CHAPITRE TROIS

UNE REFORME INDISPENSABLE : DEFINIR LES PRIORITES DU FNDS ET CONTROLER L'UTILISATION
DES CREDITS

A. CLARIFIER LE CADRE D'INTERVENTION DE L'ETAT

1. Identifier les besoins du sport

Il est nécessaire de procéder à une évaluation des besoins du monde sportif , en recensant les pratiques mais également l'ensemble des équipements sportifs, et les différents financeurs du sport. Sur cette base, une programmation pluriannuelle pourrait être mise en place, notamment en matière d'équipements, avec les fédérations et les collectivités locales.

A ce sujet, il faut noter que, sur l'initiative du Sénat, les schémas de services collectifs du sport ont été créés par l'article 24 de la loi n°95-533 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999.

Cet article insère un article 31-1 dans la loi n°95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement du territoire.

" Le schéma de services collectifs du sport définit les objectifs de l'Etat pour développer l'accès aux services, aux équipements, aux espaces, sites et itinéraires relatifs aux pratiques sportives sur l'ensemble du territoire national, en cohérence avec le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux, et favoriser l'intégration sociale des citoyens ".

Le ministère de la jeunesse et des sports a précisé la manière dont il allait appliquer ces dispositions.

Les niveaux territoriaux d'analyse sont au nombre de trois : le territoire des services de proximité, le territoire régional, et le territoire national.

Trois domaines sont étudiés : la récréation sportive, la formation sportive et la recherche de la performance sportive.

Six caractéristiques seront prises en compte dans l'offre de services sportifs : diversité, équilibre, quantité, qualité, accessibilité et viabilité.

Enfin, trois phases sont prévues par le ministère de la jeunesse et des sports pour l'élaboration des schémas collectifs du sport :

- 1ère phase : élaboration et évaluation d'un document de cadrage national fixant les enjeux, les objectifs, les priorités de l'Etat pour les 20 années à venir.

- 2ème phase : rédaction d'un guide destiné à aider la réflexion dans chaque région, à partir du cadrage national.

- 3ème phase : consultation entre services de l'Etat, et avec tous les partenaires, afin d'établir le schéma de services collectifs du sport au niveau national et régional pour la durée du futur contrat de plan.

Une réflexion s'est donc amorcée.

Les directions régionales ont été invitées à établir un premier diagnostic, en donnant des informations tant sur la demande de sport (présentation des espaces physiques de la région, découpage administratif, recensement, nombre de pratiquants sportifs...) que sur l'offre (carte des espaces à vocation sportive, carte des équipements sportifs et de loisirs, nombre d'associations, lieux de formation, ...).

Ainsi, un document de travail du ministère de la jeunesse et des sports indique : " l'accueil des événements de dimension internationale pour lesquels la réalisation d'équipements à fort pouvoir d'attraction est indispensable, nécessite une planification dans le cadre d'un schéma national des grands équipements sportifs qui devra être défini en concertation avec les fédérations concernées et les collectivités locales. Ces équipements seront éligibles au titre des contrats de plan et des aides du FNDS ".

Par ailleurs, il apparaît que la France dispose d'un patrimoine d'équipements sportifs important mais vieillissant pour lequel des travaux sont à prévoir pour leur mise en sécurité, leur adaptation aux nouvelles demandes sociales et aux contraintes modernes de gestion. Un partenariat serait en voie de constitution (association d'élus, caisse des dépôts et consignations, services de la jeunesse et des sports) pour faire un état des lieux par région et par département.

Le ministère de la jeunesse et des sports souhaite dresser la carte la plus complète possible des équipements et services sportifs. Une opération expérimentale de recensement des équipements sportifs a été lancée dans quatre régions " tests ", dont la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le recensement des équipements sportifs et des besoins de réhabilitation est une priorité. Il faut toutefois rappeler que les crédits consacrés aux équipements sportifs, qu'ils appartiennent à l'Etat ou aux collectivités locales, sont de l'ordre de 200 millions de francs par an, sur le FNDS et le budget.

