C. LA MONTÉE EN PUISSANCE DES CAPACITÉS AÉRONAVALES DANS LE MONDE
L'intérêt pour les porte-avions est partagé par un grand nombre de pays, qui cherchent à se doter ou à développer leurs capacités aéronavales pour s'adapter aux nouvelles menaces ou pour remplir de nouvelles missions.
1. L'exemple américain
La
première puissance mondiale a résolument choisi l'option du
porte-avions comme un des axes centraux de sa défense depuis la seconde
guerre mondiale, considérant après Pearl Harbour et la guerre du
Pacifique, que la domination de l'espace maritime implique celle de l'espace
aéromaritime dans son ensemble. Le porte-avions est bien
évidemment l'outil essentiel de ce dispositif puisqu'il permet une
projection à longue distance de puissance et de force, pour de longues
durées et dans la profondeur.
Aujourd'hui, les forces armées américaines sont conçues
pour pouvoir faire face à deux conflits régionaux
simultanés. Elles disposent pour ce faire de
12 porte-avions lourds
de 100 000 t et de 12 porte-hélicoptères d'assaut de 40 000 t.
Ces moyens qui, vus d'Europe, paraissent colossaux, sont jugés
insuffisants, par certains spécialistes américains, pour remplir
les missions qui incombent aux Etats-Unis et assurer la défense de leurs
intérêts et de leur territoire.
Les Etats-Unis disposent tout d'abord de
3 porte-avions non
nucléaires
de type
Kennedy
et
Kitty Hawk
. Ces
porte-avions ont un déplacement de 80 000 tonnes et peuvent
transporter 80 aéronefs pour un équipage de 5 300 hommes.
Depuis l'entrée en service du
Harry S. Truman
en 1998,
cinquième porte-avions nucléaire de classe
Roosevelt
,
très voisine de la classe précédente
Nimitz
,
neuf porte-avions
, sur les douze en service
, sont à propulsion
nucléaire.
Deux autres porte-avions de la classe
Roosevelt
sont encore prévus, le
Ronald Reagan
est en cours de construction
et le
CVN 77
(abréviation américaine pour
" porte-avions nucléaire ") sera admis au service actif en
2008.
Ce dernier type de porte-avions a un déplacement de près de
100 000 tonnes et peut embarquer 80 avions et hélicoptères,
dont 50 avions d'assaut. Leur durée de vie prévisible est de 50
ans et celle du coeur des deux chaudières nucléaires peut aller
jusqu'à 20 ans. Ils sont à même d'emporter 9 000
tonnes de carburant d'aviation représentant environ 16 jours
d'opérations. L'équipage est de plus de 6 000 hommes (pour
le bord : 157 officiers et 3 050 hommes, pour le groupe
aérien, 365 officiers et 2 500 hommes).
Les tableaux ci-dessous récapitulent les caractéristiques des
bâtiments en service ou programmés.
1 type
Kennedy
et 2 type
Kitty Hawk
(non
nucléaires)
Noms des bâtiments |
décision budgétaire |
mise sur cale |
Entrée en service |
CV 67 John F. Kennedy |
1963 |
1964 |
1968 |
CV 63 Kitty Hawk |
1956 |
1956 |
1961 |
CV 64 Constellation |
1957 |
1957 |
1961 |
1 type Enterprise et 3 type Nimitz
Noms des bâtiments |
décision budgétaire |
Mise sur cale |
Entrée en service |
CVN 65 Enterprise |
1958 |
1958 |
1961 |
CVN 68 Nimitz |
1967 |
1968 |
1975 |
CVN 69 Dwight D. Eisenhower |
1970 |
1970 |
1977 |
CVN 70 Carl Vinson |
1974 |
1975 |
1982 |
7 type Theodore Roosevelt
Noms des bâtiments |
décision budgétaire |
Mise sur cale |
Entrée en service |
CVN 71 Theodore Roosevelt |
1980 |
1981 |
1986 |
CVN 72 Abraham Lincoln |
1983 |
1984 |
1989 |
CVN 73 George Washington |
1983 |
1986 |
1992 |
CVN 74 John C. Stennis |
1988 |
1991 |
1995 |
CVN 75 Harry S. Truman |
1988 |
1993 |
1998 |
CVN 76 Ronald Reagan |
1995 |
1998 |
2002 |
CVN 77 |
2001 |
2003 |
2008 |
Les
Etats-Unis sont engagés dans un processus continu de construction de
porte-avions. Il y en a presque toujours un en construction et un autre en
conception. Il en résulte d'importantes économies
d'échelles liées aux effets de série et des effets
d'apprentissage conséquents. Chaque nouveau modèle est
légèrement différent du précédent et
bénéficie des enseignements tirés de la navigation sur les
modèles précédents ; cela signifie également
qu'il n'y a pas réellement, ou très rarement, de rupture
technologique entre deux porte-avions. Les évolutions sont progressives,
évitant ainsi les aléas des prototypes et générant
d'importantes économies sur les coûts induits. Un gain notable
consiste à utiliser un certain nombre de matériels de conception
ancienne mais dont la robustesse et l'efficacité ont fait leurs preuves.
