Gestion du Fonds national pour le développement du sport
SERGENT (Michel) ; LORIDANT (Paul)
RAPPORT D'INFORMATION 027 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 258 Ko )Rapport au format Acrobat ( 258 Ko )
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
LA GESTION FINANCIERE ET ADMINISTRATIVE DU FNDS : DES EFFORTS A ACCOMPLIR- A. LA MONTEE EN PUISSANCE DU FNDS
- B. LES CONTRAINTES PARTICULIERES D'UN COMPTE SPECIAL DU TRESOR
- C. UNE GESTION FINANCIÈRE À CLARIFIER
-
CHAPITRE DEUX
LA VOCATION DU FNDS : UNE SPECIFICITE INTROUVABLE- A. UNE CONFUSION QUASI TOTALE AVEC LES CRÉDITS BUDGETAIRES
- B. L'ABSENCE DE TOUTE VISION PROSPECTIVE
- C. UN CONTRÔLE DES CREDITS INSUFFISANT
-
CHAPITRE TROIS
UNE REFORME INDISPENSABLE : DEFINIR LES PRIORITES DU FNDS ET CONTROLER L'UTILISATION
DES CREDITS - CONCLUSION
- PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
- EXAMEN EN COMMISSION
- LISTE DES PERSONNES AUDITIONNEES
N° 27
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 21 octobre 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur la gestion du Fonds national pour le développement du sport ,
Par MM.
Michel SERGENT et Paul LORIDANT,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Sports. |
INTRODUCTION
La
création du fonds national pour le développement du sport (FNDS),
en 1979, est née de l'initiative des parlementaires.
Depuis, ce fonds n'a cessé de se développer sous leur seule
impulsion : ils ont d'abord cherché à stabiliser ses
recettes en modifiant l'assiette du prélèvement, puis ils ont
régulièrement majoré le taux du prélèvement
assis sur les jeux de la Française des Jeux.
Le FNDS, qui a désormais dépassé le milliard de francs,
représente aujourd'hui un tiers du budget du ministère de la
jeunesse et des sports, et presque l'équivalent des crédits
destinés au sport inscrits sur ce budget.
Il est donc devenu un instrument essentiel de la politique de l'Etat à
l'égard du sport de haut-niveau, comme du sport de masse.
Or, lors de la discussion de la loi de finances pour 1998, le Sénat
avait observé que la trésorerie du FNDS était largement
excédentaire et que la lisibilité de l'emploi des crédits
n'était pas évidente.
Dans la perspective de la loi de finances pour 2000, une
" rebudgétisation " des crédits du FNDS avait
même été évoquée par le Gouvernement, puis
abandonnée, suite à la mobilisation du monde sportif et de
nombreux élus et parlementaires. Il n'en reste pas moins que
l'hypothèse d'une rebudgétisation du FNDS a de nouveau
posé la question de la légitimité de ce compte
spécial du trésor.
La présente mission de contrôle avait donc pour principal objectif
de mieux comprendre le fonctionnement du compte d'affectation spéciale
"Fonds national pour le développement du sport", et notamment de voir
s'il répondait aux objectifs souhaités par les parlementaires.
Cette mission, menée au cours de l'année 1999, nous a conduits,
en tant que rapporteur spécial du budget de la jeunesse et des sports et
rapporteur spécial des comptes spéciaux du Trésor,
à rencontrer les personnes principalement intéressées par
le fonctionnement du FNDS.
Ces entretiens ont nourri la substance de ce rapport.
CHAPITRE PREMIER
LA GESTION FINANCIERE ET ADMINISTRATIVE DU
FNDS : DES EFFORTS A ACCOMPLIR
A. LA MONTEE EN PUISSANCE DU FNDS
1. Les hésitations du FNDS avant sa stabilisation
a) Du sport de haut niveau au sport de masse
Suite
à la loi n°75-988 du 29 octobre 1975 relative au
développement de l'éducation physique et du sport, un Fonds
d'aide au sport de haut-niveau fut créé par l'article 37 de la
loi de finances pour 1976. Le financement du fonds était assuré
par une "taxe spéciale venant en complément du prix des billets
d'entrée dans les manifestations sportives organisées en France
métropolitaine". Son produit, très modeste, s'élevait
à environ 15 millions de francs.
Ce fonds ne concernait que les sportifs pratiquant la haute compétition.
En application de l'article 94 de la loi de finances pour 1978, une commission,
présidée par Lucien Neuwirth, remit un rapport
répertoriant les besoins du sport de masse
1(
*
)
, qui conduisit à la création du Fonds
national pour le développement du sport (FNDS), institué par les
articles 41 et 56 de la loi de finances pour 1979.
Le FNDS comprenait en recettes deux sections :
- la première recouvrait l'ancien Fonds national d'aide au sport de haut
niveau alimenté par le produit de la taxe sur les billets
d'entrée dans les manifestations sportives ;
- la deuxième recevait le produit du prélèvement de 2 %
sur le loto national, affecté au financement du sport de masse.
Cette origine explique que le FNDS finance à la fois le sport de
haut-niveau et le sport de masse (même si la séparation en deux
sections distinctes a disparu), avec une concurrence permanente entre ces deux
objectifs.
b) Des recettes mouvantes
Depuis sa création, le débat sur le FNDS a
presque
exclusivement porté sur le niveau de ses ressources et sur les moyens de
les stabiliser.
A l'origine, le FNDS était alimenté par une taxe sur les billets
d'entrée dans les manifestations sportives et un
prélèvement de 2 % sur le loto national.
Entre 1979 et 1985, de nouvelles recettes ont été
affectées au FNDS (l'excédent du produit de la taxe
spéciale sur les débits de boissons et une partie du
prélèvement sur les sommes engagées au pari mutuel
urbain-PMU) et les prélèvements ont été
majorés.
Puis, la loi de finances pour 1985 autorisa la création du loto sportif,
avec un prélèvement sur les sommes misées au profit du
FNDS.
Cependant, à partir de 1987, les ressources du FNDS furent constamment
inférieures aux prévisions.
En 1992, M. Didier Migaud, député, remit un rapport d'information
sur le FNDS, qui fut à l'origine de modifications intervenues dans la
loi de finances pour 1993, avec l'instauration d'un prélèvement
sur les jeux instantanés de loterie gérés par la
Française des jeux.
Puis, la loi de finances pour 1994 procéda à une refonte totale
des prélèvements alimentant le FNDS avec un
prélèvement de 2,3 % sur les jeux gérés par la
Française des Jeux, en remplacement des divers
prélèvements (25 % sur le loto sportif, 20 % sur le
match du jour, 3,5 % sur le loto national, 0,43 % sur les loteries
instantanées), un prélèvement sur le PMU et le produit de
l'excédent de la taxe sur les débits de boissons.
Depuis, ce prélèvement a été majoré à
plusieurs reprises, à l'initiative du Sénat, puis de
l'Assemblée nationale, pour atteindre 2,9 % des enjeux de la
Française des Jeux, après le vote de la loi de finances pour 1998.
La loi de finances pour 2000 a supprimé la taxe sur les débits de
boissons (- 33 millions de francs) et transféré une partie du
prélèvement sur le PMU (- 14 millions de francs) au fonds
national de développement de la vie associative (FNDVA).
En revanche, l'article 59 de la loi de finances pour 2000 a institué une
contribution sur la cession à un service de télévision des
droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives
(nouvel article 302 bis ZE du code général des impôts). La
contribution est assise sur les sommes hors taxe sur la valeur ajoutée
perçues au titre de la cession des droits de diffusion. Le taux de
la contribution est fixé à 5 % du montant des encaissements.
Le produit attendu est de 150 millions de francs en année pleine (75
millions de francs seulement pour l'année 2000, en raison de la mise en
place du prélèvement au 1er juillet), cependant, cette recette
pourrait progresser rapidement.
La nouvelle taxe sur les droits de retransmission télévisée
Une
contribution sur la cession à un service de télévision des
droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives a
été créée par l'article 59 de la loi de finances
pour 2000. La contribution est assise sur les sommes hors taxe sur la valeur
ajoutée perçues au titre de la cession des droits de diffusion.
Le taux de la contribution est fixé à 5 % du montant des
encaissements.
Les recettes devraient être utilisées pour abonder les
crédits du chapitre 3 du FNDS (subventions de fonctionnement pour le
sport de masse), sur une ligne budgétaire spécifique.
Un conseil paritaire Etat-mouvement sportif assurerait, à partir du
second semestre 2000, avec la participation des services
déconcentrés du ministère de la jeunesse et des sports et
des comités régionaux olympiques et sportifs, la gestion de ce
fonds. Un appel à projets devrait être lancé par le
ministère, les projets susceptibles d'être financés pouvant
être aussi variés que l'achat d'un minibus ou de lots
d'équipement, des bourses pour la présence d'éducateurs,
ou encore l'aménagement d'un terrain de sport.
L'instauration d'un prélèvement est lié à
l'explosion des droits de retransmission télévisée de
certaines manifestations sportives. Tous les organismes qui percevront des
droits pour des événements sportifs nationaux,
fédérations et organisateurs privés, devront cotiser
à ce fonds. Cependant, seuls les contrats
" franco-français " seront taxées, et non ceux conclus
avec le Comité international olympique et les différentes
fédérations sportives européennes et mondiales.
Les droits de retransmission ne bénéficient qu'à certaines
disciplines sportives très médiatiques, notamment le football,
puisque le dernier contrat signé par la Ligue nationale de football avec
Canal + et TPS porte sur 8,1 milliards de francs pour 4 ans. La
moyenne annuelle des droits de retransmission télévisée
pour le football au cours des quatre prochaines années est
évaluée à 2,92 milliards de francs, contre environ
1,35 milliard de francs en 1999.
Enfin, à titre exceptionnel, le FNDS s'est vu affecter
" l'excédent "
2(
*
)
du
comité français d'organisation de la Coupe du Monde, soit 300
millions de francs, par la loi de finances rectificative pour 1999.
2. Une situation financière redressée
a) Une amélioration des recettes
Le tableau suivant montre que les réformes de 1993 et de 1994 ont effectivement interrompu la décrue des recettes affectées au FNDS.
Evolution des recettes du FNDS 1990-1997
(en millions de francs)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Loto sportif |
257,50 |
196,10 |
187,80 |
154,70 |
- |
- |
- |
- |
Loto national |
324,90 |
373,30 |
343,60 |
445 |
- |
- |
- |
- |
Pari mutuel |
25,90 |
26,50 |
30,60 |
33,60 |
33,30 |
32,70 |
33,05 |
32,45 |
T.S.D.B. 3( * ) |
33 |
33,90 |
32,90 |
33,10 |
34,30 |
35,10 |
36,37 |
36,15 |
Remboursement avances |
0,40 |
0,40 |
0,40 |
0,50 |
0,20 |
0,40 |
0,40 |
0,44 |
Recettes diverses |
0,10 |
0,10 |
0,10 |
0,60 |
0,60 |
- |
0,07 |
0,09 |
Loterie instantanée |
- |
- |
- |
40,30 |
- |
- |
- |
- |
Prélèvements sur la Française des jeux |
- |
- |
- |
- |
700,53 |
749,24 |
774,84 |
848,60 |
TOTAL |
641,80 |
630,30 |
595,40 |
707,80 |
768,93 |
817,44 |
844,79 |
917,74 |
Après avoir augmenté de plus de 18 % en 1993,
le
montant des recettes du fonds s'est accru entre 1993 et 1997 au rythme de
6,7 % l'an. Il devait se trouver en 2000, selon les prévisions du
projet de loi de finances initiale
4(
*
)
,
supérieur de 70 % au niveau atteint en 1992.
Cette évolution dynamique n'est pas venue de la seule progression de
l'assiette des prélèvements. Celle-ci y a certes
contribué, mais de façon variable selon les années, comme
le montre l'évolution récente du chiffre d'affaires de la
Française des jeux (+ 0,3 % en 1994 ; + 6 % en
1995 ; + 2 % en 1996 et 1997 ; + 4,6 % en 1998 ; +
3,8 % en 1999).
L'augmentation des ressources du fonds s'est donc expliquée aussi par
les relèvements successifs du taux du prélèvement sur les
enjeux de la Française des jeux passé de 2,4 % à l'origine
à 2,9 % depuis le 1
er
janvier 1998. Sans ces
relèvements, la ressource affectée au FNDS n'aurait varié
que très marginalement.
Traditionnellement, les estimations de recettes du projet de loi de finances
étaient d'ailleurs déjouées, les recouvrements effectifs
n'atteignant pas le niveau attendu.
En effet, depuis sa création, le FNDS a connu une montée en
puissance continue, jusqu'à atteindre 800 millions de francs en 1987.
Puis, le fonds a enregistré un écart important entre les
prévisions " optimistes " de la loi de finances initiale et
des réalisations en baisse, avec des écarts ayant atteint plus de
250 millions de francs. Ce n'est que depuis 1997 que les recettes effectives
dépassent les prévisions de la loi de finances et, dans le
même temps, sont supérieures au milliard de francs.
Suite à l'amélioration en recettes du fonds, les
délégations de crédits se sont améliorées.
Ainsi, lors de la réunion du conseil de gestion du FNDS le 11
février 1999, il a été pris acte que les subventions aux
clubs avaient été versées dans l'exercice.
Dans ce contexte, il importe d'indiquer qu'en 1998, dernière
année connue, les recouvrements effectifs ont été
supérieurs aux prévisions comme le montre le tableau ci-dessous.
FNDS - Recettes 1998
|
|
Recouvrements effectifs |
|
% de dépassement prévision/LFI |
% recette/total recouvré |
1 |
2 |
3 |
4 = 3 - 2 |
5 =4/2 |
6 = 3/total |
Produit du prélèvement sur les sommes misées sur les jeux exploités en France métropolitaine par la Française des jeux |
949.000.000 |
999.626.733 |
50.626.733 |
5,33 % |
93,50 % |
Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes |
32.000.000 |
32.702.119 |
702.119 |
2,19 % |
3,06 % |
Excédent du produit de la taxe spéciale sur les débits de boissons et sur les dépenses d'indemnisation |
|
|
|
|
|
Remboursement des avances consenties aux associations sportives |
|
|
|
|
|
Recettes diverses ou accidentelles |
|
145.328 |
145.328 |
|
|
Total |
1.014.000.000 |
1.069.120.112 |
55.120.112 |
5,44 % |
|
(en
francs)
L'écart constaté concerne surtout le prélèvement
sur les enjeux récoltés par la Française des jeux. Il ne
faut pas s'en étonner puisqu'aussi bien avec un
prélèvement qui tend vers le milliard de francs, cette ressource
est, de loin, et -v. infra- le projet de loi de finances initiale pour 2000
devait d'abord renforcer cette caractéristique, la source principale de
financement du FNDS à qui il apporte plus des 9/10
ème
de son financement.
Cependant, l'ampleur relative de l'écart avec la prévision de la
loi de finances initiale (5,33 % en plus que prévu) est l'occasion
d'évoquer dès ce stade une source importante de
difficultés de gestion du compte spécial qui vient de
l'incertitude relative à l'évolution effective de ses recettes.
3. Un fonds qui demeure fragile
Le FNDS, qui a désormais dépassé le milliard de francs, représente aujourd'hui un tiers du budget du ministère de la jeunesse et des sports, et à peu près l'équivalent des crédits destinés au sport inscrits sur ce budget (agrégat "sport et activités physiques").
Répartition des crédits en faveur du sport - loi de finances pour 2000
|
Crédits
|
Répartition |
Budget
jeunesse et sport
|
1.327,5 |
55 % |
FNDS |
1.089 |
45 % |
TOTAL |
2.416,5 |
100 % |
Dans ces
conditions, il est légitime de s'interroger sur la solidité des
ressources affectées au sport via le FNDS, car cette solidité
conditionne l'avenir du soutien public au sport.
Après une période difficile et un redressement spectaculaire
depuis 1997, peut-on dire que les ressources du FNDS sont assurées pour
l'avenir ?
L'activité de la Française des Jeux est en progression depuis
1994 : + 0,3 % en 1994 ; + 6 % en 1995 ;
+ 2 % en 1996 et en 1997 ; + 4,6 % en 1998 et + 3
à 4% en 1999. Cette dynamique conforte les recettes du FNDS.
Pour les années à venir, l'entreprise prévoit que
l'activité devrait continuer à progresser, peut-être
à un niveau légèrement supérieur à 3 %.
Cette hypothèse de croissance se fonde notamment sur l'idée,
simple mais concrète, que les Français, comme les Allemands et
les Suisses, " jouent moins " que les européens du sud
(Espagne, Italie) et du nord (Grande-Bretagne, pays scandinaves), et disposent
donc d'une certaine marge de progression.
Cependant, deux éléments doivent inciter à la
prudence :
1 - l'ampleur des prélèvements de l'Etat sur la
Française des Jeux
. Au total, ils se sont élevés
à 10,8 milliards de francs en 1998, y compris l'impôt sur les
sociétés et le dividende à l'Etat-actionnaire qui
perçoit 72 % des bénéfices distribués.
Jusqu'à présent, la montée en charge du FNDS a moins
reposé sur l'amélioration du chiffre d'affaires de la
Française des jeux que sur l'augmentation du taux du
prélèvement alimentant spécifiquement le fonds.
Or, la hausse de ce taux a des conséquences directes sur l'entreprise.
Tous les ans, le ministre du budget signe un arrêté de
répartition des sommes jouées, une partie revenant aux joueurs,
une autre à la filière d'exploitation (la Française des
Jeux, les émetteurs, détaillants et courtiers) et une autre
à l'Etat.
Plusieurs solutions existent lorsque le prélèvement
affecté au FNDS est augmenté : soit l'Etat
prélève plus pour le FNDS, mais en contrepartie réduit les
autres prélèvements, soit il joue sur les autres parts des sommes
jouées.
Or, les joueurs font l'activité de l'entreprise, et leurs
espérances de gains ne peuvent être indéfiniment
réduites : le taux de retour des jeux de la Française des
Jeux est en moyenne de 57 %, bien en dessous du PMU (70 %) et des
machines à sous dans les casinos (au minimum 85 %).
Parallèlement à la hausse du taux de prélèvement
sur la Française des jeux, l'effort a porté, ces dernières
années, sur la filière d'exploitation et sur la commission de la
Française des jeux : en 1994, le taux de commission était de
8,8 % des mises, il est tombé à 6,1 % en 1999. Cette
diminution a été rendue possible par des progrès de
productivité.
En posant l'hypothèse que le taux de retour pour les joueurs des sommes
misées, actuellement de 57 %, est une condition du succès
des jeux, un accroissement du prélèvement sur la Française
des jeux conduit à se poser la question de savoir si les frais de
gestion (5,1 milliards de francs dont 2,9 milliards attribués
aux courtiers et détaillants) pourraient être significativement
réduits afin de dégager les marges nécessaires pour faire
face à cet accroissement.
En bref, on peut se demander si, dans l'avenir, une hausse du taux du
prélèvement pour accroître les ressources du FNDS, ne
pourrait avoir un effet négatif sur l'assiette et, par
conséquent, manquer son but.
En outre, force est de reconnaître que le niveau du
prélèvement effectué au bénéfice du fonds
résulte, en l'état des choses, d'un arbitrage portant sur les
recettes de l'Etat. Le total des recettes que celui-ci tire de la
Française des jeux qui s'élève, comme indiqué plus
haut, à quelques 10,8 milliards de francs, est composé du
prélèvement au profit du FNDS (996 millions et 9,2 % du
total), du dividende payé à l'Etat (7,2 milliards et
66,7 % du total) et des recettes que celui-ci encaisse au titre de
l'imposition des entreprises.
Dans ces conditions, si une certaine marge semble ainsi exister pour, le cas
échéant, abonder les recettes du fonds en provenance de la
Française des jeux, sa mobilisation suppose d'accepter qu'en
contrepartie du relèvement du prélèvement affecté
au fonds, l'Etat accepte une diminution de ses recettes fiscales et non
fiscales.
