C. UN SUIVI PHYSIQUE INÉGAL

• Les régions et les services déconcentrés de l'Etat ont accompli d'incontestables efforts pour améliorer le suivi physique des contrats.

Particulièrement volumineux et détaillés (jusqu'à 250 pages), les bilans d'exécution annuels proposent ainsi souvent des données relatives à la réalisation des programmes contractualisés (par exemple le nombres de journées de formation subventionnées, le nombre de lits de maisons de retraite modernisés, l'état d'avancement des constructions, les caractéristiques des aides accordées et de leurs bénéficiaires, etc.).

Plusieurs Régions, comme Poitou-Charentes, avaient d'ailleurs défini d'emblée " un certain nombre d'indicateurs de réalisation physique permettant une vision dynamique du contrat ".

La Région Bretagne avait même créé un tableau de bord comportant près de 600 indicateurs pour mettre en oeuvre le suivi et " l'évaluation légère " du contrat de plan.

• Néanmoins, le suivi physique des contrats de plan fut inégal .

De plus, même si certaines Régions, comme la Picardie, se sont efforcées de formuler des appréciations qualitatives critiques sur les actions contractualisées, ou, comme la Haute-Normandie, de proposer des éléments explicatifs détaillés des taux de consommation des crédits contractualisés, le Conseil économique et social a pu regretter que ces bilans " se limitent trop souvent à des données purement quantitatives et à une liste de réalisation, [au détriment] d'une démarche accordant plus de place au qualitatif " 102( * ) .

Compte tenu de leurs moyens humains limités, Les SGAR et Régions semblent en effet avoir été parfois submergés par la masse des opérations à prendre en compte et par les difficultés du suivi financier.

Par ailleurs, la culture des tableaux de bord et de l'évaluation continue est encore peu diffusée dans les administrations publiques, notamment dans les services déconcentrés de l'Etat.

En outre, l'élaboration de bilans quantitatifs ou qualitatifs critiques s'est heurtée au flou ou à l'ambiguïté de certains objectifs des contrats de plan, à la rédaction imprécise des actions contractualisées : une infime proportion des programmes inscrits dans les contrats de plan étaient ainsi accompagnés d'indicateurs de suivi prédéfinis, d'objectifs quantifiés ou d'échéanciers.

Faute d'indicateurs prédéfinis permettant de mettre en évidence des écarts par rapport aux objectifs initiaux, et appelant un commentaire explicatif, la publication d'un bilan d'exécution conjoint Etat-Région supposait alors inévitablement une certaine retenue dans les commentaires qualitatifs.

Enfin, certaines Régions se sont heurtées à ce que les ministères concernés appellent pudiquement des " problèmes de coordination ", c'est à dire des difficultés pour obtenir des informations sur l'état d'avancement réel des projets contractualisés sous maîtrise d'ouvrage de l'Etat, ou mis en oeuvre par les services de l'Etat.

Instruites par l'expérience, plusieurs Régions avaient d'ailleurs essayé de s'en prémunir, à l'instar de l'Auvergne, dont le contrat de plan stipulait qu'en matière de routes, " l'Etat apportera toute justification sur les réestimations [du coût des projets] aux collectivités territoriales associées aux financements. De plus, il les tiendra annuellement et de manière détaillée informée du déroulement des travaux ".

Inversement, malgré la qualité satisfaisante des partenariats entre les services de l'Etat et ceux des Régions, certains ministères ou services déconcentrés se sont inquiétés de leur manque d'informations sur les actions conduites par les Régions.

On peut d'ailleurs regretter que le suivi des contrats de plan par les administrations centrales soit également très hétérogène : la plupart d'entre elles ne disposent d'aucun indicateur synthétique relatif à la mise en oeuvre des contrats de plan, et certaines ne disposent même pas d'un recensement fiable des programmes contractualisés.

• Au total, le suivi physique des troisièmes contrats de plan marque des progrès réels, mais qui devront être poursuivis et généralisés .

Votre rapporteur estime notamment souhaitable que les contrats de plan énoncent dès l'origine un certain nombre d'indicateurs précis pour la plupart des programmes contractualisés, afin que les bilans d'exécution des contrats accordent plus de place à des appréciations sur l'exécution réelle des contrats et non plus sur leur seule exécution financière.

En effet, le taux de consommation des crédits n'est aucunement gage de la pertinence et de l'efficacité d'une intervention publique.

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