C. LES LIMITES RENCONTRÉES PAR L'INTERVENTION DES AUTRES INSTITUTIONS INTERNATIONALES
1. Les limites de l'action et de la légitimité de la Banque des règlements internationaux
La Banque des règlements internationaux est compétente en matière de supervision bancaire. L'action de cette institution est cependant limitée par ses statuts, notamment l'absence de moyens de contrainte appropriés. En effet, le FMI dispose de la conditionnalité des aides pour obliger un pays à modifier les conditions macro-économiques des pays, tandis que la BRI ne dispose pas des moyens de contraindre les pays à mettre en oeuvre ses recommandations en matière de gestion bancaire. De plus, la BRI souffre de l'absence en son sein de nombreux pays, même si des pays émergents rejoignent désormais cette institution (neuf banques centrales de pays émergents y ont adhéré en 1996). Sa légitimité repose cependant sur une plus grande ouverture aux pays émergents, afin que les recommandations et les réglementations émanant de la BRI prennent une dimension universelle, et dépassent le cadre des pays de l'OCDE. Enfin, le consensus nécessaire à son fonctionnement constitue un obstacle sérieux au développement de son rôle dans la régulation financière internationale.
2. De nombreux cercles d'échange et de lieux de décision sont réservés aux pays développés
De
nombreux groupes informels de concertation ont vocation à
améliorer la coordination des politiques économiques et
monétaires à l'échelle mondiale. Le plus connu
d'entre-eux, le G 7, regroupe les sept pays les plus riches du monde
(Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) ainsi
que la Russie (G 8), et représente ainsi près de la
moitié du PIB mondial. Les décisions prises au sein de cette
instance ont des conséquences importantes sur l'évolution des
taux d'intérêts et des parités entre les monnaies
notamment. Le G 7 constitue en effet le cadre de la gestion des
responsabilités monétaires dans le monde. Cependant, ses
décisions manquent de légitimité dès lors qu'elles
sont perçues par les pays en voie de développement comme
émanant d'un " gouvernement de fait " du monde dont ils se
trouvent exclus. L'ancien directeur général du FMI, Michel
Camdessus, a proposé peu avant son départ de l'institution, un
élargissement de ce groupe à une trentaine de pays. Le
caractère informel et restreint des sommets du G 7 serait
préservé, mais la légitimité de ses
décisions serait accrue par une telle mesure.
Le groupe des vingt (G 20), constitué du groupe des sept pays les
plus industrialisés (le G 7), et de onze " nouveaux "
pays (l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, l'Inde, le Mexique,
la Russie, l'Arabie Saoudite, l'Afrique du sud, la Corée du sud et la
Turquie), en sus d'un représentant de l'Union européenne et d'un
représentant du FMI, s'est réuni pour la première fois au
mois de décembre 1999. Ce groupe doit émettre des avis, notamment
sur la surveillance des flux de capitaux et sur la place du FMI dans le
système monétaire international. Cependant, il n'a pas vocation
à prendre des décisions.
Le groupe des vingt-deux (G 22), connu également sous le nom de
" Willard Group " a été mis en place par le FMI
à la suite de la crise financière internationale, afin de
proposer des solutions à cette crise. Il comprend les pays membres du
G 7 et d'autres pays développés et émergents
touchés par la crise.
Le Groupe des trente-trois (G 33), élargit également le
G 7 à de nombreux pays émergents. Cependant, il constitue un
lieux d'échange, et non de décision, et apparaît comme une
timide ouverture des pays riches vers le reste du monde.
La puissance et le manque de légitimité du G 7 a conduit les
pays en développement à créer des groupes analogues afin
de faire entendre leurs voix et constituer une force de proposition face aux
pays industriels. Le G 24, qui comprend huit pays africains, huit pays
d'Asie et huit pays d'Amérique latine revendique ainsi une
représentation équitable des pays en développement dans
les processus de décision afin de mettre la politique monétaire
et financière au service du développement.
La multiplication des groupes informels regroupant les dirigeants de pays ne
favorise pas la lisibilité des moyens et des objectifs de ceux-ci dans
le système international, et ne résout pas la question de la
légitimité du G 7. Son élargissement à de
nouveaux pays permettrait sans doute d'accroître cette
légitimité et de limiter la formation de groupes concurrents.