2 - la très forte dépendance des crédits du FNDS par
rapport à l'évolution de la Française des jeux.
Le projet de loi de finances pour 2000 comportait initialement un dispositif
susceptible de renforcer encore la déjà très grande
dépendance du FNDS à l'égard des jeux gérés
par la Française des jeux. Il était en effet proposé de
supprimer la taxe sur les débits de boisson, ce qui avait pour effet de
tarir une recette, sans doute mineure mais néanmoins à la source
d'une certaine diversification des financements du FNDS.
Le FNDS se serait trouvé dépendre d'une seule et unique
ressource, le prélèvement sur le PMU (3 % des recettes) dont
le dynamisme pâtit de l'atonie des sommes misées
représentant une recette mineure.
Cette situation était évidemment préoccupante pour
l'avenir du FNDS car si l'on
avait pu observer en 1998 un
supplément de recettes par rapport aux prévisions, ce
résultat pouvait être jugé assez exceptionnel
comparé à la tendance. Il tenait sans doute à des effets
mal anticipés du rehaussement du taux du prélèvement au
1
er
janvier 1998, à une progression
particulièrement vive des enjeux due à des facteurs non
récurrents et peut-être à des facteurs techniques portant
sur le rythme des encaissements.
L'on doit garder à l'esprit que, sans les relèvements successifs
des taux du prélèvement sur le chiffre d'affaires de la
Française des jeux, le produit du recouvrement pour 1998 se serait
élevé à 827,3 millions de francs et non aux
999,6 millions constatés.
Il faut donc s'interroger sur les perspectives mêmes du chiffre
d'affaires de la Française des jeux dont la tendance à un
développement certain quoiqu'irrégulier pourrait être
sérieusement perturbée si les règles du marché
unique européen devaient s'appliquer au domaine des jeux d'argent et si
la concurrence des jeux accessibles via internet devait s'intensifier.
La très forte dépendance du FNDS à l'égard du
prélèvement sur la Française des Jeux (qui
représente en 1999, 93% des recettes) constituait ainsi un
élément de risque pour l'avenir et plaidait en faveur d'une
diversification des sources de financement. C'est une des raisons qui ont
motivé l'instauration d'une taxe sur les droits de retransmission
télévisés.
Cependant, cette taxe représentera, en 2000, seulement 7,3 % des
crédits du FNDS, ce qui ne permet pas de parler, dans l'immédiat,
de diversification.
Toutefois, il est possible d'espérer une hausse sensible des droits de
retransmission télévisée, qui permettra, dans les
années à venir, de doter le FNDS de nouveaux moyens. A en croire
les estimations du ministère de la jeunesse et des sports, ces moyens
financiers seront conséquents, puisque le montant des droits de
retransmission télévisée pourrait doubler en quatre ans.
B. LES CONTRAINTES PARTICULIERES D'UN COMPTE SPECIAL DU TRESOR
Le fonds national pour le développement du sport, expression budgétaire d'une volonté parlementaire d'accorder une réelle priorité à la politique du sport, est, paradoxalement, soumis à des contraintes particulières liées à son statut de compte d'affectation spéciale, statut qui, à son tour, est susceptible de déposséder le Parlement de nombre de ses prérogatives budgétaires.
1. Les interrogations portant sur la gestion courante du fonds
Le
montant des crédits disponibles au titre du FNDS a fait l'objet de vives
discussions, notamment lors du débat sur la loi de finances pour 1998 au
Sénat
5(
*
)
.
Ces débats ont conduit le ministère à
réfléchir à la présentation du compte
spécial du Trésor.
Les débats sur la gestion du FNDS : l'examen du projet de loi de finances pour 1998 au Sénat
Lors de
sa séance du 26 novembre 1997, le Sénat a eu à
débattre de l'augmentation du taux de prélèvement
affecté au FNDS de 2,6% à 2,9%.
Un très long débat a conduit le Sénat a rejeter cette
augmentation.
La commission des finances du Sénat avait
remarqué l'importante trésorerie du fonds :
"
le FNDS bénéficie de crédits supérieurs
à ses dépenses, ce qui génère des opérations
de report pour un montant substantiel estimé à 183 millions de
francs de 1996 à 1997. Le prélèvement qu'il est
proposé d'opérer sur la Française des jeux est excessif
par rapport à la consommation des crédits de ce fonds
"
(Alain Lambert, rapporteur général).
De nombreux arguments ont été avancés contre
l'augmentation du FNDS, et notamment le phénomène de
" débudgétisation ". En effet, la proposition
d'accroître le FNDS pour 1998 coincidait avec une diminution de 2,1% du
budget de la jeunesse et des sports. La montée en charge du FNDS
accompagnait donc l'inexorable diminution du budget de la jeunesse et des
sports ("
Plus vous accepterez cette méthode, plus le budget de
la jeunesse et des sports rétrécira comme peau de
chagrin
" Alain Lambert, rapporteur général).
De nombreux intervenants ont également fait état du manque de
transparence dans la gestion du fonds, plusieurs parlementaires estimant ne pas
savoir en fonction de quoi les décisions d'affectation des
crédits sont prises. Le manque de concertation avec les
collectivités locales avait également été
souligné ("
les élus pourraient être
associés à la gestion du fonds. Mais cette association, il faut
le dire très honnêtement, est pour l'instant
inexistante
" René Régnault).
Les interrogations du Sénat s'expliquaient d'abord par le fait qu'une
véritable confusion s'était instaurée, dans la gestion du
fonds par le ministère. En effet, les crédits inscrits en loi de
finances de l'année en cours, et les reports de crédits non
consommés de l'année antérieure étaient usuellement
cumulés pour programmer les interventions du fonds.
Or, les crédits du FNDS étant ouverts au fur et à mesure
des recettes constatées, les crédits correspondant aux recettes
des deux derniers mois de l'année sont mécaniquement
reportés sur l'année suivante, car ils ne peuvent être
dépensés.
La pratique du ministère n'en tenait pas compte et aboutissait ainsi
à proposer une programmation de dépenses correspondant à
14 mois de recettes.
Fin 1997, il y avait ainsi 40 millions de francs de "surprogrammation"
concernant les conventions d'objectifs et 125 millions de francs concernant les
équipements sportifs (soit l'équivalent d'une année de
programmation pour les équipements).
Si cette "surprogrammation" a pu s'effacer en dépenses de
fonctionnement, grâce à des recettes plus favorables que
prévu, le rattrapage du retard en matière d'équipements
sportifs n'est toujours pas complètement réalisé.
Ces modalités de gestion ont pu nourrir l'insatisfaction du mouvement
sportif insuffisamment éclairé sur les contraintes de gestion du
fonds qui, de fait, ne manquent pas d'un certain byzantinisme.
Une seconde source de confusion doit en effet être relevée avec
le sort particulier réservé aux crédits de paiement
destinés à couvrir les engagements financiers pris dans le cadre
des opérations en capital du FNDS.
La clé de compréhension de la gestion du fonds réside dans
la nécessité de distinguer clairement la gestion du fonds en
trésorerie et sa gestion budgétaire.
Comme le souligne le rapport du contrôleur financier sur la gestion 1998
du FNDS, "
les dépenses sont engagées par le ministre de
la jeunesse et des sports sur la base d'une programmation établie par le
conseil de gestion du fonds, dans la double limite des dotations inscrites en
loi de finances et des recettes effectivement comptabilisées.
La gestion du compte fait donc l'objet d'un double suivi :
-
un suivi en termes budgétaires
, les dépenses
engagées étant, comme pour celles du budget
général, rapportées aux dotations limitatives de la loi de
finances par chapitre.
-
un suivi en terme de trésorerie
, les dépenses
étant rapportées aux disponibilités du compte.
Afin que la couverture des engagements par les recettes soit assurée,
ce dernier suivi est effectué en additionnant les engagements de
dépenses ordinaires et, pour les dépenses en capital, les
affectations ou délégations d'autorisations de programme. Il en
résulte un écart entre la trésorerie totale du compte et
sa trésorerie disponible, cet écart représentant le
montant des crédits de paiement non encore engagés pour couvrir
les autorisations de programme en place.
"
La " réservation " des crédits de paiement et des
recettes y afférentes qu'implique une telle règle de gestion
engendre mécaniquement une trésorerie dont le niveau varie en
fonction de celui des engagements de dépenses en capital.
En clair, plus le niveau des dépenses en capital engagées est
élevé, plus la trésorerie du fonds s'accroît.
Cette " loi " des comptes spéciaux du Trésor qui peut
avoir des effets pervers sur les choix d'allocation des crédits -v.
infra- aboutit à un vrai paradoxe. En effet, alors que la
création d'un compte d'affectation spéciale est le plus souvent
justifiée par la volonté d'affirmer la priorité
accordée à une intervention publique donnée, les
règles budgétaires qui s'appliquent à ces comptes sont
plus strictes que celles en vigueur pour le budget général.
Aussi, la garantie d'affectation de recettes au soutien public au sport
qu'offre le FNDS se trouve compensée par des contraintes au stade de la
consommation des crédits auxquelles n'est pas soumise
systématiquement la consommation des crédits du budget
général.
2. Les questions récurrentes posées par l'évaluation des recettes
Il
résulte, pour le fonds national de développement du sport, des
articles 23, 24 et 25 de l'ordonnance n°59-2 du 2 janvier 1959
portant loi organique relative aux lois de finances que :
1 - les dotations annuelles de crédits ne peuvent excéder le
montant des recettes du compte telles qu'elles sont prévues dans la loi
de finances ;
2 - les crédits ne peuvent être consommés que dans la
limite des recettes effectivement comptabilisées ;
3 - les crédits qui n'ont pas été consommés en fin
d'année sont reportables sur l'exercice suivant et le solde du compte
est reporté d'année en année, sauf disposition contraire
d'une loi de finances ;
4 - des crédits supplémentaires peuvent être ouverts si, en
cours d'année, les recettes apparaissent supérieures aux
évaluations retenues dans la loi de finances initiale.
Ces quatre points ont des conséquences précises.
En premier lieu, le montant des recettes effectives est primordial.
Les dépenses du FNDS dépendent étroitement de la bonne
tenue des recettes. L'écart observé de 1987 à 1997 entre
les prévisions de la loi de finances et les réalisations montre
bien que, à l'inverse de la situation qui prévaut dans le cadre
du budget général de l'Etat, l'inscription d'un crédit
n'entraîne pas la faculté de dépenser. Des programmations
de dépenses ont dû être annulées du fait de
l'insuffisance de trésorerie du fonds.
En second lieu, le montant de recettes inscrit en loi de finances
initiale a une importance capitale, en cas de bonne santé du fonds.
En effet, l'article 25 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 dispose que
"
si, en cours d'année, les recettes d'un compte d'affectation
spéciale apparaissent supérieures aux évaluations, les
crédits peuvent être majorés par arrêté du
ministre des finances dans la limite de cet excédent de
recettes
". Cette disposition permet au seul ministre des finances de
décider de l'augmentation de dépenses publiques.
Outre qu'il serait légitime de se demander si cette décision
ne devrait pas revenir au Parlement, qui adopte, pour chaque compte
spécial du Trésor, un plafond de dépenses, cette
disposition est source de controverses continues entre le ministère de
la jeunesse et des sports et le ministère du budget.
Lorsque les recettes effectives du fonds sont supérieures à
celles inscrites en loi de finances, le ministère de la jeunesse et des
sports tend à estimer que ce supplément ne peut qu'être
affecté au FNDS.
Mais, il n'en est rien. Ainsi, sur 25 millions de francs de recettes
supplémentaires constatées en 1996, une partie n'a pas
été utilisée pour abonder les crédits du FNDS, soit
12,4 millions de francs (ce que confirme le compte général
de l'administration des finances).
Cette décision s'est traduite à due proportion par une
augmentation, inutile -v.infra-, de la trésorerie du compte.
Quant à elle, l'annulation en 1997, de 55 millions de francs de
crédits (arrêté du 9 juillet 1997) s'est ajoutée
à cette première décision. Au total, ces deux
éléments permettent de chiffrer à 67,4 millions de francs
le "manque à gagner" pour le FNDS.
Ces sommes qui figurent toujours en trésorerie au compte du FNDS ne
peuvent être dépensées. Il conviendrait de
régulariser cette situation.
En conclusion, il est essentiel que le ministère du budget inscrive dans
les évaluations de la loi de finances initiale, une somme correspondant
le plus parfaitement possible aux recettes attendues.
Pendant longtemps, la loi de finances a inscrit des prévisions de
recettes qui n'étaient pas atteintes, de 1987 à 1996 : cette
situation était très délicate puisque l'ensemble des
projets ne pouvaient être financés. Depuis quelques années,
le FNDS enregistre une situation inverse : les recettes sont
supérieures aux prévisions.
Mais, depuis près de trois ans, l'amélioration des encaissements
ne s'est pas traduite par un changement dans les évaluations en loi de
finances initiale, qui sont donc régulièrement
dépassées (le dépassement s'élève à
55 millions de francs en 1998) laissant ainsi une marge
d'appréciation excessive au ministère des finances pour
gérer le FNDS.
L'on peut sans doute remarquer que dans la loi de finances pour 2000, la
recette provenant du prélèvement sur la Française des Jeux
a été réévaluée de 47 millions de
francs.
Mais, l'on doit regretter que cette réévaluation n'ait pas eu
pour objet principal de présenter une évaluation exacte des
recettes, mais de compenser exactement la suppression de la taxe sur les
débits de boissons (-33 millions de francs) et le transfert d'une partie
du prélèvement sur le PMU (-14 millions de francs) au profit du
Fonds national pour le développement de la vie associative (FNDVA). Elle
vise donc à masquer une réduction des prélèvements
au profit du FNDS.
Ainsi, grâce à une inscription insuffisante de recettes lors des
deux précédentes loi de finances, il a été possible
de supprimer deux taxes sans que cette suppression n'ait aucune incidence sur
l'équilibre de la loi de finances, ce qui traduit un manque de
sincérité budgétaire. Par contre, l'incidence sur le FNDS
lui-même est réelle, puisque les taxes qui l'alimentaient sont
supprimées.
3. Un régime budgétaire exorbitant qui affaiblit la portée de l'intervention du Parlement
La
gestion du FNDS est soumise au régime des comptes d'affectation
spéciale, dont il faut souligner incidemment que les règles
gagneraient à être précisées, qui est sur plusieurs
points dérogatoire aux règles budgétaires de droit commun.
Les particularités des règles applicables au FNDS comportent
également des entorses sérieuses aux prérogatives du
Parlement qui impliquent des difficultés sérieuses de gestion et
engendrent une certaine incompréhension chez les
bénéficiaires potentiels.
Celles-ci consistent, en matière budgétaire, à autoriser
la dépense publique dans les limites d'un plafond qui est celui des
crédits qu'il consent à ouvrir pour l'année
d'exécution du budget. Le consentement du Parlement est donc assorti
d'une double condition, l'une de montant, l'autre de durée.
Pourtant, plusieurs dispositions applicables aux comptes d'affectation
spéciale restreignent la portée de l'autorisation parlementaire
dans leur cas.
a) Les conditions tenant aux recettes
La
première de ces dispositions est que, quel que soit le montant des
crédits votés par le Parlement, leur exécution
dépend de l'existence de recettes suffisantes pour en assurer le
financement
.
Cette limite qui résulte de la première phrase du second
alinéa de l'article 25
6(
*
)
de
l'ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique
relative aux lois de finances a pour effet de conditionner implicitement
l'autorisation de dépenses accordée par le Parlement à la
réalisation d'une condition, certes exogène à la
volonté de chacun mais que le gouvernement est cependant mieux à
même que le Parlement de maîtriser -v. infra.
Cette condition qui ne se retrouve pas s'agissant des crédits du
budget général a quelque chose de paradoxal puisque l'un des
objectifs poursuivis par l'instauration d'un compte d'affectation
spéciale consiste précisément à affirmer la
priorité d'une action publique.
b) Les arrêtés de majoration de crédits
La
seconde limite, véritablement exorbitante, se trouve dans les
prérogatives accordées au ministre des finances - et non au
ministre chargé de la gestion de chaque compte - pour ajuster les
crédits votés par le Parlement à la hausse.
La troisième phrase du second alinéa de l'article
précité
7(
*
)
lui permet en effet de
majorer les crédits par simple arrêté si, en cours
d'année, les recettes apparaissent supérieures aux
évaluations. L'entorse ainsi apportée aux prérogatives du
Parlement est alors de sens opposé à celle
précédemment évoquée : un simple acte
administratif peut alors permettre aux services d'excéder le plafond des
crédits autorisés par le Parlement.
Le caractère exorbitant de cette faculté est accentué par
les incertitudes portant sur les conditions d'examen de ces dépassements
de crédits par le Parlement. Une application stricte de
l'article 34 de l'ordonnance semble exempter ces arrêtés de
majoration de crédits de l'obligation qui y est prévue pour les
décrets d'avance - qui forment une autre exception au caractère
limitatif de l'autorisation parlementaire - de les soumettre à la
ratification du Parlement dans les lois de finances rectificatives de
l'année.
Ils ne sont donc examinés qu'à l'occasion de lois de
règlement. Or, les particularités des lois de règlement,
leur objet, les délais dans lesquels elles sont examinées, sont
loin de garantir un contrôle parlementaire effectif de tels
arrêtés. La présentation de ces lois ne permet d'ailleurs
pas toujours de les identifier.
Il apparaît donc qu'une partie des dépenses des comptes
d'affectation spéciale qui peut atteindre des proportions non
négligeables du fait des conditions dans lesquelles sont
évaluées leurs recettes -v. infra- puisse intervenir sans que la
volonté éclairée du Parlement n'ait été
sollicitée et ne se soit prononcée en ce sens.
c) La portée ambiguë des reports de soldes
Une
importante source de restriction mise à la portée de
l'intervention du Parlement en matière de crédits doit être
soulignée même si, dans les faits, elle est restée
jusqu'à présent à l'état de pure virtualité.
Elle s'attache aux règles particulières, associées en
pratique à l'importance des soldes des comptes d'affectation
spéciale, qui prévalent en matière de reports de leurs
résultats.
La première phrase du deuxième alinéa de l'article 24
de l'ordonnance organique
8(
*
)
énonce une
règle dérogatoire dont la substance mérite d'être
précisée. Il s'agit de la disposition selon laquelle les soldes
des comptes d'affectation spéciale sont, sauf disposition contraire de
la loi de finances, reportés d'année en année. Ainsi,
contrairement au solde d'exécution du budget général
nécessairement imputé aux résultats de l'année, le
régime particulier des comptes d'affectation spéciale permet
d'exempter leurs soldes d'un tel traitement et d'éviter ainsi leur
transfert au compte permanent des découverts du Trésor.
Pour lever toute ambiguïté, il convient de préciser que
l'aspect exceptionnel de cette disposition consiste non dans un quelconque sort
particulier réservé, sous l'angle de leur report, aux
crédits de ces comptes mais dans un traitement exceptionnel du solde de
leurs opérations. En effet, même si des doutes ont pu naître
la règle s'applique non aux crédits mais bien aux soldes.
Du reste, les projets de loi de finances prennent la précaution de faire
figurer dans l'état H de recensement des crédits reportables
les crédits des comptes d'affectation spéciale C'est dire alors
que lesdits crédits obéissent, en dépit de la règle
formulée par l'article 24 de l'ordonnance, au régime
général des reports de crédits.
En revanche, il est aisé de démontrer que cette règle
est susceptible d'engendrer une faculté de restriction
considérable du pouvoir que le Parlement exerce en matière de
comptes
d'affectation spéciale
.
Le report d'un excédent d'une année sur l'autre pourrait en
effet être considéré comme donnant naissance à un de
ces suppléments de recettes qui pourrait autoriser le ministre à
majorer les crédits
proprio motu
dès lors que les
prévisions de recettes figurant dans les lois de finances initiales
n'intègrent pas la trésorerie des comptes.
