soient pris en compte les autres aspects.
Le groupe de travail qui a réfléchi au développement du transport fluvial a abordé cet aspect de la question. Nos collègues de la majorité avaient admis la nécessité de pratiquer une meilleure analyse des coûts, comprenant toutes les composantes externes. Je suis donc surprise que la proposition de Mme Blandin ne soit pas acceptée alors que son insertion dans ce texte semble très opportune.
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er sexies.
L'amendement n° 14, présenté par M. Revol, au nom de la commission, est ainsi libellé :
Après l'article 1er sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
L'Etat s'engage à diversifier les sources de production énergétique.
Il veille ainsi à ce que la production intérieure d'électricité d'origine renouvelable atteigne, avant le 31 décembre 2010, un seuil de 21 %.
Il développe les énergies renouvelables thermiques pour permettre d'ici 2010 une hausse de 50 % de la production de chaleur d'origine renouvelable.
Dans le respect de l'environnement, l'Etat crée, notamment par l'agrément de capacités de production nouvelles, les conditions permettant de porter à 2% d'ici au 31 décembre 2005 et à 5,75 % d'ici au 31 décembre 2010 la part des biocarburants et des autres carburants renouvelables, calculée sur la base de la teneur énergétique, dans la quantité totale d'essence et de gazole mise en vente sur le marché national à des fins de transport.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol, rapporteur. Cet amendement de principe est relatif à la diversification des sources de production énergétique.
Tout d'abord, conformément à la directive du 27 septembre 2001, les Etats membres de l'Union européenne doivent atteindre, à l'horizon de l'année 2010, un objectif de production intérieure d'électricité d'origine renouvelable de 21 %.
Par ailleurs, comme il est indiqué dans l'annexe, l'Etat se fixe comme objectif d'augmenter de 50 % la production de chaleur d'origine renouvelable.
Par cet amendement, la commission propose donc d'introduire ces deux objectifs dans le dispositif.
Enfin, comme il est prévu à l'article 3 de la directive du 8 mai 2003 visant à promouvoir l'utilisation de biocarburants ou autres carburants renouvelables dans les transports, les Etats de l'Union doivent veiller à ce qu'un pourcentage minimal de biocarburants et autres carburants renouvelables soit mis en vente sur leur marché.
Les Etats doivent ainsi porter à 2 % à la fin de l'année 2005 et à 5,75 % à la fin de l'année 2010 la part des biocarburants et des autres carburants renouvelables, calculée sur la base de la teneur énergétique dans la quantité totale d'essence et de gazole mise en vente sur le marché national à des fins de transport.
En conséquence, la commission propose d'introduire cet engagement dans le projet de loi, en précisant que l'Etat favorise le développement des biocarburants et des autres carburants renouvelables, notamment par l'agrément de capacités de production nouvelles, dans le respect de l'environnement.
M. le président. Le sous-amendement n° 205, présenté par MM. Courteau, Godefroy, Plancade, Raoul et Rinchet, Mme Blandin et les membres du groupe Socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 14 pour insérer un article additionnel après l'article 1er sexies :
L'Etat s'engage prioritairement à diversifier les sources de production énergétique.
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. Ce sous-amendement vise à affirmer la priorité de la diversification des sources de production énergétique.
M. le président. Le sous-amendement n° 146, présenté par Mme Blandin, est ainsi libellé :
Après le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 14, insérer les dispositions suivantes :
Le recours encore nécessaire aux combustibles fossiles implique de choisir les sources et technologies aux plus faibles impacts en terme d'effet de serre et de rechercher les meilleurs rendements.
La France s'engage à proposer aux Nations Unies les mesures suivantes :
- chaque Etat réglementera les importations et les exportations de pétrole,
- aucun pays exportateur de pétrole ne produira plus de pétrole que ne lui permet son taux de déplétion annuel scientifiquement calculé,
- chaque état réduira ses importations de pétrole à un taux de déplétion mondial convenu.
La parole est à Mme Marie-Christine Blandin.
Mme Marie-Christine Blandin. Ce sous-amendement est un appel à ne pas se voiler la face : il n'y aura plus assez de pétrole. Nous commençons à négocier un virage salutaire pour la société et pour la planète, mais nous n'irons probablement pas assez vite et nous continuerons à consommer trop de produits pétroliers par rapport aux ressources.
Je vous propose donc des moyens de pression beaucoup plus radicaux. Ils peuvent concerner les pays producteurs, afin qu'ils réduisent leur rythme de production pour ne pas épuiser trop vite leurs réserves. Ils peuvent également concerner les pays consommateurs, qui devraient aligner leur soif de produits pétroliers sur les réserves à disposition.
De telles mesures, tout en étant très ambitieuses, n'en sont pas moins lucides. Pour qu'elles soient mises en place, la France pourrait proposer aux Nations unies des dispositions très claires : que chaque Etat réglemente les importations et les exportations de pétrole, qu'aucun pays exportateur ne produise plus que ne le lui permet son taux de déplétion annuel et que chaque Etat réduise ses importations selon le taux de déplétion mondial convenu.
Je sais que tout cela est très ambitieux...
Mme Marie-Christine Blandin. Soyons honnêtes, monsieur le ministre : tout le monde sait qu'il n'y aura plus de pétrole, mais on se dépêche quand même de vider les réserves !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol, rapporteur. Monsieur Courteau, à force de vouloir affirmer la priorité de tous les objectifs de la politique énergétique, notre action perd en lisibilité ! Je suis donc défavorable au sous-amendement n° 205.
