SEANCE DU 10 DECEMBRE 2001


M. le président. L'amendement n° II-130, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 302 bis MA du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. ... - A compter du 1er janvier 2002 toute personne physique ou morale, y compris l'établissement public La Poste, qui distribue pour son propre compte ou fait distribuer dans les boîtes à lettres, ou sur la voie publique, des documents publicitaires, annuaires et journaux gratuits, non adressés, est tenu de contribuer financièrement à la collecte, la valorisation ou l'élimination des déchets ainsi produits, conformément aux dispositions de la loi n° 75-633 du 15 juillet 1975 modifiée relative à l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux.
« La contribution est égale à 0,1 euro par kilogramme distribué. Elle est versée annuellement à un organisme agréé qui compense les coûts de collecte, valorisation et élimination, engagés par les collectivités locales et leurs groupements chargés du traitement de ces déchets.
« Un décret précise les modalités d'application du présent dispositif. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Cet amendement a pour objet de mettre en place une taxation des documents publicitaires distribués gratuitement dans nos boîtes aux lettres.
Certes, un décret sur ce sujet nous a été annoncé mais, comme il tarde à venir, nous avons souhaité prendre l'initiative car la situation actuelle n'est absolument pas satisfaisante.
En effet, les documents publicitaires, comme chacun sait, ont vocation à passer de la boîte aux lettres à la poubelle, et parfois ce déplacement se fait dans un temps éclair !
Or le traitement des déchets ainsi produits, dont la quantité n'est pas négligeable puisqu'ils représentent 42 kilogrammes en moyenne par an et par boîtes aux lettres, coûte 1 000 francs la tonne. En l'absence de système du type pollueur-payeur comme il en existe en matière d'emballages ménagers, c'est le contribuable local, à travers la taxe ou la redevance sur les ordures ménagères, qui paye l'addition. Bien entendu, il subit, sans l'avoir demandée, la distribution de ces documents.
Cette situation est d'autant plus injuste que le contribuable n'a pas la possibilité de choisir de ne pas être destinataire de ces documents.
La taxe prévue dans cet amendement serait de 0,1 euro par kilogramme de document distribué. Son produit serait affecté à un organisme agréé qui reverserait la somme collectée aux collectivités locales ou à leurs groupements qui assurent le traitement des déchets ménagers. Dans une optique de responsabilisation et d'équité, les personnes publiques ne sont pas exclues de l'assiette de cette taxe pour les documents qu'elles distribuent ou font distribuer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement, en particulier sur le décret que nous attendons et qui est en cours d'examen par le Conseil d'Etat.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme le Gouvernement s'y était engagé voilà un an, un projet de décret a en effet été préparé par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, après consultation des différentes parties concernées, c'est-à-dire les éditeurs, les distributeurs, les élus, les associations de consommateurs et de protection de l'environnement, aini que tous les partenaires de la filière papetière.
L'objectif de ce projet est de mettre en place un dispositif de soutien aux collectivités locales calqué sur celui qui existe en matière d'emballages ménagers.
Il est ainsi demandé aux émetteurs de courrier non adressé de contribuer financièrement, soit directement, soit par le biais d'organismes agréés par les pouvoirs publics, à la collecte sélective et au traitement des déchets résultant des imprimés qu'ils distribuent.
Ce projet de décret est, depuis le mois d'octobre, examiné par le Conseil d'Etat ; il devra ensuite être rapidement soumis au conseil des ministres et il pourrait donc être publié dès le début de l'année 2002.
Dans le même temps, un projet de partenariat établi sur un champ d'application incluant les journaux gratuits et les imprimés mis à disposition a été rédigé par la fédération des entreprises de commerce et de distribution, l'Association des maires de France, ainsi que la filière papetière.
Ce projet de partenariat vise à mettre en oeuvre les dipositions prévues par le projet de décret.
Le conseil du commerce de France qui vient d'examiner cette question sur proposition de la fédération des entreprises de commerce s'est dit prêt à adhérer à cette démarche.