Or, en pratique, c'est bien ainsi qu'il en va, les estimations de recettes de
la loi de finances éludant la situation de trésorerie des comptes
d'affectation spéciale sans que le Parlement soit effectivement en
mesure de corriger cette omission.
Si cette faculté n'a semble-t-il pas été utilisée,
sa simple existence est choquante au regard de l'exigence d'une intervention
parlementaire complète et éclairée.
d) Les reports de crédit
Mais, de ce dernier point de vue, la pratique constante des reports de crédits constitue la principale source d'insatisfaction. Elle affecte, par son ampleur, la signification même du débat budgétaire.
Les reports de crédits de paiement en 1998 (en francs)
Subventions pour l'aide au sport de haut niveau |
1.169.762 |
Avances aux associations sportives |
663.000 |
Subventions de fonctionnement pour l'aide au sport de masse |
2.292.293 |
Sous-total fonctionnement |
4.125.055 |
Equipements de l'Etat |
|
Autorisations de programme |
49.090.789 |
Crédits de paiement |
33.415.521 |
Etudes travaux, équipements à vocation olympique |
|
Autorisations de programme |
500.986 |
Crédits de paiement |
0 |
Equipements liés à la Coupe du monde de football |
|
Autorisations de programme |
430.000 |
Crédits de paiement |
10.825.200 |
Subventions d'équipements sportifs |
|
Autorisations de programme |
162.924.400 |
Crédits de paiement |
99.513.058 |
Sous-total investissement |
|
Autorisations de programme |
212.946.175 |
Crédits de paiement |
143.753.779 |
Total des reports de crédits de paiement |
147.878.834 |
Ainsi,
en 1998, les reports de crédits de paiement ont atteint
147,9 millions de francs, soit 14,6 % de la dotation ouverte en loi
de finances, tandis que, pour les autorisations de programme, les reports ont
atteint, avec 212,9 millions de francs, une somme à peu près
équivalente à celle des ouvertures de la loi de finances.
Aux termes de ces règles et pratiques, le vote des recettes et des
crédits par le Parlement est très loin de conditionner une
exécution budgétaire dont le ministre des finances est
maître dans une proportion d'autant plus importante que les soldes des
comptes atteignent un niveau conséquent.
4. Conséquences pratiques sur la gestion financière du FNDS
a) Les difficultés liées à la condition portant sur les recettes
Au terme
de l'ordonnance organique - article 25, second alinéa- , le total des
engagements et des ordonnancements au titre d'un compte d'affectation
spéciale et, donc, au titre du FNDS ne peut, on l'a vu, excéder
le total des recettes du même compte.
Du fait de cette règle et des délais de centralisation des
recettes les gestionnaires du fonds ne peuvent mobiliser la totalité des
recettes prévues en cours d'année. La fixation au 30 novembre de
la date-limite des engagements de dépenses accentue cette contrainte.
Pour 1998, ses conséquences sont estimées dans le rapport de
gestion du FNDS à 214,5 millions de francs (43,5 % du solde
d'exécution).
Une présentation à l'équilibre des dépenses et des
recettes aboutit ainsi mécaniquement à la formation d'un solde
excédentaire et de réserves de crédits reportables.
L'idée selon laquelle la présentation budgétaire pourrait
corriger ce phénomène en calibrant les crédits de sorte
que leur niveau soit compatible avec les prévisions de recettes
effectives aboutirait au vote du compte en excédent. Or, certaines
exigences la rendent inopérante.
b) Les difficultés liées à la " pré-réservation " des crédits de paiement
Pour les
dépenses d'équipement du FNDS, l'engagement d'une autorisation de
programme destinée à être exécutée sur
plusieurs années, suppose l'existence de crédits de paiement
correspondants qui font donc l'objet d'une sorte de
" pré-réservation ". Le total des engagements est donc
nécessairement supérieur au total des utilisations de
crédits de paiement à hauteur des crédits de paiement
nécessaires pour couvrir les engagements nés une année, au
cours des années suivantes.
Cette dernière contrainte est estimée dans le rapport de
gestion du fonds pour 1998 à 156 millions de francs (31,6 % du solde),
soit plus de 77 % des dépenses d'équipement de
l'année 1998.
c) L'augmentation des soldes annuels de gestion
L'ensemble de ces pratiques aboutit à la constitution
d'excédents des recettes sur les dépenses et, ainsi, à une
sous-utilisation des recettes du FNDS.
Les soldes d'exécution du FNDS après avoir baissé à
mesure que les recettes du compte s'étiolaient au début des
années 1990 enflent à nouveau depuis 1993. Il en résulte
une augmentation importante de la trésorerie du compte.
Soldes d'exécution du FNDS
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
286,3 |
234,8 |
184,2 |
175 |
236,2 |
327,6 |
332,3 |
364,2 |
493,1 |
En 1998, le solde du compte atteint, avec 493,1 millions de francs, pas loin de 50 % des crédits ouverts en loi de finances et s'accroît de 35,4 % par rapport à la situation de trésorerie du début de l'année. Selon les explications du rapport de gestion du fonds, la décomposition de ce montant permet d'identifier les différentes contreparties suivantes.
Plus-value de recettes 1996 constatée mais non reportée en 1997 |
12.393.055 F |
Recettes correspondant aux crédits de paiement annulés en 1997 (arrêté du 10/7/97) |
55.000.000 F |
Plus-value de recettes 98 (arrêté de report du 9/6/99) |
55.120.112 F |
Montant des crédits de paiement bloqués pour couvrir les autorisations de programme ouvertes mais non soldées |
156.042.368 F |
Autres ressources parvenues après la date limite d'engagement |
214.508.336 F |
La
diversité des facteurs expliquant le solde constaté fin 1998 est
à elle seule une illustration des difficultés de gestion du FNDS.
Quelques observations incidentes s'imposent pour, d'abord, s'étonner
à nouveau de la contribution au solde d'exécution 1998 d'une
plus-value de recettes constatée en 1996 et non reportée
l'année suivante. Les dispositions de la loi organique
mentionnées ci-avant ne laissent en théorie pas place à ce
type d'inscription comptable puisqu'aussi bien le solde d'un exercice est soit
reporté, soit transporté au découvert du Trésor. Il
y a donc là une anomalie regrettable.
Il est intéressant également de remarquer la singularité
des effets des annulations des crédits des comptes d'affectation
spéciale. Les règles concernant les reports des soldes de ces
comptes ont pour effet de conférer aux annulations de crédits un
impact favorable sur la trésorerie des comptes qui lui-même est
susceptible de contribuer positivement au financement de leurs interventions
les années suivant celle de l'annulation. Cet effet paradoxal qui ne se
rencontre pas à l'occasion des annulations de crédits du budget
général, devrait être pris en considération lors de
la présentation des recettes du compte.
Enfin, il est notable que l'augmentation du solde reportable en 1998
s'explique partiellement en 1998 par une plus-value de recettes de
55,1 millions de francs par rapport aux prévisions de la loi de
finances. Au vu de donnés rétrospectives, cet écart
confirme une inversion de tendance puisque ce n'est que depuis 1996 que des
plus-values de recettes apparaissent sur le compte, faisant suite à des
moins-values considérables les années antérieures.
Ecart entre les prévisions et les réalisations de recettes du FNDS
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Prévisions |
830 |
850 |
nd |
884 |
820 |
916 |
1.014 |
Réalisations |
595,4 |
707,8 |
nd |
817,5 |
844,8 |
917,7 |
1.069 |
Ecart |
- 234,6 |
- 142,2 |
nd |
- 66,5 |
+ 24,8 |
+ 1,7 |
+ 55 |
Cette inversion provient tout à la fois d'un meilleure dynamisme des recettes au cours de la plus récente période et d'une programmation des recettes plus prudente.
d) La sous-exécution des crédits
Le taux de consommation des crédits du compte a connu des fortunes diverses mais semble s'améliorer depuis les plus récents exercices.
Evolution du taux de consommation des crédits
(En %)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Dépenses effectives/crédits de la loi de finances initiale |
73,5 |
81,6 |
83,6 |
82,9 |
82,4 |
82,3 |
104,5 |
98,7 |
98,1 |
Dépenses effectives/crédits ajustés par lois de finances rectificatives |
223,8 |
101,7 |
104,1 |
89,7 |
113,3 |
89 |
103 |
98,5 |
98,1 |
Cependant, l'exécution des crédits reste très inégale selon leur nature.
Le taux de consommation des crédits de paiement par chapitre en 1998
(En millions de francs)
|
Crédits disponibles |
Paiements |
Taux de consommation |
Subventions pour l'aide au sport de haut niveau |
228,2 |
228,2 |
100 |
Avances aux associations sportives |
1,2 |
0,6 |
51,6 |
Subventions de fonctionnement pour l'aide au sport de masse |
572,3 |
562,3 |
98,2 |
Sous-total fonctionnement |
801,7 |
791,1 |
98,7 |
Equipements de l'Etat |
83,4 |
21,6 |
25,9 |
Coupe du monde de football |
102,3 |
92,2 |
90,1 |
Subvention d'équipements sportifs |
174,5 |
35,5 |
20,3 |
Sous-total équipements |
360,2 |
149,3 |
41,4 |
Total |
1.161,9 |
940,4 |
80,9 |
Les
crédits de fonctionnement connaissent un taux de consommation nettement
plus élevé que les crédits d'équipement.
Cette situation ne provient pas seulement des règles
particulières de " pré-réservation " des
crédits de paiement dans le cadre des opérations d'investissement
conduites à partir du fonds.
Le tableau ci-après en témoigne et montre que la consommation des
autorisations de programme demeure sensiblement inférieure à son
niveau théorique.
Taux de consommation des autorisations de programme en 1998
(En millions de francs)
|
Autorisations de programme disponibles |
Autorisations de programme engagées |
Taux de consommation |
Equipements de l'Etat |
99,1 |
66,2 |
66,8 |
Etudes à vocation olympique |
0,5 |
0 |
0 |
Coupe du Monde de football |
91,9 |
91,9 |
100 |
Subventions d'équipements sportifs |
429,4 |
201,5 |
46,9 |
Totaux |
620,9 |
359,6 |
57,9 |
Cette
situation semble traduire une réelle difficulté à
" monter " des dossiers d'équipement concrets à partir
de l'enveloppe théorique qui est allouée à ce type
d'interventions. Mais l'on doit aussi souligner que la tentation est grande,
pour remédier aux contraintes d'exécution du fonds, de minorer la
mobilisation des autorisations de programme et de " sacrifier " ainsi
la partie du FNDS consacrée aux équipements
.
En effet, la mobilisation des crédits de fonctionnement est plus
aisée en ce qu'elle ne suppose pas de
" pré-réserver " les crédits de paiement des
années à venir. Il est possible que cette considération
ait pu motiver la priorité donnée à l'engagement des
subventions de fonctionnement aux fédérations et aux associations
soulignée dans le rapport de gestion 1998 du fonds. Les contraintes
portant sur l'utilisation des crédits en capital des comptes
spéciaux du Trésor créent ainsi une tentation permanente
de financer des équipements à travers des crédits de
fonctionnement. L'importance des subventions dans les interventions du FNDS
pourrait d'ailleurs favoriser cette pratique. Seul un examen exhaustif de la
destination finale des subventions de fonctionnement accordées
permettrait de garantir que tel n'est pas le cas en pratique.
En tout état de cause, il est frappant d'observer que la part des
dépenses en capital du FNDS s'est rétractée depuis 1991
passant de 20,7 % cette année là à 17,2 % dans
le projet de budget 2000.
Enfin, il importe surtout d'observer que les données mentionnées
plus haut d'où il semble ressortir une amélioration de
l'exécution financière du fonds ne permettent aucunement de poser
un diagnostic incontestable sur l'effectivité des dépenses
.
En effet, les crédits du fonds sont, pour la plus grande partie,
versés à des structures intermédiaires, via une
série de subventions, si bien que seuls des contrôles
réalisés auprès de chaque partie prenante, dont la
systématisation est exclue compte tenu du nombre des opérations
en cause, permettraient de vérifier l'utilisation réelle des
crédits.
C. UNE GESTION FINANCIÈRE À CLARIFIER
1. Une information budgétaire étique
Les
modalités d'intervention du F.N.D.S sont marquées par la
très nette prédominance de la subvention.
Il n'est dans ces conditions pas étonnant que les documents
budgétaires annexés au projet de loi de finances ne donnent
qu'une idée très imprécise de la destination effective des
crédits.
Crédits du FNDS pour 2000
(En millions de francs)
I. Investissement : |
|
Equipements de l'Etat |
60,5 |
Subventions |
115 |
Sous-total |
175,5 |
II. Fonctionnement : |
|
Sport
de haut niveau
|
227,5 |
- Subventions |
227 |
- Avances aux associations |
0,5 |
|
|
Sport
de masse
|
611 |
Subventions |
611 |
Sous-total |
838,5 |
Total |
1014 |
Source : bleu budgétaire
Le tableau qui précède est directement issu des informations
données par les documents budgétaires sur les crédits
prévus pour 2000. De données aussi agrégées on ne
peut guère tirer d'observations sinon sur la répartition des
crédits entre les opérations d'investissement (17,3 % du
total) et de fonctionnement qui, avec 82,7 % des crédits, absorbe
la très grande majorité des moyens.
Ces données confirment en outre que le moyen d'action
privilégiée du FNDS est la subvention puisque celles-ci
représentent près de 94 % des crédits.
Elles rappellent enfin la triple orientation du fonds avec une intervention
dans le domaine des équipements sportifs, l'aide apportée au
sport de masse et celle accordée au sport de haut niveau.
Une présentation un peu moins agrégée commande
d'examiner les différents chapitres identifiés dans les documents
budgétaires
. Ceux-ci comportent en effet 10 chapitres mais seuls 5
d'entre eux sont dotés en loi de finance initiale pour 2000.
En effet, les chapitres de la section de fonctionnement " Frais de
gestion ", " Restitutions de sommes indûment
perçues " et " Dépenses diverses " ne sont
pas plus dotés que les chapitres de la section d'investissement
" Études, travaux, équipements à vocation
olympique " ou " Études, travaux, équipements
liés à la Coupe du monde de football ". Cette
caractéristique, naturelle pour les dépenses devenues sans objet
comme celles abritées auparavant dans le dernier chapitre cité,
ne l'est plus s'agissant de dépenses qu'il est possible d'identifier et
de prévoir. Elle renforce s'il en était besoin, le
diagnostic
d'une entière opacité des documents budgétaires
annexés à la loi de finances
.
Leur contenu ne permet aucunement d'appréhender la
réalité des crédits du FNDS et, encore moins, bien
entendu, d'apprécier les résultats de la gestion du fonds.
Crédits demandés pour 2000 par chapitre
(En millions de francs)
I - Section d'investissement |
175,5 |
dont : |
|
Chapitre 9 : Equipements de l'Etat contribuant au développement du sport |
|
Chapitre 12 : Subventions pour la réalisation d'équipements sportifs |
|
II - Section de fonctionnement |
838,5 |
dont : |
|
Chapitre 1 : Subventions pour l'aide au sport de haut niveau |
227 |
Chapitre 2 : Avances consenties aux associations sportives pour l'aide au sport de haut niveau |
|
Chapitre 3 : Subventions de fonctionnement pour l'aide au sport de masse |
|
TOTAL I + II |
1.014 |
Il faut
donc pour espérer l'évaluer se reporter à des documents
externes présentant les conditions effectives dans lesquelles le FNDS
intervient. Les principales sources d'information usuelles sont le rapport
annuel de gestion du fonds et les réponses aux questionnaires
parlementaires qui comportent en particulier la transmission du rapport du
contrôleur financier.
L'approche développée par le rapport de gestion du FNDS consiste
à présenter successivement les subventions de fonctionnement
-part nationale et part régionale- et les dépenses
d'équipement.
Basée sur les dépenses effectives du FNDS, elle permet
d'établir (données 1998) une structure plus
développée des interventions.
Structure des dépenses du FNDS en 1998
(en millions de francs)
|
Niveau 9( * ) |
Part du total |
I.
Subventions de fonctionnement
|
791,7
|
79,8
|
Sport de haut niveau |
228,2 |
23 |
Sport de masse |
272,9 |
27,5 |
Avances aux sportifs de haut niveau |
0,6 |
0,006 |
B - Part régionale |
289,3 |
29,2 |
II. Equipements |
201,5 |
20,2 |
Coupe du Monde |
91,9 |
9,2 |
Equipements de l'Etat |
66,2 |
6,7 |
Subventions |
43,4 |
4,3 |
Total |
992,5 |
100 |
Une
des caractéristiques majeures du FNDS apparaît alors avec la
répartition de ses interventions entre plusieurs grandes enveloppes dont
la destination et la gestion obéissent à des principes
différents
.
Mais le rapport de gestion du FNDS ne comporte aucun développement
permettant d'apprécier sérieusement les objectifs poursuivis et
encore moins les résultats atteints. Il importe donc d'imposer aux
gestionnaires du FNDS de situer leur intervention dans le cadre d'un vrai
contrat d'objectifs et de moyens.
2. Une gestion des crédits fractionnée...
On
distingue quatre types d'interventions du FNDS :
1)
Les subventions de fonctionnement de la part nationale
,
destinées principalement aux fédérations sportives dans le
cadre des conventions d'objectifs conclues avec l'Etat ;
2)
Les subventions de fonctionnement de la part régionale
,
concernant les crédits dont la gestion est effectuée au niveau
régional ou départemental en application du décret
n°97-65 du 4 février 1987 ;
3)
Les subventions d'équipement
;
4)
Les dépenses diverses
.
Le FNDS finance donc trois grandes catégories d'actions : le
soutien aux fédérations sportives, par le biais des conventions
d'objectifs, le soutien au sport de masse par la part régionale et enfin
la subvention des équipements sportifs.
Chaque catégorie d'action du FNDS fait l'objet d'une gestion
administrative spécifique et autonome
, ce qui témoigne encore
une fois de la complexité de gestion des crédits.
a) Les crédits de la part nationale
Les
subventions de fonctionnement de la " part nationale du FNDS "
représentent la moitié des dépenses du fonds avec un peu
plus de 500 millions de francs dépensés en 1998.
La part nationale est imputée sur trois chapitres
budgétaires :
le chapitre 1 de subventions de fonctionnement pour le sport de haut
niveau : 228,2 millions de francs.
le chapitre 3 de subventions de fonctionnement pour le sport de masse :
272,9 millions de francs.
le chapitre 2 d'avances aux sportifs de " haut niveau " : 0,6
million de francs.
Le cadre de gestion de ces crédits est à titre principal
constitué par les conventions d'objectifs conclues entre le
ministère de la jeunesse et des sports et les fédérations
sportives (496,8 millions de francs de dépenses à partir du FNDS,
soit 98 % de la part nationale des subventions).
S'agissant des
conventions d'objectifs
, la négociation a lieu
directement entre la direction des sports et les fédérations
sportives, tant en ce qui concerne le montant des subventions que la nature des
actions subventionnées. Le montant global des conventions d'objectifs et
leur répartition est seulement soumis, pour avis et surtout information,
au conseil de gestion du FNDS.
Dans les dépenses liées aux conventions d'objectifs, il y a lieu
de noter la place particulière des
aides personnalisées
dont le montant a atteint 50,2 millions de francs en 1998. Réparties
entre 2.750 sportifs, ces aides sont incluses dans les conventions d'objectifs
mais ne transitent pas par les fédérations sportives. Elles sont
en effet gérées par le Comité national olympique et
sportif français (CNOSF) qui les verse à chaque sportif ayant la
qualité de sportif de haut niveau, selon les propositions nominatives
des fédérations.
b) Les crédits de la part régionale
Concernant la part régionale , la procédure est plus formalisée. Une note d'orientation est préparée par la direction des sports à la demande du ministre de la jeunesse et des sports, qui en fixe les grandes orientations. La note d'orientation est discutée avec le mouvement sportif représenté par le comité national olympique et sportif français (CNOSF) et les représentants des comités régionaux et départementaux (CDOS et CROS), dans une réunion avec la direction des sports. Enfin, la note est présentée au conseil de gestion du FNDS. Les commissions régionales décident de l'attribution précise des crédits. Les directions régionales de la jeunesse et des sports informent l'administration centrale du ministère, qui doit s'assurer que les instructions données dans la note d'orientation sont bien respectées.
c) Les crédits d'équipement
Un travail spécifique est réalisé sur les équipements . Le bureau chargé des équipements de la direction des sports fait une fiche par dossier. Il retient les dossiers complets et travaille en liaison avec les directions régionales et départementales de la jeunesse et des sports. Certains petits équipements sont toutefois financés sur le titre VI du budget de la jeunesse et des sports.
