CHAPITRE DEUX
LA VOCATION DU FNDS :
UNE SPECIFICITE INTROUVABLE
A. UNE CONFUSION QUASI TOTALE AVEC LES CRÉDITS BUDGETAIRES
1. Un phénomène de vases communicants entre le budget et le compte spécial
a) L'objectif initial : sanctuariser les crédits en faveur du sport
La
création du fonds national pour le développement du sport
répondait à un objectif précis : donner de nouveaux
moyens au monde sportif.
Cependant, force est de constater que le FNDS aura pris une place grandissante
dans le financement du sport, dépassant depuis trois ans le tiers du
budget du ministère de la jeunesse et des sports.
Evolutions respectives du budget de la jeunesse et des sports et du FNDS
LFI |
1 993 |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
1 998 |
1999 |
2000 |
budget |
3 089 |
2 782 |
2 973 |
2 997 |
2 964 |
2 902 |
3 047 |
3 054 |
FNDS |
850 |
850 |
884 |
820 |
916 |
1 014 |
1 014 |
1 089 |
TOTAL |
3 939 |
3 632 |
3 365 |
3 817 |
3 880 |
3 916 |
4 061 |
4 143 |
FNDS/budget |
28% |
31% |
30% |
27% |
31% |
35% |
33% |
35,6% |
(en millions de francs)
Entre
1993 et 2000, le budget de la jeunesse et des sports a stagné sinon
régressé. La montée en charge du FNDS a seulement servi
à compenser cette sclérose afin d'assurer une
légère progression globale des crédits du sport.
Ainsi, il apparaît que sur sept ans, les moyens destinés
à la jeunesse et aux sports (budget +FNDS) auront progressé
seulement de 5 %, soit 0,7 % par an. Le complément
apporté par le FNDS n'a donc pas permis de trouver de nouveaux
financements. Il a simplement servi à maintenir le niveau de la
dépense publique en faveur du sport.
Le FNDS n'apparaît donc plus comme un complément aux actions
financées par le ministère de la jeunesse et des sports, mais le
coeur même du dispositif de financement public étatique du
sport.
Ces crédits sont devenus indispensables, témoignant
ainsi de la réalité de la
" débudgétisation " des crédits en faveur du
sport.
b) Le résultat : des actions autrefois financées par le budget et désormais par le compte spécial du Trésor
On a vu
que la création du FNDS n'avait pas permis d'accroître
sensiblement les crédits destinés au sport.
Il est également légitime de se demander si le FNDS a permis de
réorienter la dépense en faveur du sport, en privilégiant
le sport de masse ou le sport de haut-niveau.
En réalité, on s'aperçoit que la création du
FNDS n'a abouti qu'à un simple transfert de charges du budget vers le
FNDS.
L'exemple des conventions d'objectifs des fédérations le montre
bien :
depuis 4 ans, le FNDS finance presque intégralement les
conventions d'objectifs des fédérations, alors qu'il ne
contribuait que pour 45 % à ces conventions en 1990.
Répartition en % des financements des conventions d'objectifs
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
FNDS |
44,7 |
67,7 |
64,4 |
81,8 |
80,4 |
85,7 |
94,8 |
96,0 |
94,5 |
43-91 |
55,3 |
35,2 |
35,6 |
18,2 |
19,6 |
14,2 |
5,2 |
4,0 |
5,5 |
Source : direction des sports
D'autre
part, les conventions d'objectifs ont pris une importance grandissante dans le
FNDS, dépassant même la moitié des crédits
distribués à partir de 1993.
Depuis 1997, un reflux semble toutefois s'être amorcé, au profit
des autres actions financées par le FNDS, et notamment la part
régionale.
Part des crédits du FNDS consacrés aux conventions d'objectifs
1 989 |
1 990 |
1 991 |
1 992 |
1 993 |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
1 998 |
36,4% |
26,2% |
43,2% |
46,7% |
52,2% |
48,0% |
50,1% |
52,1% |
49,5% |
42,4% |
Source : direction des sports
2. Des actions financées pour partie sur le budget et pour partie sur le compte spécial, en fonction des disponibilités
Deux
points fondamentaux expliquent le phénomène de "saupoudrage" : le
pilotage "à l'aveugle" du soutien public au sport et l'absence de
répartition claire entre le FNDS et le budget. Il faudrait dire que le
FNDS est le "budget bis" du ministère de la jeunesse et des sports, qui
s'en sert exactement comme s'il s'agissait de ses moyens propres.
Ainsi, dans la note d'orientation de la ministre de la jeunesse et des sports
pour 1998, il est écrit : "
la première réunion de la
commission régionale doit permettre de faire le point sur les
créations d'emplois et les moyens financiers mobilisés à
cet effet, tant sur la part régionale du FNDS que sur le titre IV
".
De fait, la distinction entre le titre IV du budget du ministère et
le FNDS n'est souvent qu'une question de trésorerie
. Les conventions
d'objectifs des fédérations contiennent ainsi une mention selon
laquelle les crédits seront pris, "
en fonction des
disponibilités
", sur le titre IV du budget du ministère ou
sur le FNDS.
Nombre d'actions sont passées du FNDS au budget et inversement.
