2. Les propositions du Congrès américain : recentrer les institutions sur de strictes missions

Le Congrès des Etats-Unis a demandé en novembre 1998 à un groupe de onze experts présidé par Allan Meltzer (l' international financial institutions advisory commission ) d'étudier une éventuelle réforme des institutions financières internationales 43( * ) . Ce rapport a été rendu public en mars 2000 44( * ) et appelle chacune d'entre elles à recentrer ses missions " sur un nombre limité d'objectifs ".

Le FMI devrait ainsi agir seulement sous la forme de prêts de liquidités à court terme et ne plus intervenir en matière de soutien à long terme aux pays en voie de développement. Il jouerait vis-à-vis d'eux le rôle de prêteur en dernier ressort. Ces prêts d'urgence se feraient à taux de marché et ne bénéficieraient qu'à ceux ayant déjà des institutions saines et efficaces, condition assouplie en cas de risque systémique. Les pays éligibles offriraient une totale liberté aux institutions financières étrangères pour intervenir sur leurs marchés, et publieraient régulièrement des données sur leur dette publique et leur balance des paiements. Le FMI doit promouvoir une réforme fiscale pour s'assurer que les ressources ainsi attribuées ne soutiennent pas des " politiques budgétaires irresponsables ". Il abandonnerait ses autres fonctions, apparues depuis les années soixante-dix, comme la gestion des crises financières internationales, les concours aux pays en développement, le conseil économique aux nations et la collecte des données économiques. Quant aux Etats bénéficiaires des concours du FMI, ils devront abandonner tout système de peg ou de taux de change flottant pour retenir un currency board ou la dollarisation de leur économie.

La Banque mondiale subit une sévère critique sur l'efficacité de ses interventions 45( * ) : le taux d'échec s'élève à 73 % pour l'Afrique par exemple. Le rapport propose de la dénommer Agence de développement du monde et de ne plus la laisser faire que des prêts aux pays n'ayant pas accès aux marchés financiers, en tout cas ayant un revenu annuel en dessous de 4.000 dollars par habitant. Elle devra se concentrer sur l'Afrique et laisser l'Asie et les Amériques à leurs structures régionales. Tout prêt sera conditionné à la mise en place de réformes institutionnelles et politiques, avec un contrôle régulier d'auditeurs internationaux indépendants des prêteurs comme des emprunteurs. En matière de santé et d'éducation, l'agence pourra préférer l'attribution directe de dons ( " grants and not loans " ).

Le rapport critique le manque de cohérence entre Banque mondiale et banques régionales de développement, ces dernières étant accusées de concurrencer la première en matière d'appels de fonds, de choix des pays aidés et de détermination des projets. Il dénonce aussi les coûteux doublons en matière de fonctionnement. Il propose de les transformer en centre d'assistance technique et de conseils et en promoteur des investissements privés dans le pays les plus pauvres.

La BRI conserve son rôle traditionnel de formulation des standards financiers, tels que les ratios de solvabilité, mis en oeuvre ensuite au plan national. Parallèlement, l'OMC doit se garder d'édicter des règles internationales contraires aux réglementations nationales.

Pour ne pas apparaître trop rudes, les auteurs de ce rapport proposent un double effort en faveur des pays les plus pauvres : l'annulation totale de leur dette auprès du FMI et de la Banque mondiale et l'augmentation de l'aide au développement délivrée par les Etats-Unis.

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