SEANCE DU 28 NOVEMBRE 2001
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° I-90, présenté par M. Delfau, est ainsi libellé :
« Après l'article 25, insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« Dans le second alinéa du II de l'article L. 5211-29 du code général des
collectivités territoriales, les mots : "175 francs au 1er janvier 2000" sont
remplacés par les mots : "250 francs au 1er janvier 2002". »
L'amendement n° I-101, présenté par MM. Miquel, Angels, Massion, Moreigne,
Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Auban et les membres du groupe
socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 23, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la première phrase du deuxième alinéa du II de l'article L.
5211-29 du code général des collectivités territoriales, le montant : "175
francs" est remplacé par le montant : "250 francs".
« II. - Avant sa répartition entre tous les bénéficiaires, il est opéré sur le
montant prévisionnel de la dotation mentionnée à l'article L. 1613-1 du code
général des collectivités territoriales un prélèvement abondant la dotation
prévue à l'article L. 2234-13 du même code afin de compenser à due concurrence
la majoration prévue au I ci-dessus. »
La parole est à M. Delfau, pour défendre l'amendement n° I-90.
M. Gérard Delfau.
Je suis étonné, madame le secrétaire d'Etat, que le Gouvernement n'ait pas
inclus cette mesure dans son projet de loi de finances pour 2002. En effet, mon
amendement s'inscrit dans le droit-fil de la loi Chevènement sur
l'intercommunalité.
Je propose que la dotation globale de fonctionnement des communautés de
communes ayant fait l'effort de voter la taxe professionnelle unique soit
alignée sur celle des communautés d'agglomération pour lesquelles la TPU est de
règle. Cela ferait passer la dotation de 175 à 250 francs par habitant sur la
base 2001.
Je rappelle que, en 1999, le Gouvernement avait justifié le montant élevé de
la dotation versée aux communautés d'agglomération par les avantages attendus
de la mise en place de la TPU. Selon lui, elle assurerait une péréquation entre
les communes et éviterait toute surenchère fiscale ainsi que la prolifération
anarchique des zones d'activité.
A ceux qui, comme moi, se plaignaient d'une discrimination à l'encontre des
villes moyennes et du milieu rural, il était répondu que l'opportunité de choix
en faveur de la TPU laissée aux communautés de communes offrait à ces dernières
le moyen d'obtenir un traitement préférentiel en matière de DGF. C'est très
exactement cette orientation que mon amendement reprend à son compte.
Peut-être m'objectera-t-on que la communauté d'agglomération supporte des
charges qui n'incomberaient pas à une communauté de communes. Mais ce serait un
mauvais argument. Les dernières statistiques sur les finances locales, et,
entre autres, le rapport sur les ressources de Paris, montrent que la grande
ville, en général, vit à l'aise et qu'elle multiplie les équipements de
prestige.
M. Philippe Marini,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Vous pensez à une ville en
particulier ?
(Sourires.)
M. Gérard Delfau.
Dans le même temps, la commune rurale et la petite ville ne peuvent répondre
aux aspirations de base de leurs habitants. Ici, on construit un opéra, des
piscines olympiques, des bibliothèques géantes...
M. le président.
A Montpellier, par exemple ! Pas à Marseille.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Les oreilles de M. Frêche tintent !
M. Gérard Delfau.
J'ai dit « la grande ville, en général », monsieur le président, et je sais de
quoi je parle !
Ailleurs, on peine à financer une crèche, des classes, un bureau de poste ou
une perception, dont l'Etat refusera d'acquitter le juste loyer.
Bien que, madame le secrétaire d'Etat, vous prétendiez avoir fait un effort
important de péréquation, il subsiste une inéquité extrême dans la répartition
des ressources entre les collectivités territoriales, et ce depuis longtemps,
je vous l'accorde. Dès lors, un vif sentiment d'injustice habite aujourd'hui
les maires des communes rurales et moyennes, qui se sentent défavorisés par une
croissance mal maîtrisée des dotations d'Etat en faveur de la concentration
urbaine.
Je ne prétends pas apporter un remède global à ce déséquilibre tout à la fois
ancien et récent. Ma proposition est infiniment plus modeste : mon amendement
corrige à la marge cette situation. Il est peu coûteux - 300 millions de
francs, selon Bercy, mais il faut en fait diviser l'estimation par deux - et il
a le mérite d'encourager, grâce à la TPU, une intercommunalité moderne,
cohérente, solidaire.