Le fait de ne pas rechercher la nouveauté à tout prix et dans
tous les domaines est également une source importante
d'économies.
Ainsi, il semble aujourd'hui acquis que le futur bâtiment envisagé
(le
CVNX-1
) sera également un modèle dérivé
des classes
Roosevelt
et
Nimitz
, tout en intégrant des
contraintes de furtivité et des innovations importantes en
matière d'installations aviation. Il pourrait être, en 2013, le
premier porte-avions doté de catapultes
électromagnétiques. Celles-ci devraient permettre une souplesse
d'emploi beaucoup plus importante que les actuelles catapultes à vapeur
et conduire à des gains conséquents de place et de maintenance.
Le parc aérien de ce bâtiment devrait être constitué
notamment de
F/A-18 E/F
Super Hornet
. Ce n'est
qu'ultérieurement, selon l'état d'avancement et les performances
de l'avion, que l'US Navy et l'US Marine Corps pourraient acquérir le
"
Joint Strike Fighter
"
(JSF).
La mission de guet
aérien sera assurée par une version modernisée du
E2
Hawkeye
, le "
Hawkeye 2000
" qui verra notamment ses
capacités de transmission en temps réel, avec les navires
américains
Aegis
, très nettement améliorées.
D'ici 2015, l'US Navy disposera d'une flotte de 75
Hawkeye
à ce
nouveau standard. L'US Navy poursuit en outre des recherches en matière
de drones embarqués pour des missions de reconnaissance.
Par ailleurs, les Etats-Unis disposent de douze
porte-hélicoptères d'assaut
(cinq de type
Tarawa
et
sept, plus récents, de type
Wasp
). Ces bâtiments sont
à la disposition du Marine Corps pour appuyer des opérations
amphibies où interviennent également des transports de chalands
de débarquement.
2. La marine russe
Durant
la guerre froide, la marine soviétique avait cherché à
développer ses capacités aéronavales pour concurrencer les
Etats-Unis sur mer. Depuis la disparition de l'Union soviétique, la
marine russe connaît de graves difficultés budgétaires.
D'importants désarmements ont été effectués et
aucun déploiement maritime d'importance n'a eu lieu en
Méditerranée depuis 1996, mis à part celui du
SSGN
(SNA russe) de type
Oscar II
en 1999.
La marine russe dispose
d'un seul porte-aéronefs
,
l'
Admiral
Kouznetsov
, en service depuis 1991. Il a un
déplacement de 65 000 tonnes et doit pouvoir mettre en oeuvre 30 avions
et hélicoptères. Son
"
sister ship "
, le
Varyag
, dont la construction n'est pas achevée, est en cours de
cession à une société de Macao. Le
Kouznetsov
n'est
pas un navire de projection de puissance mais plutôt d'escorte de force
navale. Ce type de porte-avions, dont il est le dernier exemplaire en service,
devait fournir une défense aérienne avancée contre les
avions et les missiles adverses. La particularité de ce porte-avions est
d'être équipé d'un tremplin incliné à
12° pour permettre l'envol d'avions à décollage court et
d'une piste oblique, avec brins d'arrêts, pour le ramassage des
appareils, mais sans catapulte. Le
Kouznetsov
, bâtiment mixte, a
également la particularité d'être équipé de
12 silos à missiles. Son équipage est de 2 600 hommes.
Jusqu'à ces dernières années la marine russe disposait
d'un second porte-aéronefs de type
Kiev
, le
Gorshkov
. Ce
bâtiment de 44 000 tonnes n'était plus utilisé que
comme porte-hélicoptères, aucun modèle d'avions
n'étant disponible. Le contrat de vente à l'Inde du
Gorshkov
est en cours de finalisation, mais le bâtiment, qui est
encore loin d'être opérationnel, se trouve toujours en Russie.
