2. Les effets de la crise sur les pays en voie de développement
La crise
a touché de façon différenciée les pays en voie de
développement selon les deux canaux de transmission que constituent les
flux d'échanges et les flux financiers.
De ce point de vue, la situation des pays asiatiques et celles des autres pays
en développement, particulièrement les pays d'Afrique, est
très différente. La très forte dépendance des pays
asiatiques aux capitaux internationaux et leur meilleure insertion dans le
commerce international les a fait ressentir très brusquement et
très durement cette crise. Les pays d'Afrique en ont quant à eux
souffert de manière plus diffuse et risquent ainsi d'en devenir les
victimes finales quand les pays d'Asie seront revenus sur le chemin de la
croissance.
L'Inde a-t-elle été préservée de la crise par sa faible insertion dans les échanges internationaux de capitaux ?
La
libéralisation du système financier a été plus
mesurée en Inde que dans la plupart des pays d'Asie du sud-est, comme en
Chine d'ailleurs. En conséquence, l'Inde n'a pas été
directement touchée par les fluctuations monétaires et
financières qui ont secoué la région à partir de
l'été 1997. Le maintien d'un contrôle étatique sur
le financement de l'économie, ses réserves de change et la
non-convertibilité de sa monnaie la préservent en effet des
déstabilisations induites par des mouvements de capitaux importants.
Cependant, le financement de l'économie indienne laisse une place de
plus en plus importante aux apports de capitaux étrangers, et les
bourses de Bombay et Delhi sont largement plus importantes que la plupart des
bourses d'Asie, avec un chiffre d'affaire commun de 12 milliards de
dollars pour le mois de juin 1998 et une capitalisation de 206 milliards
de dollars à cette même période. A la fin de mars 1998, le
stock d'investissements de portefeuille est de 15 milliards de dollars.
Les réserves en devises de l'Inde devraient néanmoins lui
permettre de faire face à la volatilité croissante des capitaux.
La faible ouverture de l'économie indienne sur l'extérieur, les
exportations ne représentant que 9 % du PIB, a préservé le
pays de la contagion de la crise. Le commerce avec les pays touchés est
relativement faible, et les entreprises indiennes ne sont que très
faiblement en concurrence avec les pays asiatiques sur les marchés
d'exportation. Les débouchés pour l'industrie indienne sont donc
peu menacés par l'accroissement de compétitivité des
exportations des pays du sud-est asiatique résultant des
dévaluations de leurs monnaies nationales.
La crise asiatique a toutefois contribué à aggraver le
déficit commercial de l'Inde. La roupie s'est
dépréciée à partir du mois d'août 1997, en
partie pour compenser la hausse de l'inflation, mais également pour
prendre en compte le désavantage compétitif dû aux
dévaluations des monnaies des pays du sud-est asiatique. Le
relèvement des tarifs douaniers en 1998-1999 participe de ce même
objectif.
La stratégie indienne d'appel à l'épargne
extérieure ne permet pas encore d'accroître suffisamment
l'investissement pour atteindre les objectifs de croissance annoncés
pour le IX
ème
Plan, soit une moyenne de 7 % par an.
Mais un recours accru aux capitaux extérieurs exige au préalable
un assainissement des finances publiques en Inde.
Les mouvements de capitaux continuent de faire l'objet d'une
réglementation restrictive, et les sorties de capitaux des
résidents doivent faire l'objet d'une autorisation de la Banque
Centrale. Du point de vue indien, l'appel à l'épargne
extérieure n'est bénéfique que si les capitaux sont
stables et orientés vers les secteurs définis comme prioritaires
par les pouvoirs publics. Les investissements doivent être
effectués par des investisseurs institutionnels agréés par
la Banque Centrale. L'analyse de la crise asiatique pousse les autorités
indiennes à renforcer la politique sélective du crédit,
afin de répartir l'investissement de manière
équilibrée selon les secteurs et de limiter les investissements
spéculatifs.
Malgré les protections dont l'Inde dispose pour ne pas subir la
contagion de la crise asiatique, son déficit courant risque d'engendrer
une crise de confiance à laquelle elle ne pourrait que difficilement
résister.