Ma proposition est un gage donné à toute une partie de la population qui
constate une baisse relative de son niveau de vie par rapport à
l'enrichissement national. Nous voulons rassurer ces bourgs et ces communes
rurales qui se battent pour maintenir sur leur territoire des services publics
- La Poste, la perception, l'école, la gendarmerie, entre autres - dont les
directions ne cessent de venir frapper à la porte du maire pour demander une
contribution, et pas seulement en matière d'investissement.
Il s'agit d'une mesure d'équité budgétaire, d'un amendement symbolique, d'un
signal politique : autant de raisons qui me font espérer votre soutien, madame
le secrétaire d'Etat.
M. le président.
La parole est à M. Miquel, pour présenter l'amendement n° I-101.
M. Gérard Miquel.
Il s'agit d'un amendement d'appel, destiné à sensibiliser les membres de notre
assemblée et le Gouvernement à ce qui nous semble être une injustice. En effet,
il vise à majorer la dotation des communautés de communes qui bénéficient de la
dotation de 175 francs par habitant pour la porter à 250 frans, à égalité avec
les communautés d'agglomération, que vous connaissez bien, monsieur le
président, pour en présider une d'importance.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
On ne peut comparer Marseille aux autres ! Ce n'est
pas possible !
M. Gérard Miquel.
Cette somme a été incitative. Elle a permis la création de communautés
d'agglomération nombreuses, alors que les communautés de communes, parce
qu'elles étaient nécessaires, ont été mises en place beaucoup plus tôt, même si
l'incitation fiscale n'était pas aussi forte.
Lors du vote de la loi Chevènement sur l'intercommunalité, les communautés
d'agglomération ont été dotées d'une DGF de 250 francs par habitant. En
revanche, grâce à nous, les communautés de communes ont vu leur dotation
relevée de 25 francs seulement, puisqu'elle est passée à cette occasion de 150
francs à 175 francs par habitant.
Par ailleurs, il a été exigé, et c'est bien légitime, que seules les
communautés de communes dotées de la taxe pofessionnelle unique seraient
éligibles à cette dotation dite « bonifiée ».
La TPU est en effet un outil utile pour la convergence des politiques fiscales
sur un territoire défini. Le problème ne se situe pas là, mais réside dans la
différence de traitement financier entre les communautés de communes et les
communautés d'agglomération, différence qui n'est pas justifiée à mes yeux
aujourd'hui.
Les communes rurales ont toujours fortement adhéré au principe du regroupement
intercommunal, ce qui mériterait une juste récompense. Elles ont, elles aussi,
des problèmes spécifiques à gérer, comme le maintien des services publics.
Ainsi, lorsque nous voulons conserver une perception dans un canton rural, il
nous faut réaliser des travaux dont le coût n'est pas compensé par le loyer que
nous récupérons. De même, lorsque nous voulons que le service postal continue à
être assuré sur le territoire d'une communauté de communes, La Poste nous
demande de prendre en charge les installations et les travaux adéquats.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
D'où un transfert de charges et une confusion des
responsabilités !
M. Gérard Miquel.
Il nous faut encore mettre la main au portefeuille pour compléter le loyer qui
ne correspond pas du tout aux frais engagés.
Autrement dit, lorsque nous voulons mettre en place des services publics pour
nos concitoyens dans les zones rurales, ils coûtent plus cher, car la densité
de la population y est beaucoup plus faible. Nous devons, là encore, faire des
efforts financiers.
M. Jean-Pierre Demerliat.
C'est vrai !
M. Gérard Miquel.
En outre, ces petites communes rurales et communautés de communes supportent
des sujétions particulières liées à leur isolement et à leur taille, sujétions
de nature différente de celles des communes urbaines, mais non moins
importantes.
Mon propos est non pas d'opposer la ville à la campagne, mais d'éviter que ne
se creuse une fracture territoriale dans notre pays. Or, sans un effort
financier particulier envers nos campagnes, nous n'y parviendrons
qu'imparfaitement.
En conséquence, l'amendement proposé vise à porter la dotation moyenne des
communautés de communes percevant la taxe professionnelle unique à 250 francs
par habitant. Afin de ne pas peser sur la dotation de solidarité rurale et la
dotation de solidarité urbaine, indispensables à la solidarité entre les
territoires, la dotation d'aménagement serait abondée par un prélèvement sur la
dotation globale de fonctionnement des collectivités territoriales. Cette
solution a l'avantage de ne pas augmenter les prélèvements sur les recettes de
l'Etat.
En outre, le prélèvement sur la DGF serait limité à 300 millions de francs.
M. Gérard Delfau.
Seulement la moitié, je l'ai dit ! Il faut toujours diviser par deux les
estimations de Bercy !
(Sourires.)