3. ...Dont la complexité s'est encore accrue récemment
La
procédure de gestion du FNDS est encore venue se complexifier
récemment avec la création du fonds dit " Fernand
Sastre " et l'annonce d'une gestion spécifique des recettes
résultant de la nouvelle taxe sur les droits de retransmission
télévisée.
Les sommes correspondant à l'excédent du Comité
français d'organisation, soit environ 300 millions de francs, seront
gérées par une procédure dérogatoire au sein du
FNDS. L'article 3 de la convention du 12 juillet 1999 entre l'Etat et la
Fédération française de football dispose qu'un
"
arrêté conjoint du Ministre de l'Economie, des Finances
et de l'Industrie et de la Ministre de la Jeunesse et des Sports sera pris afin
de créer un conseil de gestion spécifique du fonds Fernand
Sastre. Ce conseil sera composé de 15 membres et
présidé par le ministre chargé des sports ou son
représentant. Il comprendra, outre son président :
- six représentants de l'Etat,
- un représentant du Comité national olympique et sportif
français,
- Sept représentants de la Fédération française de
football (FFF).
Deux maires représentant les villes organisatrices de la Coupe du Monde
de Football, participent avec voix consultative aux séances du conseil
de gestion.
".
Ainsi, une nouvelle instance est créée, au sein même du
FNDS, avec une procédure spécifique d'attribution des
crédits.
Le ministère de la jeunesse et des sports indique que "
le
conseil de gestion examinera les projets présentés :
- soit par la FFF dont la première proposition concerne un plan national
de développement du football par le biais de soutiens financiers aux
clubs amateurs qui encourageront le football féminin ou qui formeront ou
recruteront des éducateurs ou techniciens ;
- soit par l'une des 10 villes sites, leurs projets feront l'objet d'un examen
prioritaire ;
- soit par d'autres fédérations sportives pour soutenir les
pratiques sportives favorisant une demande d'insertion sociale ;
- soit par les collectivités locales et associations sportives ayant
pour objet le fonctionnement des équipements de proximité ou
facilitant l'accès aux pratiques sportives ou permettant le
développement de l'emploi.
"
Ce n'est qu'au flou de ses stipulations que cette convention doit de
n'apparaître pas totalement contraire à la règle de
non-affectation des recettes au sein d'un compte d'affectation spéciale.
Outre le fonds " Fernand Sastre " qui, doté de 300 millions de
francs, sera temporaire, une gestion distincte des recettes provenant de la
taxe sur les droits de retransmission télévisée se profile.
La gestion des sommes prélevées sur les droits de
retransmission des manifestations sportives fera l'objet d'une nouvelle
procédure de gestion spécifique dans le cadre du FNDS.
Les
clubs amateurs seront appelés à proposer des projets
examinés par une commission, qui décidera du versement d'une
subvention. Cette commission devrait être composée de
représentants de l'Etat et du mouvement sportif, le ministre de la
jeunesse et sports ayant souligné que ce fonds "
sera
cogéré par l'Etat et le mouvement sportif
".
Architecture et dotations du Fonds national de
développement pour le sport en 2000 et 2001
|
Compte
d'affectation spéciale n° 902-17
|
||
Les différents fonds au sein du FNDS |
FNDS " classique " |
Fonds " Fernand Sastre " |
Fonds " de mutualisation " |
Dotation pour l'année 2000 (en millions de francs) |
|
|
|
Dotation estimée pour 2001 (en millions de francs) |
|
|
|
(*) estimations
Cette nouvelle " démultiplication " du FNDS altère
encore la cohérence et la lisibilité de l'emploi des fonds.
CHAPITRE DEUX
LA VOCATION DU FNDS :
UNE SPECIFICITE INTROUVABLE
A. UNE CONFUSION QUASI TOTALE AVEC LES CRÉDITS BUDGETAIRES
1. Un phénomène de vases communicants entre le budget et le compte spécial
a) L'objectif initial : sanctuariser les crédits en faveur du sport
La
création du fonds national pour le développement du sport
répondait à un objectif précis : donner de nouveaux
moyens au monde sportif.
Cependant, force est de constater que le FNDS aura pris une place grandissante
dans le financement du sport, dépassant depuis trois ans le tiers du
budget du ministère de la jeunesse et des sports.
Evolutions respectives du budget de la jeunesse et des sports et du FNDS
LFI |
1 993 |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
1 998 |
1999 |
2000 |
budget |
3 089 |
2 782 |
2 973 |
2 997 |
2 964 |
2 902 |
3 047 |
3 054 |
FNDS |
850 |
850 |
884 |
820 |
916 |
1 014 |
1 014 |
1 089 |
TOTAL |
3 939 |
3 632 |
3 365 |
3 817 |
3 880 |
3 916 |
4 061 |
4 143 |
FNDS/budget |
28% |
31% |
30% |
27% |
31% |
35% |
33% |
35,6% |
(en millions de francs)
Entre
1993 et 2000, le budget de la jeunesse et des sports a stagné sinon
régressé. La montée en charge du FNDS a seulement servi
à compenser cette sclérose afin d'assurer une
légère progression globale des crédits du sport.
Ainsi, il apparaît que sur sept ans, les moyens destinés
à la jeunesse et aux sports (budget +FNDS) auront progressé
seulement de 5 %, soit 0,7 % par an. Le complément
apporté par le FNDS n'a donc pas permis de trouver de nouveaux
financements. Il a simplement servi à maintenir le niveau de la
dépense publique en faveur du sport.
Le FNDS n'apparaît donc plus comme un complément aux actions
financées par le ministère de la jeunesse et des sports, mais le
coeur même du dispositif de financement public étatique du
sport.
Ces crédits sont devenus indispensables, témoignant
ainsi de la réalité de la
" débudgétisation " des crédits en faveur du
sport.
b) Le résultat : des actions autrefois financées par le budget et désormais par le compte spécial du Trésor
On a vu
que la création du FNDS n'avait pas permis d'accroître
sensiblement les crédits destinés au sport.
Il est également légitime de se demander si le FNDS a permis de
réorienter la dépense en faveur du sport, en privilégiant
le sport de masse ou le sport de haut-niveau.
En réalité, on s'aperçoit que la création du
FNDS n'a abouti qu'à un simple transfert de charges du budget vers le
FNDS.
L'exemple des conventions d'objectifs des fédérations le montre
bien :
depuis 4 ans, le FNDS finance presque intégralement les
conventions d'objectifs des fédérations, alors qu'il ne
contribuait que pour 45 % à ces conventions en 1990.
Répartition en % des financements des conventions d'objectifs
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
FNDS |
44,7 |
67,7 |
64,4 |
81,8 |
80,4 |
85,7 |
94,8 |
96,0 |
94,5 |
43-91 |
55,3 |
35,2 |
35,6 |
18,2 |
19,6 |
14,2 |
5,2 |
4,0 |
5,5 |
Source : direction des sports
D'autre
part, les conventions d'objectifs ont pris une importance grandissante dans le
FNDS, dépassant même la moitié des crédits
distribués à partir de 1993.
Depuis 1997, un reflux semble toutefois s'être amorcé, au profit
des autres actions financées par le FNDS, et notamment la part
régionale.
Part des crédits du FNDS consacrés aux conventions d'objectifs
1 989 |
1 990 |
1 991 |
1 992 |
1 993 |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
1 998 |
36,4% |
26,2% |
43,2% |
46,7% |
52,2% |
48,0% |
50,1% |
52,1% |
49,5% |
42,4% |
Source : direction des sports
2. Des actions financées pour partie sur le budget et pour partie sur le compte spécial, en fonction des disponibilités
Deux
points fondamentaux expliquent le phénomène de "saupoudrage" : le
pilotage "à l'aveugle" du soutien public au sport et l'absence de
répartition claire entre le FNDS et le budget. Il faudrait dire que le
FNDS est le "budget bis" du ministère de la jeunesse et des sports, qui
s'en sert exactement comme s'il s'agissait de ses moyens propres.
Ainsi, dans la note d'orientation de la ministre de la jeunesse et des sports
pour 1998, il est écrit : "
la première réunion de la
commission régionale doit permettre de faire le point sur les
créations d'emplois et les moyens financiers mobilisés à
cet effet, tant sur la part régionale du FNDS que sur le titre IV
".
De fait, la distinction entre le titre IV du budget du ministère et
le FNDS n'est souvent qu'une question de trésorerie
. Les conventions
d'objectifs des fédérations contiennent ainsi une mention selon
laquelle les crédits seront pris, "
en fonction des
disponibilités
", sur le titre IV du budget du ministère ou
sur le FNDS.
Nombre d'actions sont passées du FNDS au budget et inversement.
Historiquement, on observe que les crédits au sport de haut niveau
inscrits pour financer les conventions d'objectifs des
fédérations se sont déplacés du budget vers le
FNDS. En revanche d'autres actions, expérimentales, sont d'abord
financées sur le FNDS avant de l'être sur le budget (c'est le cas
du coupon sport). Enfin, des actions sont financées à la fois sur
le budget et sur le FNDS, comme la lutte contre le dopage.
Afin d'évaluer clairement les crédits consacrés
à telle ou telle action,
il est impératif d'additionner
les crédits du FNDS et ceux du budget
.
Cependant, la
présentation du FNDS n'est pas suffisamment détaillée pour
le permettre facilement.
Il est par ailleurs surprenant de constater que le déplacement de
certaines actions du FNDS vers le budget ne modifie en rien la manière
dont elles sont appréhendées par le milieu sportif. Outre que les
présidents de fédérations sportives reconnaissent qu'il
leur est impossible de distinguer ce qui provient du FNDS de ce qui provient du
budget, certaines actions comme le coupon sport sont financées sur le
budget sans que la concertation en pâtisse.
B. L'ABSENCE DE TOUTE VISION PROSPECTIVE
1. Un compte spécial qui s'apparente souvent à une simple réserve de crédits
a) Une multitude de " priorités " qui révèle l'absence de vision stratégique
Il est
frappant de constater que le FNDS sert un peu à tout. Le FNDS finance
à la fois le sport de haut-niveau, le sport de masse (les conventions
d'objectifs des fédérations et la "part régionale") et
parmi les investissements aussi bien les établissements de l'Etat que
les équipements sportifs gérés par d'autres entités.
Le FNDS se consacre donc à une multitude d'actions.
Tout en gardant une structure identique, les notes d'orientation pour la part
régionale ont évolué dans le temps, dans le sens d'une
accumulation de priorités.
•
Note d'orientation de 1995
: les crédits de la part
régionale du FNDS sont "
prioritairement mobilisés pour
les actions relevant d'une véritable politique de développement
sportif local, en accompagnement et en cohérence avec les politiques
fédérales
".
Le développement des activités physiques pour le plus grand
nombre est la première priorité. Dans ce cadre, sont
cités : l'aide aux clubs, notamment ceux du secteur rural, l'aide
à l'emploi sportif et les déplacements.
Deux actions " ponctuelles " sont financées sur le FNDS :
la fête du sport et les jeux de l'avenir.
La formation des cadres sportifs et dirigeants, la détection, le
perfectionnement et la formation des sportifs, la médecine du sport et
le contrôle médico-sportif sont les autres objectifs.
•
La note d'orientation pour 1996
est très
résolument tournée vers le soutien à l'emploi sportif.
Il est affirmé d'emblée :
"
la
priorité du gouvernement est l'emploi. Le secteur sportif se prête
bien à un effort en faveur de l'emploi et tous les crédits
budgétaires et extra-budgétaires
10(
*
)
du ministère de la jeunesse et des sports
doivent être distribués en tenant compte de cette
préoccupation ".
Le ministre de la jeunesse et des sports
affirme ainsi "
je souhaite qu'une part significative des
crédits de la part régionale pouvant atteindre 25% dès la
première année, soit consacrée à la création
d'emplois sportifs (éducateurs et agents d'animation) par le biais de la
convention " sport-emploi 50.000 ".
La note détaille les conditions de ces créations d'emplois,
notamment la nature des tâches à effectuer, la qualité des
employeurs, les modalités de l'aide financière. Hormis cet
objectif de créations d'emplois figurent la formation des dirigeants,
agents d'animation, éducateurs et employeurs qui apparaît comme
complémentaire de l'objectif principal, la détection et le
perfectionnement des sportifs et la surveillance médicale. On peut donc
remarquer que, contrairement à 1995, aucune manifestation ponctuelle ne
doit faire l'objet d'un financement spécifique sur le FNDS.
•
La note d'orientation pour 1997
reprend les objectifs de la
note de 1996 sans toutefois afficher la création d'emploi comme la seule
priorité. "
La création d'emplois est un moyen pertinent
de développement des activités des associations sportives. Aussi
fait-elle l'objet d'une des priorités des orientations de la part
régionale du régionale du FNDS qui justifie que 22 % des
crédits de cette part lui soient réservés.
"
La note ajoute des objectifs nouveaux : encourager les
bénévoles qui oeuvrent dans les petits clubs sportifs,
contribuer à alléger les charges générées
par des situations géographiques particulières en Corse et dans
les DOM-TOM... Enfin des objectifs " traditionnels " sont
répétés : la formation des dirigeants, agents
d'animation, éducateurs et entraîneurs, la détection et le
perfectionnement des sportifs, la surveillance médicale des pratiquants
sportifs
•
La note d'orientation pour 1998
fixe comme objectif
général de "
soutenir l'essor des associations sportives
afin d'affirmer la dimension économique, sociale et citoyenne du
sport
".
Parmi les actions financées, elle cite le soutien et le
développement des associations sportives, avec la notion de
" projets " ayant pour objet la création d'emplois ou
l'amélioration de la qualité de l'encadrement des pratiquants
sportifs.
Seule l'inscription des jeunes dans les associations sportives (coupon-sport)
est une action entièrement nouvelle. L'encouragement des
bénévoles qui oeuvrent dans les petits clubs sportifs et les
dispositions particulières à la Corse et aux DOM-TOM sont
reconduits. Comme traditionnellement, la formation des dirigeants, agents
d'animation, éducateurs et entraîneurs, la détection et le
perfectionnement des sportifs et la surveillance médicale des
pratiquants sportifs figurent également au nombre des actions
" subventionnables ".
Concernant la création d'emplois, l'objectif est fixé à
20 % des crédits du FNDS.
•
La note d'orientation pour 1999
reprend les grandes lignes des
préconisations de la note pour 1998. L'accent est toutefois mis, de
manière nouvelle, sur la priorité donnée aux petits clubs.
Le premier axe est le soutien au développement des associations
sportives locales décliné en plusieurs actions :
développement des activités sportives, amélioration des
pratiques sportives régulières, amélioration de l'accueil
dans les clubs, professionnalisation de l'encadrement, encouragement des
bénévoles. Le soutien aux actions menées par les
comités régionaux sportifs, les comités
départementaux sportifs et les centres médicaux sportifs
agréés est le deuxième axe. Enfin, une enveloppe
complémentaire de 5 millions de francs est réservée
à l'opération " 1,2,3, à vous de jouer ".
En conclusion, outre l'absence de critères précis pour les
crédits de fonctionnement de la part nationale et les crédits
d'équipement, il apparaît que les orientations données
à la part régionale, qui laissent, avec raison, une autonomie aux
commissions régionales et départementales, définissent
trop souvent une série de priorités plutôt que des mesures
ciblées.
b) Un fonds de " réserve " qui est souvent utilisé pour les grands événements (Albertville, Coupe du Monde...)
Les
événements sportifs exceptionnels participent assurément
pour beaucoup d'entre eux à la renommée du sport. Pour autant,
divertir des crédits destinés à financer le
développement ordinaire du sport aux fins d'en financer l'organisation
correspond à une affectation particulièrement contestable des
crédits du FNDS.
Le FNDS s'apparente souvent à un fonds de réserve, en ce qui
concerne particulièrement les crédits de la part nationale,
versés aux fédérations sportives, et dont on a vu qu'ils
s'étaient déplacés du budget vers le compte spécial
du trésor, mais la notion de " fonds de réserve " est
encore plus vraie pour le chapitre des équipements.
Le FNDS est venu combler en partie les défaillances du budget du
ministère de la jeunesse et des sports.
Ainsi en est-il, par exemple, pour les équipements sportifs.
Les crédits consacrés aux équipements sportifs (montant en autorisations de programme)
en millions de francs
ANNEES |
BUDGET |
FNDS |
TOTAL |
1989 |
48,3 |
180,3 |
228,6 |
1990 |
33,8 |
268,5 |
302,3 |
1991 |
64,8 |
24,0 |
88,8 |
1992 |
56,6 |
126,4 |
183,0 |
1993 |
82,8 |
83,3 |
166,1 |
1994 |
32,5 |
53,7 |
86,2 |
1995 |
30,8 |
56,8 |
87,5 |
1996 |
52,3 |
205,4 |
257,7 |
1997 |
20,1 |
152,0 |
172,1 |
1998 |
70,4 |
203,6 |
274,0 |
TOTAL |
492,5 |
1 353,9 |
1 846,4 |
Répartition |
26,7% |
73,3% |
100% |
Source : direction des sports
On
constate que les crédits d'équipement ont évolué de
manière erratique depuis dix ans, sans progresser sensiblement.
La part consacrée aux équipements sportifs sur le FNDS et le
budget de la jeunesse et des sports depuis 10 ans représente une moyenne
un peu inférieure à 200 millions de francs par an.
Mais, outre une volatilité certaine des crédits consacrés
aux équipements sportifs sur le FNDS,
il faut constater qu'une large
part des crédits du FNDS ont été absorbés par les
équipements olympiques ou la Coupe du Monde
(plus de la
moitié des crédits d'équipement de 1989 à 1992 et
en 1995-1996).
Répartition des crédits d'équipement du
FNDS
selon la qualité du bénéficiaire
(en millions de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Etat |
26,3 |
21,1 |
0 |
9,8 |
3,65 |
20,42 |
25,2 |
21,3 |
25,9 |
66,8 |
Coll locales |
51,6 |
55,9 |
5,9 |
49,7 |
54 |
30 |
23 |
28,1 |
45,7 |
40,75 |
équipements olympiques et coupe du monde |
100 |
186,5 |
13,4 |
60,4 |
16,9 |
0 |
0 |
151 |
78,5 |
91,9 |
associations |
2,4 |
4,8 |
4,6 |
6,4 |
8,7 |
3,3 |
8,5 |
4,9 |
1,9 |
4,1 |
total |
180,3 |
268,3 |
23,9 |
126,3 |
83,25 |
53,72 |
56,7 |
205,3 |
152 |
203,55 |
Source : direction des sports
Le
FNDS a contribué de 1987 à 1998 au financement de quatre
événements exceptionnels pour 1.320 millions de francs dont 803
millions de francs sur des chapitres d'équipement et 517 millions de
francs sur des chapitres de fonctionnement :
- les jeux olympiques d'Albertville de 1992 pour 912 millions de francs ;
- la candidature de Lille aux jeux olympiques de 2004 pour 9,5 millions de
francs ;
- les jeux méditerranéens du Languedoc-Roussillon de 1993 pour 30
millions de francs ;
- la Coupe du Monde de football de 1998 pour 368,5 millions de francs.
Ces dépenses ont représenté 14% des recettes du FNDS
sur la période.
Les dotations d'équipement aux collectivités locales, hors ces
événements exceptionnels, ont régressé sur la
période, même si l'on assiste à un rattrapage depuis 1997.