Historiquement, on observe que les crédits au sport de haut niveau
inscrits pour financer les conventions d'objectifs des
fédérations se sont déplacés du budget vers le
FNDS. En revanche d'autres actions, expérimentales, sont d'abord
financées sur le FNDS avant de l'être sur le budget (c'est le cas
du coupon sport). Enfin, des actions sont financées à la fois sur
le budget et sur le FNDS, comme la lutte contre le dopage.
Afin d'évaluer clairement les crédits consacrés
à telle ou telle action,
il est impératif d'additionner
les crédits du FNDS et ceux du budget
.
Cependant, la
présentation du FNDS n'est pas suffisamment détaillée pour
le permettre facilement.
Il est par ailleurs surprenant de constater que le déplacement de
certaines actions du FNDS vers le budget ne modifie en rien la manière
dont elles sont appréhendées par le milieu sportif. Outre que les
présidents de fédérations sportives reconnaissent qu'il
leur est impossible de distinguer ce qui provient du FNDS de ce qui provient du
budget, certaines actions comme le coupon sport sont financées sur le
budget sans que la concertation en pâtisse.
B. L'ABSENCE DE TOUTE VISION PROSPECTIVE
1. Un compte spécial qui s'apparente souvent à une simple réserve de crédits
a) Une multitude de " priorités " qui révèle l'absence de vision stratégique
Il est
frappant de constater que le FNDS sert un peu à tout. Le FNDS finance
à la fois le sport de haut-niveau, le sport de masse (les conventions
d'objectifs des fédérations et la "part régionale") et
parmi les investissements aussi bien les établissements de l'Etat que
les équipements sportifs gérés par d'autres entités.
Le FNDS se consacre donc à une multitude d'actions.
Tout en gardant une structure identique, les notes d'orientation pour la part
régionale ont évolué dans le temps, dans le sens d'une
accumulation de priorités.
•
Note d'orientation de 1995
: les crédits de la part
régionale du FNDS sont "
prioritairement mobilisés pour
les actions relevant d'une véritable politique de développement
sportif local, en accompagnement et en cohérence avec les politiques
fédérales
".
Le développement des activités physiques pour le plus grand
nombre est la première priorité. Dans ce cadre, sont
cités : l'aide aux clubs, notamment ceux du secteur rural, l'aide
à l'emploi sportif et les déplacements.
Deux actions " ponctuelles " sont financées sur le FNDS :
la fête du sport et les jeux de l'avenir.
La formation des cadres sportifs et dirigeants, la détection, le
perfectionnement et la formation des sportifs, la médecine du sport et
le contrôle médico-sportif sont les autres objectifs.
•
La note d'orientation pour 1996
est très
résolument tournée vers le soutien à l'emploi sportif.
Il est affirmé d'emblée :
"
la
priorité du gouvernement est l'emploi. Le secteur sportif se prête
bien à un effort en faveur de l'emploi et tous les crédits
budgétaires et extra-budgétaires
10(
*
)
du ministère de la jeunesse et
des sports doivent être distribués en tenant compte de cette
préoccupation ".
Le ministre de la jeunesse et des sports
affirme ainsi "
je souhaite qu'une part significative des
crédits de la part régionale pouvant atteindre 25% dès la
première année, soit consacrée à la création
d'emplois sportifs (éducateurs et agents d'animation) par le biais de la
convention " sport-emploi 50.000 ".
La note détaille les conditions de ces créations d'emplois,
notamment la nature des tâches à effectuer, la qualité des
employeurs, les modalités de l'aide financière. Hormis cet
objectif de créations d'emplois figurent la formation des dirigeants,
agents d'animation, éducateurs et employeurs qui apparaît comme
complémentaire de l'objectif principal, la détection et le
perfectionnement des sportifs et la surveillance médicale. On peut donc
remarquer que, contrairement à 1995, aucune manifestation ponctuelle ne
doit faire l'objet d'un financement spécifique sur le FNDS.
•
La note d'orientation pour 1997
reprend les objectifs de la
note de 1996 sans toutefois afficher la création d'emploi comme la seule
priorité. "
La création d'emplois est un moyen pertinent
de développement des activités des associations sportives. Aussi
fait-elle l'objet d'une des priorités des orientations de la part
régionale du régionale du FNDS qui justifie que 22 % des
crédits de cette part lui soient réservés.
"
La note ajoute des objectifs nouveaux : encourager les
bénévoles qui oeuvrent dans les petits clubs sportifs,
contribuer à alléger les charges générées
par des situations géographiques particulières en Corse et dans
les DOM-TOM... Enfin des objectifs " traditionnels " sont
répétés : la formation des dirigeants, agents
d'animation, éducateurs et entraîneurs, la détection et le
perfectionnement des sportifs, la surveillance médicale des pratiquants
sportifs
•
La note d'orientation pour 1998
fixe comme objectif
général de "
soutenir l'essor des associations sportives
afin d'affirmer la dimension économique, sociale et citoyenne du
sport
".
Parmi les actions financées, elle cite le soutien et le
développement des associations sportives, avec la notion de
" projets " ayant pour objet la création d'emplois ou
l'amélioration de la qualité de l'encadrement des pratiquants
sportifs.