Cela étant, la Russie n'a pas abandonné toute prétention
dans ce domaine. Une dizaine de bâtiments de la flotte du nord devraient
croiser en Méditerranée en novembre 2000, dont le
porte-aéronefs
Admiral Kouznetsov
. Devrait être
présent à bord le premier escadron de chasse embarquée,
créé en février de cette année, et composé
de
36 Su-33 Flanker
qui se veulent l'équivalent des
F-14
Tomcat
et
F-18 Hornet
américains.
L'aéronavale
russe
est encore dans une phase d'apprentissage : les premiers
appontages de nuit sur l'
Admiral Kouznetsov
n'ont été
effectués qu'en novembre 1999. Ces avions n'ont pas un grand rayon
d'action et se limitent essentiellement à des
missions de
défense de zone et de protection du groupe aéronaval
, par
interception d'une menace aérienne potentielle. Par ailleurs, le
potentiel réel de cette unité est affecté par
l'insuffisance des budgets d'entraînement des pilotes qui perdent leurs
qualifications à l'appontage. Ainsi, chaque pilote n'effectuerait que 25
heures de vol par an. Pour dégager des marges de manoeuvre
budgétaires, l'aéronavale russe est engagée dans une
démarche de simplification et de réduction de son parc
aérien. Ainsi, en 2000, elle n'est dotée que de 500 appareils de
20 types différents contre 780 l'an passé.
En raison de l'intérêt opérationnel d'un porte-avions, la
marine russe souhaiterait se doter d'unités supplémentaires.
Toutefois, le seul site actuellement à même de construire de tels
navires est le chantier naval Nosenko situé en Ukraine. Un accord
économico-politique entre les deux pays serait donc indispensable
à toute construction nouvelle. En cas de désaccord, une solution
alternative serait nécessaire.
3. Les marines européennes
a) La marine britannique
Le
Royume-Uni a renoncé aux porte-avions classiques en 1966, lorsque le
ministère de la défense britannique a décidé de
concentrer son effort et ses ressources sur les opérations de
" guerre froide " de l'OTAN dans l'Atlantique-Nord. Il s'est donc
équipé de porte-aéronefs plus petits, suffisants pour
embarquer des aéronefs de guerre anti-sous-marins. La Royal Navy s'est
toutefois nourrie de l'expérience de la guerre des Malouines, en 1982,
où l'
Hermès
et l'
Invincible
ont été
essentiellement mobilisés pour assurer la supériorité
aérienne nécessaire à la reconquête de l'archipel.
Plusieurs bâtiments civils -l'
Atlantic Conveyor
, l'
Atlantic
Causeway-
ont de ce fait été convertis d'urgence pour
acheminer sur le théâtre des opérations, en soutien au
débarquement amphibie et aux opérations terrestres, des
hélicoptères de combat et un complément d'avion à
décollage court et atterrissage vertical. L'expérience des
Malouines a eu une influence directe sur l'acquisition du
porte-hélicoptères
HMS Ocean
auquel le Royaume-Uni
aspirait depuis longtemps.
La Royal Navy dispose aujourd'hui de
trois porte-aéronefs de type
Invincible
(l'
Invincible
, l'
Illustrious
et l'
Ark
Royal
) d'environ 20 000 tonnes à pleine charge. Ils ont
été lancés respectivement en 1980, 1982 et 1985. Ce sont
des " porte-avions STOVL ", c'est à dire équipés
de tremplin incliné à 12° et d'un pont continu mais
dépourvu de brins d'arrêt. Ils permettent la mise en oeuvre de 24
aéronefs -toute combinaison d'avions
Harrier
à
décollage court et atterrissage vertical et d'hélicoptères
divers- selon le besoin opérationnel. Ces porte-aéronefs assurent
des missions maritimes d'offensive aérienne, de lutte anti-sous-marine
et de défense aérienne de zone. Ils peuvent également
servir de base pour un état-major de force navale. Sur les trois
porte-aéronefs, deux seulement sont armés, le troisième
étant en refonte ou placé en réserve.
Grâce au principe de l'atterrissage vertical et du décollage
court, ces porte-aéronefs peuvent accueillir des
Harrier
de la
Royal Air Force. Les pilotes sont en effet habitués à utiliser
des pistes de fortune, mal préparées, ce qui les rend très
rapidement aptes à apponter sur un porte-aéronefs. Cela permet
également de diversifier les missions accomplies depuis ces
bâtiments : les
Sea Harrier
sont dévolus à des
missions de défense aérienne et d'interception tandis que les
Harrier
de la RAF sont conçus pour des missions d'attaque au sol.