La modestie de ces sommes au regard des besoins ne permet pas d'envisager un programme important de remise aux normes et de rénovation des équipements sportifs 12( * ) . Il apparaît donc d'autant plus nécessaire d'établir des critères précis et rendus publics pour la rénovation des équipements, afin d'établir une sélection rationnelle et acceptée par tous.

Mais la définition de critères de subventions ne se limite pas aux équipements sportifs. Comme nous l'avons vu, seule la part régionale du FNDS fait l'objet d'une note d'orientation. Les conventions d'objectifs des fédérations n'obéissent à aucune grille d'analyse.

Il est donc nécessaire de mettre en place des indicateurs qui permettent d'évaluer, par exemple, le nombre d'adhérents à la fédération, de licenciés, la répartition par tranche d'âge, effectif de l'encadrement, apports propres, ressources provenant du partenariat, endettement, dépendance financière.

D'une manière générale, l'évaluation des besoins du sport passe par une réforme des documents qui servent à la négociation contractuelle entre l'Etat et le mouvement sportif de manière à apprécier la pertinence de la demande au regard des objectifs que l'Etat s'est assignés, et clarifier, de ce fait, la destination des subventions.

2. Etablir une répartition claire des compétences et des financements

a) Clarifier la répartition des financements entre le mouvement sportif, l'Etat et les collectivités locales

Actuellement, il n'existe aucune définition claire des compétences respectives de l'Etat, du mouvement sportif et des collectivités locales s'agissant du financement du sport.

Alors que les collectivités locales apportent un important soutien financier aux clubs sportifs, le FNDS distribue des subventions sans qu'aucun bilan de l'action des collectivités locales ne soit fait.

Il est pourtant difficile de mesurer la pertinence des subventions, en l'absence de connaissance précise de la politique menée par les collectivités locales.

Il faut rappeler que le financement du sport est d'abord assuré par les communes, mais les lois de décentralisation n'ont pas clairement précisé les responsabilités de chacune des collectivités en matière d'activités physiques et sportives. La méconnaissance des différents circuits de financement peut amener l'Etat à subventionner des opérations qui, par ailleurs, font l'objet d'autres aides, notamment des collectivités territoriales.

Concernant certaines manifestations sportives, il semble que malgré les crédits qui leur sont délégués pour le sport de masse par le biais des conventions d'objectifs, les fédérations demandent souvent des subventions complémentaires du FNDS au niveau local, sans qu'il soit toujours possible pour le ministère de la jeunesse et des sports d'assurer une coordination entre ces demandes.

Dans le même temps, les partenaires privés prennent une place grandissante au financement du sport en France, sans que l'Etat en tire les conséquences sur l'octroi de ses subventions.

b) Rebudgétiser les actions qui incombent directement à l'Etat,

Tout ce qui relève de la politique sportive de l'Etat devrait figurer au budget du ministère de la jeunesse et des sports, et notamment les crédits d'équipement des services de l'Etat (CREPS).

• Il apparaît que, depuis quelques années, ces crédits pour les investissements de l'Etat ont été imputés sur le FNDS, avec l'accord du mouvement sportif, pour 20 à 25 millions de francs par an (mais 66 millions de francs en 1998). Le financement des équipements de l'Etat par le FNDS s'explique entièrement par la faiblesse des dotations du titre V du budget de la jeunesse et des sports. Il n'est pas admissible que le FNDS, outil de développement du sport, soit ainsi mis à contribution pour pallier les défaillances du budget de l'Etat.

• Concernant l'emploi sportif , qui représente plus de 20% des crédits de la part régionale du FNDS, il faut remarquer que la pérennisation des emplois nécessiterait de recourir directement aux crédits du budget du ministère de la jeunesse et des sports et non à un compte spécial, dont les recettes sont fluctuantes. Toutefois, l'importance de ces crédits au niveau local peut plaider en faveur du maintien de ces dotations en faveur de l'emploi sportif sur la part régionale du FNDS.

• On peut enfin considérer que la politique du haut-niveau nécessiterait d'être progressivement réintroduite sur les crédits du ministère.