Seule l'inscription des jeunes dans les associations sportives (coupon-sport)
est une action entièrement nouvelle. L'encouragement des
bénévoles qui oeuvrent dans les petits clubs sportifs et les
dispositions particulières à la Corse et aux DOM-TOM sont
reconduits. Comme traditionnellement, la formation des dirigeants, agents
d'animation, éducateurs et entraîneurs, la détection et le
perfectionnement des sportifs et la surveillance médicale des
pratiquants sportifs figurent également au nombre des actions
" subventionnables ".
Concernant la création d'emplois, l'objectif est fixé à
20 % des crédits du FNDS.
•
La note d'orientation pour 1999
reprend les grandes lignes des
préconisations de la note pour 1998. L'accent est toutefois mis, de
manière nouvelle, sur la priorité donnée aux petits clubs.
Le premier axe est le soutien au développement des associations
sportives locales décliné en plusieurs actions :
développement des activités sportives, amélioration des
pratiques sportives régulières, amélioration de l'accueil
dans les clubs, professionnalisation de l'encadrement, encouragement des
bénévoles. Le soutien aux actions menées par les
comités régionaux sportifs, les comités
départementaux sportifs et les centres médicaux sportifs
agréés est le deuxième axe. Enfin, une enveloppe
complémentaire de 5 millions de francs est réservée
à l'opération " 1,2,3, à vous de jouer ".
En conclusion, outre l'absence de critères précis pour les
crédits de fonctionnement de la part nationale et les crédits
d'équipement, il apparaît que les orientations données
à la part régionale, qui laissent, avec raison, une autonomie aux
commissions régionales et départementales, définissent
trop souvent une série de priorités plutôt que des mesures
ciblées.
b) Un fonds de " réserve " qui est souvent utilisé pour les grands événements (Albertville, Coupe du Monde...)
Les
événements sportifs exceptionnels participent assurément
pour beaucoup d'entre eux à la renommée du sport. Pour autant,
divertir des crédits destinés à financer le
développement ordinaire du sport aux fins d'en financer l'organisation
correspond à une affectation particulièrement contestable des
crédits du FNDS.
Le FNDS s'apparente souvent à un fonds de réserve, en ce qui
concerne particulièrement les crédits de la part nationale,
versés aux fédérations sportives, et dont on a vu qu'ils
s'étaient déplacés du budget vers le compte spécial
du trésor, mais la notion de " fonds de réserve " est
encore plus vraie pour le chapitre des équipements.
Le FNDS est venu combler en partie les défaillances du budget du
ministère de la jeunesse et des sports.
Ainsi en est-il, par exemple, pour les équipements sportifs.
Les crédits consacrés aux équipements sportifs (montant en autorisations de programme)
en millions de francs
ANNEES |
BUDGET |
FNDS |
TOTAL |
1989 |
48,3 |
180,3 |
228,6 |
1990 |
33,8 |
268,5 |
302,3 |
1991 |
64,8 |
24,0 |
88,8 |
1992 |
56,6 |
126,4 |
183,0 |
1993 |
82,8 |
83,3 |
166,1 |
1994 |
32,5 |
53,7 |
86,2 |
1995 |
30,8 |
56,8 |
87,5 |
1996 |
52,3 |
205,4 |
257,7 |
1997 |
20,1 |
152,0 |
172,1 |
1998 |
70,4 |
203,6 |
274,0 |
TOTAL |
492,5 |
1 353,9 |
1 846,4 |
Répartition |
26,7% |
73,3% |
100% |
Source : direction des sports
On
constate que les crédits d'équipement ont évolué de
manière erratique depuis dix ans, sans progresser sensiblement.
La part consacrée aux équipements sportifs sur le FNDS et le
budget de la jeunesse et des sports depuis 10 ans représente une moyenne
un peu inférieure à 200 millions de francs par an.
Mais, outre une volatilité certaine des crédits consacrés
aux équipements sportifs sur le FNDS,
il faut constater qu'une large
part des crédits du FNDS ont été absorbés par les
équipements olympiques ou la Coupe du Monde
(plus de la
moitié des crédits d'équipement de 1989 à 1992 et
en 1995-1996).
Répartition des crédits d'équipement du
FNDS
selon la qualité du bénéficiaire
(en millions de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Etat |
26,3 |
21,1 |
0 |
9,8 |
3,65 |
20,42 |
25,2 |
21,3 |
25,9 |
66,8 |
Coll locales |
51,6 |
55,9 |
5,9 |
49,7 |
54 |
30 |
23 |
28,1 |
45,7 |
40,75 |
équipements olympiques et coupe du monde |
100 |
186,5 |
13,4 |
60,4 |
16,9 |
0 |
0 |
151 |
78,5 |
91,9 |
associations |
2,4 |
4,8 |
4,6 |
6,4 |
8,7 |
3,3 |
8,5 |
4,9 |
1,9 |
4,1 |
total |
180,3 |
268,3 |
23,9 |
126,3 |
83,25 |
53,72 |
56,7 |
205,3 |
152 |
203,55 |
Source : direction des sports
Le
FNDS a contribué de 1987 à 1998 au financement de quatre
événements exceptionnels pour 1.320 millions de francs dont 803
millions de francs sur des chapitres d'équipement et 517 millions de
francs sur des chapitres de fonctionnement :
- les jeux olympiques d'Albertville de 1992 pour 912 millions de francs ;
- la candidature de Lille aux jeux olympiques de 2004 pour 9,5 millions de
francs ;
- les jeux méditerranéens du Languedoc-Roussillon de 1993 pour 30
millions de francs ;
- la Coupe du Monde de football de 1998 pour 368,5 millions de francs.