M. Gérard Miquel.
Mme la secrétaire d'Etat tranchera et nous apportera les précisions
nécessaires.
En tout état de cause, en 2001, seules 287 communautés de communes ont
bénéficié de la DGF de 175 francs ; quelque 4 millions d'habitants ont été
concernés.
C'est donc, je le répète, un amendement d'appel, pour sensibiliser le
Gouvernement à un problème spécifique aux communautés de communes.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-90 et I-101 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission est intéressée par ces initiatives.
A titre personnel, je dirai que je suis très attaché à l'intercommunalité,
mais que je n'aime pas les chasseurs de primes. Or, dans notre beau pays, il y
en a peut-être un peu trop...
Les propositions qui sont faites visent à aligner par le haut, puisqu'il
s'agit de passer de 175 francs à 250 francs. Madame le secrétaire d'Etat, bien
entendu, personne ne s'interroge sur la vertu d'une telle suggestion.
M. Yves Fréville.
On pourrait aussi se situer entre les deux, pourquoi pas ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est d'ailleurs une proposition que vous pourriez,
si elle était formulée, examiner, au moins sous l'angle budgétaire, avec
sympathie.
Mais venons-en de façon plus concrète à ces dispositifs pour signaler deux
points. D'abord, les 175 francs constituent, il faut le reconnaître, une
avancée obtenue par le Sénat, puisqu'elle trouve son origine, dans un
amendement de sa commission des finances.
M. Roland du Luart.
Tout à fait !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Grâce à la commission mixte paritaire - celle-là,
pour une fois avait bien fonctionné ; elle avait nécessité, il est vrai,
plusieurs jours - ces 175 francs ont été incorporés à la loi.
Ensuite, mes chers collègues, quelle que soit votre ingéniosité - et elle est
grande - vous ne pouvez pas préconiser, en la matière, de système qui ne prenne
pas aux uns ce qui sera donné aux autres.
Donc, inévitablement, puisque c'est un exercice de répartition et quelle que
soit la haute et légitime opinion que, à juste titre, vous avez de la
nécessaire solidarité entre les collectivités, vous ne pouvez pas proposer de
mécanisme qui ne conduise pas à prélever sur les sommes disponibles pour la
dotation de solidarité urbaine et la dotation de solidarité rurale afin
d'abonder les ressources de l'intercommunalité.
Madame le secrétaire d'Etat, je voudrais à ce propos vous poser une question
technique. Vos services, dont la science est grande et qui disposent de tous
les instruments nécessaires, ont dû calculer le montant de la réduction des
sommes destinées à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de
solidarité rurale résultant des amendements n°s I-90 ou I-101.
Dans son amendement, notre collègue M. Miquel s'est efforcé, au moins dans la
présentation, de répondre à l'avance à l'objection. Après une expertise
technique, je peux cependant dire que le procédé Delfau et le procédé Miquel
sont équivalents.
Ils posent de vraies questions. Certaines communautés de communes se sont en
effet dotées de compétences parfois plus larges que celles qui sont exercées
par certaines communautés d'agglomération. Ces choix reflétent des projets, des
équilibres différents, entre la ville centre et les communes associées.
Pourquoi faudrait-il, dans ce pays, toiser de manière uniforme tout le monde ?
C'est, en quelque sorte, la question qui est posée par l'intermédiaire de ces
amendements et elle est singulièrement opportune.
Avant d'aller plus loin dans l'exposé de l'avis de la commission, je
souhaiterais qu'il vous soit possible, madame le secrétaire d'Etat, de répondre
à la question que je vous ai posée il y a un instant.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-90 et I-101 ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat au budget.
Messieurs les sénateurs, vous vous livrez à
une sorte de reconfiguration de la loi du 12 juillet 1999. Vous savez mieux que
personne combien les équilibres ont été construits de manière patiente, en
ayant présente à l'exprit la nécessité de prendre en compte, d'un côté, le
degré d'intégration fiscale de ces regroupements et, de l'autre, l'intégration
en termes de transferts de compétences.
M. le rapporteur général a indiqué que vous aviez contribué au débat puisque,
chacun s'en souvient, s'agissant des communautés de communes à taxe
professionnelle unique, la bonification moyenne de la dotation globale de
fonctionnement qui était proposée était de 150 francs et qu'elle a été portée
par le Sénat à 175 francs.
L'alignement que vous proposez sur les communautés d'agglomération a-t-il du
sens ?
M. Gérard Delfau.
Oui !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il faut se poser la question dans les mêmes termes
qu'en 1999, au moment du vote de la loi, à savoir en termes de niveau
d'intégration des communes.