Enfin, la part des crédits consacrés aux
"
équipements de l'Etat contribuant au développement du
sport
" n'est pas négligeable. Elle s'est sensiblement accrue
en 1998.
2. Une efficacité de la dépense parfois discutable
a) La multiplication inutile d'échelons intermédiaires
Le
ministère de la jeunesse et des sports se plaint de la dispersion des
structures et des problèmes relatifs à ce que l'on pourrait
qualifier de " perte en ligne " des crédits budgétaires.
En effet, la procédure de répartition des crédits est
relativement lourde et susceptible d'entraîner des coûts excessifs.
La raison en est, concernant le mouvement sportif, la multiplication des
structures intermédiaires. Le mouvement sportif est divisé en une
multitude de fédérations, comités, ligues, clubs, qui
n'aident pas à suivre exactement l'emploi des crédits publics et
la cohérence de la politique du sport.
Il existe 24 comités régionaux olympiques et sportifs (CROS) qui
ne recoupent pas la structure administrative territoriale et un nombre
impressionnant de ligues et comités départementaux. Il est
très difficile de les inciter à se réformer.
Lors de la réunion du conseil de gestion du FNDS le 11 février
1997, la question de l'organisation du mouvement sportif avait
été évoquée. En réponse à M. Henri
SERANDOUR, président du CNOSF, M. Pierre VIAUX, directeur des sports
"
rappelle que l'administration ne peut fonctionner qu'en respectant
les découpages reconnus par la République. Un courrier sera
adressé au mouvement sportif pour demander que la compétence
territoriale des structures fédérales et des CROS soit conforme
aux structures administratives.
" Depuis lors, la
réorganisation n'a pas eu lieu.
De même, lors de cette même réunion, le ministère a
dû renoncer à limiter à 3,5 % la part des
crédits de fonctionnement affectée aux comités olympiques
et sportifs locaux, en échange d'une promesse de modération
("
à titre expérimental, le ministre convient de ne pas
faire référence à des fourchettes de pourcentage pour
limiter les aides accordées aux CROS et CDOS. "
indique le
compte-rendu de la réunion).
La multiplication des structures intermédiaires a pourtant pour effet
d'aboutir à une "perte en ligne" très importante et
évidente : selon les chiffres délivrés par le
ministère de la jeunesse et des sports, seuls 53 % des
crédits de la part régionale vont aux clubs (30.000 clubs sur
155.000 ont accès au FNDS).
L'éparpillement de la représentation du monde sportif : l'exemple de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Le
décret n° 87-65 du 4 février 1987 relatif à la
gestion de la part régionale du Fonds national pour le
développement du sport donne, dans son article 5, la composition des
commissions régionales. La commission régionale comprend de
façon paritaire des représentants de l'administration et des
représentants des associations et des groupements sportifs. Pour
l'administration, il s'agit du préfet de région ou de son
représentant et du directeur régional de la jeunesse et des
sports ou son représentant. Pour les associations et groupements
sportifs, il s'agit du président du comité régional
olympique et sportif et des représentants des disciplines sportives
(dont la moitié au moins de disciplines olympiques). Il faut noter que
les représentants des disciplines sportives sont désignés
par le comité directeur du CROS.
L'article 7 du décret de 1987 précise que "
dans les
régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, la
commission régionale comprend les directeurs régionaux de la
jeunesse et des sports et les présidents des comités
régionaux olympiques et sportifs
. "
Cette division crée des situations absurdes, notamment le refus, par
l'un des deux CROS, de traiter des dossiers pourtant déposés
à la direction régionale de la jeunesse et des sports, mais
qui ne recouvreraient pas exactement son champ d'action géographique.
Certaines ligues couvrant l'ensemble du territoire régional, il leur est
difficile de s'accommoder de cette situation.
Selon les termes du décret 85-236 modifié du 13 février
1985 (art 8.I) : "
la fédération peut constituer en
son sein, sous la forme d'associations déclarées, des organismes
départementaux ou régionaux. Sauf dérogation
accordée par le ministre chargé des sports, ces organismes
doivent avoir comme ressort territorial celui des services extérieurs du
Ministère chargé des sports
. "
Il existait en région PACA, deux directions régionales de la
jeunesse et des sports (à Marseille pour Provence-Alpes et à Nice
pour Côte d'Azur). L'existence de deux CROS était donc en
conformité avec les services du ministère de la jeunesse et des
sports. Cependant, la direction régionale de Nice a été
supprimée en 1993, sans que les conséquences en soient
tirées pour le mouvement sportif.
Cette situation conduit à la création d'une dotation
spéciale à la région PACA, pour tenir compte de
l'existence de deux CROS, sorte de " prime " au dédoublement
des structures.
b) Une répartition territoriale des crédits selon des critères multiples et parfois contradictoires
Les
critères de répartition territoriale des crédits
traduisent la volonté de ne privilégier aucun territoire au
détriment d'un autre, au prix d'une certaine complexité de la
grille de répartition, qui ne permet pas une grande transparence.
La grille de répartition des crédits de la part régionale
tient compte en effet d'une part fixe (10%), du nombre de départements
(5%), du nombre de licenciés (45%), de la population (20%) et des jeunes
de moins de 26 ans (20%). De surcroît, une réserve est
constituée pour les régions isolées (4,8%), les
régions rurales (1,2 %), et les régions disposant de deux
comités régionaux olympiques et sportifs (0,3%).
Les critères de répartition par action des crédits,
lorsqu'ils existent, aboutissent à une forte dispersion.
En 1998, selon le rapport du ministère de la jeunesse et des sports, les
crédits de la part régionale du FNDS se répartissaient
comme suit :
- initiatives de développement : 33 %
- aide à l'emploi : 21 %
- détection et formation des sportifs : 20 %
- formation des cadres sportifs et dirigeants : 17 %
- coupon sport : 4 %
- encouragement aux bénévoles : 3 %
- médecine du sport et contrôle médico-sportif : 2 %.
La part essentielle des crédits de la part régionale du FNDS
recouvre les initiatives de développement, terme vague, qui ne permet
pas d'apprécier les actions concrètes menées à ce
titre. Les autres objectifs poursuivis relèvent pour la plupart d'une
même appréciation.
c) Un saupoudrage des crédits
La
répartition des crédits de la part régionale
révèle un effet de "saupoudrage", faute de donner la
priorité à certaines collectivités ou à certains
types d'actions.
Si l'on examine plus précisément les crédits de la part
régionale, on se rend compte de leur dispersion entre les
différents organismes du sport (CROS, CDOS, ligues, comités
départementaux, clubs) mais aussi d'une grande variation des subventions
octroyées selon les régions.
•
La part départementale
permet de financer les CROS et
CDOS, les clubs et les comités départementaux.
La subvention par département aux comités olympiques et sportifs
varie très fortement, plusieurs directions départementales
versent moins de 20.000 francs, d'autres versent des sommes très
importantes, jusqu'à 350.000 francs.
La subvention
aux comités départementaux
évolue
entre 3.806 francs (Indre et Loire) et 76.000 francs
(Pyrenées-orientales).
La subvention départementale aux
clubs
varie quant à elle
plus faiblement, de 1.576 francs (Meuse) à 8.227 francs
(Maine-et-Loire) à l'exception de l'Indre et Loire où la
subvention est nettement plus élevée (20.500 francs). Mais ces
chiffres moyens dissimulent d'importants écarts de situations
individuelles.
•
La part
régionale
est attribuée
essentiellement aux CROS et aux ligues.
Le montant de la subvention est très variable pour les comités
olympiques et sportifs (de 23.027 francs en Alsace à 750.584 francs en
Ile-de-France). Les ligues perçoivent de 21.601 francs en Limousin
à 88.037 francs en Ile-de-France.
Au total, un comité olympique (CROS et CDOS confondus) touche en
moyenne 145.000 francs, une ligue 46.000 francs, un comité
départemental 16.000 francs et un club 5.000 francs.
11(
*
)
Le ministère de la jeunesse et des sports affirme qu'il existe bien une
répartition des compétences entre CROS, ligue, CDOS,
comité départemental et club. Cependant, force est de constater
que de nombreuses actions se superposent : ainsi le CDOS et le
comité départemental sont tous deux compétents pour les
actions de formation, l'acquisition de matériel, les actions de
promotion...La très grande variété des subventions
octroyées aux différents organismes témoigne d'une absence
de répartition des compétences.
C. UN CONTRÔLE DES CREDITS INSUFFISANT
1. Une absence totale de transparence sur les critères de répartition des crédits
a) Seule la part régionale du FNDS fait l'objet d'instructions précises
Seule la répartition de la part régionale donne lieu à l'élaboration de critères pour accorder les subventions : il s'agit des notes d'orientation, qui ont valeur d'instruction ministérielle - v. infra. Les autres dépenses du FNDS, c'est-à-dire le financement des conventions d'objectifs et des équipements, ne font l'objet d'aucun " cahier des charges " qui permettrait de déterminer les priorités du ministère de la jeunesse et des sports.
b) Les " conventions d`objectifs " sont des coquilles vides
Les
subventions versées aux fédérations dans le cadre des
conventions d'objectifs sont passées de 343 millions de francs en 1989
à 482 millions de francs en 1998, soit une augmentation de
40 %. Cependant, l'augmentation, très forte de 1989 à 1995,
s'est ralentie ensuite avant une reprise en 1997.
Alors qu'il devrait être essentiellement fait pour cela,
le conseil
national du FNDS ne donne pas d'information sur les conventions d'objectifs, si
ce n'est leur montant global
, alors que cette somme représente
près de la moitié des crédits du FNDS. Lors de la
réunion du conseil de gestion du 11 février 1999, il a
été indiqué de manière laconique :
"
490 millions de francs seront consacrés aux conventions
d'objectifs. Un rééquilibrage (+ 10 % environ) sera
opéré au profit des fédérations affinitaires et
multisports
. "
Comme le souligne le rapport d'activité de l'inspection
générale de la jeunesse et des sports pour 1997-1998,
" d'une manière générale, les documents qui
servent de base à la négociation de conventions d'objectifs,
annuels pour la direction des sports, pluriannuels pour la direction de la
jeunesse et de la vie associative
sont lourds, souvent imprécis quant
aux objectifs visés, silencieux quant aux critères
d'évaluation et indicateurs d'atteinte des objectifs.
"
La nature des opérations financées par le biais des
conventions d'objectifs n'est, en effet, pas précisément
définie.
Le ministère de la jeunesse et des sports indique
que : "
les subventions sont destinées au cofinancement des
actions de développement des activités sportives, que ce soit
dans le domaine du sport de haut niveau ou dans celui du sport de masse et de
la promotion du sport pour tous
". Ainsi, il semble que toute
opération à vocation sportive, d'une manière large, peut
être subventionnée. Aucun critère n'est retenu.
Une restriction est toutefois apportée : "
les aides
publiques ne sauraient servir à assurer le fonctionnement courant des
structures associatives
", ce fonctionnement devant être couvert
par les ressources propres des fédérations.
Cependant, le ministère reconnaît lui-même que le ratio
subventions/budget est très variable d'une fédération
à une autre, ce qui tend à démontrer que de nombreuses
fédérations ne pourraient assurer leur fonctionnement courant si
les dotations budgétaires ne leur étaient pas allouées.
Les conventions d'objectifs
L'analyse des besoins exprimés par chaque
fédération se fait par l'étude d'un dossier type de
demande de subvention faisant ressortir les objectifs prioritaires de la
fédération et les actions qu'elle envisage de réaliser
pour les atteindre.
Selon les rapports de gestion du ministère, les négociations
prennent en compte :
- la réalisation de la convention d'objectifs de l'année
passée ;
- l'appréciation de l'évolution de la situation financière
de la fédération ;
- la mise en place et le suivi des filières du haut-niveau ;
- la stratégie de développement des activités
fédérales ;
- la stratégie de formation des cadres fédéraux ;
- la capacité à créer des emplois.
En réalité, il apparaît que ces critères sont
largement formels.
c) Les aides personnelles aux sportifs sont versées sans contrôle
Les
aides personnelles aux sportifs
représentaient en 1998,
5,9 millions de francs pour les fédérations non olympiques
(dont 1,1 million pour une seule fédération) et 44,3 millions de
francs pour les fédérations olympiques (dont 5,4 millions de
francs pour une seule fédération).
Ces aides ne font en réalité l'objet d'aucun contrôle quant
à leur répartition. Ainsi, la convention d'objectifs
précise : "
les aides personnalisés aux sportifs,
qui s'entendent toutes charges comprises, seront versées au
comité national olympique et sportif français qui est
chargé d'en assurer la répartition, conformément aux
indications de la fédération
. "
Les critères d'attribution des aides sont relativement flous. En effet,
les aides personnalisées peuvent correspondre à quatre objectifs
très différents : un manque à gagner, une prime
à la performance, une aide sociale et des remboursements de frais. Les
critères d'attribution des aides relèvent de l'instruction
n°95-012 JS du 16 janvier 1995.
Seul le montant global des aides personnalisées figure dans la
convention d'objectifs de chaque fédération. Le comité
national olympique et sportif français se charge du versement aux
sportifs de haut-niveau, sur demande des directeurs techniques nationaux, en
fonction des politiques sportives de chaque fédération. L'octroi
de ces crédits et leur contrôle échappe donc au
ministère de la jeunesse et des sports. Il apparaît que 2.750
sportifs de haut niveau sur un total d'environ 6.000 ont
bénéficié en 1998 des quelques 50 millions de francs
d'aide, soit une aide moyenne de 18.000 francs.
Les aides aux sportifs ne sont donc pas élevées, les statistiques
montrant d'ailleurs que l'aide maximale ne dépasse pas 200.000 francs.
En revanche, la catégorie " frais " montre des aides parfois
plus substantielles (877.665 francs pour une fédération).
Au total, les sommes en jeu ne sont pas très élevées
d'un point de vue individuel, mais on peut regretter que les consignes pour
leur distribution soient inexistantes.
d) Les subventions d'équipement sont accordées sans critères de sélection
Aucun
critère objectif n'est retenu pour la sélection des projets
d'équipements sur le FNDS.
Les fédérations doivent établir une liste de leurs
priorités en matière d'équipements sportifs. Mais cette
liste est rarement respectée. De surcroît, nombre de subventions
sont accordées à des équipements sans que les
fédérations aient été consultées : ces
équipements sont directement inscrits dans le tableau établi pour
le conseil de gestion du FNDS.
Lors de la réunion du conseil de gestion du FNDS du 7 juillet 1998
(section sport de masse), la question des équipements sportifs a
été évoquée et l'absence de prise en compte du
choix des fédérations a été explicitement reconnue,
même si elle a été mise sur le compte des
collectivités locales, qui ne sont pourtant pas responsables de la
gestion du FNDS : "
Pour Madame la Ministre, il convient
d'insister auprès des élus locaux pour que les projets
présentés au conseil à l'avenir le soient en relation et
en accord avec les fédérations concernées afin
d'éviter le désintérêt de l'un des partenaires pour
le suivi du dossier
" note le compte-rendu.
Mais c'est au cours de la réunion du conseil de gestion du 11
février 1999, que le sujet a pris une tournure plus polémique.
Le représentant du ministère de la jeunesse et des sports a alors
indiqué que les dossiers d'équipements retenus
s'inscrivaient autour de trois axes :
- la réhabilitation du patrimoine sportif ;
- les priorités fédérales ;
- les équipements dans les DOM-TOM.
Cependant, tenant compte du caractère relativement vague de cette
annonce, il a ajouté que des efforts seraient réalisés
prochainement afin d'introduire plus de transparence : "
un groupe
de travail a été constitué pour établir un
référentiel de critères qui constituera un cadre non
rigide pour les choix des interventions et qui sera transmis à tous les
maîtres d'ouvrage
".
L'absence de prise en compte des souhaits des fédérations a
été justifiée par le ministère de la jeunesse et
des sports de la manière suivante : "
les priorités
fédérales concernent très souvent des dossiers qui ne sont
pas finalisés par les collectivités compétentes et qui ne
peuvent donc être retenus
". Un représentant sportif a
regretté que la concertation sur la programmation des équipements
se soit effectuée tardivement.
Il faut enfin s'inquiéter des conditions dans lesquelles l'Etat est
conduit à valoriser ses interventions. Il est tout à fait anormal
que l'aide apportée par l'Etat à la réalisation
d'équipements sportifs ne s'accompagne pas d'une réflexion
systématique sur l'association de l'Etat à l'exploitation des
équipements ainsi créés ou rénovés.
2. Les défaillances des fédérations sportives
a) Des défaillances de plus en plus graves
Le
rapport de l'inspection générale de la jeunesse et des sports
pour 1997-1998 note une aggravation de la situation des
fédérations sportives.
"
Alors que jusqu'en 1995, l'intervention de l'inspection
générale s'effectuait le plus souvent sous forme de sondage assez
neutre, on observe que
le suivi des fédérations
contrôlées est de plus en plus fréquemment motivé
par la présomption, quand ce n'est pas des assurances de carences plus
ou moins graves.
Seize inspections dans le secteur associatif ont eu lieu en 1997 et au cours du
1er semestre 1998. Elles ont toutes porté sur des
fédérations sportives et des associations de jeunesse et
d'éducation populaire, qui, pour le moins, connaissent une situation
financière particulièrement grave ou sont confrontées
à des divisions internes, dommageables à la poursuite de la
mission de service public qui leur avait été confiée par
l'Etat.
"
L'aggravation de la situation des fédérations sportives s'est
traduite, ces dernières années, par la mise en oeuvre de
plusieurs plans de redressement (fédération française des
sports de glace, fédération française de karaté) et
par le retrait de l'agrément ministériel dans les cas les plus
graves.
b) Une situation parfois impulsée par l'Etat
Le
rapport de l'inspection générale note que, à quelques
exceptions près, les fédérations sportives en
difficulté sont "
des conglomérats d'activités
multiformes
".
De surcroît, "
dans la quasi totalité des cas, cette
situation a été impulsée par l'Etat qui a contraint les
structures à s'associer ou à demeurer associées, souvent
de manière très artificielle
".
Le rapport cite au nombre des fédérations en difficulté,
la fédération française d'équitation, la
fédération de motonautisme, la fédération
d'haltérophilie, musculation et disciplines associées et la
fédération de Tir.
Il est clair que lorsque l'Etat n'a pas un rôle d'impulsion, il peut
jouer un rôle dans le maintien en difficulté de certaines
structures. L'opacité entourant le contrôle des
fédérations sportives ne permet pas des réactions rapides,
ce qui a pour effet de prolonger les difficultés de certaines
fédérations.
c) La nature des défaillances
Le
rapport de l'inspection de la jeunesse et des sports cite des problèmes
généraux récurrents :
" -
un manque de transparence et de rigueur
dans la gestion
financière de structures associatives qui bénéficient
d'aides importantes de l'Etat.
-
une insuffisante démocratie interne
, particulièrement
flagrante dans le secteur sportif, avec, dans la plupart des cas, la
confiscation des responsabilités par un petit groupe de personnes qui
précisément s'opposent à toute transparence et à
tout contrôle interne dans le but de s'emparer du pouvoir et de le
conserver à tout prix. "
Ces recommandations sont de nature à s'interroger sur
l'efficacité des contrôles effectués sur les
fédérations sportives et sur la réalité des
sanctions.
3. Des contrôles peu opérants
Le
contrôle de la réalisation des conventions d'objectifs
apparaît effectivement sommaire.
Le ministère de la jeunesse et des sports indique que "
le
contrôle du respect des engagements pris par les
fédérations dans les conventions d'objectifs s'effectue
systématiquement lors de la négociation de la convention
suivante. Chaque fédération est en effet tenue de
présenter un compte rendu de ses activités et un bilan
chiffré des actions prévues dans la convention d'objectifs. Ces
documents sont analysés par les services de la direction des sports
(...)
".