L'Inde a dû faire appel à l'épargne des Indiens
non-résidents pour financer son déficit courant, compte tenu de
la restriction de l'accès au crédit bancaire international et de
l'élévation des primes de risques sur les taux
d'intérêt consécutifs à la crise asiatique. Certes,
la dette indienne ne s'élève qu'à 28 % du PIB et le
service de la dette absorbe moins de 28 % des recettes d'exportation,
tandis que la dette à court terme reste relativement faible et
préserve l'Inde des risques de liquidité. Toutefois, le niveau
élevé des taux d'intérêt provoqué par
l'importance des déficits publics comporte un risque de
spéculation sur les instruments de gestion de la dette, et donc de
déstabilisation du pays si une crise de confiance se présentait.
Les protections tarifaires et réglementaires réduisent l'impact
de la crise, mais favorisent un ralentissement et une prudence accrue dans la
mise en oeuvre des réformes économiques. La réaction des
investisseurs étrangers à l'égard d'une pause du processus
de libéralisation pourrait fragiliser la situation financière
indienne.
L'Inde est confrontée à l'importance de ses déficits
internes et externes, et doit s'efforcer de stimuler la croissance sans
engendrer de déséquilibres trop importants. Elle doit
également contenir les pressions inflationnistes liées aux
tensions sur le marché des biens et services.
Enfin, le coût du conflit récemment rouvert avec le Pakistan
entraîne une dépréciation de la roupie, un ralentissement
de certaines activités générant des devises, telles le
tourisme et le transport aérien, et pèse sur le budget de l'Etat.
L'incertitude liée à cette situation fait peser un risque de
déstabilisation de l'économie indienne dont les fondements
demeurent fragiles. Le pays a moins souffert de la crise financière que
les autres pays d'Asie, mais pourrait difficilement supporter une crise de
confiance étant donné l'importance de ses besoins de financement.
Source : " L'Inde en mouvement : une chance à saisir
pour la France ", rapport d'information de M. Jacques Chaumont,
sénateur, au nom de la commission des finances, n°476, 1998-1999,
pages 26-28.
En termes de croissance économique, selon la Banque africaine de
développement, l'Afrique aurait perdu 1,2 point de croissance entre 1997
et 1998 (soit l'équivalent de la perte de 2 milliards de dollars
d'investissements directs). En décembre 1998, le FMI estimait la
croissance 1998 du continent africain à 3,8 % soit un point de moins que
la prévision de janvier 1998. Les pays dépendants des
exportations ont le plus fortement ressenti ces conséquences, même
si des situations locales favorables peuvent laisser apparaître une
situation plutôt positive au Maroc (bonne récolte), en Côte
d'Ivoire et au Cameroun (conséquences de la dévaluation du franc
CFA et de l'appréciation du dollar en 1997).
Effets de la crise sur la croissance en Afrique (en %)
|
Prévision pour 1998 avant la crise (août 1996) |
Prévision pour 1998 après la crise (4 ème trimestre 1998) |
Impact |
Algérie |
5,3 |
1 |
- 4,3 |
Cameroun |
3,7 |
4,9 |
1,2 |
Côte d'Ivoire |
5 |
6,7 |
1,7 |
Egypte |
4,5 |
5 |
0,5 |
Gabon |
3 |
0,55 |
- 2,45 |
Ghana |
4,8 |
2,95 |
- 1,85 |
Kenya |
4,3 |
1,5 |
- 2,8 |
Maroc |
6 |
7,5 |
1,5 |
Nigeria |
3,9 |
2,2 |
- 1,7 |
Afrique du Sud |
3 |
0,8 |
- 2,2 |
Tunisie |
6,5 |
5,2 |
- 1,3 |
Zambie |
3 |
0,6 |
- 2,4 |
Zimbabwe |
5,5 |
2 |
- 3,5 |
Afrique |
4,5 |
3,3 |
- 1,2 |
Source : Banque africaine de développement
Au-delà de ces effets statistiques, il paraît important
d'étudier les modes de diffusion de la crise de l'Asie vers l'Afrique,
qui en révèlent les aspects les plus durables.