Ces dépenses ont représenté 14% des recettes du FNDS
sur la période.
Les dotations d'équipement aux collectivités locales, hors ces
événements exceptionnels, ont régressé sur la
période, même si l'on assiste à un rattrapage depuis 1997.
Enfin, la part des crédits consacrés aux
"
équipements de l'Etat contribuant au développement du
sport
" n'est pas négligeable. Elle s'est sensiblement accrue
en 1998.
2. Une efficacité de la dépense parfois discutable
a) La multiplication inutile d'échelons intermédiaires
Le
ministère de la jeunesse et des sports se plaint de la dispersion des
structures et des problèmes relatifs à ce que l'on pourrait
qualifier de " perte en ligne " des crédits budgétaires.
En effet, la procédure de répartition des crédits est
relativement lourde et susceptible d'entraîner des coûts excessifs.
La raison en est, concernant le mouvement sportif, la multiplication des
structures intermédiaires. Le mouvement sportif est divisé en une
multitude de fédérations, comités, ligues, clubs, qui
n'aident pas à suivre exactement l'emploi des crédits publics et
la cohérence de la politique du sport.
Il existe 24 comités régionaux olympiques et sportifs (CROS) qui
ne recoupent pas la structure administrative territoriale et un nombre
impressionnant de ligues et comités départementaux. Il est
très difficile de les inciter à se réformer.
Lors de la réunion du conseil de gestion du FNDS le 11 février
1997, la question de l'organisation du mouvement sportif avait
été évoquée. En réponse à M. Henri
SERANDOUR, président du CNOSF, M. Pierre VIAUX, directeur des sports
"
rappelle que l'administration ne peut fonctionner qu'en respectant
les découpages reconnus par la République. Un courrier sera
adressé au mouvement sportif pour demander que la compétence
territoriale des structures fédérales et des CROS soit conforme
aux structures administratives.
" Depuis lors, la
réorganisation n'a pas eu lieu.
De même, lors de cette même réunion, le ministère a
dû renoncer à limiter à 3,5 % la part des
crédits de fonctionnement affectée aux comités olympiques
et sportifs locaux, en échange d'une promesse de modération
("
à titre expérimental, le ministre convient de ne pas
faire référence à des fourchettes de pourcentage pour
limiter les aides accordées aux CROS et CDOS. "
indique le
compte-rendu de la réunion).
La multiplication des structures intermédiaires a pourtant pour effet
d'aboutir à une "perte en ligne" très importante et
évidente : selon les chiffres délivrés par le
ministère de la jeunesse et des sports, seuls 53 % des
crédits de la part régionale vont aux clubs (30.000 clubs sur
155.000 ont accès au FNDS).
L'éparpillement de la représentation du monde sportif : l'exemple de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Le
décret n° 87-65 du 4 février 1987 relatif à la
gestion de la part régionale du Fonds national pour le
développement du sport donne, dans son article 5, la composition des
commissions régionales. La commission régionale comprend de
façon paritaire des représentants de l'administration et des
représentants des associations et des groupements sportifs. Pour
l'administration, il s'agit du préfet de région ou de son
représentant et du directeur régional de la jeunesse et des
sports ou son représentant. Pour les associations et groupements
sportifs, il s'agit du président du comité régional
olympique et sportif et des représentants des disciplines sportives
(dont la moitié au moins de disciplines olympiques). Il faut noter que
les représentants des disciplines sportives sont désignés
par le comité directeur du CROS.
L'article 7 du décret de 1987 précise que "
dans les
régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, la
commission régionale comprend les directeurs régionaux de la
jeunesse et des sports et les présidents des comités
régionaux olympiques et sportifs
. "
Cette division crée des situations absurdes, notamment le refus, par
l'un des deux CROS, de traiter des dossiers pourtant déposés
à la direction régionale de la jeunesse et des sports, mais
qui ne recouvreraient pas exactement son champ d'action géographique.
Certaines ligues couvrant l'ensemble du territoire régional, il leur est
difficile de s'accommoder de cette situation.
Selon les termes du décret 85-236 modifié du 13 février
1985 (art 8.I) : "
la fédération peut constituer en
son sein, sous la forme d'associations déclarées, des organismes
départementaux ou régionaux. Sauf dérogation
accordée par le ministre chargé des sports, ces organismes
doivent avoir comme ressort territorial celui des services extérieurs du
Ministère chargé des sports
. "
Il existait en région PACA, deux directions régionales de la
jeunesse et des sports (à Marseille pour Provence-Alpes et à Nice
pour Côte d'Azur). L'existence de deux CROS était donc en
conformité avec les services du ministère de la jeunesse et des
sports. Cependant, la direction régionale de Nice a été
supprimée en 1993, sans que les conséquences en soient
tirées pour le mouvement sportif.
Cette situation conduit à la création d'une dotation
spéciale à la région PACA, pour tenir compte de
l'existence de deux CROS, sorte de " prime " au dédoublement
des structures.
b) Une répartition territoriale des crédits selon des critères multiples et parfois contradictoires
Les
critères de répartition territoriale des crédits
traduisent la volonté de ne privilégier aucun territoire au
détriment d'un autre, au prix d'une certaine complexité de la
grille de répartition, qui ne permet pas une grande transparence.