En ce qui concerne le sous-amendement de Mme Blandin, il me semble tout à fait excessif que l'Etat s'engage à proposer aux Nations unies des mesures de réglementation des échanges de pétrole, car ce marché est libre. Il apparaît donc plus judicieux de promouvoir des économies d'énergie sur le plan national, voire international. De ce fait, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 14 et partage l'avis de la commission sur les deux sous-amendements.
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 146.
M. Daniel Raoul. Effectivement, la rédaction de ce sous-amendement pose des problèmes relativement au marché international.
Néanmoins, il aurait été possible, ce qui n'a été envisagé ni par nous ni par d'autres, de poser le problème de la politique énergétique à l'échelon européen. Il aurait été intéressant de travailler à la négociation d'une directive européenne visant à instaurer une norme. Il existe de telles directives dans d'autres domaines, sur les fromages par exemple. Pourquoi ne pas adopter une position commune sur la politique énergétique, sur l'évolution de la consommation et de la production ?
Par ailleurs, il faudrait mettre un terme à l'hypocrisie qui règne entre les différents pays européens : certains Etats, qui prétendent vouloir sortir du nucléaire, consomment de l'électricité française d'origine nucléaire !
Il faudrait au moins que l'on ait une vision homogène et claire de la politique énergétique en Europe.
Mme Marie-France Beaufils. Tout à fait !
M. le président. La parole est à M. Ladislas Poniatowski, pour explication de vote sur l'amendement n° 14
M. Ladislas Poniatowski. Cet amendement, que je voterai probablement, substitue une petite phrase très forte à l'engagement pris devant nos partenaires européens d'essayer de produire 21 % de notre électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici à 2010. En effet, aux termes de l'amendement n° 14, la France s'engage à atteindre cet objectif !
Or, d'ici à 2010, c'est-à-dire dans six ans, nous n'aurons pas installé suffisamment d'éoliennes, de panneaux photovoltaïques ou de petits barrages complémentaires renforçant le petit hydraulique - il n'y aura pas non plus de projet de grand barrage hydraulique en France d'ici à 2010 - pour pouvoir atteindre cet objectif.
Alors, c'est très bien de dire que la France s'engage...
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Non, nous n'allons pas si loin, monsieur Poniatowski : l'Etat veille, il ne s'engage pas !
M. Ladislas Poniatowski. D'abord l'Etat s'engage, monsieur le ministre, puis il veille. Cette rédaction est plus forte et moins lucide que l'engagement pris auprès de nos partenaires européens, devant lesquels nous nous sommes fixé un objectif à essayer d'atteindre.
Je voterai donc cet amendement tout en étant conscient que ce qu'il édicte ne pourra être réalisé.
M. Daniel Raoul. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. Monsieur Poniatowski, aux termes de l'amendement n° 14, l'Etat s'engage à diversifier les sources d'énergie, un point c'est tout !
Puis, dans une autre phrase, il est dit : « il veille à atteindre l'objectif », ce qui n'est pas la même chose que de s'engager à l'atteindre ! Il y a tout de même une nuance !
M. Daniel Raoul. Enfin la vérité ! (Rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)
M. Patrick Devedjian, ministre délégué. L'opposition nous demande de faire en cinq ans ce qu'elle n'a pas su faire en quinze ans, monsieur Raoul ! (Protestations sur les mêmes travées.)
M. Bernard Piras. C'est facile !
M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Blandin, pour explication de vote.
Mme Marie-Christine Blandin. Dans un souci de respect de l'environnement, l'Etat veut augmenter la part des biocarburants.
Mais, au-delà du respect de l'environnement, il faut être très attentif au bilan énergétique.
Prenons l'exemple de l'éthanol de betterave.
Que reste-t-il en potentiel énergétique si l'on tient compte de ce que consomment les tracteurs pour cultiver et pour extraire les betteraves ainsi que de l'énergie nécessaire à la transformation et à la distillation de celles-ci ? Il est très intéressant de comparer les deux termes de l'équation.
Par ailleurs, la culture de betterave - mais ce n'est qu'un exemple, je ne cherche pas spécialement à m'attaquer à cette filière ! - utilisait des graines enrobées de Témik, produit phytosanitaire très dangereux fabriqué à Bhopal, qui est à l'origine de la mort et de la cécité de millions d'Indiens.
Soyons donc très attentifs, d'une part, au bilan énergétique et, d'autre part, à ce que les intrants nécessaires pour dégager des ressources énergétiques ne compromettent pas nos réserves en eau potable !
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul, pour explication de vote.
M. Daniel Raoul. A la suite des propos de M. Poniatowski et de la réponse que lui a faite M. le ministre, je noterai que ce que nous sommes en train de voter me semble relever du voeu pieux : on ne s'engage pas à tenir les décisions prises.
Ma deuxième remarque concerne les biocarburants. J'ai dit dans la discussion générale qu'il fallait tenir compte d'un bilan global, qui soit à la fois énergétique et environnemental. Ainsi, l'introduction des biocarburants n'est pas sans conséquence sur les moteurs, essence ou diesel. Elle a une incidence sur la qualité de l'huile de moteur et, par là, sur son rendement.
J'aurais donc souhaité que le texte mentionne un tel bilan. Il aurait pu être écrit : « au vu d'un bilan global énergétique et environnemental, l'Etat crée... ».
Cela étant, et malgré cette imperfection, je voterai cet amendement.
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er sexies.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à treize heures, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Adrien Gouteyron.)