L'Afrique au bord du chemin
Alors
que l'Asie a renoué avec les taux de croissance du passé,
l'Afrique, notamment subsaharienne, toujours tributaire des exportations de
matières premières, secouée par des
événements meurtriers, handicapée par le niveau
élevé de sa dette n'a connu qu'une croissance économique
de 2,3 % en 1999, inférieure à la croissance
démographique, avec pour conséquence la diminution du revenu
moyen par habitant (-0,3 %). Près de la moitié de sa population
vit en état de pauvreté contre 15 % dans le monde entier. Les
investissements en Afrique n'ont pas cessé de chuter depuis dix ans. La
part du continent dans le commerce mondial est passée de 1,5 % en 1990
à 0,6 % en 1998.
Ce phénomène s'ajoute à celui plus général
de creusement des inégalités dans le monde. La
X
ème
Cnuced réunie à Bangkok a constaté
que les 48 pays les moins avancés représentaient en 1997, dans le
monde, 13 % de la population, 0,6 % des importations et 0,4 % des exportations.
Ils n'étaient que 25 Etats à être classés parmi les
pays les moins avancés en 1971. L'écart entre les pays les plus
riches et les plus pauvres est passé de 1 à 3 en 1820, à 1
à 11 en 1913, 1 à 35 en 1950, 1 à 44 en 1973, 1 à
72 en 1992 et 1 à 127 en 2000. Trois milliards de personne vivent
aujourd'hui avec moins de deux dollars par jour. La dette des pays en voie de
développement est passée de 1.500 milliards de dollars en 1990
à 2.300 milliards de dollars en 2000.
Sources : Cnuced,
Newsweek
,
Jeune Afrique
Pour les pays d'Afrique, la crise asiatique a eu pour conséquences
immédiates d'une part une très forte dépréciation
des monnaies, se traduisant par une augmentation du prix des produits
exportés en Asie, d'autre part, une contraction très forte de
leur demande intérieure et une baisse du volume de ces exportations vers
cette zone. Comme l'explique la Banque africaine de
développement
12(
*
)
,
" en conséquence, les exportations de l'Afrique vers l'Asie, qui
représentaient 13 % du total des exportations africaines en 1996 (et
dont 4 % étaient destinés au Japon) ont
décliné. "
Les produits les plus affectés furent
les matières premières minérales, les produits
alimentaires, le tabac et les boissons. L'Afrique australe et l'Afrique du
Nord, qui constituent les deux tiers des exportations africaines en direction
de l'Asie, furent les plus touchés, ainsi que les producteurs de
pétrole qui avaient pour clients des pays asiatiques.
Par ailleurs, l'Asie a amélioré sa compétitivité
prix, venant renforcer une tendance déjà en oeuvre s'agissant de
la part de marché de l'Asie sur les marchés internationaux de
certaines matières premières. Or la concurrence était
déjà sévère et avait déjà
touché fortement l'Afrique qui avait perdu des parts de marché
sur tous les produits de base en 20 ans :
Parts sur les marchés internationaux d'exportation (en %)
|
Afrique |
Asie |
||||
|
1970 |
1993 |
Variation |
1970 |
1993 |
Variation |
Cacao |
80,3 |
60,1 |
- 20,2 |
0,4 |
20 |
+ 19,6 |
Café |
24,6 |
14,3 |
- 10,3 |
4,9 |
10,9 |
+ 6 |
Caoutchouc |
7,4 |
5,6 |
- 1,8 |
89,1 |
90,8 |
+ 1,7 |
Bois d'oeuvre |
13,4 |
7,3 |
- 6,1 |
43,3 |
52,5 |
+ 9,2 |
Coton |
30,7 |
17,2 |
- 13,5 |
16,6 |
35,6 |
+ 19 |
Source : Banque africaine de développement
Ainsi, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande devraient tirer
profit des aléas monétaires tandis que la Côte d'Ivoire
perdra encore plus pied sur le marché du cacao, ou le Cameroun sur celui
du bois d'oeuvre, ou encore le Kenya sur celui du thé. Il paraît
au total peu probable que la baisse des prix des importations en provenance
d'Asie compense les conséquences négatives de la crise sur les
exportations africaines.
