3. Les réformes engagées par les institutions elles-mêmes : une meilleure coordination des actions
La crise
financière internationale a eu pour conséquence d'inciter le FMI
et la Banque mondiale à réfléchir sur leur propre
évolution.
Les deux structures se sont d'abord attachées à améliorer
la coordination de leurs interventions. Elles se sont entendues sur une
délimitation de leur champ d'action commun en matière
financière. Elles ont développé leurs missions conjointes
d'expertise. Elles ont ouvert les portes de leur organe de décision
à la direction de l'autre institution. La Banque mondiale a repris
à son compte le concept de bonne gouvernance en cherchant à
améliorer le suivi de ses opérations, et à n'accorder de
nouveaux soutiens qu'en fonction du respect de programmes de réformes
durables correspondant aux critères, par ailleurs encore très
imprécis, de la bonne gouvernance.
Mais au-delà des actions communes, chacune des deux institutions a
amorcé des réformes qui lui sont propres. La direction du FMI a,
au début de l'année 1998, fait part de ses propositions qui
correspondent aux souhaits du département américain du
Trésor. Il s'agit d'abord d'améliorer, sous l'égide du
FMI, la qualité, la disponibilité et l'exhaustivité des
données statistiques. Il propose aussi d'accroître
l'efficacité de la surveillance exercée par le Fonds qui
publierait ses documents de travail. Enfin, il suggère que le Fonds
définisse (et surveille le respect), conjointement avec la Banque
mondiale, des standards internationaux dans les domaines nécessaires au
bon fonctionnement des marchés financiers, comme les règles
encadrant les faillites, les activités sur titres et le gouvernement des
entreprises. En matière de gestion des crises, le Fonds propose de mieux
associer le secteur privé, permettant ainsi de réduire les
risques d'aléa moral.
Parallèlement, le FMI s'est doté de nouveaux moyens financiers et
techniques
46(
*
)
. Le 17
décembre 1997, les Etats ont décidé de créer un
nouvel instrument de prêt, la facilité de réserve
supplémentaire (FRS), pour aider les pays subissant, suite à des
crises de confiance, un choc soudain ; la FRS a notamment servi à
la Corée du Sud. Le FMI a été autorisé à
lever 6,3 milliards de DTS pour la Russie le 20 juillet 1998 par les accords
généraux d'emprunt. Les ressources du Fonds ont été
portées de 18,5 à 34 milliards de DTS le 20 novembre 1998
conformément aux nouveaux accords d'emprunt. Cet argent a
été utilisé pour le Brésil en décembre 1998.
Le 19 décembre 1998, le FMI a créé le système
général de diffusion des données pour mettre à
disposition de tous un cadre statistique unique. Le 22 janvier 1999, le capital
du FMI a été porté de 146 à 212 milliards de DTS.
Le 26 avril 1999, le Fonds a créé un nouvel instrument de
prêt, la ligne de crédit conditionnelle (LCC) lui permettant de
mettre à disposition d'un pays susceptible de connaître une crise
des liquidités de court terme. Par ailleurs, le FMI a diffusé un
code des bonnes pratiques en matière de transparence des finances
publiques, a commencé à publier les résultats et
recommandations de ses missions de surveillance, a créé une
procédure d'évaluation externe, a organisé la collecte et
le traitement des données, et a intégré des aspects
sociaux dans ses programmes de gestion de crise.
Actuellement, le FMI réfléchit à la possibilité de
recourir à des contrôles de capitaux, de mieux associer le secteur
privé, et de mettre en place une sorte de règle
d'insolvabilité des Etats.
De son côté, la Banque mondiale a engagé une
réflexion approfondie sur son rôle et sur l'efficacité de
ses interventions, eu égard notamment au taux trop important
d'échec des projets qu'elle a menés depuis cinquante ans.