La grille de répartition des crédits de la part régionale
tient compte en effet d'une part fixe (10%), du nombre de départements
(5%), du nombre de licenciés (45%), de la population (20%) et des jeunes
de moins de 26 ans (20%). De surcroît, une réserve est
constituée pour les régions isolées (4,8%), les
régions rurales (1,2 %), et les régions disposant de deux
comités régionaux olympiques et sportifs (0,3%).
Les critères de répartition par action des crédits,
lorsqu'ils existent, aboutissent à une forte dispersion.
En 1998, selon le rapport du ministère de la jeunesse et des sports, les
crédits de la part régionale du FNDS se répartissaient
comme suit :
- initiatives de développement : 33 %
- aide à l'emploi : 21 %
- détection et formation des sportifs : 20 %
- formation des cadres sportifs et dirigeants : 17 %
- coupon sport : 4 %
- encouragement aux bénévoles : 3 %
- médecine du sport et contrôle médico-sportif : 2 %.
La part essentielle des crédits de la part régionale du FNDS
recouvre les initiatives de développement, terme vague, qui ne permet
pas d'apprécier les actions concrètes menées à ce
titre. Les autres objectifs poursuivis relèvent pour la plupart d'une
même appréciation.
c) Un saupoudrage des crédits
La
répartition des crédits de la part régionale
révèle un effet de "saupoudrage", faute de donner la
priorité à certaines collectivités ou à certains
types d'actions.
Si l'on examine plus précisément les crédits de la part
régionale, on se rend compte de leur dispersion entre les
différents organismes du sport (CROS, CDOS, ligues, comités
départementaux, clubs) mais aussi d'une grande variation des subventions
octroyées selon les régions.
•
La part départementale
permet de financer les CROS et
CDOS, les clubs et les comités départementaux.
La subvention par département aux comités olympiques et sportifs
varie très fortement, plusieurs directions départementales
versent moins de 20.000 francs, d'autres versent des sommes très
importantes, jusqu'à 350.000 francs.
La subvention
aux comités départementaux
évolue
entre 3.806 francs (Indre et Loire) et 76.000 francs
(Pyrenées-orientales).
La subvention départementale aux
clubs
varie quant à elle
plus faiblement, de 1.576 francs (Meuse) à 8.227 francs
(Maine-et-Loire) à l'exception de l'Indre et Loire où la
subvention est nettement plus élevée (20.500 francs). Mais ces
chiffres moyens dissimulent d'importants écarts de situations
individuelles.
•
La part
régionale
est attribuée
essentiellement aux CROS et aux ligues.
Le montant de la subvention est très variable pour les comités
olympiques et sportifs (de 23.027 francs en Alsace à 750.584 francs en
Ile-de-France). Les ligues perçoivent de 21.601 francs en Limousin
à 88.037 francs en Ile-de-France.
Au total, un comité olympique (CROS et CDOS confondus) touche en
moyenne 145.000 francs, une ligue 46.000 francs, un comité
départemental 16.000 francs et un club 5.000 francs.
11(
*
)
Le ministère de la jeunesse et des sports affirme qu'il existe bien une
répartition des compétences entre CROS, ligue, CDOS,
comité départemental et club. Cependant, force est de constater
que de nombreuses actions se superposent : ainsi le CDOS et le
comité départemental sont tous deux compétents pour les
actions de formation, l'acquisition de matériel, les actions de
promotion...La très grande variété des subventions
octroyées aux différents organismes témoigne d'une absence
de répartition des compétences.
C. UN CONTRÔLE DES CREDITS INSUFFISANT
1. Une absence totale de transparence sur les critères de répartition des crédits
a) Seule la part régionale du FNDS fait l'objet d'instructions précises
Seule la répartition de la part régionale donne lieu à l'élaboration de critères pour accorder les subventions : il s'agit des notes d'orientation, qui ont valeur d'instruction ministérielle - v. infra. Les autres dépenses du FNDS, c'est-à-dire le financement des conventions d'objectifs et des équipements, ne font l'objet d'aucun " cahier des charges " qui permettrait de déterminer les priorités du ministère de la jeunesse et des sports.
b) Les " conventions d`objectifs " sont des coquilles vides
Les
subventions versées aux fédérations dans le cadre des
conventions d'objectifs sont passées de 343 millions de francs en 1989
à 482 millions de francs en 1998, soit une augmentation de
40 %. Cependant, l'augmentation, très forte de 1989 à 1995,
s'est ralentie ensuite avant une reprise en 1997.
Alors qu'il devrait être essentiellement fait pour cela,
le conseil
national du FNDS ne donne pas d'information sur les conventions d'objectifs, si
ce n'est leur montant global
, alors que cette somme représente
près de la moitié des crédits du FNDS. Lors de la
réunion du conseil de gestion du 11 février 1999, il a
été indiqué de manière laconique :
"
490 millions de francs seront consacrés aux conventions
d'objectifs. Un rééquilibrage (+ 10 % environ) sera
opéré au profit des fédérations affinitaires et
multisports
. "
Comme le souligne le rapport d'activité de l'inspection
générale de la jeunesse et des sports pour 1997-1998,
" d'une manière générale, les documents qui
servent de base à la négociation de conventions d'objectifs,
annuels pour la direction des sports, pluriannuels pour la direction de la
jeunesse et de la vie associative
sont lourds, souvent imprécis quant
aux objectifs visés, silencieux quant aux critères
d'évaluation et indicateurs d'atteinte des objectifs.