Par conséquent, je crois que le dispositif sur lequel le Gouvernement s'était engagé est en bonne voie d'aboutissement. Je souhaiterais donc, monsieur Miquel, que vous retiriez votre amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les indications que vient de donner Mme la secrétaire d'Etat me semblent de nature à inciter nos collègues à retirer leur amendement.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Miquel ?
M. Gérard Miquel. Mme la secrétaire d'Etat m'a rassuré : le décret va enfin être publié. Je retire donc mon amendement, qui avait pour but d'attirer l'attention de nos collègues et du Gouvernement sur l'urgence qu'il y a à traiter ce problème.
M. le président. L'amendement n° II-130 est retiré.
L'amendement n° II-66, présenté par M. Charrasse et les membres du groupe socialiste, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 1582 du code général des impôts, le montant "0,023 francs" est remplacé par le montant : "0,0038 euros". »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Il s'agit simplement de revaloriser la surtaxe sur les eaux minérales qui est perçue par les communes et qui n'a pas été augmentée depuis de très nombreuses années. C'est une ressource importance pour les communes concernées. Je propose de la faire passer, compte tenu de la conversion en euro, de 2,3 centimes par col à 2,5 centimes par col.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission n'est pas hostile à cette proposition, mais je crois avoir relevé, dans le projet de loi de finances rectificative pour 2001, qui sera prochainement examiné, un article 32 qui est consacré à cette ressource. J'ai cru comprendre que l'on envisageait d'en réexaminer complètement le barème, les conditions, etc. Peut-être la préoccupation de notre collègue trouvera-t-elle alors satisfaction, en tout cas elle sera mieux à sa place dans le débat. En la matière, je m'en remets à l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je confirme que, dans l'article 32 du projet de loi de finances rectificative, il est proposé une modification et de l'assiette de cette taxe, qui serait strictement proportionnelle au volume, et de son taux, qui serait porté à 0,58 euro par hectolitre. Par conséquent, le Gouvernement souhaiterait que cette question soit traitée, de manière globale, dans le collectif budgétaire pour 2001.
M. le président. Monsieur Charasse, maintenez-vous votre amendement ?
M. Michel Charasse. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-66 est retiré.
L'amendement n° II-115, présenté par M. Charasse, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Dans le premier alinéa du I de l'article L. 111 du livre des procédures fiscales, après les mots : "l'impôt sur le revenu" sont ajoutés les mots : "et à l'impôt de solidarité sur la fortune".
« B. - Le troisième alinéa du I de l'article L. 111 du Livre des procédures fiscales est ainsi rédigé :
« La liste départementale est établie et conservée par la direction des services fiscaux qui la communique, sans déplacement, à tout citoyen qui le souhaite, qu'il relève ou non de sa compétence territoriale. L'administration établit également une liste communale comportant les mêmes renseignements. Cette dernière est adressée à chaque mairie où elle peut être librement consultée et, si le maire le décide, affichée ».
« C. - Dans le dernier alinéa du I de l'article L. 111 du livre des procédures fiscales, après les mots : "l'impôt sur le revenu" sont ajoutés les mots : "et l'impôt de solidarité sur la fortune".
« D. - Le second alinéa du I ter de l'article L. 111 du Livre des procédures fiscales est supprimé. »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les récentes publications de presse concernant la situation, le patrimoine des hommes publics notamment, m'ont donné l'idée de cet amendement, qui vise à mettre un terme à une situation que je trouve, personnellement, très pénible.
En tant qu'hommes publics, nous sommes périodiquement, les hommes publics, sollicités par des journaux qui nous demandent de publier nos revenus, notre patrimoine et de répondre à leurs questions. Certains d'entre nous répondent. La majorité d'entre nous ne répond pas et se fait copieusement injurier.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les autres aussi !
M. Michel Charasse. Ceux qui répondent se font soupçonner. Il en résulte une situation de malaise qui me paraît de nature à nuire à l'esprit républicain.
Tout dernièrement, le journal Capital , qu'il ne faut pas confondre avec l'émission qui appartient au groupe Prisma, s'illustrant par ailleurs dans la publication de revues aussi peu ragoûtantes que Voici ou Gala , a lancé une grande enquête sur le patrimoine des hommes publics et a raconté les pires choses sur ceux qui ont répondu, comme d'ailleurs sur ceux qui n'ont pas répondu.
