2. Une clarification des compétences du FMI et de la Banque mondiale

Le spectacle des actions et des discours désordonnés voire contradictoires des institutions de Bretton Woods au cours de la crise asiatique montre la nécessité d'une clarification de la répartition des compétences entre le FMI et la Banque mondiale.

Le rapport du groupe de travail constitué par le Congrès des Etats-Unis et présidé par M. Allan Meltzer propose une réforme de grande ampleur des institutions financières internationales, encadrant de manière rigoureuse les compétences du FMI et de la Banque mondiale.

Votre groupe de travail considère que ces propositions sont intéressantes en ce qu'elles recentrent de manière radicale les missions des deux institutions. Cependant, certaines de ces conclusions apparaissent délicates à mettre en oeuvre. Premièrement, la condition d'aide de la Banque mondiale aux seuls pays n'ayant pas accès aux marchés financiers est particulièrement contraignante pour les pays qui ne disposent d'un accès aux capitaux qu'au prix de primes de risques particulièrement élevées. Ensuite, la limitation du rôle du FMI à celui de prêteur en dernier ressort restreint considérablement son action en matière de prévention des crises. Enfin, la condition d'instauration d'un currency board ou une dollarisation de l'économie apparaît particulièrement favorable aux Etats-Unis, qui disposent des droits de seigneuriage liés à l'émission du dollar, et apparaît difficile à mettre en oeuvre dans certains pays pour lesquels la monnaie constitue une composante essentielle de la souveraineté nationale.

Malgré la radicalité des réformes proposées dans le rapport Meltzer, certaines pistes de réflexion apparaissent intéressantes. Le FMI pourrait réduire la durée de ses prêts et assouplir les conditionnalités qui y sont généralement associées. En effet, les conditions posées par le FMI apparaissent particulièrement contraignantes et renforcent souvent les conséquences sociales des crises sur les groupes de population les plus fragiles. Les prêts du FMI viseraient uniquement à permettre à un pays de surmonter le déséquilibre de sa balance des paiements, en évitant le défaut de paiement. Ces prêts seraient coûteux afin d'inciter les pays à mettre en oeuvre les politiques économiques adaptées au rééquilibrage de la balance des paiements. Le rôle du FMI serait ainsi limité au court terme.

La Banque mondiale continuerait en revanche d'être en charge des réformes structurelles à mettre en oeuvre afin d'améliorer les conditions de fonctionnement des systèmes financiers, et prendrait également en charge la mise en place de filets de sécurité sociale et les mesures visant au maintien des dépenses en faveur de la santé et de l'éducation, afin que les contraintes de l'ajustement et des réformes structurelles ne conduisent pas à sacrifier le développement à long terme de l'économie. Cette répartition des rôles limiterait donc le FMI au rôle de surveillance des modalités de financement des économies et d'intervention en cas de crise, tandis que la Banque mondiale regrouperait l'ensemble des compétences en matière d'aide au développement et de réformes structurelles, permettant d'accompagner les mesures nécessaires à l'ajustement des économies touchées par la crise.

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