Ce sujet est délicat, puisque le FNDS a eu pour origine un fonds destiné au financement du sport de haut-niveau. Cependant, force est de constater aujourd'hui que les crédits du FNDS financent presque entièrement les conventions d'objectifs des fédérations et ne peuvent être vus comme un complément au budget de l'Etat, mais comme une substitution aux crédits du ministère. La définition claire d'une vocation au FNDS justifierait pleinement une forme de " mono-affectation " du FNDS, qui pourrait être l'instrument au service du sport de masse.

B. AMELIORER LE FONCTIONNEMENT DEMOCRATIQUE DU FNDS

1. Renforcer la concertation

a) Le rôle prédominent de l'administration centrale ou la fiction de la cogestion

Le FNDS est souvent présenté comme un instrument de " cogestion " entre le ministère de la jeunesse et des sports et le mouvement sportif.

En réalité, le ministre de la Jeunesse et des sports est le seul ordonnateur des dépenses de la part nationale du FNDS et les crédits de la part régionale sont engagés et ordonnancés par les préfets conformément aux orientations générales fixées par le ministre.

Cependant, l'existence d'un conseil du FNDS (organisme national) et de commissions régionales du FNDS, dans lesquels le mouvement sportif est représenté de façon paritaire, proposant respectivement au ministre de la jeunesse et des sports et aux préfets des règles d'attribution des aides à accorder sur ce fonds, est à l'origine du terme de " cogestion ".

Le conseil du FNDS, composé paritairement de représentants de l'Etat et du mouvement sportif désignés par le conseil d'administration du CNOSF, a été créé le 13 mars 1979. Le conseil propose au ministre de la jeunesse et des sports les règles d'attribution des aides à accorder et suit l'évolution financière du fonds. Les commissions régionales donnent leurs avis au Préfet de région sur la répartition des aides accordées pour les organismes et actions d'intérêt régional (ligues régionales par exemple) et au préfet de département pour les organismes et actions d'intérêt local ou départemental (comité départementaux et associations sportives).

De plus, les orientations du FNDS sont discutées entre le mouvement sportif et le ministère, mais il faut remarquer que la discussion se déroule en amont du Conseil du FNDS, qui peut être assimilé à une "chambre d'enregistrement".

De nombreux aspects du "partenariat" sont peu transparents. Ainsi en est-il de la question des équipements sportifs ou des modalités de négociation des conventions d'objectifs. Pour ces dernières, comme nous l'avons vu, aucun critère objectif, aucune grille d'analyse, n'est retenu. Il semble que le montant de la subvention varie en fonction de l'influence de la fédération sportive auprès du ministère de la jeunesse et des sports.

Le processus de partenariat présente l'intérêt d'associer le mouvement sportif à la répartition des subventions. Il ne faut toutefois pas en exagérer l'importance, dans la mesure où la décision finale appartient bien au ministère de la jeunesse et des sports, qui est l'ordonnateur de la dépense, comme pour les crédits inscrits directement sur le budget du ministère.

De plus, on peut s'apercevoir que le partenariat existe en dehors des actions financées sur le FNDS , notamment pour les conventions d'objectifs (dont une partie des crédits figure sur le titre IV du budget de la jeunesse et des sports) et pour certaines actions en faveur des associations sportives locales. Le fait que certains crédits soient inscrits sur le budget et non sur le FNDS ne dispense pas le ministère d'une concertation avec le monde sportif.

En conclusion, on rappellera que l'une des particularités essentielles du FNDS à laquelle une grande partie des organisations sportives marque un attachement indéfectible réside dans l'association de ces organismes à la gestion des interventions du fonds.

Dans la pratique, cette association, parfois dénommée à tort " cogestion " et plus correctement intitulée " partenariat ", n'a cependant pas tous les mérites que certains lui prêtent. Certaines interventions du FNDS y échappent presque totalement, tandis que les caractéristiques de l'organisation du sport en France, et en particulier de son financement, commandent d'en réformer la pratique.