En ce qui me concerne, j'ai seulement répondu que je m'exécuterai lorsque seront publiés les mêmes renseignements concernant le PDG de cette publication, M. Axel Ganz, magna des médias allemands, qui est dix mille fois plus riche que nous tous ici réunis. Bien entendu, on a écrit dans le journal que j'avais demandé à connaître la situation des journalistes, ce qui n'a rien à voir. Vous imaginez bien que les salariés de Capital ne m'intéressent pas !
Je pense donc qu'avec les débats sur la réforme des fonds spéciaux, sur les rémunérations des hommes publics, tout cela ne peut que s'amplifier. C'est pourquoi je propose, par cet amendement II-115, d'en finir avec le secret fiscal. Nous sommes dans une situation qui est très paradoxale puisque le secret fiscal, longtemps absolu, a été assoupli il y a de nombreuses années maintenant. Chacun d'entre nous peut en effet aller consulter à la direction des services fiscaux de son département la situation de son voisin, sous réserve de ne pas rendre publics les renseignements, sous peine d'une amende égale au montant de l'impôt révélé.
Alors moi, je pense que le moment est venu d'en sortir et c'est pourquoi j'ai proposé cet amendement qui, contrairement à ce que pourrait laisser croire l'exposé des motifs, ne concerne pas la presse. J'ai simplement décrit dans l'exposé des motifs les pratiques de la presse. Ils n'en peuvent plus, mes chers collègues, il faut absolument leur donner satisfaction ! Il faut qu'ils sachent ! Mais s'ils savent pour nous, autant qu'ils sachent pour tout le monde, et en particulier pour les patrons de presse, qui, je crois, bénéficient aussi largement que nous de l'argent public. Il me semble bien qu'il y a encore quelques petites gracieusetés dans la loi de finances en faveur des journaux, je parle de la presse écrite. Par conséquent, que tout cela soit mis sur la table, ce sera tellement plus simple !
Tel est l'objet de l'amendement II-115. Il faut que, désormais, chacun puisse connaître les impositions des uns et des autres. Et comme l'avait voulu la Révolution française pour les impôts directs de l'époque, c'est-à-dire les quatre vieilles, tout doit être soit affiché en mairie. Cela nous épargnera tous ces courriers que nous recevons de tous les journaux possibles et imaginables qui, lorsqu'ils ont un petit problème de tirage et de recettes, en flanquent une petite resucée comme ça. Et on en met un coup de plus contre les élus de la République et contre la République !
M. Ladislas Poniatowski. Ganz déclare ses impôts en Allemagne. (Sourires.)
M. Michel Charasse. J'adorerais savoir combien il gagne et je pense que les journalistes de Capital aussi !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une intéressante suggestion ! Cela dit, faut-il aller dans le sens de la suppression pure et simple du secret fiscal ? Faut-il encourager nos concitoyens à s'épier les uns les autres ?
M. Michel Charasse. Le voyeurisme, il est ailleurs !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Faut-il les inciter à interroger les services des impôts pour savoir combien paient le voisin, le frère, la soeur, la grand-mère, le cousin, et qui sais-je encore ? Faut-il appliquer cette mesure à l'impôt sur le revenu et à l'impôt sur le patrimoine ? Nos concitoyens étant ce qu'ils sont et obéissant au génie propre de nos beau pays, faut-il véritablement les y encourager ? En s'efforçant de pallier un risque à l'égard de la gent journalistique, ne va-t-on pas en créer d'autres plus étendus encore, multiformes et omniprésents, jusque dans nos propres villages, nos familles et nos quartiers ? Je me permets simplement, mes chers collègues, de poser cette question.
J'y ajouterai - et c'est l'interpellation de notre collègue M. Poniatowski qui m'y a incité - une dimension internationale. En effet, même si cette disposition était votée, le journaliste malveillant pourrait toujours supposer que vous vous évadez du territoire national pour ne pas déclarer à l'administration fiscale française tel ou tel revenu ou telle partie du patrimoine. Le fantasme se déplacerait donc et de ne serait pas forcément beaucoup mieux.