Il apparaît donc que la direction des sports se repose sur les
informations données par la fédération elle-même, au
moment du renouvellement de la convention. La direction des sports fait, en
complément, une analyse financière du bilan, du compte de
résultat et de l'évolution globale des finances
fédérales.
• Si l'on prend la note rédigée sur
la
fédération française d'athlétisme
(exercice
1997/1998),
on s'aperçoit que la fiche d'analyse de la direction des
sports a été réalisée avant que celle-ci ait en sa
possession les comptes certifiés par un commissaire aux comptes et alors
que la présentation comptable laisse à désirer
("
cette fédération doit adopter un mode de
présentation comptable fixe, qui ne varie pas d'un exercice sur
l'autre
").
La fiche conclut que "
la situation financière de la FFA se
dégrade sur l'exercice en raison du mauvais résultat et de la
contraction de nouveaux emprunts
". Pourtant, aucune
conséquence n'en est tirée concernant la subvention à
verser, seule l'obtention du rapport du commissaire aux comptes est
posée comme condition au versement de la subvention.
Concernant l'activité même de la fédération, la
direction des sports note d'importants écarts globaux entre le
coût des manifestations prévues pour le haut niveau et leur
réalisation (25,2 millions de francs de coût total était
annoncé, en réalité, il aura atteint 34,9 millions de
francs). Cependant, aucune explication n'est donnée à ces
écarts.
Au contraire, la fiche détaille les performances des athlètes en
vue dans toutes les disciplines de l'athlétisme, de manière
très informelle, et sans qu'il en soit tiré des
conséquences sur l'aide de l'Etat à la fédération.
Aucun bilan n'est non plus tiré de la précédente
convention d'objectifs, et les projets pour l'année à venir sont
énumérés sommairement. Quelques propositions sont
considérées comme " non justifiées ", alors
que d'autres actions sont prises en charge sans grande précision.
D'une manière générale, il apparaît que
l'arbitrage porte plutôt sur l'enveloppe globale attribuée
à la fédération que la recherche de l'efficience de la
dépense publique.
La subvention allouée à chaque fédération ne tient
pourtant pas compte directement de son activité. Une feuille
récapitule l'évolution des licences, des clubs, des produits...
Mais on s'aperçoit que la subvention du ministère de la jeunesse
et des sports évolue faiblement sur cinq ans, en hausse ou en baisse en
fonction des crédits disponibles, alors que la situation de la
fédération évolue sensiblement, avec une forte hausse du
nombre de licenciés (+10 %) et des produits (+ 50 %).
• Concernant
la fédération française de
football
, la situation est toute autre. La fédération se
trouve en excellente santé financière. On peut remarquer, entre
1992 et 1997, une diminution des subventions du ministère (de 28
à 24 millions de francs). Cependant, dans le même temps, les
produits ont littéralement " explosé ", avec un
doublement en cinq ans, passant de 220 millions de francs à 400 millions
de francs. Dans ces conditions, l'aide de l'Etat doit être
précisément dédiée aux missions
d'intérêt général que l'on souhaite promouvoir.
Or , il apparaît que le ministère a tendance à se
ranger aux demandes des fédérations plutôt qu'à se
faire sa propre doctrine. Ainsi, il est écrit : "
tant la
direction technique nationale que la direction générale de la
fédération ont insisté sur l'importance qu'ils accordaient
au financement de la filière de haut-niveau par le ministère de
la jeunesse et des sports. Contrairement à ce qui pouvait être
envisagé initialement, un effort important est donc maintenu sur cette
action
. " Cette attitude à l'égard des demandes des
fédérations n'est rendue possible que par l'absence de
critères pour la répartition des subventions.
• La situation de la
fédération française de
ski
apparaît très préoccupante. La direction des sports
note que "
malgré un nouvel exercice bénéficiaire,
la situation financière de la fédération française
de ski demeure particulièrement inquiétante
". Il est
même ajouté : "
la lecture des comptes au 30
avril 1998 n'est guère rassurante, l'état de cessation de
paiement est atteint, si la fédération devait cesser son
activité, elle serait dans l'incapacité de régler ses
dettes
". "
La mise en oeuvre d'un plan d'urgence est une
nécessité
".
Malgré tous ces signes d'alerte, la subvention à la
fédération continue à être versée, dans des
montants comparables aux années précédentes.
En conclusion, de nombreuses fédérations sportives connaissent
des problèmes de gestion. Dès lors, le ministère de la
jeunesse et des sports, chargé de verser une subvention à ces
fédérations, devrait être en mesure d'intervenir pour
régulariser les situations défectueuses. Il apparaît
toutefois que ce n'est pas systématiquement le cas.
Sans doute, il y a deux ans, le ministre de la jeunesse et des sports avait-il
décidé de ne plus verser la subvention à la
fédération française des sports de glace et un plan de
redressement sur 10 ans avait été mis en place. Concernant la
fédération française d'haltérophilie, à
partir du moment où le ministère n'a pu obtenir de comptes "
crédibles ", il a de même arrêté de verser la
subvention et a décidé de retirer l'agrément à
cette fédération. Aujourd'hui, un processus très difficile
de restructuration de la fédération à partir des clubs est
mis en oeuvre, avec l'aide du comité national olympique et sportif
français.
Mais, ce qui peut être mis en oeuvre pour une petite
fédération (haltérophilie) semble déjà plus
délicat à entreprendre pour une fédération plus
importante (ex : la fédération française des sports
de glace comprend 7 disciplines) et semble très difficile pour les
grandes fédérations (ex : l'équitation qui
comprend 400.000 licenciés ou le ski, deux fédérations
dont le fonctionnement interne n'est pas satisfaisant).
CHAPITRE TROIS
UNE REFORME INDISPENSABLE : DEFINIR LES PRIORITES
DU FNDS ET CONTROLER L'UTILISATION
DES CREDITS
A. CLARIFIER LE CADRE D'INTERVENTION DE L'ETAT
1. Identifier les besoins du sport
Il est
nécessaire de
procéder à une évaluation des
besoins du monde sportif
, en recensant les pratiques mais également
l'ensemble des équipements sportifs, et les différents financeurs
du sport. Sur cette base, une programmation pluriannuelle pourrait être
mise en place, notamment en matière d'équipements, avec les
fédérations et les collectivités locales.
A ce sujet,
il faut noter que, sur l'initiative du Sénat, les
schémas de services collectifs du sport ont été
créés par l'article 24 de la loi n°95-533 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire du 25
juin 1999.
Cet article insère un article 31-1 dans la loi n°95-115 du 4
février 1995 d'orientation pour l'aménagement du territoire.
"
Le schéma de services collectifs du sport définit les
objectifs de l'Etat pour développer l'accès aux services, aux
équipements, aux espaces, sites et itinéraires relatifs aux
pratiques sportives sur l'ensemble du territoire national, en cohérence
avec le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux, et
favoriser l'intégration sociale des citoyens
".
Le ministère de la jeunesse et des sports a précisé la
manière dont il allait appliquer ces dispositions.
Les niveaux territoriaux d'analyse sont au nombre de trois : le
territoire des services de proximité, le territoire régional, et
le territoire national.
Trois domaines sont étudiés : la récréation
sportive, la formation sportive et la recherche de la performance sportive.
Six caractéristiques seront prises en compte dans l'offre de services
sportifs : diversité, équilibre, quantité,
qualité, accessibilité et viabilité.
Enfin, trois phases sont prévues par le ministère de la
jeunesse et des sports pour l'élaboration des schémas collectifs
du sport :
- 1ère phase : élaboration et évaluation d'un
document de cadrage national fixant les enjeux, les objectifs, les
priorités de l'Etat pour les 20 années à venir.
- 2ème phase : rédaction d'un guide destiné à
aider la réflexion dans chaque région, à partir du cadrage
national.
- 3ème phase : consultation entre services de l'Etat, et avec tous
les partenaires, afin d'établir le schéma de services collectifs
du sport au niveau national et régional pour la durée du futur
contrat de plan.
Une réflexion s'est donc amorcée.
Les directions régionales ont été invitées à
établir un premier diagnostic, en donnant des informations tant sur la
demande de sport (présentation des espaces physiques de la
région, découpage administratif, recensement, nombre de
pratiquants sportifs...) que sur l'offre (carte des espaces à vocation
sportive, carte des équipements sportifs et de loisirs, nombre
d'associations, lieux de formation, ...).
Ainsi, un document de travail du ministère de la jeunesse et des sports
indique : "
l'accueil des événements de dimension
internationale pour lesquels la réalisation d'équipements
à fort pouvoir d'attraction est indispensable, nécessite une
planification dans le cadre d'un schéma national des grands
équipements sportifs qui devra être défini en concertation
avec les fédérations concernées et les
collectivités locales. Ces équipements seront éligibles au
titre des contrats de plan et des aides du FNDS
".
Par ailleurs, il apparaît que la France dispose d'un patrimoine
d'équipements sportifs important mais vieillissant pour lequel des
travaux sont à prévoir pour leur mise en sécurité,
leur adaptation aux nouvelles demandes sociales et aux contraintes modernes de
gestion. Un partenariat serait en voie de constitution (association
d'élus, caisse des dépôts et consignations, services de la
jeunesse et des sports) pour faire un état des lieux par région
et par département.
Le ministère de la jeunesse et des sports souhaite dresser la carte la
plus complète possible des équipements et services sportifs. Une
opération expérimentale de recensement des équipements
sportifs a été lancée dans quatre régions
" tests ", dont la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Le recensement des équipements sportifs et des besoins de
réhabilitation est une priorité. Il faut toutefois rappeler que
les crédits consacrés aux équipements sportifs, qu'ils
appartiennent à l'Etat ou aux collectivités locales, sont de
l'ordre de 200 millions de francs par an, sur le FNDS et le budget.
La modestie de ces sommes au regard des besoins ne permet pas d'envisager un
programme important de remise aux normes et de rénovation des
équipements sportifs
12(
*
)
. Il
apparaît donc d'autant plus nécessaire d'établir des
critères précis et rendus publics pour la rénovation des
équipements, afin d'établir une sélection rationnelle et
acceptée par tous.
Mais la définition de critères de subventions ne se limite pas
aux équipements sportifs. Comme nous l'avons vu, seule la part
régionale du FNDS fait l'objet d'une note d'orientation. Les conventions
d'objectifs des fédérations n'obéissent à aucune
grille d'analyse.
Il est donc nécessaire de mettre en place des indicateurs qui permettent
d'évaluer, par exemple, le nombre d'adhérents à la
fédération, de licenciés, la répartition par
tranche d'âge, effectif de l'encadrement, apports propres, ressources
provenant du partenariat, endettement, dépendance financière.
D'une manière générale, l'évaluation des besoins du
sport passe par une réforme des documents qui servent à la
négociation contractuelle entre l'Etat et le mouvement sportif de
manière à apprécier la pertinence de la demande au regard
des objectifs que l'Etat s'est assignés, et clarifier, de ce fait, la
destination des subventions.
2. Etablir une répartition claire des compétences et des financements
a) Clarifier la répartition des financements entre le mouvement sportif, l'Etat et les collectivités locales
Actuellement, il n'existe aucune définition claire
des
compétences respectives de l'Etat, du mouvement sportif et des
collectivités locales s'agissant du financement du sport.
Alors que les collectivités locales apportent un important soutien
financier aux clubs sportifs, le FNDS distribue des subventions sans qu'aucun
bilan de l'action des collectivités locales ne soit fait.
Il est pourtant difficile de mesurer la pertinence des subventions, en
l'absence de connaissance précise de la politique menée par les
collectivités locales.
Il faut rappeler que le financement du sport est d'abord assuré par les
communes, mais les lois de décentralisation n'ont pas clairement
précisé les responsabilités de chacune des
collectivités en matière d'activités physiques et
sportives.
La méconnaissance des différents circuits de
financement peut amener l'Etat à subventionner des opérations
qui, par ailleurs, font l'objet d'autres aides, notamment des
collectivités territoriales.
Concernant certaines manifestations sportives, il semble que malgré les
crédits qui leur sont délégués pour le sport de
masse par le biais des conventions d'objectifs, les fédérations
demandent souvent des subventions complémentaires du FNDS au niveau
local, sans qu'il soit toujours possible pour le ministère de la
jeunesse et des sports d'assurer une coordination entre ces demandes.
Dans le même temps, les partenaires privés prennent une place
grandissante au financement du sport en France, sans que l'Etat en tire les
conséquences sur l'octroi de ses subventions.
b) Rebudgétiser les actions qui incombent directement à l'Etat,
Tout ce
qui relève de la politique sportive de l'Etat devrait figurer au budget
du ministère de la jeunesse et des sports, et notamment les
crédits d'équipement des services de l'Etat (CREPS).
• Il apparaît que, depuis quelques années, ces
crédits pour les
investissements de l'Etat
ont été
imputés sur le FNDS, avec l'accord du mouvement sportif, pour 20
à 25 millions de francs par an (mais 66 millions de francs en 1998). Le
financement des équipements de l'Etat par le FNDS s'explique
entièrement par la faiblesse des dotations du titre V du budget de la
jeunesse et des sports. Il n'est pas admissible que le FNDS, outil de
développement du sport, soit ainsi mis à contribution pour
pallier les défaillances du budget de l'Etat.
• Concernant
l'emploi sportif
, qui représente plus de 20%
des crédits de la part régionale du FNDS, il faut remarquer que
la pérennisation des emplois nécessiterait de recourir
directement aux crédits du budget du ministère de la jeunesse et
des sports et non à un compte spécial, dont les recettes sont
fluctuantes. Toutefois, l'importance de ces crédits au niveau local peut
plaider en faveur du maintien de ces dotations en faveur de l'emploi sportif
sur la part régionale du FNDS.
• On peut enfin considérer que
la politique du haut-niveau
nécessiterait d'être progressivement réintroduite sur les
crédits du ministère.
Ce sujet est délicat, puisque le FNDS a eu pour origine un fonds
destiné au financement du sport de haut-niveau. Cependant, force est de
constater aujourd'hui que les crédits du FNDS financent presque
entièrement les conventions d'objectifs des fédérations et
ne peuvent être vus comme un complément au budget de l'Etat, mais
comme une substitution aux crédits du ministère. La
définition claire d'une vocation au FNDS justifierait pleinement une
forme de " mono-affectation " du FNDS, qui pourrait être
l'instrument au service du sport de masse.
B. AMELIORER LE FONCTIONNEMENT DEMOCRATIQUE DU FNDS
1. Renforcer la concertation
a) Le rôle prédominent de l'administration centrale ou la fiction de la cogestion
Le FNDS
est souvent présenté comme un instrument de
" cogestion " entre le ministère de la jeunesse et des sports
et le mouvement sportif.
En réalité, le ministre de la Jeunesse et des sports est le
seul ordonnateur des dépenses de la part nationale du FNDS et les
crédits de la part régionale sont engagés et
ordonnancés par les préfets conformément aux orientations
générales fixées par le ministre.
Cependant, l'existence d'un conseil du FNDS (organisme national) et de
commissions régionales du FNDS, dans lesquels le mouvement sportif est
représenté de façon paritaire, proposant respectivement au
ministre de la jeunesse et des sports et aux préfets des règles
d'attribution des aides à accorder sur ce fonds, est à l'origine
du terme de " cogestion ".
Le conseil du FNDS, composé paritairement de représentants de
l'Etat et du mouvement sportif désignés par le conseil
d'administration du CNOSF, a été créé le 13 mars
1979. Le conseil
propose
au ministre de la jeunesse et des sports les
règles d'attribution des aides à accorder et suit
l'évolution financière du fonds. Les commissions
régionales donnent leurs avis au Préfet de région sur la
répartition des aides accordées pour les organismes et actions
d'intérêt régional (ligues régionales par exemple)
et au préfet de département pour les organismes et actions
d'intérêt local ou départemental (comité
départementaux et associations sportives).
De plus, les orientations du FNDS sont discutées entre le mouvement
sportif et le ministère, mais il faut remarquer que la discussion se
déroule en amont du Conseil du FNDS, qui peut être assimilé
à une "chambre d'enregistrement".
De nombreux aspects du "partenariat" sont peu transparents. Ainsi en est-il
de la question des équipements sportifs ou des modalités de
négociation des conventions d'objectifs. Pour ces dernières,
comme nous l'avons vu, aucun critère objectif, aucune grille d'analyse,
n'est retenu. Il semble que le montant de la subvention varie en fonction de
l'influence de la fédération sportive auprès du
ministère de la jeunesse et des sports.
Le processus de partenariat présente l'intérêt d'associer
le mouvement sportif à la répartition des subventions. Il ne faut
toutefois pas en exagérer l'importance, dans la mesure où la
décision finale appartient bien au ministère de la jeunesse et
des sports, qui est l'ordonnateur de la dépense, comme pour les
crédits inscrits directement sur le budget du ministère.
De plus,
on peut s'apercevoir que le partenariat existe en dehors des
actions financées sur le FNDS
, notamment pour les conventions
d'objectifs (dont une partie des crédits figure sur le titre IV du
budget de la jeunesse et des sports) et pour certaines actions en faveur des
associations sportives locales. Le fait que certains crédits soient
inscrits sur le budget et non sur le FNDS ne dispense pas le ministère
d'une concertation avec le monde sportif.
En conclusion, on rappellera que l'une des particularités essentielles
du FNDS à laquelle une grande partie des organisations sportives marque
un attachement indéfectible réside dans l'association de ces
organismes à la gestion des interventions du fonds.
Dans la pratique, cette association, parfois dénommée à
tort " cogestion " et plus correctement intitulée
" partenariat ", n'a cependant pas tous les mérites que
certains lui prêtent. Certaines interventions du FNDS y échappent
presque totalement, tandis que les caractéristiques de l'organisation du
sport en France, et en particulier de son financement, commandent d'en
réformer la pratique.
En outre, alors même que le partenariat devrait favoriser à
côté d'un dialogue de qualité entre l'Etat et le mouvement
sportif, une réelle solidarité au sein de celui-ci, celle-ci
reste en débat.
Le partenariat avec le monde sportif repose sur des mécanismes de
consultation et l'intervention de diverses instances à différents
stades. Il apparaît donc largement perfectible et doit être ouvert
à d'autres intervenants.
b) Rénover les instances du partenariat
Les instances de concertation sont, au niveau national, le Conseil du FNDS et, au niveau local, les commissions régionales du FNDS
(1) Le Conseil du FNDS
Le
Conseil du FNDS comporte deux sections, l'une du sport de haut niveau, l'autre
du sport de masse. Chacune des sections est composée paritairement de
représentants des pouvoirs publics et du mouvement sportif ceux-ci
étant élus par le Conseil d'administration du Comité
national olympique et sportif français (CNOSF).
La scission du Conseil du FNDS en deux sections qui obéit à une
certaine logique était susceptible de comporter un inconvénient
pratique important si elle devait aboutir à des recommandations
contradictoires sur les règles d'attribution des aides du FNDS. En
outre, elle pouvait être un obstacle à la mise au point et une
proposition unifiée de répartition entre la part régionale
et la part nationale des subventions de fonctionnement qui est un
préalable déterminant du point de vue de l'orientation des
dépenses du FNDS.
L'on peut dans ces conditions comprendre qu'en pratique les deux sections
siègent désormais simultanément. Cette solution, dont la
conformité avec les textes instituant le Conseil est assez douteuse,
n'en a pas moins pour effet de conférer au Conseil une dimension qui
n'est peut-être pas entièrement propice à l'expression des
opinions et d'atténuer sans doute l'acuité d'examen des
problèmes, différents par nature, posés par le sport de
masse et le sport de haut niveau.
Il est évidemment difficile d'apprécier sur des bases objectives
la qualité de la concertation réalisée au sein du Conseil
du FNDS qui l'amène à être à la fois une instance de
proposition et de contrôle. Mais, la logique même du fonctionnement
du Conseil présente quelques ambiguïtés.
Il est d'abord notable que, compte tenu de ses attributions - ses propositions
ne lient aucunement le ministre -, le paritarisme ne s'y impose pas. Il n'est
d'ailleurs en pratique pas respecté, les représentants de
l'administration s'abstenant, semble-t-il, pour certains d'entre eux de
participer au Conseil.