Je ne crois pas que l'on puisse considérer aujourd'hui que le niveau
d'intégration des communautés de communes à taxe professionnelle unique est
équivalent à celui des communautés d'agglomération. En disant cela, je ne porte
pas de jugement de valeur, je procède simplement à un constat.
Aujourd'hui, les communautés d'agglomération disposent d'une bonification
moyenne de 253 francs, correspondant à des compétences intégrées - si je puis
dire - qui sont au minimum de sept à neuf, à comparer, s'agissant des
communautés de communes à taxe professionnelle unique, à des compétences
intégrées qui sont plutôt de l'ordre de quatre à cinq.
Je répondrai maintenant d'un mot à la question de M. le rapporteur général. En
effet, quelle que soit la manière d'appréhender la question, comme M. Delfau ou
comme M. Miquel, cela revient, de toute façon, à créer « un appel d'air » sur
les ressources de l'Etat.
En effet, quand bien même on passe par le détour de la dotation de solidarité
urbaine et de la dotation de solidarité rurale, on retombe sur le problème de
la progression de ces deux dotations.
Le prélèvement sur ces deux dotations serait de l'ordre de 200 millions de
francs, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Deux cents millions de francs !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Voilà le chiffre auquel nous avons abouti.
M. Gérard Delfau.
Celui que j'ai cité n'était pas si mal !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Deux cents millions de francs, c'est le montant de la
diminution de la DSU et de la DSR. Mais n'oublions pas que nous avons souhaité
faire progresser ces deux dotations de 5 % dans ce projet de loi de finances
!
J'ai bien conscience que je ne réponds que partiellement à la question. J'ai
par ailleurs bien entendu qu'il s'agissait d'amendements d'appel. Mais ils
portent sur l'architecture d'ensemble de l'intrercommunalité.
Au-dessus des communautés d'agglomération, il y a des communautés
urbaines...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Pourquoi au-dessus ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je parle en termes de nombre d'habitants et de
bonification de la DGF moyenne par habitant. Je ne porte pas là un jugement de
valeur, c'est un simple constat budgétaire, monsieur le rapporteur général !
Hier après-midi, nous avons dit que nous étions désireux de voir évoluer le
système de financement de l'intercommunalité et les conditions de financement
de la DGF. Je ne voudrais pas que, au détour d'amendements d'appel, nous
préjugions les solutions qui seront apportées dans peu de temps, mais qui
relèvent d'une réflexion plus globale.
Je souhaiterais donc le retrait de ces deux amendements.
M. le président.
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Vous avez entendu, mes chers collègues, la réponse de
Mme le secrétaire d'Etat : l'enjeu porte sur 200 millions de francs, que l'on
peut comparer au total des moyens disponibles pour la DSU et la DSR, soit 7
milliards de francs environ.
Compte tenu de tout ce qui a été dit, du caractère très divers, Dieu merci !
de l'organisation intercommunale, des choix qui sont faits par nos
collectivités de base, la commission ne peut que s'en remettre à la sagesse du
Sénat sur ces deux amendements.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-90.
M. Pierre Laffitte.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte.
Je développerai simplement un argument technique en faveur des deux
amendements.
Il est clair que la France a un territoire beaucoup plus riche, beaucoup plus
vaste que celui de l'ensemble des pays européens. Or ce territoire est en
partie menacé de désertification pour des raisons que l'on connaît.
Par ailleurs, l'évolution des nouvelles technologies avec ce qu'on appelait
autrefois le télétravail ou la téléactivité, et qu'on appelle aujourd'hui le
e-learning ou le e-travail, doit permettre aux gens de travailler là où ils
souhaitent vivre. Dans certains milieux surpeuplés des villes, l'aspiration est
forte de s'installer à la campagne.
Si nous faisons la faute, pour des raisons financières qui sont relativement
minimes, puisque M. le rapporteur général vient de rappeler qu'il s'agit de 200
millions de francs sur un total de 7 milliards de francs...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Puis-je vous interrompre, monsieur Laffitte.
M. Pierre Laffitte.
Je vous en prie.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, avec l'autorisation de l'orateur.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Mon propos comportait une inexactitude : la DSU
stricto sensu
représente 3,8 milliards de francs et la DSU plus la DSR
représentent à peu près 6 milliards de francs. Tels sont les ordres de
grandeur.
Cela ne change pas substantiellement le raisonnement, mais mieux vaut que les
chiffres soient justes.
M. le président.
Veuillez poursuivre, monsieur Laffitte.
M. Pierre Laffitte.
Je vous remercie d'avoir apporté cette précision, monsieur le rapporteur
général.