"
La nature des opérations financées par le biais des
conventions d'objectifs n'est, en effet, pas précisément
définie.
Le ministère de la jeunesse et des sports indique
que : "
les subventions sont destinées au cofinancement des
actions de développement des activités sportives, que ce soit
dans le domaine du sport de haut niveau ou dans celui du sport de masse et de
la promotion du sport pour tous
". Ainsi, il semble que toute
opération à vocation sportive, d'une manière large, peut
être subventionnée. Aucun critère n'est retenu.
Une restriction est toutefois apportée : "
les aides
publiques ne sauraient servir à assurer le fonctionnement courant des
structures associatives
", ce fonctionnement devant être couvert
par les ressources propres des fédérations.
Cependant, le ministère reconnaît lui-même que le ratio
subventions/budget est très variable d'une fédération
à une autre, ce qui tend à démontrer que de nombreuses
fédérations ne pourraient assurer leur fonctionnement courant si
les dotations budgétaires ne leur étaient pas allouées.
Les conventions d'objectifs
L'analyse des besoins exprimés par chaque
fédération se fait par l'étude d'un dossier type de
demande de subvention faisant ressortir les objectifs prioritaires de la
fédération et les actions qu'elle envisage de réaliser
pour les atteindre.
Selon les rapports de gestion du ministère, les négociations
prennent en compte :
- la réalisation de la convention d'objectifs de l'année
passée ;
- l'appréciation de l'évolution de la situation financière
de la fédération ;
- la mise en place et le suivi des filières du haut-niveau ;
- la stratégie de développement des activités
fédérales ;
- la stratégie de formation des cadres fédéraux ;
- la capacité à créer des emplois.
En réalité, il apparaît que ces critères sont
largement formels.
c) Les aides personnelles aux sportifs sont versées sans contrôle
Les
aides personnelles aux sportifs
représentaient en 1998,
5,9 millions de francs pour les fédérations non olympiques
(dont 1,1 million pour une seule fédération) et 44,3 millions de
francs pour les fédérations olympiques (dont 5,4 millions de
francs pour une seule fédération).
Ces aides ne font en réalité l'objet d'aucun contrôle quant
à leur répartition. Ainsi, la convention d'objectifs
précise : "
les aides personnalisés aux sportifs,
qui s'entendent toutes charges comprises, seront versées au
comité national olympique et sportif français qui est
chargé d'en assurer la répartition, conformément aux
indications de la fédération
. "
Les critères d'attribution des aides sont relativement flous. En effet,
les aides personnalisées peuvent correspondre à quatre objectifs
très différents : un manque à gagner, une prime
à la performance, une aide sociale et des remboursements de frais. Les
critères d'attribution des aides relèvent de l'instruction
n°95-012 JS du 16 janvier 1995.
Seul le montant global des aides personnalisées figure dans la
convention d'objectifs de chaque fédération. Le comité
national olympique et sportif français se charge du versement aux
sportifs de haut-niveau, sur demande des directeurs techniques nationaux, en
fonction des politiques sportives de chaque fédération. L'octroi
de ces crédits et leur contrôle échappe donc au
ministère de la jeunesse et des sports. Il apparaît que 2.750
sportifs de haut niveau sur un total d'environ 6.000 ont
bénéficié en 1998 des quelques 50 millions de francs
d'aide, soit une aide moyenne de 18.000 francs.
Les aides aux sportifs ne sont donc pas élevées, les statistiques
montrant d'ailleurs que l'aide maximale ne dépasse pas 200.000 francs.
En revanche, la catégorie " frais " montre des aides parfois
plus substantielles (877.665 francs pour une fédération).
Au total, les sommes en jeu ne sont pas très élevées
d'un point de vue individuel, mais on peut regretter que les consignes pour
leur distribution soient inexistantes.
d) Les subventions d'équipement sont accordées sans critères de sélection
Aucun
critère objectif n'est retenu pour la sélection des projets
d'équipements sur le FNDS.
Les fédérations doivent établir une liste de leurs
priorités en matière d'équipements sportifs. Mais cette
liste est rarement respectée. De surcroît, nombre de subventions
sont accordées à des équipements sans que les
fédérations aient été consultées : ces
équipements sont directement inscrits dans le tableau établi pour
le conseil de gestion du FNDS.
Lors de la réunion du conseil de gestion du FNDS du 7 juillet 1998
(section sport de masse), la question des équipements sportifs a
été évoquée et l'absence de prise en compte du
choix des fédérations a été explicitement reconnue,
même si elle a été mise sur le compte des
collectivités locales, qui ne sont pourtant pas responsables de la
gestion du FNDS : "
Pour Madame la Ministre, il convient
d'insister auprès des élus locaux pour que les projets
présentés au conseil à l'avenir le soient en relation et
en accord avec les fédérations concernées afin
d'éviter le désintérêt de l'un des partenaires pour
le suivi du dossier
" note le compte-rendu.
Mais c'est au cours de la réunion du conseil de gestion du 11
février 1999, que le sujet a pris une tournure plus polémique.
