b) Les règles comptables

Il faut d'abord citer, car cette question est étroitement liée à celle de la couverture des engagements par les fonds propres, les difficultés considérables qui résultent du défaut d'harmonisation des règles comptables et de certaines pratiques couramment observées en ce domaine, malgré l'existence des normes comptables élaborées par l'International Accounting Standards Committee . La diversité des pratiques comptables remet en cause l'homogénéité de l'impact du ratio Cooke. Il ne s'agit pas en soi d'un problème prudentiel mais plutôt d'une question concernant l'égalité de traitement des établissements bancaires. Toutefois, la variabilité des coutumes comptables devient un vrai sujet prudentiel lorsque certaines pratiques sont exagérément laxistes. L'existence de telles pratiques peut constituer d'ailleurs un élément d'attractivité qui renforce encore leur caractère déstabilisant. Or, l'expérience montre qu'elles sont répandues. Sans même évoquer la situation des places off-shore ou des pays émergents, l'on peut en faire la démonstration en recourant à des exemples tirés de pays dont l'influence économique internationale est majeure. Deux illustrations importantes sont à citer :

la valorisation des actifs financiers des banques et investisseurs institutionnels au Japon, établie jusqu'ici en retenant la référence la plus haute entre la valeur historique et la valeur de marché ;

L'impact de l'évolution du prix des actifs au Japon sur l'effectivité du ratio Cooke

Durant la phase de croissance rapide des actifs, les contraintes exercées par le ratio Cooke sur le développement des bilans bancaires japonais ont été considérablement allégées.

L'essor du marché boursier a d'abord facilité les émissions de fonds propres entrant dans les fonds propres de première catégorie du ratio Cooke.

Cet accroissement des fonds propres de première catégorie a, à son tour, permis de concrétiser les plus-values latentes engendrées par l'envol des marchés boursiers. On sait que les fonds propres de catégorie 2 du ratio Cooke ne peuvent excéder ceux de la catégorie 1. Les banques japonaises incorporaient 45 % des plus-values latentes sur titres dans les fonds propres de catégorie 2. Toute augmentation des fonds propres de 1 ère catégorie leur permettait d'incorporer davantage de plus-values latentes : une unité supplémentaire de fonds propres de 1 ère catégorie se traduisait par une unité supplémentaire de fonds propres de 2 ème catégorie, permettant d'augmenter l'actif pondéré du risque de 2 unités.

La chute de l'immobilier et le retournement du marché boursier ont pris à revers les banques japonaises. D'une part, les sources d'alimentation autonome de leurs fonds propres ont disparu, un mouvement de contraction mécanique des fonds propres se déclenchant. D'autre part, cette évolution a spontanément dégradé la qualité des risques des banques : les garanties données au secteur de l'assurance se sont soudainement révélées aventureuses, les collatéraux garantissant les créances hypothécaires se sont effondrés...

des passages de provisions insuffisamment rigoureux notamment en matière de prêts douteux, dont rendent compte les analyses convergentes de tous les observateurs des crises asiatiques.

Il faut donc procéder à une harmonisation internationale des règles comptables plus effective et relever le niveau des exigences prudentielles en la matière.

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