Si nous refusons, alors que les sommes en jeu sont relativement minimes, de
prendre une décision qui permettra au milieu rural de se dire qu'il n'est
condamné ni à la désertification, ni à perdre tout le capital investi au cours
des siècles pour se doter d'infrastructures correctes, nous aurons fait, sur le
plan économique, sinon sur le plan budgétaire, je le reconnais, une action
positive.
Je crois, pour ma part, que prélever quelques francs sur les crédits consacrés
aux communautés urbaines pourraient facilement nous aider à réunir les 200
millions de francs nécessaires pour soutenir l'ensemble du territoire
français.
M. le président.
Je ne suis pas sûr que le comité des finances locales partage ce sentiment.
Or, c'est lui qui décide souverainement. Mais à la place où je suis, je ne peux
intervenir dans la discussion.
M. Michel Charasse.
Le comité des finances locales ne partage rien !
M. Michel Moreigne.
Il n'a pas de sentiments !
M. Louis Moinard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Moinard.
M. Louis Moinard.
Ces deux amendements visent, dans l'article L. 5211-29 du code général des
collectivités territoriales, à remplacer les mots : « 175 francs au 1er janvier
2000 » par les mots : « 250 francs au 1er janvier 2002 ».
Il s'agit d'augmenter la dotation par habitant versée à des communautés de
communes qui font un travail remarquable. Si on ne les aide pas, elles
demanderont des subventions.
Or M. le rapporteur général lui-même a dit tout à l'heure qu'il n'aimait pas
les chasseurs de primes. Pourtant, c'est inévitable, et permettez-moi cette
métaphore littéraire : « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi
».
Si les communautés de communes ne bénéficient pas de financements, elles
seront amenées à constituer des unités plus importantes et la dépense sera
supérieure aux 200 millions de francs dont il est question aujourd'hui.
Voilà pourquoi je voterai les amendements.
M. Yves Fréville.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
Ce sont des amendements très sympathiques, mais je ne pense pas que cette
qualité suffise pour que nous les adoptions.
Il est certain que l'intercommunalité génère actuellement des inégalités très
fortes qu'elle prétendait pourtant corriger. Certaines communautés de communes
reçoivent 20 francs par habitant alors que certaines communautés urbaines - ce
n'est pas nécessairement à celle de Marseille que je songe - peuvent bénéficier
de plus de 600 francs par habitant.
M. Michel Charasse.
Six cents francs ! Oh ! Bonne mère !
M. Yves Fréville.
Cher collègue, comme je l'ai dit, je ne pensais pas à Marseille !
M. Michel Charasse.
De toute façon, Jean-Claude gaudin ne le dira jamais !
M. le président.
C'est moins !
(Sourires.)
M. Yves Fréville.
Le problème est posé : il est tout à fait illogique en effet qu'une zone
rurale, à besoins et à potentiel fiscal identiques, soit traitée différemment
d'une zone urbaine.
Pour remédier à cette inégalité, il nous faudra un jour choisir entre les
pistes envisagées lors du débat sur l'avenir des finances locales.
Première piste : le système de dotation par zones. Une dotation globale serait
attribuée à une zone géographique - à définir - en fonction de ses besoins et
de son potentiel fiscal et non en fonction de sa forme d'organisation
juridique.
Dans mon département, Saint-Malo avait opté pour la fusion, qui est la forme
suprême de l'intercommunalité. Mais cette grande commune n'a tiré aucun
bénéfice financier de cette fusion. Il est donc clair que les dotations
attribuées doivent être indépendantes des structures juridiques.
Seconde piste : réserver, au sein de la DGF, une part à l'intercommunalité.
Mais celle-ci ne doit pas venir en déduction de ce que nous attribuons aux
départements et aux communes.
Il faudra que nous choisissions entre l'une et l'autre de ces pistes, mais je
ne pense pas que c'est un amendement, aussi sympathique soit-il, qui permettra
de résoudre le problème aujourd'hui.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Ces deux amendements ne sont pas rédigés de la même manière mais ils ont une
inspiration identique, étant entendu que l'amendement dont je suis cosignataire
et qui est présenté par mon groupe est plus précis que celui qui est présenté
par notre collègue M. Delfau.
En effet, M. Delfau ne dit pas à qui il prend, où il prend et comment il
prend, tant et si bien que, comme il ne modifie pas les autres règles de la
répartition de la DGF, il en résulte que c'est l'Etat qui doit payer et, à mon
avis, cet amendement devrait être gagé.
Mais n'entrons pas dans ce détail. Je ne veux pas engager une querelle
technique car, comme je viens de le dire à mes amis en aparté, l'amendement
dont je suis cosignataire et un peu corédacteur me paraît également « mal
ficelé », pour d'autres raisons.