Le représentant du ministère de la jeunesse et des sports a alors
indiqué que les dossiers d'équipements retenus
s'inscrivaient autour de trois axes :
- la réhabilitation du patrimoine sportif ;
- les priorités fédérales ;
- les équipements dans les DOM-TOM.
Cependant, tenant compte du caractère relativement vague de cette
annonce, il a ajouté que des efforts seraient réalisés
prochainement afin d'introduire plus de transparence : "
un groupe
de travail a été constitué pour établir un
référentiel de critères qui constituera un cadre non
rigide pour les choix des interventions et qui sera transmis à tous les
maîtres d'ouvrage
".
L'absence de prise en compte des souhaits des fédérations a
été justifiée par le ministère de la jeunesse et
des sports de la manière suivante : "
les priorités
fédérales concernent très souvent des dossiers qui ne sont
pas finalisés par les collectivités compétentes et qui ne
peuvent donc être retenus
". Un représentant sportif a
regretté que la concertation sur la programmation des équipements
se soit effectuée tardivement.
Il faut enfin s'inquiéter des conditions dans lesquelles l'Etat est
conduit à valoriser ses interventions. Il est tout à fait anormal
que l'aide apportée par l'Etat à la réalisation
d'équipements sportifs ne s'accompagne pas d'une réflexion
systématique sur l'association de l'Etat à l'exploitation des
équipements ainsi créés ou rénovés.
2. Les défaillances des fédérations sportives
a) Des défaillances de plus en plus graves
Le
rapport de l'inspection générale de la jeunesse et des sports
pour 1997-1998 note une aggravation de la situation des
fédérations sportives.
"
Alors que jusqu'en 1995, l'intervention de l'inspection
générale s'effectuait le plus souvent sous forme de sondage assez
neutre, on observe que
le suivi des fédérations
contrôlées est de plus en plus fréquemment motivé
par la présomption, quand ce n'est pas des assurances de carences plus
ou moins graves.
Seize inspections dans le secteur associatif ont eu lieu en 1997 et au cours du
1er semestre 1998. Elles ont toutes porté sur des
fédérations sportives et des associations de jeunesse et
d'éducation populaire, qui, pour le moins, connaissent une situation
financière particulièrement grave ou sont confrontées
à des divisions internes, dommageables à la poursuite de la
mission de service public qui leur avait été confiée par
l'Etat.
"
L'aggravation de la situation des fédérations sportives s'est
traduite, ces dernières années, par la mise en oeuvre de
plusieurs plans de redressement (fédération française des
sports de glace, fédération française de karaté) et
par le retrait de l'agrément ministériel dans les cas les plus
graves.
b) Une situation parfois impulsée par l'Etat
Le
rapport de l'inspection générale note que, à quelques
exceptions près, les fédérations sportives en
difficulté sont "
des conglomérats d'activités
multiformes
".
De surcroît, "
dans la quasi totalité des cas, cette
situation a été impulsée par l'Etat qui a contraint les
structures à s'associer ou à demeurer associées, souvent
de manière très artificielle
".
Le rapport cite au nombre des fédérations en difficulté,
la fédération française d'équitation, la
fédération de motonautisme, la fédération
d'haltérophilie, musculation et disciplines associées et la
fédération de Tir.
Il est clair que lorsque l'Etat n'a pas un rôle d'impulsion, il peut
jouer un rôle dans le maintien en difficulté de certaines
structures. L'opacité entourant le contrôle des
fédérations sportives ne permet pas des réactions rapides,
ce qui a pour effet de prolonger les difficultés de certaines
fédérations.
c) La nature des défaillances
Le
rapport de l'inspection de la jeunesse et des sports cite des problèmes
généraux récurrents :
" -
un manque de transparence et de rigueur
dans la gestion
financière de structures associatives qui bénéficient
d'aides importantes de l'Etat.
-
une insuffisante démocratie interne
, particulièrement
flagrante dans le secteur sportif, avec, dans la plupart des cas, la
confiscation des responsabilités par un petit groupe de personnes qui
précisément s'opposent à toute transparence et à
tout contrôle interne dans le but de s'emparer du pouvoir et de le
conserver à tout prix. "
Ces recommandations sont de nature à s'interroger sur
l'efficacité des contrôles effectués sur les
fédérations sportives et sur la réalité des
sanctions.
3. Des contrôles peu opérants
Le
contrôle de la réalisation des conventions d'objectifs
apparaît effectivement sommaire.
Le ministère de la jeunesse et des sports indique que "
le
contrôle du respect des engagements pris par les
fédérations dans les conventions d'objectifs s'effectue
systématiquement lors de la négociation de la convention
suivante. Chaque fédération est en effet tenue de
présenter un compte rendu de ses activités et un bilan
chiffré des actions prévues dans la convention d'objectifs. Ces
documents sont analysés par les services de la direction des sports
(...)
".
Il apparaît donc que la direction des sports se repose sur les
informations données par la fédération elle-même, au
moment du renouvellement de la convention. La direction des sports fait, en
complément, une analyse financière du bilan, du compte de
résultat et de l'évolution globale des finances
fédérales.