Ce qui importe, c'est bien d'établir un dialogue efficace. De ce point
de vue, la parité importe moins que la représentativité
des intervenants et la formalisation des propositions et des contrôles.
A cet égard, il y a probablement lieu d'ouvrir le Conseil à de
nouveaux participants non que les membres actuels du Conseil ne soient pas
représentatifs mais afin d'associer à ses travaux des acteurs
susceptibles de leur apporter un supplément de substance.
L'ouverture du Conseil à des acteurs qui y sont actuellement
extérieurs doit d'abord permettre d'y associer les partenaires
importants du sport que sont les collectivités locales.
Leur participation au financement du sport est en effet essentielle comme le
rappelle le tableau ci-dessous.
Sources de financement du sport en France
(en milliards de francs)
Puissance publique |
38,09 |
(44 %) |
Dont : |
|
|
Communes |
22 |
(25 %) |
Etat |
13,04 |
(15 %) |
Conseils généraux et régionaux |
3,05 |
(3,5 %) |
Secteur privé |
6,25 |
(7 %) |
Dont : |
|
|
Entreprises |
5 |
(6 %) |
Médias |
1,25 |
(1 %) |
Ménages |
42,96 |
(49 %) |
Dont : |
|
|
Services |
19,8 |
(23 %) |
Biens |
23,16 |
(27 %) |
TOTAL |
87,3 |
(100 %) |
Source : ministère de la jeunesse et des
sports
Selon l'association des maires de France
13(
*
)
,
les communes, propriétaires de 90 % des équipements sportifs en
France, consacrent près de 20 % de leur budget à l'investissement
et s'interrogent sur l'évolution non maîtrisée de ces
postes de dépenses. La part des dépenses communales de
fonctionnement dédiées au sport serait de 17 milliards de francs
par an, les subventions de 4 milliards de francs et l'investissement de 6
milliards de francs.
Les collectivités territoriales revendiquent une plus grande
considération de leur apport au développement sportif
.
"
Les maires souhaitent être associés, aux
côtés du mouvement sportif et de l'Etat à tous les
débats qui concernent la pratique sportive. Ils revendiquent une
clarification des compétences, une plus grande transparence en
matière de financement ainsi qu'une meilleure maîtrise de
l'évolution des normes et des règles en tant que " premiers
propriétaires " d'équipements sportifs en
France
"
14(
*
)
.
Il est en effet souhaitable d'associer les collectivités territoriales
aux instances de partenariat.
Une ouverture du Conseil à des " personnes
qualifiées " devrait en outre aboutir à le doter de
représentants des usagers directs du sport mais aussi de membres
susceptibles d'apporter un éclairage complémentaire aux stades de
l'évaluation des propositions débattues au Conseil et du
contrôle de l'intervention du fonds.
L'effectivité de ce contrôle y gagnerait sans doute tant comme
d'ailleurs une meilleure formalisation des propositions et de leur suivi
renforcerait la portée du partenariat avec le mouvement sportif dans son
ensemble.
Peut-être cette suggestion conduira-t-elle certains à s'interroger
sur le statut à conférer à ces nouveaux
" entrants ". Il n'est pas certain que cette question recèle
une réelle importance s'agissant d'un Conseil qui est une enceinte
concertative et purement consultative.
(2) Les commissions régionales du FNDS
Les
commissions régionales ont pour vocation d'adresser leurs suggestions au
Conseil du FNDS et d'émettre différents avis aux préfets
relatifs à la répartition de la part régionale du FNDS et
sur les crédits attribués en région ou département.
Leur mission est donc plus restreinte que celle du Conseil puisqu'elle ne
concerne que les crédits déconcentrés.
2. Développer la transparence des choix
La
procédure de subvention des équipements sportifs sur le FNDS est
opaque et peu démocratique, au sens où elle ne tient pas compte
de l'indispensable concertation entre le ministère de la jeunesse et des
sports, les collectivités locales et les fédérations
sportives.
Il importe que, si les priorités fédérales ne peuvent
être le seul critère de sélection, tout projet demandant
une subvention soit soumis, pour avis, au ministère de la jeunesse et
des sports, aux fédérations et collectivités locales
concernées, de manière à recueillir la plus large
adhésion sur les projets soutenus.
C. DEFINIR LES PRIORITES DE L'ETAT
1. Mettre en oeuvre un mécanisme de solidarité financière
a) Favoriser un mécanisme de solidarité financière au profit des sports disposant de peu de ressources
On peut
s'interroger sur la situation de certaines fédérations sportives,
dont la survie est conditionnée par l'apport des subventions de l'Etat.
Alors que le niveau moyen de subvention est d'un tiers, certaines
fédérations ont allègrement dépassé
50 % de subvention dans leur budget global.
Il apparaît nécessaire d'inciter ces fédérations
à développer des partenariats avec le secteur privé, de
manière à compléter leurs ressources. Elles doivent
être également incitées à accroître le nombre
de leurs licenciés, et par conséquent, leur
représentativité dans le monde sportif.
Pour autant, un équilibre est nécessaire entre les sports
traditionnellement peu médiatisés et ceux disposant de revenus
complémentaires importants : il est ainsi logique que la
fédération française de football ait vu sa subvention se
réduire au fil des ans et de la venue des partenaires privés,
alors même qu'elle comptait un nombre croissant de licenciés.
Le ministère de la jeunesse et des sports a, pour le moment,
souhaité traduire la notion de péréquation par une seule
mesure : la création d'une taxe sur les droits de retransmission
télévisée.
b) Déléguer en régions les crédits consacrés au sport de masse actuellement versés aux fédérations
Les
dépenses pour le sport de masse figurent à parts presque
égales sur la part régionale et sur la part nationale. Le
ministère de la jeunesse et des sports estime que "
pour avoir
des structures fortes, il est nécessaire de croiser les approches
verticales (les fédérations ont pour mission de développer
chacune leurs disciplines sportives) et horizontales (cohérence
géographique des différentes politiques de
développement)
". Il appartient aux directions
régionales de la jeunesse et des sports qui ont reçu copie des
plans de développement des fédérations et des conventions
d'objectifs de faire la coordination des approches.
Dans la pratique, cette coordination semble difficile et nombreuses sont les
interrogations quant à la lisibilité des actions menées
directement par les fédérations en faveur du sport de masse.
La déconcentration devrait jouer en faveur de la part régionale,
qui pourra s'enrichir de la majeure partie des crédits consacrés
au sport de masse, actuellement versés aux fédérations.
En effet, le rapport de l'inspection de la jeunesse et des sports pour
1997-1998 est particulièrement critique vis-à-vis de
l'organisation territoriale des fédérations sportives.
" Il est clair qu'une grande majorité de
fédérations sportives ont pris des distances à
l'égard des dispositions de la loi 1901, mais aussi plus
spécifiquement à l'égard de la loi de 1984.
Bon nombre ont réduit la fédération à leurs propres
organes déconcentrés (ligues en particulier) oubliant qu'elles
étaient d'abord constituées de clubs et au service du
développement de ces clubs.
Il en résulte des systèmes électoraux complexes, qui
privilégient les structures intermédiaires (comités
départementaux, ligues) et qui, subtilement, transforment l'organisation
fédérale en confédération de comités.
La pratique, couramment répandue, d'élections sur listes
bloquées, génère une confiscation du pouvoir par un petit
nombre d'élus, issus des organes déconcentrés et non des
associations adhérentes. "
Ces critiques tendent à prouver que les fédérations ne
sont pas en mesure, actuellement, de jouer pleinement leur rôle dans le
développement du sport de masse.
2. Contrôler l'utilisation des crédits
Plusieurs rapports de l'inspection générale ont
mis
l'accent sur la nécessité de définir, avec beaucoup plus
de clarté, des clés et critères de répartition et
d'attribution des aides publiques, dénonçant le caractère
souvent formel des demandes de subventions et insistant sur la
nécessité d'assainir les négociations contractuelles.
Ainsi, il est proposé de :
-
rendre plus lisibles les lignes financières
(notamment pour les
conventions d'objectifs de la direction des sports) dont il est parfois
difficile de cerner vraiment l'objectif poursuivi : par exemple,
" aides à l'animation " ou encore " actions
spécifiques ".
-
assurer un contrôle a priori.
A ce sujet, on peut encore citer
l'inspection générale, qui estime nécessaire "
que
l'Etat exerce sans scrupule un contrôle, a priori, de manière
à vérifier la pertinence des demandes et options
proposées.
" A titre d'exemple, elle observe qu'une
fédération sportive a obtenu des aides financières
importantes au titre des aides personnalisées destinées aux
athlètes de haut-niveau en justifiant la demande par un " manque
à gagner " des dits athlètes, alors que les
bénéficiaires étaient des enfants ou adolescents du
pôle espoir, scolarisés.
Dans tous les cas, l'administration doit affirmer clairement que les aides
publiques sont destinées à une mission de service public reposant
sur des actions de développement ; elles ne sauraient servir
à assurer le fonctionnement courant des structures associatives
concernées ou à assister de manière permanente des
associations ou fédérations dépourvues d'autonomie
financière.
Le rapport de l'inspection de la jeunesse et des sports contient des
affirmations pour le moins surprenantes :
"
Il n'est pas vraiment dans la culture et l'histoire du
ministère de la jeunesse et des sports d'exercer sa tutelle sur les
associations qui bénéficient d'aides publiques.
L'on
génère dès lors des formes de partenariat qui, loin de se
situer réellement dans des obligations contractuelles, favorisent
largement l'émancipation et l'affranchissement des organismes
privés attributaires des aides publiques. "
"
Il devenu urgent d'exercer sans scrupules un réel
contrôle public et de procéder à de véritables
évaluations des politiques publiques
conduites par le
ministère avec la participation des associations et
fédérations agréées et délégataires
qui, pour ce faire, reçoivent d'importantes dotations
. " Le
rapport ajoute "
actuellement, au sein du ministère, les
procédures d'évaluation des politiques publiques contractuelles
sont inexistantes
. "
Ces affirmations, très claires, devraient inciter à
développer le contrôle du ministère de la jeunesse et des
sports sur les crédits qu'il distribue.
CONCLUSION
En
conclusion,
il convient de souligner que toute réforme du FNDS devra
se faire en concertation étroite avec le mouvement sportif.
L'expérience récente d'un essai de budgétisation
autoritaire a montré les vertus de la concertation. Il n'en reste pas
moins qu'une réforme est nécessaire, ne serait-ce que parce que
l'absence de spécificité du FNDS par rapport au budget,
soulignée par la Cour des comptes récemment, est une menace pour
sa subsistance même. Le ministère de la jeunesse et des sports a
d'ailleurs, dans un communiqué, annoncé que l'année
à venir serait l'occasion d'une réflexion sur le fonctionnement
du FNDS.
Madame la ministre a confirmé cette intention aux deux rapporteurs
à l'occasion de la présentation faite par eux des conclusions du
présent rapport.
Une réforme du FNDS est d'autant plus nécessaire que de nouvelles
recettes viennent de lui être affectées. La loi de finances
rectificative pour 1999 a affecté au FNDS, sous l'appellation "Fonds
Fernand Sastre", les sommes restant de l'organisation de la Coupe du monde de
football (résultats du Comité Français d'Organisation -
CFO), pour environ 300 millions de francs. Surtout, la loi de finances pour
2000 a institué une taxe sur les droits de retransmission
télévisée d'événements sportifs, dont le
produit pourrait être très dynamique dans les années
à venir.
Dans ces conditions, une profonde réforme du FNDS, en collaboration avec
le mouvement sportif, est inévitable : la tentation sera grande, si rien
n'est fait, de "budgétiser" la majeure partie du fonds, qui n'aura pas
de vocation spécifique, à l'exclusion des sommes provenant de ces
droits de retransmission télévisée. Le FNDS serait ainsi
"redimensionné" pour revenir à la part qu'il prenait dans le
financement du sport au moment de sa création.
D'une manière générale, il est plus qu'urgent que le
ministère de la jeunesse et des sports définisse les
priorités de la politique du sport en France et se dote de moyens
modernes de contrôle, pour répondre aux attentes d'un secteur qui
a connu de profondes mutations depuis vingt ans.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
1)
Améliorer la transparence de gestion du fonds
: d'une
manière générale, il convient de simplifier la gestion du
fonds, aujourd'hui très complexe, et de rendre publics les
critères d'octroi des subventions. Il faut également
réformer la procédure concernant les équipements sportifs.
Il convient que tous les projets d'équipement soient soumis, pour avis,
aux fédérations. De plus, les crédits d'équipement
ne sauraient avoir une légitimité que s'ils correspondent
à des priorités nationales et fédérales, ou
à des plans d'action en collaboration avec les collectivités
locales (ex : remise aux normes).
2)
Identifier les besoins du sport
: un état des lieux des
pratiques sportives et des équipements devrait être dressé,
qui servirait de base à un programme de financement pluriannuel. Ce
programme serait soumis au conseil de gestion du FNDS, qui devrait être
élargi à des représentants des collectivités
locales. A plus long terme, une répartition claire des
compétences en matière de financement du sport entre les
collectivités locales et l'Etat devrait être engagée.
3)
Rebudgétiser les actions qui incombent directement à
l'Etat
notamment l'entretien des équipements lui appartenant
(centres régionaux d'éducation physique et sportive). On peut
également se demander si les mesures pour l'emploi ne devraient pas
figurer dans le budget du ministère plutôt que dans un compte
d'affectation spéciale, dans la mesure où il y a toujours un
risque de diminution de la recette.
4)
Regrouper les crédits de même nature
. Le débat
porte souvent sur la question de savoir si le FNDS doit d'abord être
consacré au sport de haut-niveau ou au sport de masse. Il est difficile
de trancher, dans la mesure où il faut financer ces deux actions.
Toutefois, il est certain que pour une bonne information du Parlement, il est
impératif que les crédits finançant des actions de
même nature soient regroupés, soit sur le FNDS, soit sur le
budget. Il serait envisageable, par exemple, de regrouper les crédits du
sport de haut-niveau sur le titre IV du budget et de regrouper les
crédits du sport de masse sur le FNDS. Le transfert des crédits
du sport de haut-niveau sur le titre IV du budget de la jeunesse et des sports
fait partie des propositions du Comité national olympique.
5)
Inciter le mouvement sportif à simplifier ses structures et
à prendre davantage de responsabilités
. La multiplication des
échelons intermédiaires est un élément de
complexité inutile, qui absorbe une partie non négligeable de
crédits destinés au sport. Il serait utile que le mouvement
sportif soit incité à se réformer, en parallèle
avec la poursuite de la réforme des services déconcentrés
de la jeunesse et des sports, afin de limiter le nombre d'interlocuteurs en
région. En contrepartie de cette réforme, le mouvement sportif
devrait être davantage associé au processus de cogestion, qui
laisse aujourd'hui une place prépondérante à
l'administration du ministère de la jeunesse et des sports.
6) Rendre les contrôles plus efficaces
. Le contrôle sur les
fédérations sportives, qui existe actuellement, devrait pouvoir
aboutir à des décisions rapides, dans la mesure où
l'attentisme ne fait souvent que contribuer à détériorer
la situation financière et l'organisation des fédérations.
Le ministère devrait également être en mesure de
contrôler la bonne utilisation de tous les crédits de l'Etat en
faveur du sport, même s'il en délègue la gestion au
Comité national olympique et sportif français. Dans son rapport
de 1997-1998, l'inspection générale de la jeunesse et des sports
relève de nombreuses failles dans l'utilisation des subventions en
direction des associations du secteur du sport comme de la jeunesse : il est
impératif de tenir compte de ces avertissements pour renforcer le
contrôle, les conventions d'objectifs étant actuellement
insuffisantes.
EXAMEN EN COMMISSION
Mercredi
21 octobre 1999, la commission des finances a entendu une
communication
de
M. Michel Sergent
,
rapporteur spécial
des
crédits
de la
jeunesse
et des
sports,
sur la
mission de contrôle menée sur le fonds national pour le
développement du sport (FNDS), au cours du premier semestre 1999, avec
M. Paul Loridant, rapporteur spécial des comptes spéciaux du
Trésor.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a tout d'abord
expliqué que les nombreux entretiens de la mission avec la ministre de
la jeunesse et des sports, des membres de son ministère, des
présidents de fédérations sportives et des
représentants du monde sportif, des membres du ministère du
budget, et le président de la Française des Jeux, avaient
visé à mieux comprendre le fonctionnement du compte d'affectation
spéciale, et notamment à voir s'il répondait aux souhaits
exprimés par les parlementaires.
Avant d'en arriver à ses principales remarques,
M. Michel Sergent
a rappelé que la création du FNDS était issue d'une
initiative parlementaire. Ce sont, en effet, les travaux d'une commission
présidée par
M. Lucien Neuwirth
qui conduisirent à
la création du fonds national pour le développement du sport
(FNDS), institué par les articles 41 et 56 de la loi de finances pour
1979.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a souligné que
depuis sa création, le FNDS n'avait cessé de se développer
sous la seule impulsion des parlementaires, qui avaient d'abord cherché
à stabiliser ses recettes en modifiant l'assiette du
prélèvement, puis à majorer le taux de ce
prélèvement sur les jeux de la Française des Jeux. Le
Sénat avait ainsi porté le taux de prélèvement de
2,4 % à 2,6 % dans la loi de finances pour 1997, puis
l'Assemblée nationale avait été à l'origine du
relèvement du taux de 2,6 % à 2,9 % dans la loi de
finances pour 1998, taux en vigueur. Le FNDS représente aujourd'hui un
tiers du budget du ministère de la jeunesse et des sports, soit un peu
plus d'un milliard de francs.
M. Michel Sergent
a fait valoir que des questions étaient
apparues sur le mode de fonctionnement du FNDS, notamment au cours de la
discussion de la loi de finances pour 1998, lorsque le Sénat avait
refusé de relever le taux du prélèvement sur la
Française des Jeux, car il avait noté que la trésorerie du
FNDS était largement excédentaire et que la lisibilité de
l'emploi des crédits n'était pas évidente.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a alors
présenté les conclusions de sa mission en distinguant un
élément de satisfaction, un constat et trois
éléments d'inquiétude.
Il s'est d'abord félicité de la tentative d'amélioration
de la gestion courante du FNDS par le ministère de la jeunesse et des
sports.
Il a indiqué qu'une confusion s'était en effet instaurée
entre les crédits inscrits en loi de finances de l'année en
cours, et les reports de crédits non consommés de l'année
antérieure. Les crédits étant ouverts au fur et à
mesure des recettes constatées, les crédits correspondant aux
recettes des deux derniers mois de l'année sont mécaniquement
reportés sur l'année suivante. Ainsi, le ministère
réalisait une programmation de dépenses correspondant à 14
mois de recettes au lieu de 12 mois, alors même que le décalage de
trésorerie ne permettait en rien de dépasser les crédits
inscrits en loi de finances.
M. Michel Sergent
a déclaré que fin 1997, il y avait ainsi
40 millions de francs de "surprogrammation" concernant les conventions
d'objectifs et 125 millions de francs concernant les équipements
sportifs mais que cette "surprogrammation" était en voie de
résorption grâce à des recettes plus favorables que
prévu.
Malgré l'amélioration de la gestion courante du fonds,
M.
Michel Sergent, rapporteur spécial,
a relevé la subsistance
de certaines interrogations, s'agissant notamment du rattachement des recettes
perçues en excédent par rapport aux estimations de la loi de
finances.