Par ailleurs, la crise asiatique a accentué un mouvement,
déjà amorcé, de baisse des cours des produits de base. Le
baril de pétrole est ainsi passé de 18,8 dollars en 1997 à
12,7 dollars en septembre 1998. L'Algérie et le Nigeria ont durement
ressenti cette chute des cours. Il en va de même pour l'or (qui a
touché l'Afrique du Sud), le cuivre (33 % de baisse des cours en six
mois, qui a frappé de plein fouet la Zambie, directement par les cours
et la baisse de la demande, indirectement en remettant en cause le programme de
privatisation des mines), le bois d'oeuvre, le caoutchouc (baisse des prix de
37 % en un an), le café, le thé, le cacao.
S'agissant des flux financiers, l'impact de la crise a été plus
diffus mais pas moins lourd pour les pays africains en voie de
développement. Les investissements directs les plus concernés
sont concentrés dans les secteurs liés aux matières
premières. La diminution de la demande mondiale de ces produits a
affecté la rentabilité des investissements réalisés
dans ces domaines et a conduit les grandes entreprises à revoir leurs
projets.
L'accès aux marchés financiers a été
également rendu plus délicat par la crise asiatique. Le
différentiel de taux s'est creusé et il est devenu difficile de
recourir aux marchés internationaux de capitaux pour financer les
déficits de balances des paiements. De ce point de vue, l'appartenance
à la zone franc a constitué une protection très efficace
pour ses membres. En réalité, cet effet financier a
essentiellement touché les pays intermédiaires, ceux qui avaient
couramment recours aux emprunts internationaux, comme l'Egypte, le Maroc,
l'Afrique du Sud, ou la Tunisie.
En définitive, l'impact de la crise sur les pays en voie de
développement, singulièrement africains, a probablement
été sous-estimé à l'origine en raison de leur
relativement faible insertion dans les échanges internationaux. Cela
était sans compter d'une part sur l'importance que représentent
ces échanges pour l'économie de ces pays, et d'autre part sur les
effets d'éviction (notamment par les taux, mais aussi par la
rentabilité et l'apparence du risque) que la crise a provoqués
sur les marchés financiers. Loin d'être préservés
par leur pauvreté, les pays les moins développés ont
souffert en perdant ou en voyant s'affaiblir leurs sources de financement. Ceci
justifie fortement que se mette en oeuvre la solidarité internationale
à leur égard, notamment en agissant sur le levier de la dette
publique.
Les crises bancaires et monétaires cassent le développement
" Bien qu'il soit généralement admis que
les
pays en développement ont grandement profité de l'afflux
d'investissements étrangers directs, la politique (ou l'absence de
politique) à l'égard des investissements étrangers de
portefeuille et des emprunts extérieurs à court terme est de loi
l'aspect le plus controversé de la libéralisation des
opérations en capital. L'instabilité des marchés
financiers et monétaires observée à la fin des
années 90 est étroitement liée à ces flux de
capitaux. Les pays dont la dette à court terme est très
importante sont à la merci des brusques revirements des investisseurs.
La réorientation massive des flux de capitaux qui en résulte a
souvent des effets désastreux sur les systèmes
financières, même les plus solides. Les crises économiques
provoquées par ces fluctuations ont coûté fort cher aux
pays concernés - touchant non seulement les emprunteurs, mais aussi
l'ensemble de la société. Elles ont entraîné une
flambée du chômage et une baisse des salaires de 25 % ou
plus. Des petites entreprises modérément endettées se sont
trouvées privées d'accès au crédit ou
confrontées à des taux d'intérêt exorbitants. Les
faillites se sont multipliées, contribuant au chaos économique et
à la destruction d'un capital de savoir et d'organisation qui ne pourra
être reconstitué avant longtemps. (...)