Mes chers collègues, dans cette affaire, quel est notre but en réalité ? Il
s'agit de tenir les promesses et de respecter les engagements qui ont été
faites et pris à l'égard des petites communes qui sont en intercommunalité.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
On a fait des promesses !
M. Michel Charasse.
C'est clair : on l'a dit, donc on doit le faire. On doit dire ce qu'on fait !
Plus exactement, on doit faire ce qu'on dit.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Voilà !
M. Michel Charasse.
En réalité, c'est les deux.
Nous devons cesser, les uns et les autres, de nous mettre dans une situation
extrêmement difficile, je le dis d'autant plus volontiers que M. le président a
fait tout à l'heure allusion au comité des finances locales ; nous devons
régler un problème qui relève non pas d'un clivage politique droite-gauche,
mais de la diversité des catégories juridiques des communes et groupements.
M. Marcel Deneux.
Oui !
M. Michel Charasse.
Que nous soyons de droite ou de gauche, sur le terrain, nous avons souvent des
difficultés analogues avec cette affaire.
M. Marcel Deneux.
Absolument !
M. Michel Charasse.
Sur ce plan, je suis plutôt à l'aise, car je n'ai jamais été un grand « fana »
de l'intercommunalité. Mais à partir du moment où le pays tout entier, par un
texte voté à l'unanimité dans les deux chambres, s'est engagé dans ce
processus, nous avons un devoir collectif de veiller à ce que les choses se
passent bien. Le but est clair.
Quel est le moyen ? Il y a deux manières de procéder.
La première, que je qualifierai de méthode « Delfau », même si elle est
involontaire, consiste à faire payer l'Etat un peu plus. Il s'agit donc d'une «
rallonge » supplémentaire de DGF dont on voit bien les conséquences financières
pour l'Etat.
La seconde, la méthode « Miquel », consiste à prélever sur la masse, mais
selon quel système ? La philosophie de l'amendement Miquel est la suivante :
avant de distribuer la DGF, on prélève d'abord 200 millions de francs, selon le
chiffrage de Mme le secrétaire d'Etat, que l'on utilise, après avoir procédé à
sa répartition, pour atteindre les 250 francs annoncés ou promis ! C'est en
cela, d'ailleurs, que l'amendement est techniquement « mal ficelé ».
En effet, dans la mesure où il ne modifie pas les modalités de calcul de la
répartition de la DGF après ce prélèvement de 200 millions de francs, nous nous
trouvons coincés car, dans notre idée, ce sont tous les bénéficiaires de la DGF
qui doivent contribuer à ces 200 millions de francs. Or, sans modifier les
autres dispositions de la DGF, nous laissons les départements de côté et ils ne
contribuent en rien à l'effort général de solidarité réclamé à tous les
bénéficiaires de la DGF. J'aurais donc aimé que l'on prît cinq minutes pour
trouver une nouvelle rédaction, à moins de reprendre cet amendement
ultérieurement à l'occasion de l'examen d'un autre texte, car il n'est
techniquement pas d'aplomb.
Ce qui compte, c'est le fond, mes chers collègues, c'est-à-dire d'honorer nos
promesses dans ce système, en prélevant 0,2 % de la masse à répartir, sachant
que la DGF représente de 117 milliards de francs à 119 milliards de francs si
l'on tient compte des abondements exceptionnels.
Qui paie dans notre esprit ? Tout le monde ! Sachez que, sur les 200 millions
de francs, cela fait à peu près 30 millions de francs de moins affectés à la
DGF départementale, ce qui est absolument insensible, surtout sur une masse qui
augmente de quelque 4 % cette année, et 168 millions de francs sur les communes
et groupements, dont l'essentiel serait prélevé sur la dotation forfaitaire.
Mais 135 millions de francs, sur une dotation forfaitaire qui dépasse 80
milliards de francs, c'est absolument insensible aussi.
Si cette solution n'est pas géniale, ni mirifique - ce n'est pas le pactole
demain ! - elle a toutefois l'avantage de dégager une solution provisoire
jusqu'au moment - que nous attendons tous - où l'on sera en mesure de réformer
les dotations selon les pistes ouvertes, devant le comité des finances locales,
par le Gouvernement voilà quelques semaines. Si M. Fourcade était présent en
cet instant, il vous rappellerait les délibérations que nous avons prises à ce
sujet.
Pour toute ces raisons, je pense qu'il faut faire quelque chose, mais je ne
suis pas persuadé qu'il faille le faire, comme il est dit au II de l'amendement
n° I-102 défendu par M. Miquel, étant entendu que l'amendement n° I-90 de M.
