III. L'EXÉCUTION DES CONTRATS DE PLAN 1994-1998-1999

S'interroger sur l'exécution des contrats de plan, c'est chercher une réponse aux deux questions suivantes :

- la mise en place des crédits contractualisés tout au long des années 1994-1999 s'est-elle effectuée de manière satisfaisante ?

- au total, les engagements financiers inscrits aux contrats de plan ont-ils été finalement respectés ?

A. L'ETAT MAUVAIS PAYEUR

• Au-delà du désordre qui a suivi l'étalement des contrats de plan, les Régions portent une appréciation extrêmement critique sur l'exécution financière infra-annuelle des contrats de plan par l'Etat.

Ainsi, selon les Régions, " des retards ont été souvent constatés dans l'arrivée des crédits d'Etat, entraînant des conséquences évidentes sur le budget des collectivités publiques lorsqu'elles étaient maîtres d'ouvrage, ou sur la gestion financière des entreprises... Lorsque la maîtrise d'ouvrage est privée, les conséquences sur la viabilité du projet ont pu s'avérer plus lourdes, jusqu'à remettre en cause certaines actions ".

De même, " la gestion financière déconcentrée des crédits de l'Etat se caractérise par un fonctionnement par à-coups ... Le problème majeur concerne les opérations cofinancées. Le degré d'avancement de ces dernières est fonction du déblocage des crédits Etat, alors même que les financements des collectivités sont en place et que les opérations sont prêtes techniquement.

Pour les collectivités territoriales, ce type de fonctionnement handicape la prévision budgétaire.

Il en va de même des entreprises concernées qui ne sont plus à même de planifier leurs travaux
".

La Direction du Budget affirme pourtant " n'avoir pas connaissance de conséquences dommageables pour les personnes privées ou publiques ayant résulté des modalités de gestion de ces enveloppes [contractualisées] par les ministères concernés " 109( * ) .

La Direction du budget reporte d'ailleurs la responsabilité de ces à-coups sur les ministères concernés, en indiquant que " si [elle] a pris soin, autant que les impératifs macro-budgétaires le permettaient, de mettre les dotations contractualisées à l'abri des mesures nécessitées par le pilotage infra-annuel de l'exécution budgétaire, les ministères ont pu procéder postérieurement à des redéploiements ".

Cette assertion est confirmée par la Cour des Comptes 110( * ) , selon laquelle plusieurs ministères délèguent leurs crédits avec retard, de sorte que les préfets de région doivent effectuer des interventions réitérées pour obtenir que les engagements signés soient respectés.

L'Etat a donc été un mauvais payeur .

• L'Etat aura ainsi le plus souvent mis en place ses crédits après ceux des autres collectivités, en raison notamment de ces retards de délégation de crédits, mais aussi de la procédure des fonds de concours , par laquelle l'Etat " appelle " d'abord les contributions des autres collectivités.

Dans certains cas, les Régions ont d'ailleurs versé rapidement les montants prévus au fonds de concours, sans que l'Etat n'y apporte jamais les dotations correspondant à ses engagements.

Par surcroît, les Régions ont été très mal informées du calendrier de mise en place des crédits d'Etat, ce qui contredit évidemment le caractère partenarial des contrats.

Au total, les opérations sous maîtrise d'ouvrage des collectivités locales ont été conduites plus rapidement que les opérations sous maîtrise d'ouvrage Etat, notamment en matière universitaire.

• La poursuite de ce fonctionnement par à-coups risque de poser un certain nombre de problème pour les nouveaux contrats de plan en raison du redressement de la conjoncture dans les secteurs du bâtiment - travaux publics.

En effet, les entreprises dont les carnets de commande sont bien garnis ne sont plus " à la disposition " des maîtres d'ouvrages publics. Débloquer les crédits de manière aussi irrégulière et imprévisible qu'au cours des troisièmes contrats de plan conduirait donc à des retards et à un renchérissement du coût des travaux.

• Les solutions à ces difficultés sont pourtant bien connues :

- limiter les financements croisés pour les opérations d'investissement contractualisées et favoriser les financements " alternatifs " pour les programmes d'intervention (l'aide publique étant allouée alternativement par l'Etat et par les collectivités), même si cette dernière pratique n'est pas sans risque pour les partenaires de l'Etat : les à-coups dans la délégation des crédits obligent parfois les collectivités à pallier la défaillance temporaire de l'Etat, donc à " surconsommer " leurs propres crédits ;

- développer la délégation de maîtrise d'ouvrage aux collectivités territoriales ;

- renforcer enfin la déconcentration budgétaire . Les fonds déconcentrés comme le Fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT) s'avèrent en effet particulièrement efficaces pour pallier aux à-coups des délégations de crédits, mais ils sont dotés de moyens insuffisants.

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