L'expérience des 20 dernières années ne laisse subsister
aucun doute quant au coût des crises bancaires globales. Entre 1977 et
1995, 69 pays ont été confrontés à une crise
bancaire si grave que leurs banques ont perdu la quasi-totalité de leur
capital. Leur recapitalisation a coûté fort cher à l'Etat,
engloutissant environ 10 % du PIB en Malaisie (1985-88) et 20 % au
Venezuela (1994-99). Ces crises peuvent freiner la croissance économique
pendant des années. Comme l'ont montré clairement la crise
mexicaine en 1994 et la crise asiatique en 1997-98, les crises bancaires et
monétaires vont souvent de pair.
La libéralisation des opérations en capital influe aussi sur la
stabilité du système financier en raison de la volatilité
des investissements de portefeuille. En Amérique latine, les capitaux
étrangers ont été très fluctuants. En 1993, les
entrées nettes s'élevaient à 60 milliards de dollars
mais, au lendemain de la crise mexicaine en 1995, les sorties nettes ont
atteint 7,5 milliards de dollars. L'accès à une masse
croissante de capitaux internationaux peut engendrer une plus grande
instabilité sur les marchés financiers émergents, qui sont
aussi plus vulnérables aux revirements des investisseurs
institutionnels. (...)
La hausse des taux dans les pays industriels accroît le risque de crise
bancaire dans les pays en développement et les pays en transition, pour
trois raisons. D'abord, pour retenir les investisseurs qui peuvent
désormais obtenir des rendements plus élevés chez eux, les
banques des pays en développement doivent relever leurs taux. (...).
Ensuite, comme les entreprises des pays en développement sont nombreuses
à emprunter à l'étranger, la hausse des taux
d'intérêt dans les pays industriels provoque un choc
macro-économique collectif, mettant les entreprises dans
l'impossibilité de rembourser les prêts consentis par les banques
nationales et étrangères. Les bilans se détériorent
encore plus si la hausse des taux d'intérêt dans les pays
industriels entraîne la dépréciation de la monnaie des pays
en développement, ce qui a pour effet d'accroître le coût du
remboursement des emprunts en devises. Enfin, les attaques spéculatives
peuvent sérieusement compromettre la stabilité du système
bancaire d'un pays en développement. (...)
La crainte d'une attaque spéculative contre les banques ou la monnaie
peut provoquer d'elle-même un mouvement de panique, déclenchant
une crise macro-économique artificielle. (...)
Les deux crises financières récentes en Asie de l'Est et en
Amérique latine donnent à penser que la proximité
géographique est un important facteur de contagion. La
" similarité institutionnelle ", c'est-à-dire les
analogies entre systèmes juridique et réglementaire, et
l'exposition aux mêmes chocs peuvent également être des
facteurs importants. Les pays ont donc intérêt à veiller
à ce que le système financier et la politique
macro-économique de leurs voisins n'augmentent pas le risque de crise
financière et de contagion. Les retombées possibles
par-delà les frontières sont une raison impérieuse de
renforcer la coopération et la coordination régionales dans le
domaine macro-économique et dans celui de l'établissement et de
l'application des normes et des règlements bancaires.
Des comparaisons internationales récentes montrent que le contrôle
des mouvements de capitaux a peu d'effet sur la croissance économique.
Cette observation signifie sans doute que les avantages de l'accès
à la masse des capitaux circulant dans le monde - notamment la
possibilité d'augmenter les investissements ou de diversifier les
risques - sont neutralisés par le coût des crises
provoquées par la libéralisation du système financier.
Bien qu'il faille toujours interpréter avec prudence les comparaisons
d'un pays à l'autre, celles-ci mettent bien en évidence la
différence entre les effets sur la croissance économique de la
libéralisation des échanges et de la libéralisation des
opérations en capital. De multiples études sur la
libéralisation des échanges concluent toutes aux nombreux
avantages de cette politique, mais les travaux empiriques sur la
libéralisation des opérations conduisent à un constat
beaucoup plus nuancé. La difficulté est donc d'élaborer
des politiques et un cadre institutionnel suffisamment attrayants pour attirer
des investissements susceptibles de stimuler la croissance, tout en
réduisant le risque de crise financière grave. "
Source : Banque mondiale,
Rapport sur le développement dans le
monde 1999-2000
, éditions Eska / Banque mondiale, Paris, 2000, pages
78 et 79.