En outre, alors même que le partenariat devrait favoriser à côté d'un dialogue de qualité entre l'Etat et le mouvement sportif, une réelle solidarité au sein de celui-ci, celle-ci reste en débat.

Le partenariat avec le monde sportif repose sur des mécanismes de consultation et l'intervention de diverses instances à différents stades. Il apparaît donc largement perfectible et doit être ouvert à d'autres intervenants.

b) Rénover les instances du partenariat

Les instances de concertation sont, au niveau national, le Conseil du FNDS et, au niveau local, les commissions régionales du FNDS

(1) Le Conseil du FNDS

Le Conseil du FNDS comporte deux sections, l'une du sport de haut niveau, l'autre du sport de masse. Chacune des sections est composée paritairement de représentants des pouvoirs publics et du mouvement sportif ceux-ci étant élus par le Conseil d'administration du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).

La scission du Conseil du FNDS en deux sections qui obéit à une certaine logique était susceptible de comporter un inconvénient pratique important si elle devait aboutir à des recommandations contradictoires sur les règles d'attribution des aides du FNDS. En outre, elle pouvait être un obstacle à la mise au point et une proposition unifiée de répartition entre la part régionale et la part nationale des subventions de fonctionnement qui est un préalable déterminant du point de vue de l'orientation des dépenses du FNDS.

L'on peut dans ces conditions comprendre qu'en pratique les deux sections siègent désormais simultanément. Cette solution, dont la conformité avec les textes instituant le Conseil est assez douteuse, n'en a pas moins pour effet de conférer au Conseil une dimension qui n'est peut-être pas entièrement propice à l'expression des opinions et d'atténuer sans doute l'acuité d'examen des problèmes, différents par nature, posés par le sport de masse et le sport de haut niveau.

Il est évidemment difficile d'apprécier sur des bases objectives la qualité de la concertation réalisée au sein du Conseil du FNDS qui l'amène à être à la fois une instance de proposition et de contrôle. Mais, la logique même du fonctionnement du Conseil présente quelques ambiguïtés.

Il est d'abord notable que, compte tenu de ses attributions - ses propositions ne lient aucunement le ministre -, le paritarisme ne s'y impose pas. Il n'est d'ailleurs en pratique pas respecté, les représentants de l'administration s'abstenant, semble-t-il, pour certains d'entre eux de participer au Conseil.

Ce qui importe, c'est bien d'établir un dialogue efficace. De ce point de vue, la parité importe moins que la représentativité des intervenants et la formalisation des propositions et des contrôles.

A cet égard, il y a probablement lieu d'ouvrir le Conseil à de nouveaux participants non que les membres actuels du Conseil ne soient pas représentatifs mais afin d'associer à ses travaux des acteurs susceptibles de leur apporter un supplément de substance.

L'ouverture du Conseil à des acteurs qui y sont actuellement extérieurs doit d'abord permettre d'y associer les partenaires importants du sport que sont les collectivités locales.

Leur participation au financement du sport est en effet essentielle comme le rappelle le tableau ci-dessous.

Sources de financement du sport en France

(en milliards de francs)

Puissance publique

38,09

(44 %)

Dont :

 
 

Communes

22

(25 %)

Etat

13,04

(15 %)

Conseils généraux et régionaux

3,05

(3,5 %)

Secteur privé

6,25

(7 %)

Dont :

 
 

Entreprises

5

(6 %)

Médias

1,25

(1 %)

Ménages

42,96

(49 %)

Dont :

 
 

Services

19,8

(23 %)

Biens

23,16

(27 %)

TOTAL

87,3

(100 %)

Source : ministère de la jeunesse et des sports

Selon l'association des maires de France 13( * ) , les communes, propriétaires de 90 % des équipements sportifs en France, consacrent près de 20 % de leur budget à l'investissement et s'interrogent sur l'évolution non maîtrisée de ces postes de dépenses. La part des dépenses communales de fonctionnement dédiées au sport serait de 17 milliards de francs par an, les subventions de 4 milliards de francs et l'investissement de 6 milliards de francs.

