ANNEXE 4.1
SITUATION MATRIMONIALE ET IMPÔT SUR LE
REVENU
Cette
annexe a pour objectif de mettre en évidence les différences
d'impôt liées au statut matrimonial des contribuables pour les 15
pays de l'Union européenne, en comparant différents cas-types.
Dans le tableau A.1 figurent les écarts de taux moyen d'imposition
pesant sur des célibataires et des couples mariés pour
différents niveaux de revenu global :
* Le premier cas compare l'imposition d'un couple dans lequel un seul des
époux travaille et l'imposition d'un célibataire disposant d'un
revenu égal à celui de l'ouvrier moyen.
* Les deux cas suivants comparent l'imposition d'un couple non marié
avec celui d'un couple marié ayant globalement le même revenu, et
cela pour deux niveaux de revenu :
- dans le premier cas, le revenu total est équivalent à 167 % du
revenu de l'ouvrier moyen (un individu gagne 67 % du salaire de l'ouvrier moyen
et l'autre gagne 100 %) ;
- dans le deuxième cas, le revenu total est égal à 100 %
du salaire de l'ouvrier moyen (chaque individu gagnant la moitié).
Dans le tableau ci-dessous, les pays sont classés dans l'ordre
décroissant des écarts obtenus dans le deuxième cas
envisagé (comparaison (A1+A2) - B6).
A.1. Ecarts absolu de taux moyens d'imposition entre des célibataires et des couples mariés ayant le même revenu, pour différents niveaux de revenu
|
Ecart
|
Ecart (A1+A2)-B6 |
Ecart (A2+A2)-B7 |
Allemagne |
19,4 |
n.d. |
n.d. |
Autriche |
1,7 |
0 |
0 |
Belgique |
8,4 |
-1,2 |
-1,1 |
Danemark |
7,2 |
0 |
0 |
Espagne |
4,9 |
0 |
0 |
Finlande |
0 |
0 |
0 |
France |
5,5 |
-0,2 |
0 |
Grèce |
-0,5 |
-0,4 |
-0,3 |
Irlande |
6,9 |
1,2 |
0 |
Italie |
2,7 |
0 |
0 |
Luxembourg |
8,7 |
3,3 |
2,8 |
Pays-Bas |
1,4 |
0 |
0 |
Portugal |
0,8 |
-0,7 |
-0,6 |
Royaume-Uni |
1,7 |
1 |
0,9 |
Suède |
0 |
0 |
0 |
Source
: " La situation des salariés au regard
de
l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997, calcul des auteurs.
Remarque : Faute de données disponibles pour l'Allemagne, les cas
B6 et B7 n'ont pu être calculés.
Quand on
compare l'imposition d'un couple dans lequel un seul des époux travaille
avec celui d'un célibataire ayant le même revenu, on remarque que
dans la majorité des pays (11 pays exactement) de l'Union
européenne, une réduction d'impôt est accordée par
les différents systèmes nationaux au couple dont un des deux
époux ne travaille pas par rapport au célibataire avec le
même niveau de revenu. Ce n'est toutefois pas le cas dans trois pays : en
Grèce où l'imposition est plus élevée pour le
couple marié, en Finlande et en Suède où il n'y a pas de
différence entre l'imposition du contribuable célibataire et
celui du couple marié. Le cas de la Grèce s'explique par le fait
que le revenu brut de celui des époux qui gagne le plus est
majoré de 10% pour un couple marié.
Pour un même niveau de revenu, les différences entre le taux
d'imposition moyen d'un célibataire et d'un couple marié sont les
plus importantes au Luxembourg et en Belgique (écarts supérieurs
à 8 points) ; viennent ensuite le Danemark et l'Irlande avec un
écart d'environ 7 points, puis la France et l'Espagne (écarts
d'environ 5 points). A l'exception du Danemark et de la Belgique, ce sont tous
des pays qui appliquent un système de taxation jointe. En Italie, au
Royaume-Uni, en Autriche, aux Pays-Bas et au Portugal, les écarts sont
beaucoup plus faibles (de l'ordre de 1 à 2 points).
Pour ce qui concerne le traitement fiscal des couples mariés et non
mariés, on peut faire les observations suivantes :
- Dans sept pays, il y a une neutralité totale vis-à-vis du
mariage. Ainsi, l'Autriche, le Danemark, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas,
l'Espagne et la Suède ne font aucune différence entre les couples
mariés et non mariés.
