b) La création de fonds monétaires régionaux et le développement de l'intégration monétaire régionale
Le
développement des organisations régionales favorise la
concertation et les échanges d'expertise entre les pays, ainsi que,
à terme, une plus grande solidarité mutuelle.
L'idée d'un Fonds monétaire asiatique avait été
émise par le Japon en 1997, mais refusée par les Etats-Unis,
notamment en raison de la crainte de créer un outil au service des
tentations hégémoniques du Japon et de la volonté de ne
pas créer d'institution dont l'action serait concurrente de celle du
FMI.
La création de fonds monétaires régionaux dans les
pays émergents semble néanmoins être une idée
intéressante, car elle permettrait une plus grande solidarité
entre les pays membres, ainsi qu'une plus grande acceptation des
recommandations qui seraient émises par ces fonds par rapport à
celles du FMI.
Un fonds régional permettrait donc d'assurer une
entraide entre pays voisins, mais également une surveillance des
économies meilleure que celle exercée au niveau mondial.
Le développement des compétences régionales est une
idée importante de réforme de l'architecture du système
monétaire international, qui doit progresser. Des systèmes de
surveillance et d'alerte régionaux doivent être mis en place et
l'idée de créer un prêteur en dernier ressort au niveau
régional mérite d'être étudiée.
Les Japonais souhaitent un renforcement de la coopération
économique et financière en Asie, qui pourrait aboutir, à
terme, à la création d'une monnaie unique sur le modèle de
l'euro. Bien entendu, un progrès réel vers cet objectif suppose
un accord avec la Chine, dont il est difficile d'imaginer aujourd'hui les
termes. L'instauration de blocs monétaires régionaux
apparaît difficile à mettre en oeuvre, de même que les
" zones cibles ". Ces propositions ont été
développées du fait de l'ampleur des fluctuations de la
parité yen-dollar au cours des dernières années. Les pays
dont la monnaie était liée au dollar, comme la Thaïlande,
ont profité de la faiblesse du dollar, qui améliorait leur
compétitivité-prix sur les marchés extérieurs, pour
développer leurs exportations. Cependant, l'appréciation du
dollar vis-à-vis du yen a eu des conséquences désastreuses
sur ces économies, en réduisant leur
compétitivité-prix et en accroissant le coût de leur dette.
Ce retournement a donc constitué un facteur de déclenchement de
la crise en Asie.
Un système de " zones cibles " a été mis en
oeuvre lors du sommet du G 7 du Louvre en 1987, afin d'encadrer les
fluctuations importantes du dollar. Cet accord n'a cependant été
respecté que pendant quelques mois, et a reporté une partie de la
volatilité du marché des changes vers le marché des
capitaux. Ce système implique que les banques centrales soient
disposées à défendre les parités définies
par les zones cibles. Or, cette défense peut s'avérer
particulièrement coûteuse pour les pays, en épuisant leurs
réserves de change. L'exemple de la crise du système
monétaire européen en 1992 montre par ailleurs que les banques
centrales sont incapables de faire face aux marchés financiers lorsque
ceux-ci considèrent que les politiques menées par les Etats sont
insoutenables à terme. Dans un système de " zones
cibles " les banques centrales sont forcées d'ajuster leur taux
d'intérêt pour maintenir les parités des monnaies à
l'intérieur des zones définies, y compris lorsque cette hausse
des taux d'intérêt emporte des effets récessifs non
désirés.
La définition des zones cibles constitue donc une idée
potentiellement coûteuse, et implique une forme de mutualisation des
pertes entre les pays prenant part à ce type d'accord. De plus, la
définition d'une parité de référence entre les
monnaies constitue une première étape sur laquelle il convient
que les pays se mettent d'accord. En tout état de cause,
l'établissement de zones cibles exige une réduction des
déséquilibres internationaux et une amélioration de la
coordination des politiques économiques des différentes
entités. Il apparaît que ce type de proposition ne constitue pas
une solution réaliste compte tenu du contexte international.
Cependant, la proposition japonaise de fonds monétaires
régionaux, évoqué ci-dessus, mérite d'être
gardé en mémoire, et votre groupe de travail estime qu'il faudra
être particulièrement attentif à toutes les situations qui
permettraient de diffuser ainsi un modèle " à
l'européenne ".