Delfau n'est pas financé. Je préfère, par inclinaison naturelle, l'amendement
de mon groupe plutôt que celui défendu par M. Delfau.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il n'est pas très loin non plus !
M. Michel Charasse.
Ce dernier étant un ami, il n'est pas question de nous « chamailler » !
Mais, à la limite, le mieux serait encore de renvoyer cette discussion au
collectif budgétaire, afin que nous ayons le temps de trouver une meilleure
rédaction de ce paragraphe II. Je le dis à titre personnel, car je n'ai pas
consulté mes amis. Je suis cosignataire de cet amendement, que je voterai s'il
est maintenu, mais il serait tout de même préférable de voter un texte qui soit
un peu mieux « léché » et techniquement irréprochable. Cela irait tout de même
mieux, mais nous n'allons pas « en faire tout un potage », si vous me permettez
l'expression, pour 200 millions de francs sur presque 120 milliards de
francs.
M. Thierry Foucaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Je dois reconnaître que ce débat nous donne raison en quelque sorte !
Avec ces amendements, c'est la question des moyens des collectivités, et donc
celle de la dépense, qui nous est posée, quelles que soient les travées sur
lesquelles nous siégeons.
M. le rapporteur général a eu l'occasion de rappeler que c'était sur
l'initiative de la commission des finances qu'avait été présentée cette demande
de 175 francs, cela à l'occasion de la discussion des dispositions afférentes
aux EPCI du projet de loi relatif au renforcement et à la simplification de la
coopération intercommunale.
Permettez-moi de formuler, peut-être en style télégraphique, un certain nombre
de réflexions.
Même si, sur le fond, à savoir les moyens supplémentaires qui doivent être
attribués, je partage le sentiment de notre collègue M. Miquel, je voudrais
insister sur un point : prenons garde de ne pas opposer le rural à l'urbain !
Nous devons en effet surtout unir et non désunir, notamment lorsqu'il s'agit
des problèmes que rencontrent les collectivités.
En revanche, je ne suis pas d'accord sur la question du financement - je
rejoins ici en partie ce qu'a dit notre collègue M. Fréville - à savoir qu'il
ne faut pas toujours pomper sur la DGF. Si le Gouvernement se félicitait hier,
comme d'autres ici, y compris nous-mêmes, de l'augmentation de plus de 4 % de
la DGF, il faudra, au niveau des collectivités locales, de 4,07 %, arriver à un
pourcentage d'environ 2 %.
Je ne vais pas revenir sur les financements des collectivités que nous avons
proposés à partir des actifs financiers, mais je crois que nous avons raté une
occasion. Madame la secrétaire d'Etat, il est urgent de trouver des pistes,
notamment à partir de cette question des actifs financiers. Cela permettrait de
ne prendre ni sur la DGF ni sur le budget de l'Etat. Cela permettrait surtout
de répondre à l'objet des amendements qui sont déposés ici, à droite comme à
gauche, sur le financement des collectivités locales.
En conclusion, nous nous abstiendrons sur l'amendement n° I-101, présenté par
notre collègue, M. Miquel.
M. Gérard Miquel.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel.
Parfaitement conscients du respect des équilibres budgétaires, nous n'avons
pas proposé d'amendement tendant à inscrire des financements complémentaires.
Je suis très heureux que nous ayons eu ce débat, car il démontre, s'il en était
besoin, que le système de répartition que nous avons aujourd'hui en matière de
financement des collectivités locales est quelque peu obsolète et mérite d'être
revu.
On nous dit de ne pas opposer la ville à la campagne. J'en suis bien d'accord,
mais, l'an passé, les communautés de communes ont vu leur dotation baisser, car
nous avons été obligés de financer les communautés d'agglomération et l'appel a
été important. Les présidents des communautés de communes de mon département
pensent que je les ai trompés quand je les ai incités à mettre en place ces
communautés, car leur dotation a baissé de 20 % ! Cela prouve que le système
est obsolète.
Cela dit, compte tenu des explications qui ont été données et des précisions
qui ont été apportées par M. Michel Charasse - un orfèvre en matière de
finances de collectivités locales !...
M. Michel Charasse.
Merci.
M. Gérard Miquel.
... j'accepte de retirer cet amendement n° I-101 et d'attendre la discussion
du collectif, en espérant que nous parviendrons, d'ici là, à le reformuler et à
trouver une solution plus intéressante et parfaitement applicable.
M. Roland du Luart.
Tout à fait d'accord.
M. Michel Charasse.
Très bien !
