2. Des règles aux faits, un écart considérable
Le
développement du contrôle interne est assurément
souhaitable. Mais, les réglementations et les incitations qui peuvent y
contribuer paraissent en elles-mêmes insusceptibles de le garantir.
Cette situation est clairement illustrée par le graphique
ci-après qui rend compte d'une étude sur les causes des
problèmes d'insolvabilité rencontrés par un
échantillon de 29 banques.
Facteurs à l'origine des problèmes d'insolvabilité de vingt-neuf banques
Note : Nombre de fois que chaque facteur a été
cité dans vingt-neuf cas nationaux.
Source : Caprio et Klingebiel, 1996, cité par l'OCDE.
Les facteurs les plus fréquemment cités ne sont pas d'ordre
macroéconomiques mais d'ordre microéconomique, et, parmi eux,
concernent généralement la qualité de la gestion des
établissements et, difficulté la plus souvent mentionnée,
l'insuffisance du contrôle et de la réglementation.
En théorie, les intervenants devraient
proprio motu
souhaiter
l'instauration de systèmes de contrôle et d'évaluation dont
l'apport au bon déroulement de leur activité est incontestable.
Cependant, outre que ces procédures entraînent des coûts
dont le poids peut n'être pas négligeable pour certains petits
intermédiaires, il est naturel qu'en ce domaine les attitudes
diffèrent selon le niveau d'aversion au risque des agents.
De fait, tout démontre la variabilité des comportements bancaires
sous cet angle.
Le tableau ci-après en rend compte. Il expose la variabilité des
comportements prudentiels observés dans différents
systèmes bancaires en matière de risques.
Qu'il s'agisse de la couverte effective des risques par les fonds propres, du
plafond des prêts consentis à un débiteur, des
critères retenus pour la classification des prêts douteux ou non
performants ou encore des règles de provisionnement, les pratiques
diffèrent considérablement.
Incitations à une appréciation adéquate du risque dans les systèmes bancaires
|
Ratio de fonds propres (définition de Bâle) |
Prêt maximal à un seul emprunteur |
Prêts douteux
|
Prêts non performants |
||
|
Ratio
|
Ratio
|
Pourcentage du capital |
Mois d'arriérés |
Provision (en pour cent) |
en pourcentage du total des prêts, 1996 |
Corée |
8 |
9,1 |
15 |
6+ |
20-75 b) |
0,8 |
Mexique |
8 |
13,1 |
10-30 c) |
3+ |
Variable |
12,2 |
Hong-Kong, Chine |
8 |
17,5 |
25 |
Néant |
Néant |
2,7 |
Indonésie |
8 |
11,9 |
10-20 e) |
3-6 |
10 |
8,8 |
Malaisie |
8 |
11,3 |
30 f) |
6-12 |
Variable |
3,9 |
Thaïlande |
8 |
9,3 |
25 g) |
6+ |
71/2-15 b) |
7,7 |
Taipei chinois |
8 |
12,2 |
3-5 |
6+ |
Variable |
3,8 |
Argentine |
12 |
18,5 |
15 |
3-6 |
1-25 b) |
9,4 |
Brésil |
8 |
12,9 |
30 |
3-6 |
20-100 b) |
5,8 |
Chili |
8 |
10,7 |
5 h) |
1-2 |
20 i) |
1,0 |
Russie |
8 |
13,5 e) |
50-100 |
|
Variable |
15,1 |
Etats-Unis |
8 |
12,8 |
15 |
3+ |
Variable k) |
1,1 |
Japon |
8 d) |
9,1 |
20 |
6+ j) |
Néant |
3,4 |
Allemagne |
8 |
10,2 e) |
25 |
Néant l |
Néant |
|
a)
1996 pour les pays de l'OCDE ; 1995 pour les autres
|
En bref, rien ne garantit que l'ensemble des intervenants accepte de la même manière d'instaurer des procédures de contrôle interne également rigoureuses.