Mes chers collègues, la bonne réponse, c'est Michel Charasse qui l'a donnée tout à l'heure : sans doute est-il préférable de ne point répondre du tout à des sollicitations de cette nature et de ne point accepter de se livrer à un strip-tease public de très mauvais goût. Mais l'amendement ne semble pas apporter une réponse adéquate à cette préoccupation justifiée.
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. M. le sénateur Charasse fait preuve de beaucoup de constance, ce qui l'honore.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et d'humour !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Toutefois, je crois que dans le monde qui nous entoure il n'y a pas, d'un côté, les journalistes, de l'autre, les hommes ou les femmes politiques.
M. Michel Charasse. Il y a aussi les juges !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La majorité des Français se situent au milieu et je ne suis pas certaine que la proposition de M. Charasse leur convienne parfaitement...
Il y a, me semble-t-il, un équilibre à trouver entre la moralisation, d'une part, et le respect de la vie privée, d'autre part. Je ne dis pas que notre système est parfait. Les faits dénoncés par le sénateur Charasse montrent bien qu'il ne l'est pas, mais je crains que le remède que vous y apportiez ne soit presque pire que le mal. Par conséquent, je suis défavorable à cet amendement.
M. le président. Monsieur Charasse, maintenez-vous l'amendement ?
M. Michel Charasse. Je m'attendais à cette réaction, mais j'ai voulu appeler l'attention de la Haute Assemblée sur ce phénomène. Ce ne sont pas les journalistes qui me préoccupent, mais ces pratiques qui deviennent agaçantes, qui jettent la suspicion, qui portent atteinte à la réputation de celles et ceux qui servent l'Etat et la République et qui inculquent chez nos concitoyens une espèce de manie de voyeurisme.
Ce voyeurisme, nos concitoyens adorent l'appliquer aux autres, mais ils ne voudraient pas - et je crois que la réponse de Mme le secrétaire d'Etat, de ce point de vue, était très claire - qu'on leur applique à eux-mêmes. Donc, il faudra bien que l'on sorte de cette situation un jour.
Cela étant, monsieur le président, je vais retirer l'amendement parce que je ne voudrais pas que l'on croie que le Sénat est contre une certaine évolution dans ce domaine. Il en faut une et on y viendra certainement un jour. Je vais vous faire une confession : cela m'aurait beaucoup amusé que le Sénat adopte cette disposition, parce que je suis sûr que l'Assemblée nationale, qui sait parfaitement donner des leçons de morale - vous avez vu l'affaire des fonds spéciaux, entre autres -, se serait empressée de la repousser. Pour ma satisfaction personnelle, cela m'aurait donné un bref instant de plaisir...
M. Dominique Braye. Si c'est pour cela, on peut l'adopter !
M. Michel Charasse. Mais passons, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° II-115 est retiré.
L'amendement n° II-118, présenté par MM. Charasse, Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et apparentés est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article L. 135 B du livre des procédures fiscales est ainsi rédigé :
« Les rôles généraux des impôts directs locaux des groupements sont directement adressés aux groupements qui en votent les taux. Ils ne transitent donc plus par les communes membres du groupement. Celles-ci ne reçoivent donc que les rôles concernant les impositions dont elles fixent les taux. »
La parole est à M. Haut.
M. Claude Haut. Cet amendement vise à préciser les modalités de transmission des rôles aux établissements publics de coopération intercommunale lorsqu'ils sont dotés d'une fiscalité propre, c'est-à-dire lorsqu'ils votent les taux des impôts qu'ils perçoivent.
Ces documents, qui sont utiles à l'élaboration de leur budget pour l'année suivante, leur permettent aussi, d'effectuer un contrôle légitime sur les impositions mises en recouvrement par l'administration fiscale. Or, dans un certain nombre de cas, il semblerait que les groupements de communes ne soient pas destinataires directement des rôles d'impôt, mais que ceux-ci soient adressés aux communes membres.