M. le président.
L'amendement n° I-101 est retiré.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je me rallie à la position que vient de prendre mon collègue M. Miquel. C'est
une bonne solution, compte tenu des incidences financières de la mesure et des
difficultés juridiques qu'engendre le fait de ne pas savoir qui paye. Il est
effectivement préférable de reprendre cet amendement ultérieurement.
M. le président.
M. Delfau, l'amendement n° I-90 est-il maintenu ?
M. Gérard Delfau.
Je suis d'autant plus satisfait d'avoir contribué à lancer ce débat que les
communautés de communes ont un sentiment d'injustice, pour ne pas dire
d'amertume, devant l'évolution de leur dotation d'Etat.
Les chiffres sont les chiffres, madame la secrétaire d'Etat ! Les communautés
d'agglomération s'étant créées plus vite que prévu, il y a bien eu transfert
financier d'une strate de communes sur l'autre. Une baisse de 20 % de la
dotation affectée aux communautés de communes est loin d'être négligeable et
elle doit être compensée.
Et cela pour une autre raison : la population des villes moyennes et du monde
rural aspirant à des modes de vie urbains, nous sommes aujourd'hui obligés de
doter nos communes d'équipements qui sont, certes, moins grandioses et moins
prestigieux que ceux des métropoles régionales, mais qui étaient encore peu
fréquents et peu demandés voilà une dizaine d'années.
M. Roland du Luart.
C'est vrai !
M. Gérard Delfau.
De ce point de vue, les budgets sont donc beaucoup plus difficiles à
établir.
Je voudrais maintenant vous livrer un constat à froid : les grandes villes,
les villes moyennes et les petites communes n'ont pas le même train de vie !
Chacun comprend bien ce que je veux dire par là : trois sous ici, dix francs
là, parfois dépensés mal à propos, comme la chambre régionale des comptes vient
de le signaler pour la gestion de Paris.
M. Jean Chérioux.
La capitale est fort bien gérée !
M. Gérard Delfau.
Si l'on ne dit pas tout cela, on ne parle pas des problèmes tels que les
vivent nos concitoyens ! Or il est de notre rôle de parlementaires de mettre à
plat les difficultés rencontrées.
J'en viens au fond. Pour Mme la secrétaire d'Etat, il s'agit d'une
reconfiguration de la loi. Elle va plus loin en se demandant si ces amendements
ont du sens. Bien sûr, qu'ils en ont, madame la secrétaire d'Etat ! En effet,
pas plus que M. Miquel je n'ai demandé que la mesure s'applique à l'ensemble
des communautés de communes ; je veux seulement qu'elle s'applique à celles qui
ont adopté la TPU. C'est la prime au courage et à la solidarité que nous
demandons. Ma commune va y consentir prochainement et, puisqu'elle a effectué
un gros effort de développement économique, elle risque d'y perdre une partie
de ses ressources à venir. La perte d'autonomie se doublera sans doute d'une
perte de ressources fiscales, ce qui n'est pas négligeable !
S'agissant des compétences, la communauté de communes dans laquelle je suis,
avec le passage à la TPU, aura seulement quatre, peut-être six compétences,
mais, finalement, ce seront les compétences essentielles pour
l'intercommunalité et la commune. Nous atteindrons un degré d'intégration très
important. Je voudrais que Mme la secrétaire d'Etat mesure bien l'importance de
l'effort actuellement consenti par le milieu rural et les villes moyennes, car
il s'inscrit exactement dans l'esprit de la loi Chevènement, et correspond donc
bien à ce qu'a souhaité le Gouvernement. Voilà ce que je voulais vous dire.
J'en viens maintenant à la question que m'a posée M. le président.
Je sais que mon amendement n'est pas gagé. Je n'ai pas voulu, monsieur
Charasse, entrer dans la logique qui consiste à prendre aux uns pour donner aux
autres, ce qui s'est beaucoup fait par le passé. Je sais aussi que, sur le plan
technique, il nécessite d'être étudié plus à fond. Ma position est donc la
suivante : je me rallie à la proposition de mon collègue M. Charasse de
renvoyer l'examen de cette disposition au collectif.
J'ajouterai toutefois une nuance importante : je souhaite que l'Etat et le
reste des collectivités locales, départements compris, fassent chacun la moitié
du chemin. Ce serait d'autant plus logique qu'il s'agit de réparer une
injustice. Monsieur le président, je retire donc mon amendement, mais, chacun
l'aura compris, ce n'est nullement pour renoncer à cette mesure ; c'est pour
faire aboutir, dans des délais raisonnables, une demande qui est légitime !
M. le président.
L'amendement n° I-90 est retiré.
Article 24