- Trois pays ont tendance à pénaliser le couple marié : la
Belgique, la Grèce et le Portugal. En Belgique, les couples
mariés sont imposés d'environ 1% en plus par rapport à un
couple ayant les même revenus mais non marié. Cela s'explique par
le fait que l'abattement à la base (voir description des systèmes
fiscaux) est de 198.000 FB pour un célibataire et de 156.000 FB pour
chaque contribuable marié. Au Portugal, la différence
d'imposition ( un peu plus d'un demi point) s'explique à nouveau par
une différence dans le montant de crédit d'impôt
accordé au contribuable marié par rapport au célibataire
(33.000 PTE pour un célibataire et 50.000 PTE pour un couple
marié). En Grèce, comme nous l'avons déjà
mentionné ci-dessus, le revenu brut de celui des époux qui gagne
le plus est majoré de 10% pour un couple marié, ce qui explique
la différence d'imposition entre couple marié et concubins.
- La France se trouve dans une situation un peut particulière. Elle a
tendance à pénaliser très légèrement le
mariage pour un niveau de revenu global équivalent à 167% du
salaire de l'ouvrier moyen. Cela s'explique par le système de
décote dont bénéficient les bas salaires en France.
Lorsqu'un individu qui dispose d'un salaire équivalent à 67% du
salaire de l'ouvrier moyen est taxé individuellement, il
bénéficie du système de décote qui a pour effet de
réduire son impôt. Par contre, lorsque le revenu de ce même
individu est taxé avec celui de son conjoint qui dispose du salaire de
l'ouvrier moyen, le salaire total est trop élevé pour pouvoir
bénéficier du système de décote et donc, au total,
l'imposition du couple marié est plus élevée que celle du
couple non marié qui dispose du revenu total de même niveau.
- Enfin, trois autres pays avantagent le mariage en taxant davantage les
couples de célibataires par rapport aux couples mariés; c'est le
cas de l'Irlande, du Luxembourg et du Royaume-Uni pour un niveau de salaire
global équivalent à 167% du salaire de l'ouvrier moyen. A
l'exception du Royaume-Uni qui taxe les couples mariés
séparément, ce sont des pays qui utilisent un système de
taxation jointe avec fractionnement. En effet, dans ces systèmes de
taxation jointe, lorsque les revenus des deux conjoints sont différents,
une partie du revenu de l'époux qui gagne le plus est "
transférée " à celui qui gagne le moins, ce qui
atténue, en général, la progressivité de
l'impôt. Les couples mariés sont donc favorisés par rapport
aux concubins. Ceci est surtout vrai lorsque les revenus des deux époux
sont très différents. Au Royaume-Uni, la différence
d'imposition entre couples de célibataires et couples mariés
provient du fait que les couples mariés bénéficient d'un
crédit d'impôt spécifique.
Il convient cependant de remarquer que lorsque le revenu global du couple est
également réparti entre les deux membres du couple, les
conclusions sont légèrement modifiées. On retrouve les
trois mêmes pays qui pénalisent le mariage (Belgique,
Grèce, Portugal) ; par contre, il n'y a plus que deux pays qui
favorisent les couples mariés par rapport aux célibataires : le
Royaume-Uni et le Luxembourg. Au Royaume-Uni, cela s'explique à nouveau
par le crédit d'impôt accordé aux couples mariés. Au
Luxembourg, un abattement forfaitaire de 180.000 FLUX est accordé aux
couples mariés avec deux salaires. Par conséquent, les pays de
l'Union européenne peuvent donc être regroupés en trois
groupes :
- Le premier groupe comprenant les pays qui sont neutres par rapport au
mariage, et qui contient le plus grand nombre de pays, à savoir
l'Autriche, le Danemark, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et la
Suède. Ce sont tous des pays qui ont opté pour un système
de taxation séparée des revenus.
- Le deuxième reprend les pays qui encouragent le mariage, à
savoir l'Irlande, le Luxembourg et le Royaume-Uni. Les deux premiers utilisent
un système de taxation jointe avec fractionnement; le Royaume-Uni
accorde un abattement spécifique pour les couples mariés. En
outre, au Luxembourg, un abattement forfaitaire supplémentaire est
accordé aux couples mariés avec deux salaires. Il est à
noter qu'en Irlande, la différence d'imposition disparaît lorsque
les salaires sont également répartis entre les deux membres du
couple. Cependant, dans la réalité, ce cas est peu probable, si
bien qu'on peut dire que l'Irlande encourage le mariage.
- Enfin, le troisième groupe formé des pays qui pénalisent
le mariage avec la Belgique, la Grèce et le Portugal. Au Portugal et en
Belgique, cela tient au fait que ces pays accordent des crédits
d'impôt qui sont globalement plus élevés pour un couple de
célibataires que pour un couple marié. En Grèce, le revenu
brut de celui des époux qui gagne le plus est majoré de 10% pour
un couple marié, ce qui explique la différence d'imposition entre
couple marié et concubins. La France pénalise aussi
légèrement le mariage à un niveau de revenu total
équivalent à 167% du salaire de l'ouvrier moyen à cause du
système de décote qui s'applique aux bas salaires. Cependant,
pour des niveaux de revenu plus élevés, les couples mariés
sont favorisés dans ce pays grâce au système du quotient
familial.