Les collectivités territoriales revendiquent une plus grande considération de leur apport au développement sportif . " Les maires souhaitent être associés, aux côtés du mouvement sportif et de l'Etat à tous les débats qui concernent la pratique sportive. Ils revendiquent une clarification des compétences, une plus grande transparence en matière de financement ainsi qu'une meilleure maîtrise de l'évolution des normes et des règles en tant que " premiers propriétaires " d'équipements sportifs en France " 14( * ) .

Il est en effet souhaitable d'associer les collectivités territoriales aux instances de partenariat.

Une ouverture du Conseil à des " personnes qualifiées " devrait en outre aboutir à le doter de représentants des usagers directs du sport mais aussi de membres susceptibles d'apporter un éclairage complémentaire aux stades de l'évaluation des propositions débattues au Conseil et du contrôle de l'intervention du fonds.

L'effectivité de ce contrôle y gagnerait sans doute tant comme d'ailleurs une meilleure formalisation des propositions et de leur suivi renforcerait la portée du partenariat avec le mouvement sportif dans son ensemble.

Peut-être cette suggestion conduira-t-elle certains à s'interroger sur le statut à conférer à ces nouveaux " entrants ". Il n'est pas certain que cette question recèle une réelle importance s'agissant d'un Conseil qui est une enceinte concertative et purement consultative.

(2) Les commissions régionales du FNDS

Les commissions régionales ont pour vocation d'adresser leurs suggestions au Conseil du FNDS et d'émettre différents avis aux préfets relatifs à la répartition de la part régionale du FNDS et sur les crédits attribués en région ou département.

Leur mission est donc plus restreinte que celle du Conseil puisqu'elle ne concerne que les crédits déconcentrés.

2. Développer la transparence des choix

La procédure de subvention des équipements sportifs sur le FNDS est opaque et peu démocratique, au sens où elle ne tient pas compte de l'indispensable concertation entre le ministère de la jeunesse et des sports, les collectivités locales et les fédérations sportives.

Il importe que, si les priorités fédérales ne peuvent être le seul critère de sélection, tout projet demandant une subvention soit soumis, pour avis, au ministère de la jeunesse et des sports, aux fédérations et collectivités locales concernées, de manière à recueillir la plus large adhésion sur les projets soutenus.

C. DEFINIR LES PRIORITES DE L'ETAT

1. Mettre en oeuvre un mécanisme de solidarité financière

a) Favoriser un mécanisme de solidarité financière au profit des sports disposant de peu de ressources

On peut s'interroger sur la situation de certaines fédérations sportives, dont la survie est conditionnée par l'apport des subventions de l'Etat.

Alors que le niveau moyen de subvention est d'un tiers, certaines fédérations ont allègrement dépassé 50 % de subvention dans leur budget global.

Il apparaît nécessaire d'inciter ces fédérations à développer des partenariats avec le secteur privé, de manière à compléter leurs ressources. Elles doivent être également incitées à accroître le nombre de leurs licenciés, et par conséquent, leur représentativité dans le monde sportif.

Pour autant, un équilibre est nécessaire entre les sports traditionnellement peu médiatisés et ceux disposant de revenus complémentaires importants : il est ainsi logique que la fédération française de football ait vu sa subvention se réduire au fil des ans et de la venue des partenaires privés, alors même qu'elle comptait un nombre croissant de licenciés.

Le ministère de la jeunesse et des sports a, pour le moment, souhaité traduire la notion de péréquation par une seule mesure : la création d'une taxe sur les droits de retransmission télévisée.

b) Déléguer en régions les crédits consacrés au sport de masse actuellement versés aux fédérations

Les dépenses pour le sport de masse figurent à parts presque égales sur la part régionale et sur la part nationale. Le ministère de la jeunesse et des sports estime que " pour avoir des structures fortes, il est nécessaire de croiser les approches verticales (les fédérations ont pour mission de développer chacune leurs disciplines sportives) et horizontales (cohérence géographique des différentes politiques de développement) ". Il appartient aux directions régionales de la jeunesse et des sports qui ont reçu copie des plans de développement des fédérations et des conventions d'objectifs de faire la coordination des approches.

