CONCLUSION
Les
changements climatiques représentent "
la plus grande menace
pour le développement durable du monde, la santé publique et la
prospérité future
"
115(
*
)
.
Le principe de précaution nous invite ainsi à maîtriser
dès maintenant nos émissions de gaz à effet de serre, qui
constituent la principale cause de perturbation du climat.
L'équité et l'efficacité invitent par ailleurs les pays
les plus industrialisés à s'engager les premiers dans la
maîtrise des émissions.
La décision publique est toutefois malaisée en matière
d'effet de serre : il faut un certain
courage
pour infléchir
le quotidien, le local et le tangible, afin de prévenir des dangers qui
paraissent à tort abstraits ou lointains, dans le temps comme dans
l'espace, en tout cas éloignés des préoccupations
courantes de nos concitoyens.
Par surcroît, le changement climatique confronte les responsables publics
à des questions
éthiques
que l'on tend trop souvent
à esquiver : que devons-nous aux générations
futures ? Comment prendre en compte le long terme dès
aujourd'hui ? Comment concilier la mondialisation et la protection de
l'environnement ? Quelle portée donner à
l'
équité
pour les relations Nord / Sud ?
Ces difficultés ne doivent pas constituer un prétexte pour se
voiler la face : retarder les décisions nécessaires ne les
rend que plus coûteuses et moins efficaces.
De plus, le changement climatique sera inévitablement un enjeu majeur
pour les relations internationales. Source potentielle de tensions et de
conflits, la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre
pourrait à l'inverse favoriser le renouveau de la coopération
internationale, en catalysant une prise de conscience collective de la
communauté de destin de l'humanité.
Enfin, le changement climatique repose en des termes nouveaux le débat
sur l'avenir du nucléaire, que votre rapporteur n'a pas souhaité
aborder parce qu'en dehors du champ de son étude, tout en ayant du mal
à le tenir à l'écart, tant il est lié à la
maîtrise des émissions de gaz à effet de serre.
Cela nous invite à fonder les politiques de lutte contre le changement
climatique sur un large
débat public
.
Votre rapporteur s'étonne et s'inquiète donc de l'absence de
débat sur les enjeux et les modalités de la maîtrise des
émissions de gaz à effet de serre.
Elle ne se décrétera pas d'en haut : l'empilement de mesures
réglementaires et de subventions
ad hoc
constituerait une
politique coûteuse, sans être pour autant efficace.
La maîtrise des émissions de gaz à effet de serre suppose
au contraire une démarche globale et cohérente, combinant d'un
côté une volonté politique forte, la mise en
cohérence des choix publics, une utilisation pragmatique des instruments
économiques les plus efficients (la suppression des distorsions
fiscales, la taxation des pollutions, l'instauration des marchés de
permis), des subventions ciblées et des réglementations
simples, mais bien appliquées ; de l'autre, l'information,
l'adhésion et la mobilisation de l'ensemble des citoyens.
Il appartient en effet à chacun de nous d'inscrire dans ses actes la
notion de développement durable.
Cela ne peut résulter que d'un large débat public, auquel votre
rapporteur a l'espoir d'avoir contribué.