C. LA DÉCLARATION D'URGENCE NE GARANTIT NULLEMENT UNE MISE EN oeUVRE RAPIDE DES LOIS VOTÉES SELON CETTE PROCÉDURE

Trois des lois signalées ci-dessus, mises en oeuvre rapidement (bien qu'encore partiellement) avaient été votées après déclaration d'urgence.

Toutes les lois adoptées selon cette procédure n'ont pas le même sort, et la preuve manifeste en est encore apportée cette année, comme cela a été souligné dans la partie statistique du présent rapport.

La loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques est exemplaire sur ce point.

La commission des finances rappelle que le projet de loi, déposé le 15 mars 2000 à l'Assemblée nationale, avec déclaration d'urgence le 16 mars, a été transmis au Sénat le 2 mai avec un calendrier extrêmement serré qui contraignait la commission des finances à se prononcer en moins de quinze jours sur plus de cent vingt articles. La veille de son examen en séance publique, le Gouvernement a demandé son ajournement à une date ultérieure. Le Président Christian Poncelet fustigeait cette attitude lors de son allocution de fin de session 1999-2000 en dénonçant : « ce processus de banalisation de l'urgence [qui] s'est enrichi, si j'ose dire, d'un élément nouveau, les déclarations d'urgence à l'aveugle, sans aucune certitude ni visibilité sur le calendrier d'adoption définitive des textes ». Dans ce contexte, la discussion a fini par être menée à son terme et la loi a été promulguée plus d'un an après le dépôt initial. Or cinq mois supplémentaires se sont écoulés et aucun des textes réglementaires nécessaires à l'application de nombreuses mesures votées n'a été publié.

La commission des affaires économiques observe de son côté que sur les 17 lois de son ressort adoptées après déclaration d'urgence depuis 1988 11( * ) , 7 sont aujourd'hui entièrement applicables, 9 le sont partiellement, et une ne l'est pas du tout.

Elle conclut :

« Cette année encore , l'applicabilité des lois votées après déclaration d'urgence n'est pas meilleure que la moyenne des autres lois. C'est ainsi que la procédure d'urgence, qui, au prix d'une discussion parlementaire tronquée, permet de raccourcir de quelques semaines la navette entre les deux chambres, ne conduit à aucune accélération significative de la mise en oeuvre de la loi, comme si l'«urgence » n'était qu'une parenthèse refermée au lendemain de la publication de la loi. »

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