Cette situation n'est pas satisfaisante, car elle engendre des retards, voire des pertes de documents. Aux termes de cet amendement, les établissements publics de coopération intercommunale sont directement destinataires des rôles des impôts dont ils votent les taux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article L. 135 B du livre des procédures fiscales prévoit que l'administration fiscale est tenue de transmettre chaque année aux collectivités locales et à leurs groupements dotés d'une fiscalité propre les rôles généraux des impôts directs locaux comportant les impositions émises à leur profit. Ces dispositions semblent répondre à la préoccupation des auteurs de l'amendement. Mais, si la question est posée, sans doute faut-il penser que ce texte n'est pas correctement appliqué partout. J'aimerais donc entendre le Gouvernement sur ce point
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. L'article L. 135 B du livre des procédures fiscales prévoit que les EPCI à fiscalité additionnelle et les communes reçoivent directement les copies des rôles de taxe d'habitation, de taxe foncière et de taxe professionnelle.
Les EPCI à taxe professionnelle unique reçoivent, quant à eux, la copie du rôle de taxe professionnelle. Dans ce cas, les communes ne reçoivent rien au titre de la taxe professionnelle, car elles ne la perçoivent plus. Dans ces conditions, votre demande est satisfaite.
J'ajoute que la nouvelle rédaction du troisième alinéa de l'article L. 135 B que vous proposez conduirait à supprimer la communication des rôles aux autres collectivités locales.
Cela étant, votre amendement est vraisemblablement suscité par des dysfonctionnements constatés. Dès lors, je m'engage à rappeler à mes services les règles de bonne information des collectivités.
Au bénéfice de l'engagement que je prends devant vous, je souhaiterais que vous puissiez retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Haut, l'amendement n° II-118 est-il maintenu ?
M. Claude Haut. J'ai bien entendu Mme la secrétaire d'Etat et je lui fais toute confiance pour donner les instructions nécessaires. Par conséquent, sous le bénéfice des engagements qu'elle vient de prendre, je retire l'amendement.
M. le président. Par amendement n° II-118 est retiré.
L'amendement n° II-180, présenté par M. Miquel et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article L. 1614-15 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Les crédits destinés à la construction et à l'équipement des bibliothèques municipales à vocation régionale sont prélevés sur la seconde fraction des crédits mentionnés à l'article L. 1614-13. ».
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Le financement des bibliothèques municipales à vocation régionale, les BMVR, a été organisé par l'article L. 1614-15 du code général des collectivités territoriales. Conformément à son troisième alinéa, le nombre de bénéficiaires de ce programme est déterminé par une liste close au plus tard le 31 décembre 1997. Cette liste a été fixée par arrêté du 8 juin 1998 et comprend les bibliothèques de douze villes.
En l'absence de dispositions législatives prévoyant la fin du programme en faveur des bibliothèques municipales à vocation régionale, les crédits qui leur sont affectés annuellement en application de l'alinéa premier de l'article L. 1614-15 du code général des collectivités territoriales ne peuvent être utilisés pour les autres parts du concours particulier de la dotation générale de décentralisation en faveur des bibliothèques municipales.
Les crédits qui sont affectés au programme des bibliothèques municipales à vocation régionale doivent encore financer l'équipement de six projets sur les deux ou trois années à venir. Dans le cas où les dispositions législatives d'affectation des crédits de la troisième part ne seraient pas modifiées, la dotation disponible annuellement excéderait largement les besoins.
En conséquence, je vous propose de prévoir que les crédits destinés aux bibliothèques municipales à vocation régionale soient affectés à l'ensemble du concours particulier en faveur des bibliothèques municipales.
La gestion de ce concours apparaît depuis quelques années tendue au regard des besoins des bibliothèques municipales. Un redéploiement de crédits en son sein permettrait de résoudre certaines difficultés. Cette mesure ne mettrait pas pour autant en cause le financement des BMVR non encore achevées, puisqu'il est prévu que les crédits correspondants leur seront prioritairement réservés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est un très bon amendement qui semble justifié. Sachant que le programme des bibliothèques municipales à vocation régionale est en voie d'achèvement, il faut permettre le redéploiement des crédits, ce qui sera possible si l'amendement est voté.