Dans la pratique, cette coordination semble difficile et nombreuses sont les interrogations quant à la lisibilité des actions menées directement par les fédérations en faveur du sport de masse.

La déconcentration devrait jouer en faveur de la part régionale, qui pourra s'enrichir de la majeure partie des crédits consacrés au sport de masse, actuellement versés aux fédérations.

En effet, le rapport de l'inspection de la jeunesse et des sports pour 1997-1998 est particulièrement critique vis-à-vis de l'organisation territoriale des fédérations sportives.

" Il est clair qu'une grande majorité de fédérations sportives ont pris des distances à l'égard des dispositions de la loi 1901, mais aussi plus spécifiquement à l'égard de la loi de 1984.

Bon nombre ont réduit la fédération à leurs propres organes déconcentrés (ligues en particulier) oubliant qu'elles étaient d'abord constituées de clubs et au service du développement de ces clubs.

Il en résulte des systèmes électoraux complexes, qui privilégient les structures intermédiaires (comités départementaux, ligues) et qui, subtilement, transforment l'organisation fédérale en confédération de comités.

La pratique, couramment répandue, d'élections sur listes bloquées, génère une confiscation du pouvoir par un petit nombre d'élus, issus des organes déconcentrés et non des associations adhérentes. "


Ces critiques tendent à prouver que les fédérations ne sont pas en mesure, actuellement, de jouer pleinement leur rôle dans le développement du sport de masse.

2. Contrôler l'utilisation des crédits

Plusieurs rapports de l'inspection générale ont mis l'accent sur la nécessité de définir, avec beaucoup plus de clarté, des clés et critères de répartition et d'attribution des aides publiques, dénonçant le caractère souvent formel des demandes de subventions et insistant sur la nécessité d'assainir les négociations contractuelles. Ainsi, il est proposé de :

- rendre plus lisibles les lignes financières (notamment pour les conventions d'objectifs de la direction des sports) dont il est parfois difficile de cerner vraiment l'objectif poursuivi : par exemple, " aides à l'animation " ou encore " actions spécifiques ".

- assurer un contrôle a priori. A ce sujet, on peut encore citer l'inspection générale, qui estime nécessaire " que l'Etat exerce sans scrupule un contrôle, a priori, de manière à vérifier la pertinence des demandes et options proposées. " A titre d'exemple, elle observe qu'une fédération sportive a obtenu des aides financières importantes au titre des aides personnalisées destinées aux athlètes de haut-niveau en justifiant la demande par un " manque à gagner " des dits athlètes, alors que les bénéficiaires étaient des enfants ou adolescents du pôle espoir, scolarisés.

Dans tous les cas, l'administration doit affirmer clairement que les aides publiques sont destinées à une mission de service public reposant sur des actions de développement ; elles ne sauraient servir à assurer le fonctionnement courant des structures associatives concernées ou à assister de manière permanente des associations ou fédérations dépourvues d'autonomie financière.

Le rapport de l'inspection de la jeunesse et des sports contient des affirmations pour le moins surprenantes :

" Il n'est pas vraiment dans la culture et l'histoire du ministère de la jeunesse et des sports d'exercer sa tutelle sur les associations qui bénéficient d'aides publiques. L'on génère dès lors des formes de partenariat qui, loin de se situer réellement dans des obligations contractuelles, favorisent largement l'émancipation et l'affranchissement des organismes privés attributaires des aides publiques. "

" Il devenu urgent d'exercer sans scrupules un réel contrôle public et de procéder à de véritables évaluations des politiques publiques conduites par le ministère avec la participation des associations et fédérations agréées et délégataires qui, pour ce faire, reçoivent d'importantes dotations . " Le rapport ajoute " actuellement, au sein du ministère, les procédures d'évaluation des politiques publiques contractuelles sont inexistantes . "

Ces affirmations, très claires, devraient inciter à développer le contrôle du ministère de la jeunesse et des sports sur les crédits qu'il distribue.

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