• Si l'on prend la note rédigée sur
la
fédération française d'athlétisme
(exercice
1997/1998),
on s'aperçoit que la fiche d'analyse de la direction des
sports a été réalisée avant que celle-ci ait en sa
possession les comptes certifiés par un commissaire aux comptes et alors
que la présentation comptable laisse à désirer
("
cette fédération doit adopter un mode de
présentation comptable fixe, qui ne varie pas d'un exercice sur
l'autre
").
La fiche conclut que "
la situation financière de la FFA se
dégrade sur l'exercice en raison du mauvais résultat et de la
contraction de nouveaux emprunts
". Pourtant, aucune
conséquence n'en est tirée concernant la subvention à
verser, seule l'obtention du rapport du commissaire aux comptes est
posée comme condition au versement de la subvention.
Concernant l'activité même de la fédération, la
direction des sports note d'importants écarts globaux entre le
coût des manifestations prévues pour le haut niveau et leur
réalisation (25,2 millions de francs de coût total était
annoncé, en réalité, il aura atteint 34,9 millions de
francs). Cependant, aucune explication n'est donnée à ces
écarts.
Au contraire, la fiche détaille les performances des athlètes en
vue dans toutes les disciplines de l'athlétisme, de manière
très informelle, et sans qu'il en soit tiré des
conséquences sur l'aide de l'Etat à la fédération.
Aucun bilan n'est non plus tiré de la précédente
convention d'objectifs, et les projets pour l'année à venir sont
énumérés sommairement. Quelques propositions sont
considérées comme " non justifiées ", alors
que d'autres actions sont prises en charge sans grande précision.
D'une manière générale, il apparaît que
l'arbitrage porte plutôt sur l'enveloppe globale attribuée
à la fédération que la recherche de l'efficience de la
dépense publique.
La subvention allouée à chaque fédération ne tient
pourtant pas compte directement de son activité. Une feuille
récapitule l'évolution des licences, des clubs, des produits...
Mais on s'aperçoit que la subvention du ministère de la jeunesse
et des sports évolue faiblement sur cinq ans, en hausse ou en baisse en
fonction des crédits disponibles, alors que la situation de la
fédération évolue sensiblement, avec une forte hausse du
nombre de licenciés (+10 %) et des produits (+ 50 %).
• Concernant
la fédération française de
football
, la situation est toute autre. La fédération se
trouve en excellente santé financière. On peut remarquer, entre
1992 et 1997, une diminution des subventions du ministère (de 28
à 24 millions de francs). Cependant, dans le même temps, les
produits ont littéralement " explosé ", avec un
doublement en cinq ans, passant de 220 millions de francs à 400 millions
de francs. Dans ces conditions, l'aide de l'Etat doit être
précisément dédiée aux missions
d'intérêt général que l'on souhaite promouvoir.
Or , il apparaît que le ministère a tendance à se
ranger aux demandes des fédérations plutôt qu'à se
faire sa propre doctrine. Ainsi, il est écrit : "
tant la
direction technique nationale que la direction générale de la
fédération ont insisté sur l'importance qu'ils accordaient
au financement de la filière de haut-niveau par le ministère de
la jeunesse et des sports. Contrairement à ce qui pouvait être
envisagé initialement, un effort important est donc maintenu sur cette
action
. " Cette attitude à l'égard des demandes des
fédérations n'est rendue possible que par l'absence de
critères pour la répartition des subventions.
• La situation de la
fédération française de
ski
apparaît très préoccupante. La direction des sports
note que "
malgré un nouvel exercice bénéficiaire,
la situation financière de la fédération française
de ski demeure particulièrement inquiétante
". Il est
même ajouté : "
la lecture des comptes au 30
avril 1998 n'est guère rassurante, l'état de cessation de
paiement est atteint, si la fédération devait cesser son
activité, elle serait dans l'incapacité de régler ses
dettes
". "
La mise en oeuvre d'un plan d'urgence est une
nécessité
".
Malgré tous ces signes d'alerte, la subvention à la
fédération continue à être versée, dans des
montants comparables aux années précédentes.
En conclusion, de nombreuses fédérations sportives connaissent
des problèmes de gestion. Dès lors, le ministère de la
jeunesse et des sports, chargé de verser une subvention à ces
fédérations, devrait être en mesure d'intervenir pour
régulariser les situations défectueuses. Il apparaît
toutefois que ce n'est pas systématiquement le cas.
Sans doute, il y a deux ans, le ministre de la jeunesse et des sports avait-il
décidé de ne plus verser la subvention à la
fédération française des sports de glace et un plan de
redressement sur 10 ans avait été mis en place. Concernant la
fédération française d'haltérophilie, à
partir du moment où le ministère n'a pu obtenir de comptes "
crédibles ", il a de même arrêté de verser la
subvention et a décidé de retirer l'agrément à
cette fédération. Aujourd'hui, un processus très difficile
de restructuration de la fédération à partir des clubs est
mis en oeuvre, avec l'aide du comité national olympique et sportif
français.
Mais, ce qui peut être mis en oeuvre pour une petite
fédération (haltérophilie) semble déjà plus
délicat à entreprendre pour une fédération plus
importante (ex : la fédération française des sports
de glace comprend 7 disciplines) et semble très difficile pour les
grandes fédérations (ex : l'équitation qui
comprend 400.000 licenciés ou le ski, deux fédérations
dont le fonctionnement interne n'est pas satisfaisant).