Madame le secrétaire d'Etat, c'est une façon de faire plaisir à un certain nombre de collectivités locales sans dépenser d'argent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Tout a été dit !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-180, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 56.
L'amendement n° II-123, présenté par M. Thiollière et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 74-1 de la loi n° 99-586 du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Le conseil de la communauté d'agglomération délibère sur l'institution d'un versement destiné aux transports en commun après avoir procédé aux études nécessaires en vue de déterminer la nature du service qui sera offert à la population. Si le conseil de la communauté d'agglomération décide l'institution de ce versement, il peut définir des zones dans lesquelles un taux de versement est fixé en fonction du niveau de service atteint, et où, au fur et à mesure de la mise en place de nouveaux services de transports en commun, le taux de versement est modulé par tranches de cotisations supplémentaires d'un maximum de 0,25 % dans la limite des taux fixés par l'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales.
« Si le conseil de la communauté d'agglomération décide une majoration du taux du versement dans les conditions prévues à l'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales, il peut fixer un nouveau taux lors de la première année suivant la décision de réaliser une infrastructure de transport collectif et un second taux lors de la deuxième année. »
« II. - L'article L. 2333-66 du code général des collectivités territoriales est complété par les mots : "après qu'ont été réalisées les études nécessaires en vue de déterminer la nature du service qui sera offert à la population".
« III. - L'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« En cas de création d'une communauté d'agglomération ou d'une communauté urbaine ou de transformation d'un établissement public de coopération ou en communauté urbaine, l'organisme compétent de l'établissement public peut prévoir une modulation des taux de versement conformément aux dispositions de l'article 74-1 de la loi du 12 juillet 1999. »
La parole est à M. Christian Gaudin.
M. Christian Gaudin. Cet amendement tend à moduler le versement destiné aux transports en commun prévu aux articles L. 2333-64 à L. 2333-75 du code général des collectivités territoriales, par la création de tranches de cotisation étalées dans le temps.
Il s'agit d'éviter que des entreprises ne deviennent brutalement redevables de charges, ou d'autres versements imposés, en raison du paiement à leurs salariés d'une prime de transport. Il s'agit également d'éviter que le taux unique de versement n'induise des inégalités selon que les entreprises sont ou non situées dans les zones desservies par les transports publics.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission salue l'inspiration de notre collègue M. Thiollière et des membres du groupe de l'Union centriste.
S'il est compréhensible de vouloir moduler la charge des entreprises en fonction du niveau de service des transports en commun, le dispositif nous semble perfectible. Il pourrait, à notre sens, être réexaminé en début d'année lors de la discussion du projet de loi relatif à la démocratie de proximité qui traite de nombreux problèmes concernant les collectivités locales.
Les auteurs de l'amendement proposent de subordonner l'institution du versement destiné aux transports en commun à la réalisation d'études sur le service rendu. En principe, des élus responsables ne prennent pas de décision avant d'en avoir étudié les conséquences. Il n'est point nécessaire de l'écrire dans un texte pour s'en assurer. Nous pouvons au moins faire crédit à nos collègues qu'ils prennent des décisions raisonnables, en tout cas étayées par des études préalables.
La question de la modulation du taux de versement destiné aux transports en commun en fonction du niveau de service rendu est plus fondamentale et il convient d'y réfléchir.
Le dispositif envisagé aboutirait à rapprocher le versement transport d'une redevance, à instituer une certaine proportionnalité entre la satisfaction donnée aux entreprises et le montant de la taxe payée.
La commission n'a pas de conviction sur le sujet. Elle n'est pas en mesure de répondre plus concrètement à nos collègues. Elle préférerait donc que l'amendement soit retiré.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je partage l'avis de M. le rapporteur général.
M. le président. Monsieur Christian Gaudin, l'amendement est-il maintenu ?
M. Christian Gaudin. Je vais suivre l'avis de M. le rapporteur général : une réflexion doit s'engager pour essayer d'améliorer ce dispositif. Je retire donc l'amendement.
M. le président. L'amendement n° II-123 est retiré.

Article additionnel avant l'article 56 bis