La Royal Navy dispose également d'un
porte-hélicoptères
d'assaut
(LPH), le
HMS Ocean
. Mis sur cale en 1994, il est en
service depuis 1999. Il a un déplacement maximum de près de 22
000 tonnes et peut embarquer 12 hélicoptères
Sea King
ou
Merlin
et 6 hélicoptères
Lynx
(des
Apache
WAH-64
à partir de 2002). Pour faciliter la mise en oeuvre de ses
hélicoptères, il est doté d'un pont continu, mais ne
dispose pas de tremplin, sa vocation n'étant pas le soutien des
Sea
Harrier
. Il peut également transporter 40 véhicules, 500
hommes de troupe, voire jusqu'à 800 pour une très courte
période. Pour faciliter cette mission de transport, il a
été doté de portes arrière et latérales. La
construction de ce porte-hélicoptères a été
réalisée suivant des normes civiles ce qui a permis de
très substantielles économies. Ce bâtiment a
été construit par un chantier civil et un maître d'oeuvre a
été sélectionné, après mise en concurrence,
pour coordonner l'ensemble, système de combat, radars, armement et
moyens de télécommunications compris. Cette démarche
réussie inspirera la méthode de construction de la prochaine
génération de nos TCD et pourrait inspirer celle du second
porte-avions français.
b) La marine espagnole
La
marine espagnole dispose depuis 1988
d'un porte-aéronefs
, le
Principe de Asturias
, jaugeant 17 000 tonnes. Ce bâtiment a
été construit par les chantiers Bazan en Espagne, sur des plans
dérivés du "
sea control ship
"
américain. Il est doté d'un tremplin incliné à
12° pour l'envol des avions à décollage court. Le groupe
aérien comprend 12
Sea Harrier
et 18 hélicoptères.
Dans les dix ans à venir, un LPH (porte-hélicoptères
d'assaut sans radier mais avec pont d'envol continu) de 18 000 tonnes
pourrait être mis en chantier. Il pourrait disposer d'un tremplin pour
accueillir le groupe aérien du
Principe de Asturias
lors de ses
périodes d'indisponibilité et pallier son absence lors d'une
éventuelle refonte à mi-vie.
c) La marine italienne
La
marine italienne a également acquis un équipement
comparable : le
porte-aéronefs
Garibaldi
en
service depuis 1985. Il jauge 14 000 tonnes et peut mettre en oeuvre 16
aéronefs grâce au tremplin qui l'équipe. Le
Garibaldi
est essentiellement un bâtiment de lutte
anti-sous-marins.
L'Italie devrait prochainement, si les conditions budgétaires le
permettent, mettre sur cale le
Luigi Einaudi
, appelé
Unita
Maggiore
Per Operazione Anfibe
(UMPA- unité majeure pour les
opérations amphibies). Il s'agit d'un porte-aéronefs de 22 000
tonnes, qui devrait renforcer les capacités amphibies, fortes de trois
TCD (LPD en anglais) de la classe
San Giorgio
(
San Giorgio, San
Marco, San Giusto
) entrés en service en 1988 et 1994.
Il serait également question, à l'horizon 2015 - 2025 de
construire un porte-aéronefs de 30 à 35 000 tonnes pour remplacer
le
Garibaldi
.
Caractéristiques comparées du Charles de Gaulle et des porte-aéronefs européens
|
Charles de Gaulle |
Invincible |
Garibaldi |
Principe de Asturias |
Pays |
France |
Royaume-Uni |
Italie |
Espagne |
Mise en service |
2000 |
1980 |
1985 |
1988 |
Déplacement (dpc) |
40 610 |
20 460 |
13 850 |
16 910 |
Longueur |
265 m |
210 |
180 |
195 |
Catapultes |
oui |
non |
non |
non |
Tremplin |
non |
oui |
oui |
oui |
Parc aérien |
40 |
21 |
16 |
20 |
Vitesse maximale |
27 |
28 |
30 |
27 |
4. Dans le reste du monde
a) En Amérique du Sud
L'Argentine ne dispose plus de porte-avions, le
Veinticinco
de
Mayo,
porte-avions britannique datant de la seconde guerre mondiale, ayant
été désarmé en avril 1997.