Il a indiqué que l'article 25 de l'ordonnance organique du 2 janvier
1959 dispose que " si, en cours d'année, les recettes d'un compte
d'affectation spéciale apparaissent supérieures aux
évaluations, les crédits peuvent être majorés par
arrêté du ministre des finances dans la limite de cet
excédent de recettes " et permet au seul ministre des finances de
décider de l'augmentation de dépenses publiques au-delà du
plafond de dépenses fixé par le Parlement, ce qui constituait une
source de controverses continues entre le ministère de la jeunesse et
des sports et le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a fait savoir que sur
25 millions de francs de recettes supplémentaires constatées
en 1996, une partie n'avait pas été rattachée au FNDS,
soit 12,4 millions de francs de recettes. En 1997, le ministère du
budget a "gelé" 55 millions de francs de crédits. Au total, ces
deux éléments permettent de chiffrer à 67,4 millions de
francs le "manque à gagner" pour le FNDS. Il
a fait observer que
ces sommes étaient toujours en trésorerie au compte du FNDS, mais
ne pouvaient être dépensées, ce qui nécessitait une
régularisation de la part du ministère chargé du budget.
Notant que depuis trois ans, l'amélioration des encaissements ne
s'était pas traduite par un changement dans les évaluations de
recettes du FNDS, il lui est apparu également souhaitable que le
ministère du budget inscrive, dans les évaluations de la loi de
finances initiale, une somme correspondant le plus exactement possible aux
recettes attendues. La réévaluation de la recette inscrite dans
le projet de loi de finances pour 2000, pour 47 millions de francs, lui est
apparue simplement comme un moyen de compenser exactement la suppression de la
taxe sur les débits de boissons (- 33 millions de francs) et le
transfert d'une partie du prélèvement sur le pari mutuel urbain
(- 14 millions de francs) au profit du fonds national pour le
développement de la vie associative (FNDVA).
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
en est ensuite venu au
constat que le processus de "partenariat" avec le monde sportif donnait
globalement satisfaction à celui-ci, même s'il se
révélait, par certains aspects, insuffisamment souple et
transparent.
Il a détaillé le processus de répartition des
crédits : une note d'orientation est préparée par la
direction des sports à la demande du cabinet ministériel, qui en
fixe les grandes orientations, puis, une fois validée par la ministre,
elle est discutée avec le mouvement sportif représenté par
le comité national olympique et sportif français (CNOSF) et les
représentants des comités régionaux et
départementaux (CDOS et CROS), dans une réunion avec la direction
des sports. Enfin, la note est présentée au Conseil du FNDS, qui
apparaît donc comme une instance largement formelle.
Parallèlement, un travail spécifique est réalisé
sur les équipements. S'agissant des crédits destinés au
sport de haut-niveau, les conventions d'objectifs entre le ministère de
la jeunesse et des sports et les fédérations sportives
déterminent les grandes lignes de leur répartition. Concernant la
"part régionale", les commissions régionales émettent des
voeux sur l'attribution des crédits. Les directions régionales de
la jeunesse et des sports informent l'administration centrale du
ministère, qui s'assure que les instructions données dans la note
d'orientation sont bien respectées.
M. Michel Sergent
a rappelé que ce processus, qui allie
partenariat territorialisé et, pour une partie des interventions,
déconcentration de gestion, était globalement approuvé par
le monde sportif.
Il y a trouvé la principale explication de
l'attachement de ce dernier au FNDS, et sa mobilisation récente contre
toute tentative de "budgétisation" du fonds.
Toutefois, il a relevé qu'il présentait certaines faiblesses, et
notamment un manque de transparence et une lourdeur de procédure.
D'abord, il a remarqué que les orientations du FNDS étaient
certes discutées entre le mouvement sportif et le ministère, mais
que la discussion se déroulait en amont du Conseil du FNDS, qui pouvait
être assimilé à une "chambre d'enregistrement".
Ensuite, il a relevé que certains aspects du "partenariat"
étaient peu transparents. Il a pris l'exemple des équipements
sportifs : bien que les fédérations établissent une liste
de leurs priorités en matière d'équipements sportifs,
cette liste est rarement respectée et ces équipements sont
directement inscrits dans le tableau établi pour le conseil de gestion
du FNDS. Enfin, il a noté qu'aucun critère objectif
n'était retenu pour la répartition des crédits de la part
nationale entre les fédérations sportives.
Outre le problème de la transparence,
M. Michel Sergent
a
regretté que la procédure de répartition des
crédits soit relativement lourde et susceptible d'entraîner des
coûts excessifs.
Il a expliqué ce phénomène
par la multiplication des structures intermédiaires, comités
départementaux et régionaux olympiques et sportifs, ligues et
comités départementaux. Il a estimé qu'il était
très difficile de les inciter à se réformer, le
ministère ayant ainsi renoncé à limiter à
3,5 % la part des crédits de fonctionnement affectée aux
comités olympiques et sportifs locaux, en échange d'une promesse
de modération. Or, il a fait valoir que la multiplication des structures
intermédiaires avait pour effet d'aboutir à une "perte en ligne"
très importante puisque, selon le ministère de la jeunesse et des
sports, seuls 53 % des crédits de la part régionale vont aux
clubs.
Pour résumer les motifs de satisfaction quant au fonctionnement du FNDS,
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a souligné que
l'amélioration des recettes avait permis, sous l'impulsion des
parlementaires, de sécuriser les crédits du sport, ce qui
représentait un acquis important pour le monde sportif.
Il a rappelé l'originalité du partenariat, qui présente
l'intérêt d'associer le mouvement sportif à la
répartition des subventions. Il a souhaité toutefois ne pas en
exagérer l'importance, dans la mesure où la décision
finale appartenait bien au ministère de la jeunesse et des sports,
ordonnateur de la dépense. Il a relevé enfin que le partenariat
existait en dehors des actions financées sur le FNDS, notamment pour
certaines actions en faveur des associations sportives locales.
Au-delà de la gestion courante, il a estimé légitime de
s'intéresser à l'emploi des fonds. Il a reconnu que, sous cet
angle, les principales difficultés étaient apparues et, en
premier lieu, l'absence de véritables priorités.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a constaté que le
FNDS finançait à la fois le sport de haut-niveau, le sport de
masse (les conventions d'objectifs des fédérations et la "part
régionale") et, parmi les investissements, aussi bien les
établissements de l'Etat que les équipements sportifs
gérés par d'autres entités.
Il a relevé qu'aucune priorité n'était affirmée
quant à la répartition territoriale des crédits, la grille
de répartition étant extrêmement complexe, pour cacher
l'absence de choix.
Il a déclaré que cette absence de choix aboutissait à une
sorte de "saupoudrage", en ce qui concerne les crédits de la part
régionale, la subvention moyenne pour les clubs sportifs ne
dépassant pas quelques milliers de francs. Il a dès lors
estimé très difficile de connaître la destination des
subventions.
Il a expliqué le phénomène de "saupoudrage" par l'absence
de répartition claire entre le FNDS et le budget. Il a estimé que
le FNDS était le "budget bis" du ministère de la jeunesse et des
sports, qui s'en servait exactement comme s'il s'agissait de ses moyens propres.
De fait, il a relevé que la distinction entre le titre IV du budget du
ministère et le FNDS apparaissait souvent comme une question de
trésorerie, les conventions d'objectifs des fédérations
contenant ainsi une mention selon laquelle les crédits seront pris, "en
fonction des disponibilités", sur le titre IV du budget du
ministère ou sur le FNDS.
Il a rappelé que nombre d'actions étaient passées du FNDS
au budget, et inversement, alors que d'autres actions étaient
financées à la fois sur le budget et sur le FNDS, comme la lutte
contre le dopage.
Il a donc estimé que, pour évaluer clairement les crédits
consacrés à telle ou telle action, il était
impératif d'additionner les crédits du FNDS et ceux du budget,
mais que la présentation du FNDS n'était pas suffisamment
détaillée pour le permettre facilement.
M. Michel Sergent
a rappelé que le FNDS avait enfin la fonction
supplémentaire de permettre de financer les dépenses
exceptionnelles, comme les jeux olympiques d'Albertville en 1992, ou encore le
Stade de France pour la coupe du monde de football, ce qui montrait bien qu'il
était avant tout perçu comme une "réserve de
crédits", mobilisable en fonction de besoins contingents, et non d'un
programme précis de développement du sport.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a ensuite abordé la
question du contrôle des crédits octroyés par le biais du
FNDS.
Il
a relevé qu'il était difficile de mesurer la pertinence
des subventions de la part régionale, en l'absence de connaissance
précise de la politique menée par les collectivités
locales. Rappelant que le financement du sport était d'abord
assuré par les communes, bien que les lois de décentralisation
n'aient pas clairement précisé les responsabilités de
chacune des collectivités en matière d'activités physiques
et sportive, il a regretté la méconnaissance des
différents circuits de financement, l'Etat pouvant être
amené à subventionner des opérations qui, par ailleurs,
font l'objet d'autres aides, notamment des collectivités territoriales.
Pour le sport de haut-niveau, il a observé que plusieurs
fédérations sportives connaissaient des problèmes de
gestion. Il a rappelé qu'il y a quelques années, le ministre de
la jeunesse et des sports avait décidé de ne plus verser la
subvention à la fédération française des sports de
glace et qu'un plan de redressement sur 10 ans avait été mis en
place. Plus récemment, concernant la fédération
française d'haltérophilie, constatant qu'il ne pouvait obtenir de
comptes " crédibles ", le ministère a cessé de verser la
subvention et la ministre de la jeunesse et des sports a décidé
de retirer l'agrément à cette fédération. Mais le
rapporteur spécial a regretté que pour une
fédération plus importante, dont la situation financière
est pourtant très difficile, comme la fédération
française de ski, ou pour une grande fédération qui a de
sérieuses difficultés internes comme la fédération
française d'équitation, des mesures tardent à être
prises. Il a également déploré que la mauvaise gestion des
fonds octroyés par le biais des conventions d'objectifs ne fasse pas
l'objet d'une sanction immédiate ou au moins rapide, comme le souligne
le récent rapport de l'Inspection générale de la jeunesse
et des sports.
Il a relevé enfin que sur certains crédits, le ministère
de la jeunesse et des sports possédait peu d'emprise, notamment sur les
aides personnelles aux sportifs, qui, selon le ministère de la jeunesse
et des sports, deviendraient de plus en plus des "primes à la
performance", au lieu d'être un soutien aux sportifs.
Il a conclu que la signature des conventions d'objectifs ne saurait suffire,
à elle seule, à garantir la bonne utilisation des crédits,
car ces conventions étaient peu détaillées et leur
évaluation se faisait souvent sur plusieurs années, selon des
critères peu transparents.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a ensuite formulé
plusieurs propositions de réforme du FNDS.
Il a proposé d'améliorer la transparence de gestion du fonds en
réformant
notamment la procédure concernant les
équipements sportifs, afin de les soumettre tous, pour avis, aux
fédérations.
Il a souhaité que soient identifiés les besoins du sport : afin
d'éviter le "saupoudrage", un état des lieux des pratiques
sportives et des équipements devrait être dressé, qui
servirait de base à un programme de financement pluriannuel. Ce
programme serait soumis au conseil de gestion du FNDS, qui devrait être
élargi à des représentants des collectivités
locales. A plus long terme, une répartition claire des
compétences en matière de financement du sport entre les
collectivités locales et l'Etat devrait être engagée.
Il a recommandé de rebudgétiser les actions qui incombent
directement à l'Etat notamment l'entretien des équipements lui
appartenant (centres régionaux d'éducation physique et sportive).
Il s'est également demandé si les mesures pour l'emploi ne
devraient pas figurer dans le budget du ministère, plutôt que dans
un compte d'affectation spéciale, dans la mesure où il y a
toujours un risque de diminution de la recette.
Il a estimé difficile de trancher la question de savoir si le FNDS
devait d'abord être consacré au sport de haut-niveau ou au sport
de masse, dans la mesure où il fallait financer ces deux actions.
Toutefois, il a observé que pour une bonne information du Parlement, il
était impératif que les crédits finançant des
actions de même nature soient regroupés, soit sur le FNDS, soit
sur le budget.
Il a recommandé au ministère de la jeunesse et des sports
d'inciter le mouvement sportif à simplifier ses structures, en
parallèle avec la poursuite de la réforme des services
déconcentrés de la jeunesse et des sports, estimant que la
multiplication des échelons intermédiaires était un
élément de complexité inutile, qui absorbait une partie
non négligeable de crédits destinés au sport. En
contrepartie de cette réforme, il a souhaité que le mouvement
sportif soit davantage associé au processus de cogestion, qui laisse
aujourd'hui une place prépondérante à l'administration du
ministère de la jeunesse et des sports.
Il a estimé indispensable de rendre les contrôles plus efficaces,
s'agissant notamment des fédérations sportives, dans la mesure
où l'attentisme ne faisait souvent que contribuer à
détériorer la situation financière et l'organisation des
fédérations.
En conclusion, il a souligné que toute réforme du FNDS devrait se
faire en concertation étroite avec le mouvement sportif. Il n'en a pas
moins estimé qu'une réforme était nécessaire, ne
serait-ce que parce que l'absence de spécificité du FNDS par
rapport au budget, soulignée par la Cour des Comptes récemment,
était une menace pour sa pérennité. Il a observé
que la ministre de la jeunesse et des sports avait d'ailleurs, dans un
récent communiqué, annoncé que l'année à
venir serait l'occasion d'une réflexion sur le fonctionnement du FNDS.
Il a conclu qu'une réforme du FNDS était d'autant plus
nécessaire que de nouvelles recettes devraient lui être
affectées, à savoir la part de l'Etat dans le
bénéfice de l'organisation de la coupe du monde de football, sous
l'appellation "Fonds Fernand Sastre", et bientôt la taxe sur les droits
de retransmission télévisée d'événements
sportifs, dont le produit pourrait être très dynamique dans les
années à venir. Dans ces conditions, il a conclu qu'une profonde
réforme du FNDS, en collaboration avec le mouvement sportif,
était inévitable et qu'à défaut la tentation serait
grande de "budgétiser" la majeure partie du fonds, qui n'aurait pas de
vocation spécifique.
Après avoir félicité
M. Michel Sergent
pour le
courage et la pertinence de sa communication
, M. Philippe Marini
,
rapporteur général,
a noté qu'il n'était pas
toujours évident, en région, de comprendre les critères de
sélection des subventions sportives. Il a estimé que les
fédérations n'avaient parfois que des liens ténus avec le
ministère de la jeunesse et des sports et répondaient à
des règles qui leur étaient propres. Il a demandé si le
rapporteur estimait que le ministère de la jeunesse et des sports allait
tirer les conséquences de ses observations.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a répondu que l'on
ne pourrait plus bientôt plaider la cause du FNDS s'il continuait
à rester en l'état. Il a déclaré que la ministre de
la jeunesse et des sports était consciente des efforts à
entreprendre, même s'ils étaient difficiles à mettre en
oeuvre.
M. René Ballayer
s'est ému de l'émigration des
meilleurs joueurs de football français à l'étranger. Il a
demandé à M. Michel Sergent
s'il croyait utile de mettre
en place des mesures fiscales spécifiques pour éviter ce
phénomène.
M. Marc Massion
a interrogé le rapporteur spécial sur la
situation de la Française des Jeux, et notamment les risques de voir
disparaître son monopole.
M. Michel Sergent, rapporteur spécial,
a répondu que le
départ des footballeurs français à l'étranger
était un phénomène observé depuis
déjà plusieurs années, mais qu'il était plus
particulièrement choqué par l'ampleur des sommes en jeux lors des
transferts de "grands joueurs". Il a fait observer que le football
professionnel s'apparentait de plus en plus à un spectacle, alors
même que le football amateur restait un élément essentiel
de l'animation locale.
Concernant la Française des Jeux,
M. Michel Sergent
a
confirmé qu'un particulier avait présenté un recours
devant le Conseil d'Etat, celui-ci devant bientôt statuer sur la question
de savoir si cette société remplissait une mission de service
public. Il a conclu que la très forte dépendance du FNDS à
l'égard du prélèvement sur la Française des Jeux
créait des risques importants pour l'évolution des recettes du
compte.
La commission a alors pris acte de la communication de M. Michel Sergent, et
décidé d'autoriser la publication des conclusions du rapport
spécial sous forme d'un rapport d'information.
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNEES
•
Ministère de la jeunesse et des sports
- Mme Marie-George BUFFET,
ministre de la jeunesse et des sports
Cabinet
-
M. Charles ARAMBOUROU
, conseiller budgétaire de Mme
Marie-George BUFFET ;
-
M. Jean POCZOBUT
, conseiller pour les sports de Mme Marie-George
BUFFET.
Services centraux
-
M. Pierre VIAUX
, directeur des sports, MM. ARENTZ et MOISAN ;
-
M. Joël DELPLANQUE
, directeur des sports, en remplacement de
M. VIAUX
-
M. Jean-Claude CHAMPIN
, chef de l'inspection générale de
la jeunesse et des sports.
Services déconcentrés
-
M. Yves PHAM-VAN
, directeur régional de
Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
-
M. Jean-Claude JANNIERE
, directeur régional adjoint ;
-
M. Alain SIBLOT
, directeur départemental des
Alpes-maritimes ;
-
M. Georges TORREGANO
, président du CREPS
d'Aix-en-Provence ;
-
M. Alain SCOTTO
, conseiller d'animation sportive ;
-
M. Dominique INIZAN
, inspecteur de la jeunesse et des sports ;
-
M. Christian LABORDE
, inspecteur de la jeunesse et des sports.
•
Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie
- M. Marc DORA,
conseiller technique au cabinet du ministre
•
Mouvement sportif
Comité national olympique et sportif français
-
M. Henri SERANDOUR
, président du Comité national
olympique et sportif français ;
-
M. André LECLERCQ
, directeur général
adjoint ;
-
M. Georges PLANCHOT
, secrétaire général des CROS
et CDOS ;
-
M. Pierre CAMBREAL
, président du CROS Côte d'Azur ;
-
M. Christian CHALDIVAN
, président du CROS de Provence-Alpes.
Fédérations sportives
-
M. Yvan MAININI
, président de la fédération
française de basket-ball ;
-
M. Philippe LAMBLIN
, président de la fédération
française d'athlétisme ;
-
M. Francis LUYCE
, président de la fédération
française de natation ;
-
M. Claude SIMONET
, président de la fédération
française de football.
•
Française des Jeux
-
M. Bertrand de GALLE
, président-directeur
général.
•
Contributions écrites
- dossier élaboré par la direction des sports
- dossier remis par M. Christian CHALVIDAN, président du CROS
Provence-Alpes .
1
La commission était
chargée de
présenter " des propositions pour le financement de
l'équipement, de l'encadrement et de l'aide directe aux
fédérations, associations et groupements sportifs " article
94 de la loi n°77-1467 du 31 décembre 1977.
2
Ou " boni de liquidation ".
3
" Taxe sur les débits de boisson ".
4
Et donc sans compter le produit de la taxe sur les droits de
retransmission télévisée introduite dans le texte par voie
d'amendement gouvernemental.
5
Cf. Sénat. Séance du 26 novembre 1997.
6
" Le total des dépenses engagées ou
ordonnancées au titre d'un compte d'affectation spéciale ne peut
excéder le total des recettes du même compte, sauf pendant les
trois mois de la création de celui-ci ".
7
" Si, en cours d'année, les recettes d'un compte
d'affectation spéciale apparaissent supérieures aux
évaluations, les crédits peuvent être majorés par
arrêté du ministre des finances ans la limite de cet
excédent de recettes ".
8
" Sauf dispositions contraires prévues par une loi de
finances, le solde de chaque compte spécial est reporté
d'année en année ".
9
En millions de francs
10
Sic.
11
Source : FNDS. Rapport sur la gestion de 1998
12 Rappelons que selon l'étude réalisée par l'association AIRES sur la réhabilitation et la mise aux normes des équipements sportifs en France, 40 milliards de francs seraient nécessaires pour la seule mise à niveau sur le plan de la sécurité, de l'hygiène, de la santé et de l'environnement hors modernisation. Cette somme se répartit comme suit : 18 milliards de francs pour les salles d'APS, 15 pour les stades, et 6 pour les piscines.
13
Brochure " Le maire et le sport " collection AMF
Berger-Levrault
14
Compte rendu des IVèmes rencontres nationales AMF 28 et 29
avril 1998