Le
Brésil
, avec le
Minas Gerais
(ex- HMS Vengeance de
1945, porte-avions léger de type
Colossus
de 16 000 tonnes,
acquis en 1956), récemment modernisé, peut mettre en oeuvre des
Skyhawk
rachetés au Koweit. Grâce à ses
capacités modernisées, ce bâtiment conserve une valeur
opérationnelle non négligeable et confie à la marine
brésilienne une capacité régionales significative.
Le Brésil envisage par ailleurs de faire l'acquisition du
Foch
à la France, pour un montant de 250 à 300 millions de francs. La
livraison à la marine brésilienne aurait lieu à la fin de
l'année, après le retrait du service actif dans la marine
française.
b) En Asie
C'est
surtout en Asie que l'intérêt pour les capacités
aéronavales se développe en raison de la géographie et du
contexte de course aux armements.
Pour l'heure, dans la région, seule la
Thaïlande
dispose
d'un porte-aéronefs de 11 500 tonnes, le
Chakri Naruebet
.
Commandé en 1992, il est en service depuis 1997. Il est
dérivé du
Principe de Asturias
espagnol et a
été construit par les chantiers Bazan. Sa vocation est
principalement anti-sous-marine, mais il peut également servir de navire
d'assaut, de navire d'assistance en cas de catastrophe naturelle ou de navire
école. Long de 182 mètres, sa propulsion est classique et il est
armé de 12 aéronefs, en général 6 avions
Harrier
et 6 hélicoptères
Sea Hawk
. En raison des
contraintes financières, ce bâtiment est néanmoins
largement sous-employé.
Le
Japon
s'équipe de trois porte-hélicoptères
d'assaut de 8 900 tonnes de classe "
Osumi
", qui pourraient
ouvrir la voie à la construction de bâtiments plus importants, si
la Chine devait concrétiser ses propres projets de porte-avions.
Possédant la troisième ou quatrième marine du monde selon
les classements et estimations, le Japon cherche à assumer une place
plus conforme à sa puissance économique et à ses
intérêts stratégiques.
La
Chine
, pour sa part,
a développé des
porte-hélicoptères. Elle cherche cependant à se doter de
véritables porte-avions de 40 à 50 000 tonnes, dotés
de catapultes et capables de mettre en oeuvre des avions
Shenyang J-8 II
Finback B
ou
Shenyang J-11
(
Sukkoi Su-27 Flanker
construits sous licence) dont la construction a été
autorisée en 1999. Les Chinois semblent s'inspirer des plans des
porte-aéronefs russes
Kouznetsov
et
Ul'yanovsk
.
L'entrée en service du premier bâtiment est officiellement
prévue pour 2015, mais pour des raisons techniques et
financières, le programme pourrait ne pas être lancé avant
2015-2020. La priorité serait plutôt donnée à la
modernisation de la flotte sous-marine et de surface.
L'
Australie
réfléchit à nouveau à
l'acquisition d'une capacité aéronavale, après
l'opération au Timor oriental qu'elle a conduite en tant que nation
cadre. Elle avait, au début des années 1980, projeté puis
abandonné l'acquisition d'un porte-aéronefs britannique pour des
raisons tant financières que d'opportunité.
En Asie du Sud, l'
Inde
considère la détention de
porte-avions en cohérence avec son rôle de puissance
régionale majeure dans l'Océan indien. Elle souhaite se doter de
deux porte-avions pour assurer une permanence à la mer. En effet,
l'opinion indienne a été frappée, lors de la crise du
Cachemire, de l'absence du seul porte-avions, le
Viraat
(ex-
Hermès
britannique), immobilisé par d'importants
travaux de rénovation, qui doivent lui permettre de rester en service
jusqu'en 2012. Le porte-avions
Vikrant
(ex-
Hercules
), semblable
à l'ancien Arromanches français, avait été
désarmé en 1997. Un bâtiment de 25 000 à
30 000 tonnes environ pourrait donc être mis sur cale, à
Cochin, dans le courant de cette année. Il devrait pouvoir embarquer 16
Sea Harrier
, puis une version navalisée du
Mig 29
, ainsi
qu'une vingtaine d'hélicoptères. L'Inde voudrait également
racheter à la Russie le
Gorshkov
, qui devrait être
reconfiguré pour être adapté à ses besoins,
notamment avec un tremplin, une piste oblique et des brins d'arrêt. Son
parc aérien devrait être constitué d'une trentaine
Mig-29 K Fulcrum
.